Nouvelle - Sacrée Histoire !
Et voici la nouvelle que j'ai présentée pour le concours d'@Ema-Lee sur le fantastique.
Voici le thème : "Votre personnage principale cherche désespérément pas trop cher près de son travail et trouve un appartement à prix très raisonnable voire même trop pour le bel appart que c'est. A vous de trouver quelque chose de louche et surnaturel qui plane dans l'appartement. Le PP devra commencer à croire qu'elle/il est folle/fou."
Bonne lecture ! N'hésitez pas à me dire ce que vous en avez pensé =)
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- Bien, je vous présente cet appartement qui est une occasion en or !
Mon agent immobilier, dont le ton transpirait l'agacement face à ma situation, ouvrit la porte de ce qui pourrait, enfin, être ma nouvelle demeure.
C'était au moins le quinzième appartement que je visitais et, moi-même, je commençais à être tendue par rapport à tout ceci. J'avais trente ans et j'avais dû retourner chez mes parents après ma rupture. On était bien loin de la vie que je m'imaginais à cet âge lorsque j'étais enfant. J'en attendais donc beaucoup de cet appartement.
En entrant, je découvris un vaste séjour aux murs entièrement blancs et aux moulures apparentes. Deux grandes fenêtres laissaient passer la lumière extérieure, rendant la pièce très lumineuse et agréable. Je m'imaginais parfaitement recevoir mes amis et ma famille ici.
En m'approchant des fenêtres, je remarquais une vue imprenable sur le grand jardin des tuileries.
Cet appartement doit être hors de prix...
Je commençais à m'inquiéter de ce qu'avait bien pu fabriquer mon agent immobilier. M'en voulait-il tellement qu'il me montrait un appartement de rêve que je ne pourrais acquérir ?
Je lui jetai un regard, plein d'incompréhension. Il me sourit, avant de déclarer :
- Ne vous inquiétez pas, cet appartement rentre dans votre budget.
Il semblait bien sûr de lui et je n'osai le contredire. Après tout, c'était quand même son métier !
On continuait le tour de l'appartement qui avait tout pour me plaire : une salle de bain avec une douche à l'italienne, une grande chambre avec placard intégré et une cuisine aménagée ouverte sur le salon.
La visite terminée, il m'annonça le prix, qui me sembla beaucoup, beaucoup trop bas pour ce que ça offrait. Je demandais des explications, inquiète. J'appris alors que l'appartement datait du 17e siècle, mais avait été refait à neuf pour les derniers propriétaires qui l'avaient mis en location. Mais ils ne parvenaient plus à le louer depuis 5 ans, pour une raison obscure. Alors, ils ont décidé de le vendre, car il leur revenait beaucoup trop cher.
Mais quelle est cette raison obscure ?
[...]
Ça y est ! Je venais tout juste de déballer mon dernier carton ! Malgré les réticences de mon entourage, j'avais choisi le dernier appartement que j'avais visité. Il était splendide, à 10 minutes à pieds de mon travail, face au Jardin des Tuileries... Que demandez de plus ? Les « raisons obscures » ne devaient pas être si dramatiques que ça ...
Cela faisait un mois que j'avais pris possession des lieux, et tout se passait à merveille. Je n'avais rien découvert qui nécessiterait 5 000 euros de travaux, l'isolation était correcte, rien d'alarmant en somme. Jusqu'à hier soir...
J'étais tranquillement installée devant mon émission culinaire hebdomadaire lorsque, d'un seul coup, l'image changea, projetant sur mon écran une femme aux allures du 17e siècle.
Supposant que ma vieille télévision faisait des siennes et avait dû capter la chaine d'un voisin, je tentai de revenir sur mon émission. Mais rien n'y faisait, j'avais beau changer de chaine, je voyais toujours la même femme. Je décidai donc d'éteindre l'engin, pensant qu'en refroidissant je pourrais revenir sur mon programme dans quelques minutes. En attendant, j'allais me chercher un encas dans la cuisine.
« Vient, on va l'attendre. »
Une voix de femme retentit dans mon salon, me faisant sursauter. Je pris un couteau et retournai d'où je venais, sur mes gardes.
- Qui est là ? criai-je bêtement.
Comme s'ils allaient te répondre...
En arrivant dans le salon, je retins un cri, laissant tomber mon couteau qui provoqua un bruit sourd en touchant le sol, me faisant à nouveau sursauter.
Je fermai les yeux, essayant de me calmer. J'inspirai et expirai à cinq reprises avant de les rouvrir.
Ma télé s'était rallumée, seule, projetant à nouveau le même visage féminin d'une autre époque.
- Viens, je crois qu'elle nous voit ! dit-elle en tournant la tête.
A mon tour, je regardai autour de moi, cherchant la personne à qui elle 'adressait. Mais j'étais seule. Enfin, je crois.
Je sentis mon cœur s'accéléré tandis que je m'approchais de mon écran. Je me mis à genoux devant et posa ma main sur la vitre. La femme leva à son tour sa main et la posa en face de la mienne. Je me reculais brutalement, tombant sur les fesses.
Je devais rêver. C'est ça, je rêvais. Je m'étais assoupie devant mon émission et mon cerveau, débordant toujours d'une imagination extraordinaire, me jouait des tours.
Je me pinçais.
- AÏE ! m'écriai-je, regardant mon bras. Une trace rouge faisait déjà son apparition.
Bon. Donc... Je ne rêve pas...
- Approche, chuchota à nouveau la femme à la personne invisible.
Alors, un jeune homme d'une vingtaine d'année fit son apparition. Il semblait sortir des années 40 avec sa casquette marron sur la tête et sa veste assortie.
Non, non, non. Cette situation est surréaliste !
Je me levai vivement et débranchai violemment le poste en tirant directement sur l'écran. L'image s'arrêta nette. Une bonne chose de faite !
Un peu éprouvée par ma journée, je me couchai tôt, décidant de flâner quelques minutes sur mon téléphone.
- Il faut que vous nous écoutiez !
Je jetai mon téléphone à l'autre bout du lit dans un cri, quand la femme refit son apparition, accompagnée de son acolyte.
C'était un projet de la NASA pour limiter le temps que les gens passent sur les écrans ou quoi ?! Je ne pourrais donc plus jamais utiliser d'écran de ma vie ?!
A quatre pâtes sur mon lit, je me rapprochais de mon téléphone avec la même énergie que s'il avait s'agit d'une bombe à cinq secondes de l'explosion.
Sans le prendre en main - on ne sait jamais - je me penchais sur l'écran pour faire faces aux deux intrus.
- Je m'appelle Louise-Françoise, je suis une duchesse. Je suis la toute première à avoir vécu ici, en 1661.
- Et moi, c'est Robert, j'ai vécu là pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Bien...
Je devenais folle. J'avais été droguée sans m'en apercevoir et ça commençait à faire effet. C'était la seule solution possible. Ou alors, mon cerveau avait disjoncté et toutes les connections ne fonctionnaient plus correctement...
Mon téléphone me parlait ! Que pouvais-je faire ? Répondre : « Enchantée, Charlyne, nouvelle propriétaire. » ?
Il fallait que je me fasse interner. Elle était là la solution !
Ou peut-être que si tu rentrais dans leur jeu...
Voilà que j'envisageais de réellement répondre !
Après tout...Qu'est-ce que tu risques ? Ils ne vont pas te sauter à la gorge !
A cette pensé, je me mis à rire, créant de la confusion chez les deux personnes à qui je faisais face.
- Que... Que faites-vous là ? bégayai-je.
- Nous avons besoin de votre aide.
C'est ainsi que j'appris que je m'adressais à deux âmes, bloquée dans cet appartement, celle d'une duchesse, maîtresse de Louis XIV - rien que ça - et celle d'un jeune homme qui avait caché sa bien aimée juive, ici même, pendant la Seconde Guerre Mondiale.
Eh bien ! Cet appartement avait une sacrée histoire !
[...]
Je me réveillais le lendemain avec la même sensation que si j'avais pris une cuite la veille. J'avais la gueule de bois, sans avoir bu...
Pourtant avec le rêve que tu as fait...
C'est vrai que mon subconscient m'avait offert un rêve plus vrai que nature cette nuit ! Une duchesse, un amour impossible... Je pourrais presque en faire un film !
« Répare nos injustices... »
J'entendis soudain comme un murmure. C'était la même voix que dans mon rêve, celle de la duchesse. Elle répétait la même phrase en boucle.
Je commençais à m'agiter dans tous les sens, cherchant d'où venait cette voix, mon cœur s'accéléra. Tous mes écrans étaient éteints, ça ne pouvait donc venir que de ma tête...
Trente ans et déjà atteinte de démence...
Je pris mon ordinateur. Pour en avoir le cœur net, j'allais chercher le nom de cette femme. Si je ne trouvais rien, alors j'avais tout inventé, et on n'en parlait plus !
« Louise-Françoise de la Baume le Blanc était duchesse et fut la première maîtresse de Louis XIV, avec qui elle entretient une liaison de 1661 à 1667. »
Mon cœur manqua un battement lorsque je vis son portrait. Je ne rêvais pas, et cette femme était entrée en contact avec moi à travers mes écrans...
Je pris ma tête entre mes mains, une bouffée de chaleur s'emparant de tout mon corps. Ce n'était pas possible...
Je me levai précipitamment, bien décidée à ne pas me laisser faire par mon cerveau en pleine défaillance, et allait me prendre un grand verre d'eau froide, pour me rafraichir aussi bien les idées, que mon corps encore emprunt à ces bouffées de chaleur incontrôlables.
Je comprenais maintenant pourquoi cet appartement ne se vendait pas depuis des années !
Je vis dans un p*** d'appartement hanté !
Je retournai à la hâte prendre mon téléphone pour appeler les urgences. Je leur dirais que j'avais fait un AVC. Ça ne pouvait être que ça...
- Tu n'es pas folle.
Je lâchai brusquement mon portable qui tomba au sol. Le garçon était apparu alors que je composai le numéro des urgences. Ils n'allaient donc jamais me foutre la paix ?!
Je me mis à rire, nerveusement.
- Les autres aussi ont cru qu'ils devenaient fous. Alors, ils ont déménagé.
La duchesse avait repris les commandes. Mon téléphone était toujours au sol, bien loin de moi. Mais apparemment ça ne l'embêtait pas car elle continuait son baratin.
- Si tu nous aide, je t'assure que tu n'entendras plus jamais parler de nous. On a subit des injustices qui nous empêchent d'avancer.
Je tournai en rond, les mains sur les oreilles pour étouffer sa voix.
Les aider pour retrouver la paix ? Ça se tentait...
Je secouai la tête pour m'ôter cette idée grotesque de mon crâne.
- Si tu fais un trou dans le mur de ta chambre, tu trouveras des lettres...
- Mais ça ne va pas la tête ! M'exclamai-je.
Voilà qu'en plus de me rendre folle, ils voulaient que je détruise mon appartement !
Et pourtant le jeune homme ne perdit pas espoir et continua de me donner des indications très précises de l'endroit exact où je devrais casser un bout de mur.
Prise d'un élan de curiosité, je me rendis dans ma chambre et tapota sur le mur avec mon poing. Quand soudain, ça sonna creux ! Pile à l'endroit que Robert avait indiqué...
Je secouai la tête, refusant encore d'y croire.
Tu préfères te croire folle que penser que ton appartement est réellement hanté ?
Bon. D'abord, je m'aperçois que la duchesse est bien une vraie personne qui a existé, et étant donné mon niveau en histoire, ça ne pouvait pas être le fruit de mon inconscient. Et maintenant, ça ... J'avais là beaucoup trop de coïncidences pour que ce ne soit que de la folie...
Je mis mon cerveau sur OFF et actionnai le mode robot pour aller réclamer auprès de mes nouveaux voisins une massue. Malgré leurs têtes d'ahuris et leurs « non » catégoriques, je poursuivais ma requête. Sur un immeuble de 8 étages, à raison de 4 appartements par palier, il devait bien y avoir une personne qui pourrait me dépanner ! Passer pour une dégénérée ne me posait aucun problème tant que je me débarrassais des deux âmes qui squattaient mon logement !
Une fois l'outil en ma possession, je rentrai chez moi et me mis à abattre mon mur à l'emplacement désigné par Robert.
La massue tomba de mes mains, mon corps de répondait plus, mon visage était bloqué, yeux et bouche grands ouverts.
Après avoir tapé dans mon mur pendant vingt minutes, j'avais enfin terminé le trou et je vis un paquet de feuilles jaunies, pliées les unes dans les autres.
Il n'avait pas menti...
D'un geste lent, j'attrapai précautionneusement le tas de feuille et allai m'asseoir sur mon lit, le téléphone à côté de moi. Je regardai d'ailleurs vers lui, et remarqua un jeune homme à l'air triste, tête basse, casquette retirée.
- Ce sont les lettres que nous nous envoyions avec ma chère Sara. Nous ne pouvions plus nous montrer au grand jour quand la guerre a éclaté, alors nous nous laissions ces lettres à un endroit précis, que nous venions chercher chacun notre tour.
Je sentis mes yeux s'embuer à cette belle histoire d'amour tragique. Moi qui avais si souvent été trahie, trompée et blessée dans mes relations passées, j'avais décidé de fermer mon cœur à double tour et de me consacrer pleinement à ma carrière. Cette histoire fit naître en moi l'envie d'y croire encore. Si ces deux tourtereaux avaient pu braver la guerre, alors je leur devais bien d'y croire encore.
J'ouvris la première lettre, avec l'accord de mon nouvel ami des années 40.
Elle était datée du 5 juin 1940.
« Mon doux Robert,
Tes lettres me procurent une joie immense à chaque fois que je pose mes yeux dessus. Tes mots me réconfortent et me donnent envie de croire qu'une fin heureuse nous est possible.
Tes bras me manquent, chaque seconde un peu plus. J'aimerais tant pouvoir à nouveau remonter les rues de Paris, ma main dans la tienne... Devoir rester si loin de toi, ne plus pouvoir admirer ton beau visage est une torture. Mais je tiendrai, pour nous, pour toi.
A toi, pour toujours,
Ta chère Sara. »
Une larme dévala ma joue. Leur amour semblait si fort qu'il semblait avoir imprégné les moindres particules du papier. Je pouvais le ressentir au plus profond de moi, juste en lisant ces simples mots. J'imaginais Sara, assise chez elle et écrire ces mots secrètement. Cela semblait la déchirer sincèrement de ne plus pouvoir être avec son aimé.
- Elle est venue toquer à ma porte, quelques jours après cette lettre, apeurée. Sa famille avait été délogée et emmenée par les troupes allemandes tandis qu'elle était sortie. Je l'ai caché ici, quelques semaines. Nous avons vécu les plus beaux jours de notre vie à ce moment.
Robert me racontait ce souvenir, à la fois très douloureux, mais aussi heureux. Il eu un sourire triste à l'évocation de ces jours en la compagnie de Sara. Son visage était toujours baissé mais je pouvais sentir sa peine immense. Elle émanait de tout son être. Et elle se fit encore plus intense lorsqu'il me raconta le jour où les troupes étaient venues fouiller tous les appartements de l'immeuble. Il l'avait caché dans un placard. Mais elle était sortie pour le protéger. Elle s'était dénoncée, pour lui.
Il fondit en larmes tandis que la duchesse à ses côtés tentait de se contenir et reniflait bruyamment, tout comme moi.
Si on m'avait dit un jour que je parlerais à un fantôme qui me ferait chialer...
Je repris mon téléphone en main et regardai la duchesse, attendant son histoire.
En 1661, le roi lui avait acheté cet appartement car elle ne souhaitait pas être vue à la cour mais ainsi, elle ne vivait pas trop loin de lui. Leur liaison dura six ans. Elle y mit fin, pour épouser un duc. Mais, le roi, alors trentenaire, à l'apogée de son règne, mécontent de se faire jeter, envoya des émissaires...
On avait ensuite raconté qu'elle était devenue carmélite, pour ne pas éveiller de quelconques soupçons ou questionnements quant à sa disparition.
Donc, mon rôle, pour me débarrasser de mes deux nouveaux amis, était de rendre public les échanges entre Robert et Sara, et de rétablir la vérité à propos de la Duchesse.
Facile...
Je décidai de mettre une annonce « recherche historien » dans le hall de mon immeuble, et je retapais en parallèle les lettres de Robert, que j'envoyai ensuite à plusieurs maisons d'éditions.
Quelques semaines plus tard, j'eu une réponse à mon annonce. Un trentenaire - célibataire et très mignon - vivant au sixième, était venu toquer à ma porte. Nous avons longuement discuté, sans que jamais je ne lui avoue ce qui m'était arrivé. On entreprit de faire des recherches, pour prouver que Louise-Françoise n'avait jamais fait parti des carmélites afin de corriger tous les textes à son sujet.
Ainsi, les injustices réparées, mes deux acolytes purent, enfin, passer à autre chose, me laissant avec mon historien...
Mais c'était sans compter sur toutes les autres âmes ayant vécues ici...
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Et voilà !
Oui, je sais, je pars complètement en cacahuète avec ce texte x)
Qu'en avez-vous pensé ?
Dites moi tout !
J'aime avoir des avis constructifs, même s'il y a du négatif ;)
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