28- La Course
Je cours. Sans m'arrêter.
J'ignore depuis quand, pour quelle raison précise, quelle distance j'ai parcourue. Je sais juste que je dois courir. Courir, tout droit, sans m'accorder une seconde de pause. Je sais que, si je m'arrête, je n'aurai plus de chance de repartir.
Seule à fouler la terre plate, je ne pense à rien. Je me concentre sur ma course, que je m'efforce à garder régulière. Mes pieds nus sont sales, endoloris, couverts d'égratignures. J'ai des crampes partout, mes vêtements sont déchirés, et je menace de m'évanouir en raison de la soif qui donne à l'intérieur de ma bouche une sensation de désert aride, ainsi que de la faim qui me tenaille le ventre.
Malgré tout, je cours. M'efforce de ne pas penser aux besoins de mon corps qui me hurlent de m'arrêter.
Ma concentration faiblit. Mon esprit me repasse les derniers évènements. Je revois ma mère, prisonnière des Blancs qui nous menaçaient, torches à la main. Je me revois avec eux. Puis je réentends notre dernière conversation :
« Je vais les distraire, Hasna, m'avait-elle murmuré
- Tu vas te faire tuer ! m'étais-je étranglé
- Je sais. Je le fais pour toi. Pour que tu puisses t'enfuir et avoir une chance de t'en sortir. »
Des larmes me brouillaient la vue et inondaient mon visage. Ma mère avait posé ses deux mains sur mes joues, me forçant à la regarder.
« Ne pleure pas, my kind (« mon enfant » en Afrikaans). Je le fais pour toi, pour que tu puisses un jour avoir une vie heureuse. Tu ne mérites pas cela. Quand je vais me débattre, et que tous les Blancs vont se ruer vers moi, tu vas te mettre à courir. Il faudra que tu coures pour ta vie, Hasna. Cours tout droit, sans jamais t'arrêter. Ils vont te poursuivre, tu sais ? Ils ne te laisseront pas en paix. Alors ne t'arrêtes jamais. Jamais, tu entends ? Cours, même tu as soif, même si tu as faim, même si la fatigue te brûle toutes les parties du corps. Tu as compris ?
- Je ne veux pas t'abandonner ! »
A présent, ma mère elle-aussi s'était mise à sangloter silencieusement. En revoyant cette image, je me sentis tressaillir, des larmes me montèrent aux yeux. Je ne fis rien pour les retenir.
« Je sais, my kind. Mais je t'en pris. Fais le pour moi. Je ne supporterais pas qu'on prenne mon deuxième enfant. Je t'en pris, Hasna. Tu es toute ma vie. »
Alors j'avais acquiescé. Lui avais promis. Ma mère m'avait prise dans ses bras, une dernière fois. Nous pleurions toutes les deux, mais ne disions mot. Nous savions parfaitement toutes les deux qu'elle allait mourir d'ici quelques minutes. Les Blancs n'avaient aucune pitié. Ils allaient la brûler vive. Tout comme mon grand frère, Azaan, la nuit dernière.
« Essaie de négocier, Ma (« maman » en Afrikaans). Je t'en pris. Ils t'accorderont peut-être la vie sauve.
- Je vais essayer, Hasna. Je vais essayer... »
Mais nous savions pleinement qu'aucune de nous y croyait.
...
A présent, des larmes coulent sur mes joues. Depuis ses derniers mots, je ne me suis pas arrêté de courir. Je la revois encore attirer l'attention, tenter une fuite, moi m'enfuyant puis entendant son cri de douleur quand ils l'ont brulé vive, comme ils l'avaient garanti si on tentait de s'échapper. Je n'ai pu retenir mes larmes inonder encore une fois mon visage. Mais j'ai tenu ma promesse. Et je la tiendrais jusqu'au bout.
***
Hey tout le monde ! :)
Comment vous allez ? Moi ça va, les vacances approchent (2 semaines et demi pour la Zone A ;)), j'ai vraiment hâte ! :p
Aujourd'hui, je vous ai écrite cette Nouvelle, qui est un peu + courte que les autres. Les premières phrases me sont venues en permanence, et je les ai ensuite transformé sur un récit d'une jeune fille, Hasna, qui s'enfuie d'un camp où elle était prisonnière avec sa mère à cause de leur couleur de peau. J'avoue que je ne m'y connais rien, mais cette petite histoire m'est légèrement inspiré de Sauvages, un livre écrit par Nathalie Bernard que je vous conseille grandement. Bon, la première différence est que, dans mon texte, j'ai choisi de faire du personnage, Hasna, une fille d'Afrique, et non d'Inde. J'ignore si la "situation" dans laquelle elle était existait, du coup je vous demande d'être indulgent si ce texte n'est pas réaliste, svp :') ^^'
Enfin voilà ^^ Dans tous les cas n'hésitez pas à m'en parler en commentaires, et bien sûr j'espère que ça vous aura plus quand même ^^ et pis en attendant, je vous souhaite une bonne fin de semaine et je vous dis à bientôt en attendant ma prochaine Nouvelle ;)
Ludivine <3
-Janvier 2019-
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