Ne m'ignore pas.

(Suite de Ne fais pas ça)

Hermione marchait à un rythme soutenu dans les couloirs de Poudlard. Elle avait quitté l'école depuis quelques années déjà, travaillant au Ministère de la Magie, et elle devait rendre visite à son ancienne professeure de métamorphose pour discuter sur des détails peu importants. En réalité, ces visites qu'elle effectuait au moins une fois par mois, lui permettaient de retourner dans son élément naturel, cette école qu'elle regrettait tant.

Qu'est-ce qu'elle y avait vécu des moments douloureux ! Et dès sa première année ! Mais, qu'est-ce que cela lui manquait. La guerre contre Voldemort était terminée. Les mangemorts restaient une menace importante, mais les risques d'une insurrection étaient minimes. La sensation d'une constante peur, d'une adrénaline pulsant dans ses veines disparaissaient au fil des mois, au fil des semaines qui s'écoulaient sans danger.

Peut-être était-elle folle de penser ainsi, mais son passé de guerrière l'appelait toujours. Elle savait qu'elle n'en avait pas terminé avec cette vie. Vie qu'elle tentait de maintenir en demeurant extrêmement proche de ses meilleurs amis Harry, Ron et Ginny, en rencontrant régulièrement ses anciens camarades Gryffondor sur le Chemin de Traverse, et en se rendant tous les mois à Poudlard.

A chacune de ses visites, elle observait les élèves courir dans tous les sens, l'exultation possédant leur sens. Elle souriait allégrement dès qu'elle croisait un enseignant. Elle déambulait dans la Grande Salle, aux heures de cours, où il n'y avait personne, et elle se rejouait certaines scènes. Elle s'arrêtait toujours un moment devant le bureau de la directrice McGonagall et elle parlait avec le tableau de Dumbledore. Bien qu'il ne soit pas réel, il lui servait de thérapie pour avancer.

- Qu'êtes-vous venue faire ici aujourd'hui, Miss Granger ? questionna la directrice, ne s'attendant pas à la voir si tôt ce matin-là.

- Les mêmes tâches habituelles, si ce n'est que j'avais envie de monter à la Tour d'Astronomie. Je n'y suis plus montée depuis ce jour funeste, où nous l'avons perdu.

Son regard glissa vers le tableau du vieil homme, qui lui adressait un mince sourire réconfortant. En effet, depuis qu'elle effectuait ses visites de routine, elle s'était aventurée dans tous les recoins de Poudlard, s'assurant que rien avait changé, mais elle n'avait osé se rendre là-haut. Elle ne le pouvait pas. Jusqu'à maintenant. Elle se supposait prête. Alors, elle ouvrit les documents qu'elle apportait du Ministère, elle en fit rapidement part à Minerva, qui était devenue une amie avec les années, elle lui expliqua les quelques changements imposés par ses supérieurs, puis elles burent une tasse de thé. Enfin, Hermione quitta son bureau, la saluant, puisqu'elle transplanerait directement après.

Timidement, elle grimpa toutes les interminables marches de Poudlard. Elles la connaissaient tellement, qu'elles ne l'embêtèrent guère et la menèrent tout en haut sans lui poser de problème. Elle atteignit la fameuse porte. Celle qu'elle ne parvenait jamais à franchir. Mais, elle l'ouvrit et elle sentit un courant d'air s'engouffrer dans le couloir, tournoyant autour d'elle. Elle inspira profondément et poussa le battant pour pénétrer définitivement dans cette salle.

Un escalier en colimaçon l'attendait et elle le gravit sans hésiter. Toutefois, quand elle fut finalement face à cette immense salle dégagée, elle cilla. Ses pas la dirigèrent fébrilement jusqu'à la barrière. Sauf qu'elle ne put la joindre. Une affreuse présence pesait dans son dos. Si elle se retournait, elle était persuadée de croiser le regard d'une illusion. Sûrement présumait-elle que cette présence n'était autre que le fantôme de Dumbledore.

Son palpitant allait exploser. Elle n'était pas prête, pas prête du tout. Elle commença à paniquer et ses jambes la lâchèrent. Seulement, devinez sa surprise, lorsque deux mains fermes se posèrent sur sa taille, la collèrent à ce qu'elle se douta être un torse et l'obligèrent à tenir debout. Pas un fantôme. Un humain bien vivant, fait de chair et de sang. Une chair douce qui touchait délicatement la peau de ses hanches dévoilée par son chemisier visiblement trop court. Un sang qui la réchauffait et qui battait fort. Elle le ressentait à travers ce touché. Qui que cet homme soit, son organe vital se trouvait dans un état tout aussi chaotique que le sien.

- Il fut un temps où j'aurais rêvé de t'enlacer ainsi, Granger.

Surprise ? Non, défaite, ébahie, le souffle vraiment court et un cœur sur le point de rompre.

- Je me demandais quand nos chemins se recroiseraient, Granger. Tu viens si souvent ici, alors je savais que nous nous reverrions un jour ou l'autre.

Sa voix. Cette voix. Elle ne l'avait plus entendu depuis la bataille pour Poudlard. Il s'était enfui avec sa mère, abandonnant la guerre et sauvant sa vie. Elle n'avait eu aucune nouvelle de lui.

- McGonagall m'avait informé de tes venues. Je restais donc soit dans mes classes, soit ici. Tu n'as jamais remis les pieds dans cette tour. Tu m'épates !

Elle ne saisissait pas un traitre mot qui franchissait la barrière de sa bouche. Il n'y avait que ses lèvres qui comptaient. Des lèvres qui frôlaient le lobe de son oreille. Et ses mains. Ses doigts qui caressaient sa peau dans des gestes de soulagement. Comme s'il voulait la sentir sous la paume de sa main, comme s'il s'assurait qu'elle était bien présenté, blottie involontairement contre son torse. Miraculeusement, Hermione avait tout oublié de sa panique précédente.

- M'évitais-tu ? s'enquit-elle, connaissant déjà la réponse. Personne ne m'a jamais dit que tu étais à Poudlard. Qu'est-ce que tu fais là, par ailleurs ?

- J'ai repris le poste de mon parrain, Severus. Je suis donc maître des potions. J'avais demandé à enseigner la DCFM, mais ils ont refusé à cause de mon passif de mangemort... Et oui... Je t'évitais.

Hermione désirait plus que tout lui faire face. Maintenant qu'il ne s'agissait plus d'assassiner le directeur ou de se battre contre des flammes, ou encore un mage noir détraqué, il lui était nécessaire de découvrir le Drago Malefoy que personne n'avait connu à l'époque. Alors, elle se retourna et il voulut la lâcher, mais elle s'accrocha à son pull et prit soin de coller davantage leur corps si cela était possible.

- Pourquoi ?

Cette simple question pulvérisa les défenses de Malefoy. Il aspirait plus que tout à lui répondre, mais il craignait cette vérité qu'il taisait à tous. Hormis à Pansy, qui était toujours sa confidente attitré.

- Parce que je refusais que tu m'ignores.

- Pourquoi ?

Son ton s'exécutait doux et elle ne cessait de la fixer. Ses cernes avaient disparu, il ne semblait plus aussi exténué et abattu qu'auparavant. Cette constatation la fit sourire. Il était beau. A cette pensée, un gloussement voulut s'échapper de sa bouche, mais Hermione le rattrapa de justesse. Il la transformait en l'adolescente insouciante qui aurait jeté son âme au diable pour vivre ce moment.

- Parce que je ne l'aurais pas supporté. Je devinais aisément que tu ne m'aurais adressé aucun regard, que... La guerre est terminée, nous avons plus rien avoir à faire ensemble. Ni à s'insulter. Ni à faire la paix. Alors, j'ai cru que tu passerais ta route si tu croisais la mienne. Et je ne voulais pas vivre ceci... J'ai choisi de t'ignorer.

Ne pouvant tolérer ces propos absurdes, même s'ils étaient précipités par le besoin de ne plus être blessée, elle roula des yeux et se détacha complètement de lui. Cependant, sans sa présence, elle se souvint de l'endroit où ils se situaient et l'air se fit rare à nouveau. Sans crier gare, elle saisit sa main et l'entraîna dans les escaliers, en silence, sortant par la porte de la cour et elle s'arrêta sous une arche. Drago passa ses jambes par dessus le muret et y prit place, tandis qu'elle posa simplement ses bras à ses côtés. Ce mutisme les apaisa. Mais, Hermione devait aborder un sujet qu'ils avaient mis trop longtemps de côté.

- Cela fait des années, mais tu m'avais posé une question ce soir-là. Et je t'ai promis d'y répondre si tu m'écoutais.

Nul besoin de répéter ou de préciser sa pensée, Malefoy comprit facilement. Il ancra son regard ombragé sur le visage serein de l'ancienne Gryffondor. Et soupira. Il n'osa pas lui demander d'y répondre maintenant, parce qu'il ne savait pas s'il en possédait le droit. Hermione coupa ses réflexions et décida de ne pas faire durer le suspense.

- Ce que je pensais de toi... C'est ce que je pense encore... Tu es un garçon qui a commis des actes horribles, mais tu y as été forcé. Je ne te pardonnerais probablement pas tout de suite les insultes, les croches-pieds au détour d'un couloir, ou les humiliations, mais je les comprends... Au début, tu voulais te rapprocher de ton père, tu attendais qu'il soit fier. Puis, tu as remarqué que cela ne fonctionnait plus, qu'il attendait toujours plus de toi. Alors, tu as passé ta colère sur moi.

- Tu te trompes, Granger.

- Ah oui ?

- Oui. Si mon père était déçu, c'est parce que j'étais tombé amoureux d'une sang de bourbe, de toi. Et il le savait. Je n'étais pas très discret à propos de mes sentiments. Et je ne passais pas ma colère sur toi, je priais pour réussir à convaincre Voldemort de te laisser tranquille.

Hermione nota qu'il ne redoutait plus de prononcer ce nom abject. Elle prit en compte ces informations, et y médita. Drago n'était pas si désespéré qu'ils le croyaient avant. Celui-ci se tourna brusquement vers elle, une jambe de chaque côté du muret, et il l'invita à s'asseoir de la même façon. Elle s'exécuta, sans comprendre pourquoi. Une fois face à face, il lui saisit les mains et elle retrouva son enivrante chaleureux. Elle fixait leurs doigts entrelacés.

Et l'impossible se produisit. Drago Malefoy embrassa Hermione Granger. Le serpent dompta la lionne. Et ils s'abandonnèrent l'un à l'autre dans l'instant. Le baiser se révélait doux et sucré, elle le soupçonnait d'avoir mangé une fruit ce matin, il était surtout inopiné et ils adoraient cela. Dès qu'ils se mettaient à songer à la situation, ils se bloquaient dans leur élan. Aujourd'hui, ils ne réfléchissaient pas et le résultat semblait leur convenir.

Leurs corps se séparèrent une minute.

- Qu'est-ce que tu pense de moi, Granger ? Dis le.

Leurs yeux se rencontrèrent et tous les mots qu'elle retenait à l'époque se fondirent en une phrase simple, mais qui impacta leur vie entière.

- Ne m'ignore pas, je t'aime beaucoup.

Et leurs lèvres s'attaquèrent à nouveau, jusqu'à ce que des élèves les surprirent dans cette position vraisemblablement compromettante. La rumeur fit le tour de Poudlard, et bientôt du monde sorcier. Ils ne pouvaient plus se défiler désormais. Pansy et Blaise ne seront pas étonnés par la nouvelle. Maintenant, il ne restait plus qu'à en informer Harry et Ron. Que Merlin les protège !

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