Décevant. Tellement décevant.

Je m'étais préparé pour une avalanche d'émotions. Un tsunami de tourments. Une vague de regrets au minimum mais rien. Le calme plat, le silence et l'indifférence. Même pas une pointe de culpabilité. Pas même un rire dément pour briser ce silence écrasant qui fait vriller mes tympans. Ôter une vie ne devrait pas être si fade. Barbant. Rasoir. Chiant. Pourtant le sang de cet étranger qui coule sur mes mains meurtrières ne m'inspire absolument rien. Un putain de néant. Comme si égorger ce type était aussi banal que tirer la chasse après avoir démoulé un cake. Un geste banal et sans intérêt. Mais ça ne devrait pas se passer ainsi. Sa mort aurait dû me marquer, me secouer jusqu'au plus profond de mes entrailles et peut-être même les retourner. Me donner la gerbe au point d'en vomir mes tripes. Ou bien me rendre fou et transformer mon esprit en un enfer auquel je ne pourrais échapper. Ou bien encore me peiner au point de me faire verser chaque larmes de mon corps jusqu'à ne laisser derrière moi qu'un corps desséché. Quelque chose de brutal et violent, comme une tournade. Cependant rien de tout ça ne s'est produit. Je n'ai rien ressenti quand ma lame à trancher la chaire de ce pauvre bougre et rien de plus quand son corps vide de vie à frappé le sol. Aucune poussée d'adrénaline. Aucune frayeur. Aucune culpabilité. Aucune joie. Rien. Nada. Le néant. Un putain de vide intersidéral.

Quelque chose ne va pas. Peut-être que ça vient de moi ? À moins que ce ne soit de lui. Ce type était un parfait incconu à mes yeux. Juste mon plombier venu pour arranger un problème de tuyauterie imaginaire. Au moins je n'aurais pas à le payer. Le meurtre qui apporte des économies. Voilà déjà un point positif. Bien que je n'en ai rien à foutre. En y repensant peut-être que c'est là que réside le problème. Un plombier. Un inconnu. Sa mort n'a aucun impact pour moi, même si j'en suis la cause, parce que je ne le connais pas. Un visage grassouillet parmi tant d'autres. En quoi elle pourrait bouleverser mon existence et soulever mes entrailles ? En rien. Merde, j'aurais dû le savoir. Mais ça ne fait rien. Je n'ai qu'à recommencer. Mon couteau a si bien glissé entre les couches de graisses de son cou, je n'aurais pas de mal à réitérer mon geste. Mais cette fois il est hors de question de prendre une cible au hasard. Il me faut une personne de cher dont la mort ne restera pas vide de sens. Une victime à la hauteur qui pourra enfin apporter de l'importance à la tuerie. Cependant je ferais mieux de ranger ce foutoir avant son retour, le reste attendra. Claire n'aime pas le rouge et cet idiot en répand tout autour de lui. Je ne suis pas d'humeur à supporter ses crises d'hystérie de plus que- Oh.

Claire.... Ô Claire... Tu pourrais bien faire l'affaire tu ne crois pas ? Je t'aime il me semble, je n'en suis pas si sûr. Je n'en ai jamais été. Mais c'est le moment de le savoir. De prouver mon amour pour toi. Ou pas. C'est décidé. Ce soir c'est ta vie que je prendrais alors je t'en pris, ô je t'en supplie Claire si je t'aime, fais moi ressentir quelque chose. N'importe quoi. Rien qu'une étincelle. Un simple sentiment auquel m'attacher. Pas forcément bon. Ça n'a pas d'importance. Juste de quoi me sentir humain. Sors moi de cette indifférence Claire. Donne moi de la tendresse et de la douleur. Brise mon cœur de glace et fais moi perdre l'esprit. Ô Claire... Que ton sang ne coule pas en vain. C'est bien trop chiant à nettoyer.