Le don du corbeau
Harry, Ron et moi étions tranquillement assis à l'intérieur de la petite boutique de glaces, merveilleusement conçues par Florian Fortarôme. Ce sorcier avait subliment bien trouvé sa voie en choisissant d'ouvrir ce magasin, puisque ces glaces étaient divines. L'été nous encerclait, sa chaleur nous étouffait, alors nous avions décidé de faire une pause dans notre journée shopping pour nous désaltérer un peu. Honnêtement, cette pause m'arrangeait grandement. Il me tardait de rentrer chez moi et de me reposer. Le shopping ressemblait de plus en plus à une torture, entre Ronald qui restait une éternité au magasin d'équipement pour le Quidditch et Harry qui cherchait désespéramment un cadeau à Ginny, s'attirant les regards méfiants de notre rouquin. Ce dernier faisait mine de protéger sa sœur et rappelait constamment au héros de guerre que, s'il la blessait, il mourrait. Menaces en l'air, évidemment. Mais, cela me faisait beaucoup rire et détendait l'atmosphère entre nous.
Voilà deux ans que la guerre était terminée. Harry s'était considérablement rapproché de Ginny, ils avaient clairement de finir leurs jours ensemble, tandis que Ron et moi avions délaissé notre amour de jeunesse. Il restait néanmoins très présent dans mon cœur. Mais, la fin de la guerre avait sonné comme une délivrance, et nous nous étions interrogés sur la provenance de notre attachement. Sept ans collés l'un à l'autre, peut-être nous étions-nous emballés. Alors, nous avions convenu de prendre de la distance, pour confirmer nos doutes.
- Et si nous reprenions là où nous nous étions arrêtés ? suggéra Ron.
J'eus beau lui lancer un regard noir, il ne parut pas le remarquer, et se leva, allant payer Fortarôme. Je me tournai précipitamment vers Harry et lui serra le bras, espérant qu'il comprenne mon message muet. Je vis dans ces yeux une fatigue à peine dissimulée. Il va céder ! J'en étais persuadé, jusqu'à ce qu'il m'adresse une œillade désolée et compatissante, me chuchotant qu'il n'avait pas encore trouvé de cadeau pour sa petite amie. Je maudis Ginny d'obtenir autant d'attention du brun et les suivit à contrecœur dans l'immense allée qui regorgeait d'une multitude de magasins en tout genre.
Mes jambes étaient lourdes et Ronald gigotait hystériquement dès qu'il apercevait une boutique en rapport avec le sport. Incapable de soutenir l'exténuation, je m'engloutis dans mes pensées, priant pour que le temps s'écoule plus vite. Je réfléchis à un tas d'éléments, quand je vis quelque chose bouger à ma droite, et cette chose attira inexorablement mon regard. L'allée des Embrumes, là où se situait le terrible magasin de Barjow et Beurke, là où les derniers mangemorts restants venaient s'approvisionner. Sauf que j'aperçus un homme que je connaissais plutôt bien, malgré le fait que nous ayons été ennemis depuis le commencement de notre histoire.
Drago Malefoy. Il discutait avec deux de ses acolytes de Poudlard. Blaise Zabini, qui arborait une mine apaisée, presque apathique, comme à son habitude ; et Théodore Nott qui se disputait apparemment avec le blond. Ils n'étaient pas loin et je reconnus le nom de Pansy Parkinson. Le nom de Voldemort ou un rapport à la magie noire ne semblait pas se glisser dans leur conversation, alors je ne m'inquiétais pas. Toutefois, je me surpris à être déçue. Je n'avais pas croisé la route de ces Serpentard depuis la grande bataille de Poudlard, et la première fois que je les retrouve, c'est dans la pire ruelle qui soit. J'espérais, au fond de moi, qu'ils ne mettraient plus un pied dans ces affaires louches.
Je m'apprêtais à détourner mes yeux de cette scène, mais j'entendis les quelques mots qui avaient toujours faits battre mon cœur. Battre de douleur. Et de regret. Sang de bourbe. Même après toutes ces années, Malefoy utilisait toujours ces mots. Harry constata que je n'avançais plus et il laissa Ron partir devant. Il se posta à mes côtés et observa dans la direction que je fixais. Il comprit aisément pourquoi je ne parvenais plus à bouger.
- Tu sais, Mione', il faudrait que tu laisses tes espoirs s'envoler.
- J'ai essayé Harry, mais tu me connais... Chaque année, je revenais à Poudlard, patientant sagement pour que les Serpentard cessent de soutenir la cause des mangemorts, et je portais de grandes attentes en Malefoy. La preuve, il ne nous a pas tués lors de la grande bataille... Mais, je vois qu'il a encore du progrès à faire.
- Que crois-tu qu'ils font dans l'allée des Embrumes ?
- Ils se querellent à propos de Pansy Parkinson et d'une sang de bourbe ! rapportai-je, blessée d'employer à nouveau ces mots.
Harry tapota mon épaule et nous amorcions un mouvement de recul. Cependant, en relevant mon regard, je le heurtai avec celui de Nott. Ce dernier s'empressa de me pointer du doigt. Mais, ni avec mépris, ni avec colère. Il semblait simplement paralysé, ahuri de me voir en face de lui. Blaise suivit sa main et me perçut à son tour, il eut du mal à déglutir. Puis, ce fut au tour de Malefoy de se retourner, agacé par le comportement de ses amis. Il pâlit brutalement en me scrutant. Je crus même voir ses jambes s'écrouler, mais il se ressaisit et s'enfuit vers Barjow et Beurke.
- En tout cas, ils sont toujours aussi étrangement suspects de quelque chose ! railla Harry. Viens, ne nous attardons pas près d'eux, ils pourraient nous jeter un sort malveillant.
Avant de continuer mon chemin, un détail me frappa ; les trois Serpentard n'étaient pas seuls dans cette allée, il y avait aussi un corbeau. Je n'y fis pas attention sur l'instant, et rejoignis Ron. Je ne le savais pas à cet instant, mais cet oiseau de mauvais augure débuta une traque, dont j'étais indéniablement la proie.
Heureusement, pour moi, nous rentrâmes peu de temps après chez nous. Harry suivit Ron pour retrouver Ginny et je me dirigeai vers un appartement que j'avais choisi dans un quartier londonien, moldu. Je souhaitais rester proche de la maison de mes parents. Au final, je n'avais acheté qu'une bague, que je rangeai dans un tiroir. Puis, je décidai de m'asseoir peu gracieusement sur mon canapé, regardant des séries beaucoup sérieuses qui firent palpiter mon cœur en manque d'action. Toutefois, la sonnette retentit quelques heures plus tard. La nuit était déjà tombée et je n'attendais personne. Présageant qu'il puisse s'agir de mon voisin, j'ouvris sans hésiter. La personne sur mon palier me dévisagea méticuleusement, alors que je me figeai brusquement.
- Malefoy ?! m'acclamai-je. Comment as-tu su où me trouver et que fais-tu ici ?
Ce n'est qu'à la suite de ma question que je compris une chose. Le Serpentard avait une mine assombrie, presque meurtrière, mais étrangement il ne semblait pas en avoir après moi. Il était affreux, avec des cheveux ébouriffés, une peau transpirante, des cernes exagérés, et un teint d'outre-tombe. Et il avait l'air exsangue tout à l'heure également, dans l'allée ténébreuse. Il me faisait peur et une inquiétude paradoxale naquit en moi. Il n'était pas supposé savoir où je résidais et il n'était pas supposé avoir ce visage là non plus.
- Ne te préoccupe pas de moi, Granger, je ne serai pas long. Promis ! J'ai simplement besoin de recharger mes batteries.
Sa voix ne m'insulta pas. Je répète au cas où j'aurais eu du mal à assimiler l'information : Drago Malefoy, l'homme qui a prononcé le terme de sang de bourbe cet après-midi, ne m'a pas insulté et il paraissait même aimable. Je dois rêver... Ou cauchemarder... Ou fantasmer. Au choix.
- Il me faut juste ton corps, rien d'autre !
- Pardon ?! m'écriai-je dans la seconde.
Et je ne pus m'injurier davantage, puisqu'il me bondit littéralement dessus. Je ne compris ce qu'il m'arrivait, qu'en sentant son souffle sur la peau de ma nuque, sa bouche collée à mon épiderme, ses bras fermement placés dans mon dos et sur une de mes omoplates. Je ne savais comment réagir à ce geste déplacé, et mes bras demeurèrent ballants. Je sentais ses cheveux chatouiller mon cou, et sa respiration se calmait.
- C'est tout ce dont j'avais besoin. Pardonne-moi, Hermione.
J'entendis ceci et il s'agit de sa voix. Pourtant, sa bouche ne s'était pas séparée de ma peau. Comment avais-je pu percevoir ces mots. Mots que je ne saisissais pas du tout.
- Je vais partir, juste un moment.
Toutefois, avant que je ne le questionne, il se volatilisa. Je présume qu'il venait de transplaner. Pendant de longues minutes, je ne bougeai pas. Incapable de me concentrer sur autre chose que sur le corbeau qui avait pris la place de Malefoy. Durant une seconde, je me demandais si ce corbeau était Malefoy, mais il était apparu quelques temps à la suite de son transplanage. Sans crier gare, l'oiseau se rua sur moi, comme le blond auparavant, mais il passa au travers de mon corps, traversant la matière, se transformant en ombre immatérielle. Puis, plus rien. Le sol tangua sous mes pieds et je m'écrasai au sol.
Des jours entiers s'écoulèrent et je ne comprenais pas plus la situation. Je déambulais dans le Ministère, allant vers l'étage des aurores pour déjeuner avec Harry. Une femme entra promptement dans l'ascenseur avant que ses portes ne se ferment et je me trouvai donc aux côtés de Pansy Parkinson. Elle me rappela ma mésaventure avec Malefoy et ce maudit corbeau, un mal de crâne me saisit, mais je ne le laissai pas paraître. Elle me regardait avec un sourire amusé, comme si elle savait quelque chose que j'ignorais.
- Plus tu résisteras, plus tu souffriras. Le corbeau n'est pas là pour te punir, mais pour te gracier de la plus tendre des récompenses. Suis ton instinct et tu découvriras un sentiment que tu n'as pour l'instant que frôlé.
Elle sortit immédiatement, sans rien ajouter de plus. On dirait une mauvaise blague, une prophétie. Et c'est à cette pensée qu'une idée me bouscula l'esprit. Les corbeaux sont synonymes de mauvais augure, mais aussi de prophétie. J'avais lu un livre à ce sujet. Les corbeaux n'apportent pas toujours des messages négatifs. Je m'extirpai de l'élévateur, plus de questions en tête que jamais.
Dans la soirée, ma tête tournait réellement et mon teint devint blafard. Dans le miroir, je constatai ma ressemblance avec Malefoy, le soir où il était venu chez moi. Je dus m'allonger, avant de perdre l'esprit. Je suffoquais littéralement et je me sentis partir dans les lymbes de l'inconscient. Mais, un visage, dans le même état que le mien, se distingua parmi les ténèbres. Que faisait Malefoy dans mon appartement ? Encore. Je n'eus pas le temps d'y songer, que je perdis connaissance.
A mon réveil, une douce odeur me parvint et je crus ne jamais arriver à ouvrir les yeux. J'étais si bien, dans mon lit, au chaud sous ma couette, tandis que mon compagnon s'affairait à préparer le petit-déjeuner. J'adorerais qu'il me l'amène au lit. Je souriais niaisement à cette pensée. Puis, je me rendis compte de cela, de ce qui me passait par la tête. Et je me souvins que je ne possédais pas de compagnon. Alors, pourquoi une odeur d'œufs brouillés et de thé à la menthe s'élevait dans mon chez moi ?
- Je n'ai pas pu m'en empêcher. Désolé, j'avais faim. J'espère que cela ne te dérange pas, Granger.
J'ouvris soudainement des yeux exorbités en reconnaissant la voix de Malefoy, mais personne ne se trouvait dans ma chambre. Je commençais sérieusement à angoisser, parce que j'hallucinais. Je touchais l'intégralité de mon corps, cherchant un indice de fièvre, mais je ne semblais pas malade. Donc, j'étais juste folle... Super ! Je me rallongeai et fermai mes paupières, priant pour que ce délire cesse. Seulement, mon matelas s'affaissa et un individu non-identifié s'installa près de moi. Un bras s'enroula même autour de mes hanches et me tira contre un torse. Un hoquet de surprise me fut arraché, mais je n'osai pas soulever mes paupières. J'avais véritablement peur de disjoncter et d'halluciner complètement.
- Tu n'es pas folle et l'individu non-identifié a un nom.
Cette fois, la voix de Malefoy ne parut pas résonner dans ma tête uniquement. Alors, je pris mon courage à deux mains et affrontai son regard mi-amusé, mi-gêné. Drago Malefoy se trouvait dans mon lit. Je. Vais. Le. Tuer. Et puis, comment a-t-il fait pour entrer ? J'ai protégé mon appartement des intrus indésirés.
- Premièrement, tu ne vas rien me faire du tout, parce que je suis beaucoup trop beau pour que tu blesses ma peau parfaite. Deuxièmement, je ne suis pas un indésiré. Hier soir, tu avais besoin de moi, c'est pourquoi je suis parvenu à entrer.
Je clignais des yeux et ma bouche s'ouvrait et se refermait frénétiquement, comme un poisson hors de l'eau.
- Oui, mais tu es un magnifique poisson ! asséna-t-il.
Non seulement je rougis violemment, telle une adolescente devant le garçon qui lui plaisait, mais en plus je présumais rêver. Ou cauchemarder. Ou fantasmer. Pour résumer, j'étais toujours au même point ; c'est-à-dire, perdue.
- Je peux t'apporter quelques réponses, mais je ne comprends pas tout également, Granger. Nous pouvons lire dans les pensées de l'autre. C'est pourquoi je sais parfaitement ce à quoi tu penses, mais il faut que tu me laisses volontairement entrer dans ta tête. Je suis resté pas loin de toi cette semaine, et j'ai appris à te bloquer mes pensées, tu devrais faire pareil. Par exemple, je peux t'assurer que tu es bien pire qu'une adolescente amoureuse. Parce que, contrairement à ces filles qui me courraient après à Poudlard, tu es plus jolie et tu as suffisamment d'amour propre pour ne pas te jeter à mes pieds, docilement... Bref, le seul élément dont je suis certain, c'est que le corbeau nous a donnés la capacité de lire dans l'esprit de l'autre, depuis qu'il nous est rentré dedans. Et je sais aussi que, si nous nous éloignions trop longtemps, nous ressentons un manque, comme une drogue. C'est pourquoi j'étais venu ici l'autre soir. Tu me manquais, ton corps manquait au mien. Mais, le corbeau ne t'avait pas encore touché, c'est pourquoi tu étais la seule à entendre mes pensées. Désormais, nous allons devoir rester ensemble, jusqu'à nouvel ordre.
- Mais, c'est horrible ! grommelai-je, stressée au possible par la proximité qu'il réduisait.
Malefoy sourit allégrement à ma dernière réplique. Pourquoi avait-il l'air aussi heureux ? Sale fouine ! Je pensais si fort à cette misérable insulte que je savais qu'il l'entendit, et il sourit deux fois plus. Ses lèvres s'approchaient de plus en plus des miennes et je ne pouvais me décoller de son torse. Mon cœur palpitait à rompre. J'avais beau me signifier que le corbeau forçait le lien entre nous, je n'y croyais pas une seconde. Je ressentais une chaleur dans mon estomac et aucune magie ne pouvait faire naître cette sensation. C'est comme si... Si j'étais...Comme si je l'appréciais. Comme si j'aimais Malefoy. Tout dans sa présence, près de moi, comblait mon subconscient, mais j'avais du mal à l'accepter. Ou, alors mes hormones me jouaient-elles des tours ? Je ne résisterais pas, s'il m'embrassait, mais la suite m'effrayait. Pourquoi est-ce que je ne résistais pas ?!
- La ferme, Granger, susurra-t-il, à une poignée de millimètres. Tu me fais mal à la tête de penser autant !
Et sur ce, il ne tint pas compte de ma réponse - que j'allais lui cracher à la figure, pour l'éloigner de moi - et il m'embrassa soudainement, passionnément.
- Tel que j'aurais dû le faire il y a des années.
Ses mains glissèrent sous mon haut de pyjama et les miennes trouvèrent leur digne place dans ses cheveux peroxydés. J'acceptai bien vite l'explosion de sensations nouvelles dans mon corps et remerciai intérieurement Malefoy pour me faire vivre tout cela. J'avais presque envie de plus, mais ses mains étaient passées sous mon haut de pyjama. Mon haut de pyjama ! Pyjama que je n'avais pas enfilé hier soir !
Je me détachai furieusement de lui et pour sûr, je l'aurais probablement incendié d'insultes en tout genre, ainsi que traité de pervers, mais il me fit taire en m'embrassant une seconde fois. Plus délicatement, plus lascivement. Comme Ronald n'était jamais parvenu à le faire. Drago - vu notre position, je pouvais l'appeler par son prénom - grogna à l'entente de mon ancien amour. Mais tu l'as remplacé à quelques minutes. Et il sourit de nouveau, à travers notre baiser.
- C'est l'inverse d'horrible, Granger... Ce corbeau est... C'est un don. Un don qui me permet enfin d'être près de toi. Hermione.
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Hey !
J'espère que la première partie de cette OS vous a plu !
C'est une commande de @clnveyr, que j'ai décidé de couper en deux à cause de sa longueur. Vous aurez donc la suite au prochain segment.
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