24- Inconsciente
Hey tout le monde ! j'espère que vous allez bien. De mon côté, ça va, mais je m'en veux car mon Recueil de Nouvelles était censé être toujours d'actualité, sauf qu'en ce moment j'ai beaucoup de mal à écrire. Vous avez aussi sûrement remarqué que j'ai mis énormément de temps à sortir le chapitre 3 de "Dear Aleksander"... Bien sûr, le collège ne facilite pas la tâche, en raison donc du temps limité que j'ai, mais ma non-inspiration de ces dernières semaines ne m'aident absolument pas. Je ne sais pas si c'est à cause de la reprise des devoirs ou juste que c'est une phase sans idées et créativité, mais je n'ai donc pas publié de Nouvelles depuis fin août, et là, je me suis dis, "Ca va pas du tout Ludivine !".
Bon. J'ai décidé de me reprendre en main. Du coup, je vous publie aujourd'hui une petite rédaction, pas très travaillée mais qui j'espère vous plaira quand même. Je tenais absolument à publier sur Wattpad car ça me manquait... :O
Bonne lecture ^^
Ludivine <3
Inconsciente.
Depuis combien de temps ? Je l'ignore. Je me souviens juste de cette soirée : assez fraiche pour un début de printemps, sombre, dans un quartier désert où mes amis et moi nous nous étions permis d'allumer la musique à fond.
L'ambiance était là, mais bizarrement je ne me sentais pas dans un état à faire la fête. Mes pensées étaient en ébullition, et je n'arrivais pas à les mettre de côté pour me distraire et profiter de la bonne ambiance. En plus de ça, je ne me sentais pas bien. Étais-ce l'alcool trop présent, où étais-je déjà dans cet état avant ? Pas de souvenirs précis. Seulement des pensées sombres tournant en rond dans mon esprit, certaines très nettes, d'autres vaporeuses. En tout cas, j'étais bien la seule à ne pas m'amuser. La quarantaine de gens présents dansaient entre deux fous rire sur la piste prévue, spacieuse et éclairée par des boules disco projetant des lumières rouges et vertes, la musique pop ou rock'n roll emplissant la salle.
Adossée contre un bar, mes paupières s'alourdissaient. Je n'étais vraiment pas bien. Un spasme m'avait parcouru l'estomac et je me souviens m'être retenu de vomir, puis de toucher distraitement ma joue. D'une démarche vacillante, je m'étais approché de ma meilleure amie, Lena, pour lui marmonner que je rentrais.
- Ça va ? m'avait-elle dit, légèrement inquiète. Tu veux que je te raccompagne ?
- T'inquiète pas pour moi, j'habite à deux pas. Dans dix minutes je suis dans mon lit. Je ne risque rien.
- OK. Fais attention à toi.
Elle m'avait posé deux bises sur la joue, m'avait regardé d'un air insistant, sérieux, puis s'était retourné pour faire face au DJ, son sourire étant alors revenu. J'avais voulu sourire mais un nouveau spasme m'en avait dissuadé, et j'avais titubé, grimaçante, jusqu'à la porte de sortie.
J'étais seule sur le trottoir dans une petite rue qui avait l'air abandonnée, seule la musique qui se dégageait du bâtiment dont je venais de sortir semblait en vie. Il n'y avait que quatre réverbères ; un des quatre clignotaient faiblement, près d'une seconde à l'autre de s'éteindre, tandis ce qu'un autre l'était déjà. J'avais frissonné dans ma doudoune légère.
J'avais descendu le long de la rue, avais tourné à droite pour me trouver face à un carrefour. A part un bar qui était en train de fermer, pas le moindre signe de vie. Un restaurant était plongé dans l'obscurité la plus totale, les vitrines de deux boutiques étaient elles-aussi dans le noir et dessus se projetaient des ombres inquiétantes.
J'avais avancé jusqu'à une grande rue, la tête me tournant violemment. J'avais trébuché, m'étais rattrapé jusqu'à temps à un poteau, à quelques centimètres de la route déserte. Je voyais flou, avait tenté de percevoir un bruit, mais mes oreilles bourdonnaient. De plus en plus pressée d'en finir, je m'étais engagé sur la voie.
Ensuite, tout s'était passé très vite. j'avais entendu un bruit lointain, qui s'était rapproché à la vitesse de la lumière, et deux lumières vives se ruant vers moi. Avant que je puisse en déduire ce que c'était, je venais de recevoir le choc. Ce choc qui m'a mené vers l'inconscience.
Je m'étais déjà évanouie. Plusieurs fois. La plupart, c'était en cause à de l'alcool, moi ayant une tendance à un peu trop boire lors des soirées pour oublier. Oui, oublier certaines choses. Oublier le présent. Mais à chaque fois, je ne voyais que du noir, sans rêves, et me réveillai souvent le lendemain.
Cette fois-ci, ce fut différent. J'eus l'impression de rester une éternité dans cette transe, ne sachant pas trop si j'étais prête à basculer vers la mort d'un moment à un autre. Mais la mort ne m'emporta pas. Du moins, pas pour le moment.
Non. Bien que mon esprit soit lourd, embrumé, il était conscient.
Et il me fit revoir toute ma vie.
Que des flashbacks. Je me revis lors de ma naissance, mon père, présent, tenant anxieusement la main de ma mère, puis entre des larmes de joie en train de me tenir entre ses bras.
Je revis notre appartement miteux, à Paris. Moi grandir sous les regards aimants de mes deux parents. Je revis des images heureuses.
Et puis...j'ai revu des images que je n'aurai aimé jamais revoir.
Des moments de ma vie que j'aurai aimé oublier. Mais il a fallu qu'on me les repasse également.
D'abord, il eut la gifle. La gifle de mon père à ma mère. J'avais 4 ans. Une dispute avait éclaté, et mon père avait semblé oublié ma présence quand sa main avait volé. Je revois ma mère pleurer, lui hurler dessus, puis me prendre dans ses bras pour me coucher au lit entre deux sanglots qu'elle avait essayé de me cacher. Je me revois lui demander pourquoi papa l'avait tapé, elle me répondant que tout allait bien accompagné d'un sourire forcé.
On pensait que j'étais jeune, que j'allais vite oublier.
Au contraire. Cette image de mon père violent s'est encrée dans ma mémoire, me rendant de plus en plus distante vis-à-vis de lui.
J'en ai payé les conséquences.
Deux ans plus tard, je revis les images de mon père voyant ma mère, proche d'un client qui n'avait d'yeux que pour elle. Ma mère avait sympathisé avec lui mais ne le voyait pas comme quelqu'un en plus. Mon père ne le vit pas sous cet angle. Il le menaça dans le dos de ma mère de ne plus jamais l'approcher, ou alors il oserait en venir aux mains. Le client lui promettant de disparaitre, mon père s'occupa de ma mère.
Après l'avoir traité de tous les noms, il la gifla. Et la gifla encore. Encore. Et encore...
Seule dans mon lit, âgée de six ans, je n'avais pas assisté à la scène. Mais je revois l'image de ma moi d'avant, blottie sous les couvertures mais le regard grand ouvert, entendant les gifles, les hurlements et sanglots étouffés de ma mère... Je la devinai sans peine, courbée en deux, en bas de l'escalier, pendant que mon père se dressai de toute sa hauteur au dessus d'elle, le visage déformé par la rage. Il la voulait à lui seule. Il la voulait. Il voulait qu'elle lui appartienne. Il ne la voulait pas par amour.
Ma mère a divorcé, sans dénoncer cependant mon père de ses actes, et une garde alternée commença pour moi. Chaque semaine, je changeais de maison. Les jours chez ma mère se passait assez bien, mais la plupart du temps dans le silence. Elle s'efforçait de bien s'occuper de moi, et de m'éduquer comme il fallait. Ni elle ni moi ne parlions de papa. Je revis une image d'elle et moi, dans la cuisine, manger en silence, ne sachant quel sujet de conversation aborder, ma mère étant plongée dans ses pensées et moi n'osant pas parler. Je revis une image de la directrice de mon école maternelle appeler ma mère, au mois de juin. Elle avait oublié de venir me chercher.
Les semaines chez mon père furent dures, et de plus en plus. Au départ, il faisait comme si ne rien n'était, comme s'il n'avait jamais giflé personne. Il prenait un ton doux, voulait toujours faire le gentil-petit-papa-parfait. Prenant conscience de ce qu'il avait fait, qu'il était la cause de ce divorce, de son hypocrisie envers moi comme s'il ne s'était rien passé, je me suis éloignée de lui. Aie pris mes distances. Je me revis faire un caprice pour qu'il me laisse aller à l'école toute seule, lui supplier de dormir chez une amie pour ne pas passer la soirée seule avec lui, refuser qu'il me fasse un câlin... Il comprit que je voulais m'éloigner. Et il ne le supporta pas.
J'avais 8 ans depuis peu quand il commença à se montrer violent envers moi. Envers sa propre fille.
Je revis les pires images de ma vie. Depuis le début. Des images qui ne prirent pas de fin. Tout simplement parce que mon père me frappe toujours. C'est à partir de ce moment-là, le onzième jour de mes 8 ans, que ma vie a basculé ; qu'elle a basculé dans le noir, le désespoir, la douleur.
Je le revis me regarder avec des yeux fous alors que je venais de le contredire, de me montrer un poil insolente ; moi, de peur, éclater en sanglots, et lui s'approcher d'un pas menaçant pour m'agripper le bras pour pas que je m'échappe, et me gifler avec violence. Je me revis hurler, et lui, abattre sa main une deuxième fois sur ma joue d'enfant.
Mon père me frappait tous les soirs. Souvent, c'était des gifles, parfois c'était des fessées ou des grandes tapes derrière le crâne. A chaque fois, après, je montai dans ma chambre m'y enfermer, et alors je pleurais toutes les larmes de mon corps. Chaque soir, je me disais que ça se terminerai demain, qu'on viendrait me venir en aide ou qu'il arrêterait. J'essayai à chaque fois d'oublier. J'essayai de me convaincre que ça prendrait bientôt fin.
Mais j'avais tord. Mon père n'arrêta pas. Chaque soir, je tentai d'oublier la soirée précédente. Mais mon inconscience, mon esprit, me fit revivre chaque soirée chez mon père. Chaque gifle.
Neuf ans. Neuf ans que je me tais, que je me terre dans le silence à propos de ses actes odieux. Neuf ans que je n'ose pas. Neuf ans qu'il me menace pour que je ne le dise à personne, pas même à ma mère, pas même à ma meilleure amie.
Neuf ans.
Mais cette inconscience, tous ses flashbacks, me fit prendre conscience de ce temps. De ces neuf années de silence. Des années que je ne le supporte plus. Des années que je rêve de le dénoncer enfin, que ce massacre s'arrête.
Neuf ans. Neuf ans pour me permettre de réaliser, et de vouloir enfin le faire.
Cette volonté...je sentis mon esprit se remettre en marche normalement. Soudainement, je me sentis tout près. Tout près de me réveiller.
Et j'ouvris les yeux.
D'abord aveuglée par la lumière que je n'avais pas vu depuis si longtemps, je mis du temps à réaliser que j'étais dans une chambre d'hôpital. Après tout, logique. Sans réfléchir, j'ai enclenché un bouton à côté de moi me permettant d'appeler de l'aide. Quelques secondes plus tard, une jeune femme déboula dans ma chambre, portant un badge avec écrit "Dr Lepine".
- Docteur ? fis-je, d'une voix éraillée après avoir passé tant de temps dans l'inconscience. J'ai à vous parler...
-Octobre 2018-
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