Le bonheur est dans le pré, oui, mais dans quel pré ?

Dans le pré du voisin, régulièrement arrosé de désherbant, qui tue ta haie ?

Dans le pré du voisin, où paissent régulièrement les bovins ?

Dans ce fameux pré, quand un ballon lancé trop fort, y atterrit ? Qui ira le chercher discrètement pour ne pas être vu du taureau au repos ?

Dans le pré de pépé, où poussent les patates de l'année ?

Dans le pré de pépé, ce samedi de septembre, où tous ensemble réunis nous ramassons les patates, provisions pour l'hiver à venir ?

Dans le pré du voisin, plus haut que notre cour et la route, nous permettant de fuir quand l'eau monte ?

Dans le pré moissonné, les balles en séchage, excellent jeu d'escalade pour enfant ?

Dans le pré montagneux, traversé avec pour objectif, le sommet que l'on voit là-bas ?

Dans le pré de maïs, transformé en labyrinthe, on joue de nos sens et de notre orientation ?

Dans le pré des marais, inondé dès que le coefficient est fort, zone de stockage et d'étendage pour éviter les inondations de maisons ?

Dans le pré métamorphosé, devenant salle des fêtes du week-end, célébrant l'amour et la famille ?

Dans le pré habité par les chèvres gourmandes qui reluquent tes espaces verts ?

Dans le pré silencieux, témoin de conflits, mémoire d'hommes, cimetières de héros ?

Dans le pré silencieux, troués et marqués à vie, marqueurs de l'histoire, pour qu'on ne l'oublie pas ?

Dans le pré fantasmé par les urbains, inconscients des odeurs, des sons, des habitudes et des traditions paysannes ?

Dans le pré du voisin, où l'herbe est plus verte, illusion d'optique d'une jalousie malvenue ?