Tododeku || Une vie

Ce one shot Tododeku est écrit par Nincm1

Ses pas foulaient la rue au rythme de sa course folle. Ses jambes étaient engourdies de fatigue, sa cage thoracique le brûlait et il sentait qu'un souffle erratique s'échappait de sa bouche, mais il ne s'arrêtait pas. Il ne pouvait pas se permettre de faire halte. Il se devait de continuer, pour lui, pour eux.

Izuku tourna dans une nouvelle rue, suivant ce chemin qu'il connaissait si bien à travers les larmes contenues s'accumulant au bord de ses yeux. Car au-delà de la douleur physique, il avait peur. C'était cette peur, viscérale et incommensurable, qui lui permettait de continuer. Et dans cette course toujours plus angoissante, de nombreuses questions ne cessaient de venir perturber sa raison : Comment allait-il ? Que s'était-il passé ? Le garçon n'arrivait plus à penser de manière rationnelle et réfléchie. Il ne faisait que ressasser le coup de téléphone qu'il avait reçu, quelques minutes plus tôt. Pourquoi l'avait-il appelé si soudainement ? Et que signifiait ce qu'il lui avait dit ?

Son esprit s'embrouillait, et son coeur s'emballait tandis qu'il arrivait enfin à destination. Soudain, il se figea. Une foule était groupée face à une maison. Une maison qui lui était familière. Le jeune héros sentit alors l'adrénaline prendre possession de son corps, et se mit de nouveau à courir, plus vite que jamais, en direction de l'agitation. Lorsqu'il arriva devant chez lui, son souffle se coupa. La façade était éclairée alternativement par des lumières rouges et bleues. Les larmes qu'il s'efforçait alors de contenir roulèrent sur ses joues tandis qu'il se frayait un passage à travers la foule.

Izuku percevait vaguement le bruit des conversations qui l'entouraient à travers les battements de son cœur qui résonnaient tels des tambours dans ses oreilles. Certains disaient que le fils Todoroki s'était enfui. D'autres que Endeavor avait brûlé la maison. Jamais dans sa vie le garçon n'avait ressenti pareille frayeur. Il mit sa main dans sa poche, et serra cet objet si lourd de sens, pour se donner le courage de continuer à avancer. Mais alors qu'il arrivait au devant de la foule, sa peur s'envola soudainement pour ne laisser place qu'à un profond sentiment de vide. Les lumières de l'ambulance éclairaient maintenant ses yeux dépourvus d'émotions. Elles avaient toutes disparues pour ne laisser qu'une carcasse vide d'un amour trop peu exprimé.

Ce qu'il avait redouté était entrain de se produire sous ses yeux. L'appel de son petit ami résonnait maintenant dans sa tête, tournant en boucle sans jamais s'arrêter. Shoto l'avait appelé une heure plus tôt, comme ils avaient l'habitude de le faire le soir. Mais cette fois, Izuku n'avait eu le droit qu'à une seule et unique phrase, qui le hanterait pour le reste de ses jours. L'apprenti héros l'avait lâché d'un ton morne et triste, à peine perceptible, où perçait tout de même une pointe de soulagement, tel les premières brises du printemps qui arrachent le monde au bras de l'hiver. "Je t'aime Izuku, je suis désolé."

La vision qui s'offrit à lui finit de l'achever. Des ambulanciers étaient entrain de sortir de la maison en poussant un brancard, où une silhouette était recouverte d'un drap blanc. Le garçon tomba à genoux avec l'impression qu'une bombe explosait dans sa poitrine. Les sensations revinrent, si fortes qu'elles lui en coupèrent le souffle. Il se sentait pris dans un étau, entre l'angoisse, l'affliction, la peur et surtout, une tristesse insoutenable. Mais alors qu'il s'apprêtait à hurler son désespoir, un détail retint son attention. Le corps sous le drap était massif, bien plus que celui de son petit ami. Et c'est alors qu'il comprit : ce n'était pas Shoto sous le drap.

Izuku sentit l'espoir renaître en lui, le souffle lui revenait enfin. Mais son soulagement fût de courte durée. Car c'est à cet instant qu'il le vit. Il sortait de la maison, le regard tourné vers le sol. Deux policiers apparurent derrière lui et ce ne fût qu'à ce moment là qu'Izuku vit les menottes qui enserraient ses poignets. Trop occupé à regarder l'ambulance, il n'avait pas remarqué la voiture de police garée juste derrière.

Alors qu'il voyait son petit ami s'éloigner définitivement de lui, ce dernier tourna le regard vers Izuku, comme si il avait sentit sa présence. Leurs regards se croisèrent, une ultime fois. Izuku perçut une lueur d'amour mélangée à de la peine illuminer son regard. Il devina le murmure de son petit ami, même à plusieurs mètres de distance.

- " Izuku... "

- " Shoto ! cria-t-il en retour, en tendant la main comme si son geste pouvait tout changer, tout effacer, pour retourner en arrière quand tout allait bien, quand ils étaient heureux "

Le jeune Todoroki lui lança un sourire teinté de larmes avant que les policiers ne le force à monter dans la voiture.

C'est dans la nuit, sous un ciel sombre dépourvu d'étoiles que le garçon laissa retomber son bras en regardant la voiture s'éloigner. Il plongea la main dans sa poche et la serra si fort qu'il se blessa. Shoto avait bel et bien mis fin à l'hiver sans fin de sa vie. Seulement, ce n'était pas du tout de la manière dont l'avait imaginée Izuku.

                           ~~~~~~~

Izuku sourit à la fenêtre du parloir, tandis que Shoto restait stoïque de l'autre côté. En deux ans de visites, les choses se passaient toujours ainsi. Le jeune homme tentait de sauver les apparences en alimentant une conversation vide de sens, essayant de faire comme si tout allait bien, que les choses allaient bientôt redevenir comme avant. De l'autre coté de la vitre, Shoto était le reflet des émotions que s'efforçait de cacher Izuku. Vide de sentiments, il fixait le vert, conscient que tout ceci était vain, qu'il ne sortirait pas de si tôt. Mais il laissait Izuku faire, parce qu'au fond, il était heureux de voir qu'il venait toujours lui rendre visite, malgré son crime.

Pour avoir commis le patricide, Shoto avait été condamné à la prison à perpétuité. Il pourrait peut-être sortir de prison avant sa mort pour bonne conduite, mais dans tous les cas, ce ne serait pas avant des dizaines d'années. Sa pénitence pour avoir tué Endeavor.

Shoto n'avait jamais voulu lui dire de quelle manière il s'y était pris et qu'est-ce qui avait déclenché cette situation, même si Izuku était conscient que ce dernier haïssait son père depuis des années. Quelque fut le déclencheur de sa rage meurtrière, cela n'avait été que l'étincelle qui avait fait exploser les barils de poudre. Et au final, cela n'avait que peu d'importance. Shoto se retrouvait bel et bien derrière les barreaux pour avoir tué un homme qui, s'il ne méritait pas la mort, méritait au moins la prison pour ses crimes.
De nombreuses personnes avaient témoigné en faveur de son petit ami. Izuku lui-même l'avait fait, en vain. L'affaire avait été étouffée. Peu importe les raisons, le jeune homme avait tué le plus grand héros du pays. Endeavor devait demeurer dans l'esprit de tous comme une figure de paix, et non pas comme un homme ayant battu sa femme et ses enfants pendant des années. Ainsi, le gouvernement préférait laisser un homme derrière les barreaux plutôt que de rétablir la vérité.

Izuku s'efforçait de maintenir son sourire factice. Venir ici lui faisait autant de bien que de mal. Voir son petit ami était à la fois une joie et une déchirure sans nom. Il lui racontait ce qu'il faisait à l'extérieur, la fin de ses études, son embauche dans l'agence du regretté Night Eye, le parcours suivi par leurs camarades, tout ce qui pouvait encore le rattacher au monde extérieur. Shoto l'écoutait toujours calmement et attentivement mais ne prenait que rarement la parole. Il évoquait encore moins de ce qu'il vivait derrière les murs de la prison. À la plus grande honte d'Izuku, il en était soulagé. Il n'avait aucune envie de savoir ce qu'il subissait derrière ces murs. Cela lui faisait trop peur.

Alors qu'il était encore en train de raconter une énième anecdote de l'extérieur, Shoto soupira bruyamment et une lueur de résignation s'alluma dans son regard. Le jeune homme s'arrêta instantanément de parler et regarda le prisonnier avec étonnement. En deux ans de visite, c'était la première fois qu'il voyait quelque chose animer le bicolore. Cette soudaine résignation qu'il percevait dans ses yeux lui coupa le souffle, et il ne sut plus quoi dire.

Cependant, le silence ne dura pas bien longtemps. Shoto prit une grande inspiration comme pour se donner du courage et se lança :

-" Izuku...arrête..."

Le vert était pendu à ses lèvres, en attente de la suite. La voix de Shoto était rauque de ses silences prolongés. Izuku avait également perçu une grande tristesse dans le ton de son petit ami, qui alimenta son angoisse. Que devait-il arrêter au juste ? Il ne comprenait plus rien.

- " Arrêter quoi ? "

- " Arrête de venir ..."

- " Quoi ?! "

Izuku n'arrivait pas à réaliser ce que venait de lui dire son petit ami. Arrêter de venir ? Et puis quoi encore ! Il l'aimait, et lui aussi. Pourquoi est-ce qu'il ne devrait plus venir ? Pour quelle raison ?

- " Pourquoi je devrais arrêter de venir ? T'es pas content que je vienne ? "

- " C'est pas ça..., Shoto poussa un nouveau soupir. Je suis heureux que tu viennes. Tu es même ma seule lueur de bonheur dans toute cette merde. Mais c'est pour ça que je veux que tu arrêtes de venir. Perds pas ton temps avec moi. On sait tous les deux que je suis pas prêt de sortir, alors..."

- " Alors quoi ?! Le coupa brusquement Izuku. Parce que t'es enfermé ici je devrais arrêter de venir ? T'abandonner ? Te laisser pourrir ici, seul ? C'est vraiment ce que tu veux ?! "

- " Et toi Izuku ? Repris calmement Shoto. C'est ça que tu veux ? Passer ta vie à venir voir ton conjoint derrière des barreaux ? C'est ça ta définition du bonheur ? Passer ta vie seul à faire semblant que tout va bien et venir voir une loque dans ce trou de merde ? Tu te voiles la face. J'ai pris ma décision cette nuit là, que ce soit une erreur ou non, je l'assume. Je ne t'en voudrai jamais de refaire ta vie, d'être heureux. C'est même tout ce que je te souhaite. Je sais que c'est dur, mais ce que je veux c'est ton bonheur. Et le bonheur, c'est pas un faux sourire servit à une glace."

Le jeune homme savait au fond de lui que Shoto avait raison. Il ne pouvait pas passer le reste de sa vie à venir ici, et vivre une idylle à travers une fenêtre. Mais c'était trop dur. Trop dur de voir la vérité en face. Il préférait se voiler la face plutôt que de dire adieu à l'homme qu'il aimait. Il n'était pas prêt à faire son deuil. Pas encore.

Un profond sentiment d'injustice anima Izuku. Alors il ne se contrôla plus et lança d'un ton plein d'amertume :

- " Alors écoute moi bien. Je te fais une promesse, aujourd'hui. Je continuerai à venir te voir aussi souvent que je le pourrais. C'est ma décision et elle est irrévocable. "

Il reprit son souffle et se calma quelque peu. Il ne voulait pas gâcher le peu de moment qu'il pouvait passer avec lui. Alors, Izuku plongea la main dans sa poche et la posa ensuite à plat sur la vitre. Il regarda Shoto droit dans les yeux, déterminé.

- " Promet moi que tu continueras à accepter mes visites et à venir me voir. Il insista. Promets le moi."

Shoto secoua la tête, le regard humide. Ce n'est pas ce qu'il avait espéré mais il se résigna, trop faible pour refuser. Il posa sa main à l'emplacement de celle du vert et le regarda à son tour. Même à travers la vitre, ils savaient que ce symbole les liait.

- " Je te le promets..."

Les yeux plongés dans les magnifiques orbes vairons du jeune homme, Izuku lui sourit doucement, le cœur apaisé tandis qu'une unique larme roulait sur sa joue. Puis il se leva, et quitta la prison le coeur battant, sans se retourner.

                         ~~~~~~~~

- " Izuku, tu viens ? "

Face à la glace, l'homme réajusta sa cravate et analysa son apparence. Il portait un costume noir avec une chemise blanche. Une cravate noire serrait son cou, et sur cette dernière on pouvait apercevoir, accrochée, la broche en forme d'oiseau si chère à son coeur. Ses cheveux étaient impeccablement coiffés, sa barbe parfaitement taillée. Il sourit à son reflet. Oui, il était fin prêt.

- " J'arrive Yuno ! "

Aujourd'hui, il fêtait ses cinq ans de mariage avec l'un des hommes de sa vie, Yuno. Ils allaient prendre un repas dans le restaurant de leur rencontre, comme ils avaient l'habitude de le faire chaque année, à cette date si symbolique.

Izuku avait rencontré Yuno dans le restaurant " Delicious Palace ". C'était un restaurant assez commun, et non un restaurant quatre étoiles comme on pouvait parfois le voir dans ces histoires de fiction à l'eau de rose, où la pauvre fille des bas quartiers rencontre le bel homme riche et populaire. Non, le " Delicious Palace " était un restaurant comme un autre, qui vendait des tacos et des burgers. Mais c'était sa rencontre avec Yuno qui en avait fait un lieu exceptionnel, l'un des plus importants de sa vie.

C'était une après-midi pluvieuse et, alors qu'il quittait une fois de plus la prison, il n'avait pas eu le cœur à rentrer chez lui. C'était la tête ailleurs qu'il avait cherché un endroit où s'évader, occuper son esprit, ne serait-ce que pour quelques heures. C'était alors qu'il était tombé sur le " Delicious Palace ", à quelques rues de la prison. Il n'avait pas réfléchi plus longtemps, et avait pénétré dans l'antre du restaurant.

Et c'est ainsi qu'il avait rencontré Yuno. Un jeune homme gentil et intelligent, au sourire charmeur. Izuku l'avait tout de suite remarqué. Yuno était alors serveur dans le restaurant. C'était un petit boulot qu'il faisait à côté de ses études de design pour se faire un peu d'argent de poche. Ils avaient tout suite ressenti une attraction forte l'un pour l'autre, et il régnait entre eux une atmosphère agréable et détendue. Ce qui ne devait alors qu'être une échappatoire temporaire, ne fût que la première visite d'Izuku au " Delicious Palace ".

L'homme se posta face à la fenêtre et jeta un regard à l'extérieur. Un grand soleil baignait le paysage d'une lumière chaleureuse. Izuku eut un pincement au cœur. La célébration de son mariage, comme chaque année, n'était pas sans lui rappeler un autre événement marquant de sa vie. Ses un an de couple avec son premier amour, Shoto Todoroki.

C'était aux alentours du mois de mai, et ce dernier avait insisté pour payer un restaurant à Izuku. Il s'en rappelait comme si c'était hier.

Shoto était venu le chercher en bas de son immeuble, habillé d'une veste de costard qui avait fait rougir Izuku. Il lui avait pris délicatement la main et l'avait emmené vers le lieu du rendez-vous. Ils avaient mangé en terrasse pour profiter de la douce chaleur du printemps et avait parlé et ri ensemble toute l'après-midi. Ils avaient fini la journée au parc où Shoto lui avait offert un présent dont il n'avait jamais pu se séparer : une broche en forme d'oiseau. Shoto l'avait alors encouragé à voler toujours plus haut vers son rêve. Izuku avait été si ému qu'il avait lâché une larme et avait sauté dans les bras de son petit ami avant de l'embrasser à pleine bouche, avec pour seul témoin le soleil flamboyant du soir.

Izuku tritura la broche quelques secondes, toujours face à la fenêtre. Cette broche, synonyme d'un passé révolu. Après sa rencontre avec Yuno, il avait commencé à se rendre de moins en moins souvent à la prison. Et comme toutes les promesses qui se tarissent au fil du temps qui s'écoule, la sienne avait commencé à faiblir, avant de complètement partir en fumé. À partir du moment où il avait entamé une relation avec Yuno, il n'était plus jamais retourné à la prison. Et bien qu'il sache que ce fût la meilleure décision, il ne pouvait s'empêcher de se sentir coupable, à la fois pour Shoto et pour Yuno.

Il s'en voulait d'abandonner Shoto, de le laisser seul traverser cet enfer.

Izuku se détourna de la fenêtre et se dirigea vers la porte. Il sortit de la chambre, descendit les escaliers, et le cœur lourd, observa Yuno qui l'attendait impatiemment face à l'entrée. Lorsque ce dernier se retourna et lui sourit, Izuku ne put empêcher ce pincement au coeur familier de revenir.

Car plus que tout, il s'en voulait parce qu'il savait qu'il n'arriverait jamais à vraiment l'oublier.

                          ~~~~~~~~

Les jambes aussi lourdes que son cœur, Izuku remontait le chemin de graviers, les mains pleines de roses. Le dos voûté par le poids de ses chagrins, il avançait lentement vers celui qu'il considérait comme l'un des hommes de sa vie. Il ralentit le pas lorsqu'il la reconnut. Alors, il déposa doucement les fleurs sur la pierre tombale.

Il apportait toujours des roses, en hommage à son amour perdu. Il aurait aimé apporter du lys, sa fleur préférée, mais il ne se sentait pas digne du message d'innocence et de pureté qu'elles renvoyaient. Il ne l'avait jamais été, du moins jamais réellement.

Izuku s'agenouilla difficilement, les genoux craquants, face à la tombe. Et alors qu'il caressait les inscriptions dans la pierre, une unique larme dévala les sillons creusés dans ses joues. Sur cette dernière, on pouvait lire : " Yuno Midoriya, né Tanaka, 2000-2065. "

Yuno était décédé quelques mois plus tôt, d'une crise cardiaque. Izuku n'avait rien vu venir. Depuis, il venait chaque semaine sur sa tombe, en tentant de faire son deuil. Il n'arrivait plus à se projeter dans l'avenir. Comment continuer de vivre quand on a perdu un être cher ? Izuku n'avait plus sa force d'antan, et il ne parvenait pas à se relever de cet événement.

Le vieil homme resta quelques minutes face à la tombe, s'adressant à Yuno par la pensée, avec l'espoir fou que ce dernier pourrait l'entendre de là-haut. Il finit cependant par se redresser difficilement, et après un dernier regard lancé au bouquet, il se détourna pour rentrer chez lui.

Il marchait le long des allées de graviers, le regard perdu dans le lointain. Le soleil projetait son ombre recourbée sur les tombes. Après quelques pas, il se figea.

Quelques mètres plus loin, un homme se tenait de profil, face à une tombe. Il avait des cheveux blancs comme la neige, et se tenait quelque peu voûté, comme n'importe quelle personne de son âge. Pourtant, malgré sa posture, on pouvait deviner qu'il avait été très athlétique par le passé. Mais ce qui figeait Izuku de stupeur, c'était sa cicatrice. Son œil gauche était entouré d'une brûlure qui n'avait pas tari, malgré les années.

Izuku mit sa main dans sa poche, touchant cet objet si cher à son coeur, le souvenir d'une vie passée. Il n'arrivait pas à croire qui se tenait sous ses yeux. C'était inconcevable. Cela faisait plus de quarante ans qu'il ne l'avait pas vu. Mais lorsque le vieil homme se tourna vers lui et qu'il le vit pleinement, il sut qu'il n'avait pas rêvé.

Le visage de Shoto passa par plusieurs émotions en l'espace de quelques secondes. D'abord la nonchalance qui le caractérisait tant, puis la surprise, le doute, et enfin la tendresse. Il lança alors un sourire à Izuku, qui lui coupa le souffle. C'était le même sourire que cette nuit là. Un sourire emplit d'amour et de tristesse mêlés. Un sourire qui avait traversé les années. Un sourire qui avait commencé dans la noirceur d'une enfance trop douloureuse, pour finir dans la lumière flamboyante d'une paix trop longtemps attendue.

Une vie avait passé depuis ces événements traumatisants. Pourtant ils se retrouvaient tous les deux, l'un en face de l'autre, à s'échanger mille et une choses par le regard. Les mots n'avaient plus aucune valeur en cet instant.

Izuku songea que la vieillesse n'était peut-être pas un synonyme de fin, mais peut-être simplement celui d'un nouveau départ. Il eut une pensée pour Yuno, qui l'observait d'en haut, et se dit que ce dernier l'encourageait sûrement. Yuno était de ces gens qui souhaitaient le meilleur pour les autres. Il n'espérait sûrement pas d'Izuku qu'il passe le reste de sa vie à se morfondre. Jamais Izuku ne pourrait l'oublier, mais il pouvait peut-être continuer d'avancer.

Et alors qu'il marchait timidement vers Shoto, il retrouva ces sensations d'antan. Izuku se dit qu'une grande partie de son existence était derrière lui, mais aussi qu'il lui restait encore la fin à écrire. Celle de sa vie. Une vie.

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top