J'ai peur de mourir. J'ai peur de ce que cela pourrait être. Probablement rien, et c'est bien ça le pire. L'oubli, le vide, je crois que c'est ce qui m'effraie le plus. Soudain on est plus rien, et la dernière trace de nous se trouve dans les souvenirs qu'on a laissé. Les autres, les vivants, s'en souviennent pour tout ceux qui ne nous auront jamais connu. Mais pour combien de temps? Pendant combien de générations parlerons-nous de la vieille grand-mère et de ses histoires? Une génération, deux si l'on est chanceux. Et après? Après rien. On sera mort et il n'y aura plus personne pour se souvenir de nous. On finira tous par mourir, c'est inévitable. Mais ça a beau être irrémédiable, on a beau y être préparer toute notre vie, on est jamais vraiment prêt. C'est en tout cas l'idée que je m'en fais. C'est vrai, comment pourrait-on être prêt à ça? A n'être plus rien, à ne plus être du tout. J'ai conscience que le fait de ne plus être signifie ne plus ressentir, ne plus avoir conscience. Mais cela ne me rassure pas. Me dire que je finirais par ne plus être me donne envie d'abandonner tout espoir. Je ne veux pas avoir des choses à regretter. Ce sera forcément le cas, mais je ne sais pas comment géré ça.

J'aime à penser au futur, à m'imaginer adulte, mère, grand-mère même. Mariée, heureuse, épanouie. Mais le futur a toujours une saveur sous-jacente de menace. Car s'en rapprocher, c'est se rapprocher de la fin. Ma fin et celle des personnes que j'aime. Que j'ai aimé et que j'aime encore. C'est probablement assez absurde d'avoir peur de quelque chose d'aussi lointain que la mort plutôt que de choses appartenant à un futur proche. Mais c'est comme ça. Je terminerai sur cette citation de Sarah Morant: "Sa voix trembla légèrement à ce dernier mot et des larmes montèrent à ses yeux. Et je sus alors que, comme beaucoup d'humain aux portes de la mort, Léo avait peur".