3- Le Palais de Glace
Marius et moi pénétrâmes dans le palais, et je fus ébloui. Un gigantesque hall nous faisait face : le sol était fait de mosaïques de glace représentant des étoiles et des anges ; les murs montaient tellement haut que je voyais à peine le plafond. Ils étaient en glace, lisses et blancs aux magnifiques reflets bleutés. Face à nous se tenait un imposant escalier de glace aux rampes sculptées dans ce matériau gelé mais splendide.
J'ai jeté un coup d'œil à mon compagnon tout aussi stupéfait que moi. Il m'adressa cependant un signe de tête vers une porte à droite. J'ai hoché la tête et le suivis.
Je fus émerveillé devant cette pièce faite uniquement de glace : le sol, les murs, la table basse, les fauteuils, les tableaux et les lustres resplendissaient et seuls quelques coussins et un édredon étaient différents : en fourrure blanche, douce et froide comme de la neige.
Les pièces qui suivirent furent toutes aussi éblouissantes et luxueuses : je voyais des lustres, des diamants et des vitraux partout, tous dans des teintes glacées.
Nous visitâmes une salle à manger où trente personnes auraient pu s'asseoir, avec de la vaisselle de glace et des verres en cristal posés sur la table, ainsi qu'une bibliothèque aux étagères s'élevant jusqu'au plafond. Enfin, nous découvrîmes la Salle du Trône. J'ai laissé échappé un petit hoquet de stupéfaction devant la beauté de la pièce. Le sol était composé d'une gigantesque mosaïque représentant un flocon de neige aux différentes teintes de bleu. Au plafond était peinte une représentation d'un cheval ailé d'un blanc immaculé, aussi pur que Pégase. Se cabrant, il semblait dominer le monde. Au dessus de lui se tenait un ange à la longue robe blanche, aux cheveux dorés et aux ailes immenses. En arrière-plan était représentés une colline et une forêt enneigée, ainsi qu'un ciel aux tons gris orage. C'était tellement magnifique qu'on dût me tirer de ma contemplation.
- Reste concentré ! me chuchota Marius
Il avait raison. Je lissai mon manteau tout en me rappelant notre objectif, et ce pourquoi on était venu ici. J'ai alors dirigé mon regard vers le fond de la pièce : deux trônes imposants scintillaient : l'un devait mesurer dans les deux mètres et était sculpté dans la glace, qui était quasiment translucide, mais qui était recouvert de minuscules paillettes argentées qui lui donnaient un aspect resplendissant de mille feux. Il avait un côté imposant et sur le haut du dossier se dressait une couronne d'un bleu limpide. On devinait sans hésiter que la personne qui s'asseyait autre fois sur ce trône dominait parfaitement la pièce et le palais.
A droite du trône s'en trouvait un autre, mais d'un blanc pur. J'ignorais quel matériau c'était, mais il était lisse et vernis, avec lui aussi des minuscules paillettes, si petites qu'on aurait dit pleins de petites lumières. Il était moins haut, d'environ quinze centimètres, mais était tout aussi imposant.
- C'est vraiment incroyable... soufflai-je, émerveillé
Marius se tourna vers moi. Je voyais sur son visage un air perplexe, ses yeux écarquillés fouillant la pièce.
- Que se passe t-il ? lui demandai-je
- Le Diamant Bleu devrait être ici, dit-il d'un air paniqué, hors il ne l'est pas...
Notre mission me revint en tête : nous rendre au Palais de Glace, abandonné depuis plus de cinquante ans mais fait d'une glace éternelle sans risque de poussière ou de destruction, et nous emparer du Diamant Bleu, un diamant d'une valeur inestimable, disparu à la mort tragique de la famille royale qui habitait ce palais. Lorsque ils étaient encore vivants, le Diamant Bleu était aussi connu que l'histoire du Titanic, et la Famille Royale le conservait précieusement dans la salle du Trône si on en croyait les livres à son sujet. Et puis quand la Famille dépérit lors d'un hiver mémorable aux températures invivables, le Diamant fut oublié. On en parlait plus. Des années plus tard, l'idée qu'il soit intact vint à l'esprit à plusieurs personnes. On nous envoya, Marius et moi, le chercher, nous promettant une richesse éternelle.
- Hého, Alec ?!
On me tira de mes pensées. Marius agitait une main devant mon visage.
- Qu...quoi ? fis-je, un peu pommé
- On monte, m'annonça t-il avant de quitter la salle sans m'attendre
Nos pas résonnèrent pendant qu'on montâmes l'escalier de glace. On arrivâmes devant un très long corridor, large et aux murs hauts, toujours dans ces mêmes teintes glacées.
- Il y a beaucoup trop de pièces ! m'écriai-je, exaspéré, en regardant les nombreuses portes
- Et on va toutes les faire ! décida Marius
- Quoi ? Mais t'es fou !
Marius se tourna vers moi, et posa ses deux mains sur mes épaules.
- Écoute Alec, sois on trouve ce fichu Diamant, sois on est mort. Tu sais bien que l'annonce de notre voyage vers le Palais de Glace s'est diffusé comme une trainée de poudre. Si on rentre en ville sans le Diamant, dis adieu à notre petite vie tranquille...
- OK, OK...
Et c'est alors qu'on entra dans la première pièce.
On fouillâmes pendant plus d'une heure, ayant compris qu'il n'y avait pas qu'un seul corridor, et que chaque corridor menait à une dizaine de pièces. On était frigorifié, on était fatigué, et on en avait marre de chercher, sans oublier la faim qui menaçait d'arriver... Notre ville étant à seulement une dizaine de kilomètres, nous nous étions promis que le 'voyage' ne serait pas long, et comme on pensait que le Diamant se cachait dans la Salle du Trône, nous pensions qu'on n'aurait pas à trop chercher, et nous n'avions pris aucune provisions, à part une petite bouteille d'eau et un sac pour transporter le Diamant.
- Qu'est-ce qu'on a pu être mal organisés... ! cracha Marius, tous ses membres tremblants à cause de l'air glacial qui régnait
A bout de force, nous continuâmes cependant de visiter chaque pièce, de fouiller puis de passer à la suivante.
Nous vîmes une porte au fond du troisième corridor. Elle était plus grande que les autres, d'un blanc virant sur le gris. Je posai ma main sur la poignée. Verrouillée.
- Laisse moi faire, ordonna Marius
Il sortit un petit objet long et fin de sa poche et le passa dans la serrure. Après l'avoir tourné plusieurs fois, un petit 'clic' se fit entendre et la porte s'ouvrit.
La pièce était ronde et des fresques recouvraient le mur. Au centre de la salle se dressait un très grand socle en glace. Et sur le socle reposait un diamant aussi grand que ma main d'une teinte bleutée.
Marius et moi nous dévisageâmes, sourire victorieux aux lèvres.
Nous avions enfin trouvé le Diamant Bleu.
-Écrit durant mon année de Cinquième et au début des vacances d'été 2018-
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