En silence
Je fixe cette phrase, encore et encore. Je penche la tête de côté et fronce les sourcils, mais même en plissant les yeux les mots ne changent pas. Non, c'est pas un film où l'héroïne en plissant les yeux va se rendre compte qu'elle rêve et ou les lettres vont bouger et montrer la vrai phrase. Non non, absolument pas.
Je mets en veille mon téléphone, le referme et le claquement léger de la coque semble " réveiller " mon frère.
S : Dis ? On fait mon prénom ?
M : Si tu veux, viens.
Nous nous levons du canapé et je commence à lui apprendre, d'abord j'écris son prénom, puis je le fais avec sa main et enfin je fais des pointillés qu'il doit relier. Il a légèrement du mal avec le S et son attention dérive rapidement. Après une dizaine de minute il ne fait que des bêtises, je n'ai pas la patience aujourd'hui alors je le laisse dessiner, j'embrasse ses cheveux blond et monte.
-Tu vas où ?
M : A la douche maman.
Elle retourne sur son téléphone et je me fixe devant moi quelques secondes. Un instant je sens tout mon corps se détendre et je souris, puis finalement je reprends ma route. Je me dévêtit lentement, j'allume une playlist au hasard de Spotify et je rentre sous l'eau.
Ici, dès l'instant où la première goutte brûlante touche mon corps, j'éclate en sanglots. Enfin non, j'éclate pas vraiment. Quand on dit " j'éclate en sanglot " la personne s'attend à ce qu'on pleure bruyamment. Ce n'est pas le cas pour moi. Je pleure, les larmes se mêlent à l'eau et mes jambes tremblent avant que je ne tombe à genoux. Je sens une horrible douleur dans tout mon corps et j'hurle en silence, priant que par ce biais là douleur disparaisse. Mais elle reste, elle reste et égoïstement je veux qu'elle ressente cette douleur d'où elle est.
Je me relève lentement et j'éteins l'eau, lavant les cheveux, puis les tirant. Je les rince puis recommence. Puis je lave mon corps, et le griffe.
Après avoir épuisé mon quota de temps j'éteins l'eau et me plante devant le miroir. J'observe mon reflet, les cheveux en désordre et emmêlés et les yeux aussi rouges que si j'avais pleuré toute la nuit, sans oublier que ma gorge me brûlait comme si j'avais hurler.
Et pourtant ça n'a duré que dix minutes et aucun son n'est sorti d'entre mes lèvres à part des pitoyables gémissements de douleur.
Je lance un regard noir a ce reflet et je sort de la salle de bain, directement je pars vers mon lit et m'y blottis. Aujourd'hui je ne savoure même pas la douceur de mes plaids contre ma peau nu. Non, je me remet juste à pleurer en s'étouffant dans mon oreiller.
Soudain mes pleurs cesse, et une envie germe. Je veux me noyer, je ne veux pas mourir. Simplement me noyer, la douleur de cette noyade me paraît supportable..non enviable. Je veux la ressentir. Sauvez- moi si vous voulez, mais laissez moi d'abord me noyer.
Alors je me relève, lentement, j'enfile des vêtements et je descends en bas rapidement. Arriver en bas j'enfile mes chaussures sous l'air surpris de ma mère.
-Que fais-tu ?
M : Je vais me balader.
-D'accord, dis tu a quoi au yeux ?
M : Me suis mis du shampoing dans l'oreil.
-Fais attention Maria.
M : Ahaha oui.
J'éclate d'un rire léger et elle sourit. J'embrasse une dernière fois les cheveux de mon frère et je sors. Une fois que l'air froid frappe mon visage j'enfile mes écouteurs et me dirige d'un pas sûr vers le fond de ma " ville "
Arriver à destination je souris et pars vers le pont. Avant d'y arriver, je trébuche et tombe à genoux en pleurant. Et merde..je pensais que je ne pleurerais pas..mais finalement si.
Je frappe le sol plusieurs fois alors que la douleur revient avec force, et à mesure que mes mains saignent contre le goudron la douleur semble s'apaiser. Finalement je me laisse tomber contre le muret du pont alors que mes larmes se tarissent. Je ne sais pas combien de temps je vais rester comme ça mais..être dans le silence, bercer par la pulsation de mon cœur dans mes mains douloureuse c'est agréable.
Le soleil se couche et la douleur au fond de moi se réveille, alors je me lève lentement et je fixe l'eau. Je souris et je passe peu à peu mes jambes par-dessus. Je tourne le dos à l'eau et je fixe ses oiseaux. Je vais être comme eux, je vais être libre. J'écarte les bras et avec un nouveau sanglot de douleur je me laisse tomber en arrière. Le vent frappe mon corps, puis c'est au tour de l'eau. Je tombe au fond de l'eau, je sens même mon corps percuté le fond et j'éclate de rire si je le pouvais.
Bon dieu que ça fait du bien.
Le froid gèle mon corps et bientôt mes poumons me hurlent de leurs donner de l'oxygène. Mais je ne le fais pas, non je souris juste au maigre rayon du soleil qui traverse l'eau.
Je suis bien ici.
Bercer par la douleur physique et le silence, c'est plutôt agréable.
Le but n'était pas de mourir mais si personne ne me sauve alors ça arrivera. Je ricane et l'eau s'infiltre dans mes poumons. Bien sûr que personne ne me sauvera. Qui en aurait la simple envie ? Personne.
Mais ne vous en faites pas, c'est la vie. Si tout ça est arrivé c'est que ça devait arriver.
Je griffe une dernière fois mon cou et toute les douleurs s'estompent pour ne laisser place qu'au ténèbres que je connais bien.
Bon, je plaide coupable. Cet os n'est pas très joyeux. Et le pire c'est que je reviens après quelques temps d'absence pour vous offrir ça. Toutes mes excuses ? Vous me pardonnerez j'imagine !
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