19- Injustice
Je courrais dans un champs fleuris. Le soleil était haut dans le ciel et ses rayons se posaient sur ma peau découverte par les manches courtes de ma robes et qui m'arrivait au dessus des genoux. Mes longs cheveux blonds volaient derrière moi, mes yeux verts se posaient sur les fleurs colorées que je dépassais à mesure que j'avançais. Il n'y avait personne, je souriais, j'étais heureuse. J'étais libre.
- THELMA !!!
Je me relève en sursaut, cligne des yeux, désemparée. Je me rappelle brusquement où je suis. Le champs de fleurs ensoleillé me semble très loin, soudainement.
J'allume une petite lampe et jette ma couette sur le côté pour me lever. Je cherche des yeux mes chaussons quand...
- THELMA BON SANG !!! hurle la voix, bien trop familière à mon gout
Maussade, je réponds d'une voix forte :
- J'ARRIVE !!
J'attrape mes chaussons et jette un dernier coup d'œil à la pièce où je suis : petite et étroite, il y a tout juste la place pour un lit une place où mes pieds dépassent depuis longtemps et un tiroir pour ranger mes vêtements. La peinture s'écaille aux murs et au plafond si bas que je dois à la limite me baisser. La poussière traine un peu partout par terre, en raison que personne ne fait le ménage ici. Avant que j'y emménage la seule pièce où j'ai de l'intimité, c'était un placard à balais.
Je soupire, ouvre la porte et sort dans le couloir. Je marche jusqu'au fond. Là, le grenier. Poussiéreux, il y règne des objets anciens et sans intérêt. J'éternue. Je presse le pas, ouvre une autre porte et me retrouve sur un palier, tout près de l'escalier. Je le descends, me dirige vers la cuisine qui donne sur le salon.
- Ah ben enfin !
Une femme s'approche de moi, les sourcils froncés et la mine mécontente. Ma mère. Enfin, pas une mère normale. Pas une mère aimante. Pour moi, c'est seulement une femme trop grande, trop maigre, superstitieuse et froussarde comme jamais. Derrière elle se tient un homme au crâne dégarni, aux petits yeux noirs et haineux –avec moi-, gros et avec une grosse voix grave. Mon père. Philippe. Pas aimant, lui non plus. Enfin...pas avec moi, en tout cas.
Mon père est en train de couvrir de bisous une fille de mon âge -9 ans-, aux longs cheveux blonds, aux yeux verts et au sourire radieux. Ma jumelle. On se ressemble physiquement, mais question personnalité et caractère, c'est total opposé. En ce moment même, il n'y a qu'à regarder nos deux visages pour faire la différence : celui de ma sœur –Paulina-, est couvert par un sourire radieux, et ses yeux pétillent. Le mien est maussade, mes yeux mi-clos à cause de mes cinq heures à peine de sommeil. Et puis, pour les parents, on est aussi en total opposé. Paulina est à la chouchoute. Je suis la répudiée. La fille mise à l'écart. Celle qui n'en vaut pas la peine. La servante. Le vilain petit canard. Celle qui est en trop. La Cendrillon de la famille.
- Thelma, mais qu'est-ce que tu fichais ?!
- Je dormais, je marmonne en étouffant un bâillement
- Enfin ! s'exclame la femme qui me sert de mère –que j'ai toujours appelé par son prénom : Adeline – d'un ton accusateur. Comment peux-tu penser à dormir alors que c'est une des plus belles journées de l'année ?!
« Peut-être parce que tu m'as demandé de nettoyer la cheminée hier soir ainsi que les bêtises de ton chien ignoble et que ça m'a duré deux heures et demi ?! » me répondis-je intérieurement avec fureur.
Je ne le dis pas à voix haute, bien sûr, mais je le pense réellement. Tiens, en parlant du loup...un chihuahua minuscule au poil crème débarque en gesticulant et en poussant des hurlements si aigus que j'en grimace. Je déteste ce genre de chien. Ce genre de chien qu'adore Adeline, le « chien à sa mémère »...
- Une des plus belles journées de l'année... ? je répète d'une voix monotone et endormi
- Euh, non LA plus belle journée de l'année ! rectifie brusquement Adeline comme si elle venait de se rendre compte qu'elle avait dit quelque chose de faux
Je lève les yeux au ciel pendant que ma mère se tourne vers son autre fille.
- Prépare le petit déjeuner ! Dépêche toi ! m'ordonne t-elle sans me regarder d'une voix sèche
Elle pose alors ses yeux sur Paulina et sa voix se transforme.
- Ah ma chérie ! dit-elle d'une voix comme si elle contemplait la huitième merveille du monde. Ma petite fille adorée...
- C'est un jour spécial aujourd'hui ? demanda Paulina, prenant une voix faussement innocente de la petite fille pourrie gâtée qu'elle est
- Oh mais oui, un jour incroyable... Joyeux anniversaire mon cœur !
Elle la prend dans ses bras à l'en étouffer. Ah, oui c'est vrai... Aujourd'hui, c'est notre anniversaire, on a 9 ans toutes les deux. Mais bien sûr, je ne compte pas. Je suis presque sûre qu'ils ont oublié que j'étais la jumelle de Paulina. Pendant quelques secondes, je les regarde tous les 3 : notre mère qui embrasse sa fille et notre père qui les regarde, attendri. Je me surprends en m'apercevant que je suis jalouse. Jalouse de cette injustice. Ils ont préféré chouchouter la première qui est venue au monde. Si j'avais été la première à voir le jour, c'est moi qui serait à la place de Paulina. J'aurai été la préférée. Je serre les lèvres en secouant la tête, furieuse de pouvoir ressentir de l'envie. Quelle idée ! Être pourrie gâtée, comme Paulina... non ! Je respire longuement, chasse mes idées de la tête et regarde ma sœur. Elle a l'air fière d'avoir grandi d'une année. Je m'aperçois alors qu'elle me regarde. Ses sourcils se froncent.
- Mais qu'est-ce que tu fais à nous regarder ? Maman t'as dis de...
- THELMA !!!
Adeline s'était retourné et me fusille du regard. Je baisse les yeux, marmonne, et sort le pain pour le couper en tranches.
- Mets-y un peu de bonne volonté je te pris ! me sermonne encore Adeline
Bien que je lui tourne le dos, je suis certaine que son regard ne m'a pas quitté. J'essaie d'oublier ses yeux qui m'observent et repense à mon rêve. Le Paradis. Sans Adeline. Sans Philippe. Sans Paulina. Libre...
Je sens soudain une main se refermer sur mon avant-bras. Je me retourne brusquement et me retrouve face à Adeline, ses cheveux blonds –dont j'ai hélas hérité- déjà coiffés en un chignon serré sur sa nuque. Je me demande même si elle dort avec...
- Thelma, je te préviens si tu nous manques encore de respect, tu es punie dans ta chambre sans rien manger ni boire... ! me siffle t-elle à l'oreille
Je recule, mes yeux lançant des éclairs.
- Je ne vous ai pas manqué de respect ! je rétorque d'une voix sourde
- Et bien tu viens de le faire jeune fille, réplique Adeline en resserrant son étreinte sur mon bras, puisque c'est comme ça, je vais...
J'entends soudain un cri plaintif. Un hurlement. Des pleurs. Une crise de Paulina. Je soupire, agacée. Adeline me jette un regard glacial avant de se tourner vers la scène.
- Mon cœur, qui y a t-il ? Dis à Maman...
Elle se précipite vers Paulina, la prend dans ses bras en lui murmurant des mots doux de réconfort.
- J'ai pas eu ma licoooorne ! pleurniche t-elle
Des larmes de crocodiles, évidemment... Un vrai caprice de gamine !
- Mais, mon cœur, comprend-nous, on a cherché mais tu comprends...
- NOOOOON !!!
Paulina se met à hurler en tapant du pied... Et dire qu'elle a 9 ans ! Ecoeurée du fait qu'elle soit ma jumelle, je me retourne à ma tâche.
- Qu'est-ce que tu fais ? me demande soudainement Adeline
- Je...je prépare le petit déj', je murmure, m'empêchant de lui hurler dessus
- Qu'est-ce que tu prépares ?
- C...comme d'habitude, je balbutie
- NON !
Je me retourne, surprise.
- NON ! C'est l'anniversaire de Paulina, aujourd'hui ! Sors le gâteau, les muffins et les pancakes... !
- Qu...quoi ? fis-je. Mais, j'ai rien préparé du tout...
- Et bien prépare-les maintenant ! ordonne Adeline
Je lui jette un regard assassin avant d'obéir. Derrière moi, j'entends ma mère promettre sa licorne à Paulina... Elle ne lui donne que de faux espoirs ! Et puis, quand on a 9 ans et qu'on croie aux licornes, c'est qu'il y a un léger problème...
Néanmoins, j'obéis à tous les ordres. Préparer le petit déjeuner, la table, faire le service, obéir aux autres caprices de Paulina sur le nombre de pancakes...
La routine quoi.
C'est le soir. La fin de la journée. Il est 23h30. Mes parents, Paulina et le chihuahua d'Adeline doivent dormir. Je repense à la journée, seule dans le placard à balai au fond du grenier qui me sert de chambre.
La journée fut abominable. Paulina pleurnicha tout le temps à cause de sa licorne... Exceptionnellement, j'ai pu aller dormir sans faire de corvées. Ce qui est très rare. Mais je ne dors pas. Je contemple le plafond, les yeux grands ouverts.
Des larmes silencieuses se mettent à couler sur mes joues. Cela doit faire six mois qu'elles ne sont pas revenues. J'ai appris à m'habituer. Mais parfois, je craque. Pourquoi tant d'injustice ?
Alors, je me murmure à moi-même d'une voix tremblante :
« Joyeux anniversaire Thelma »
Hey ! J'espère que vous allez bien :) Moi ça va, j'espère que cette rédaction vous a plu. Bon...honnêtement je me suis un poil inspiré du début du tome 1 de Harry Potter :) mais je vous jure que j'ai essayé de faire le maximum pour que ça y ressemble le moins possible ^^ même si ça reste la 'source' de mon idée pour cette Nouvelle.
Enfin bref, voilà ! Passez une bonne fin de journée ^^
Ludivine <3
-Août 2018-
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