Sous le regard des étoiles {Ymir X Christa}
Une fois toutes les lumières éteintes, il ne restait plus que celle des étoiles.
Christa était assise au dehors. Il faisait frais mais elle n'avait pas froid. Le vent caressait ses cheveux clairs, elle enlevait ses bottes de soldate et laissait ses pieds glisser dans l'herbe douce. Cela faisait longtemps que tous dormaient profondément, la journée d'entraînement avait été difficile...rude. Epouvantable. Christa revenait de plusieurs heures d'exercices qui lui avaient semblés sans fin. Malgré la fatigue, impossible de trouver le sommeil. Il ne venait pas, elle ne pouvait s'abandonner qu'à elle-même, tourmentée par ses pensées.
Plus tôt, Ymir l'avait trouvée, suffocante dans l'ombre d'un arbre. La jeune fille qui jusqu'alors courait avec vigilance, s'était arrêtée brusquement avant de vérifier que personne ne l'a voyait. Sa bouche s'était crispée, ses poings serrés en silence, elle avait simplement reculé sans accorder un seul mot à son amie. Christa, recroquevillée contre le tronc, s'était senti alourdie par le malaise. Elle devait la penser lâche à se cacher. Peut-être qu'Ymir était en colère. Peut-être qu'elles ne se parleraient plus. Une main agrippée à l'écorce, Christa avait tenté de se relever pour lui jeter un dernier regard, mais elle s'était évaporée parmi les frondes et les bosquets.
Ses yeux jouait avec les étoiles. Elle les cherchait sans connaître leur nom. Le cœur battant comme chantant une chanson, les bras repliés sur son pantalon de fonction, elle regardait le ciel pour s'éclaircir les idées. Sur la grande toile percée, elle aperçu une constellation. Elle ne lui dit rien, mais Christa savait que les étoiles aimaient être trouvée; lorsque la jeune fille posait les yeux sur une, elle semblait briller plus fort que jamais. Sa poitrine se serrait dès qu'elle ressassait le passé, alors comme comptant les moutons elle dénombrait les étoiles. Leurs branches claires tendaient leurs bras vaporeux, si elle plissait des yeux, elles l'embrassaient de lumière. Un sourire lui passa sur le visage.
Elle entendit qu'on l'appela, elle ne se retourna pas. Le temps s'était figé. Son corps était encré dans le sol. Son cœur battait fort, ses cheveux serpentaient, ses doigts se serraient, ses pieds nus s'enfonçait dans le sol.
- Mais bon sang, qu'est-ce que tu fiches ici ?
Nouvelle constellation sur des joues mates, un visage lui apparut, il faisait de l'ombre aux étoiles.
Christa ne répondit pas. Elle l'a regardait seulement dans le blanc des yeux. Elle admirait celle qui lui avait fait tant de peine. Froideur, recul, consternation, voilà ce qu'elle voulait transmettre. Mais, impossible, lorsqu'elle tomba dans ses yeux ambré, son regard s'emplit de bonheur et de mots doux. Elle le détourna.
Ymir répéta sa question, quelque peu irritée. Elle obtint une réponse vague, un peu dans le vent, de sa camarade. Christa lui dit qu'elle avait besoin d'air.
- Besoin d'air... Je vois pourquoi tu ne m'as même pas adressée la parole aujourd'hui.
Sur-ce, Ymir se releva de là où elle s'était assise. Christa, qui avait la tête baissée, la releva aussitôt. Soudain, elle l'appela, et la supplia de rester à ses côtés. Sa main avait attrapée la sienne, comme un matin de printemps, elle était douce et tiède. Un frisson parcouru leurs corps, une communication muette. Les étoiles au-dessus d'elles chantaient à tue-tête.
Lentement, Ymir se rassit. Sa moue bougonne annonçait la couleur, et pourtant, elle rit. Elle rit et s'étala par terre. L'herbe lui faisait un lit, Christa aurait voulu y déposer des roses. De sa main longue et élégante, elle pointa du doigt la blonde et lança avec assurance :
- Tu es une vraie idiote.
Christa était désarçonnée ; elle rigolait, puis la traitait d'idiote !
- Tu sais, repris-t-elle en se tournant sur le côté, je crois qu'on s'est un peu mal comprise toi et moi.
- Ah bon, lâcha Christa d'une manière étrangement froide. Son ton glacial l'a surpris la première, elle porta la main à sa bouche avant d'interroger la jeune fille du regard, comme prise sous l'effet un sortilège. Le sourire d'Ymir s'élargit néanmoins.
- Ne sois pas fâché, dit-elle, en tout cas je ne le suis pas. Tout à l'heure, dans les fourrés, je t'ai vu te cacher derrière cet arbre. Tu sais, à ce moment là, j'ai pensé au fait - elle s'arrêta une seconde, déposa son regard sur ses lèvres puis reprit dans une grande inspiration - au fait que tu te démène tellement ces derniers jours, dans la brigade. Tu fais toujours de ton mieux pour aider tout le monde, et tu ne te plains pas. Alors quand je t'ai vu toute essoufflée, tes bottes boueuses et tes habits trempés, j'ai voulu te laisser tranquille. Tu l'avais mérité.
Christa se sentit rougir. Elle se referma un peu plus encore sur elle-même, ses lèvres bougeaient, mais elle n'arrivait à dire un mot. Non loin d'elle, les cabanons se dressaient en rang comme des soldats au garde-à-vous; elle pensait à tous ses camarades qu'elle voulait tant aider. Mais, oui, elle était épuisée, elle ne l'avait seulement pas encore admis, et pensait que le montrer la rendrait lâche aux yeux des autres.
Christa adressa un regard à la lune, elle dardait ses plus profonds rayons sur son visage entier. Ses cheveux brillaient. Ymir, qui pouvait se montrer parfois si laconique, s'était entièrement ouverte à elle. Sa poitrine semblait être prête à exploser. Elle parla :
- Je...merci. Merci beaucoup.
Un ange passa. En silence, elle pleura. Elle ne savait pas vraiment pourquoi.
Légère comme l'air, elle sentit une pression. Celle de deux lèvres sur son front. Une mèche lui caressa le visage, des mains lui séchèrent ses larmes, toutes deux basculèrent sous les étoiles. Elles s'enlacèrent et répétaient leurs noms, après un temps, Ymir murmura :
- Si je suis partie si vite, c'est parce que nos adversaire avançaient vers toi. J'ai détourné leur attention pour que tu puisses souffler.
Un nouveau sanglot, de Christa, failli déborder. Elle serra seulement fort la veste de la jeune fille, la remerciant encore et encore de la même étreinte. A mille lieux, tous étaient couchés, ils n'y avaient plus qu'elles. Plus que leurs mains entrelacées, plus que leur désirs de se protéger. Plus que l'envie de rester aux côtés de l'autre.
Roulant sur le dos, pour être face aux étoiles, elles regardèrent le ciel comme un vieil ami. Il ne leur disait rien, elles leur disait tout. Les étoiles, c'était des confidentes fidèles. Elles apparaissaient là où s'éveillait l'interdit puis gardaient leurs secrets scellés. Elles leur contèrent leurs sentiments toute la nuit durant.
Une fois toutes les lumières éteintes, il ne restait plus que celle des étoiles.
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