Tododeku || Ils vécurent heureux
Ce one shot Tododeku est écrit par MaudineCouz
- Papa !
À peine eût-il le temps de franchir le seuil de la porte qu'elle se jeta dans ses bras, si fort qu'il vacilla.
- Enfin, t'es là ! s'écria t-elle en souriant de toutes ses dents, desserrant son étreinte.
- Du calme, Eri, on s'est vus ce matin ! rit le jeune homme aux cheveux verts.
- Mais tu peux pas savoir comment j'étais pressée ! C'est bientôt le grand jour !
Izuku se déchaussa et pénétra dans la pièce chaleureuse. Il adorait son travail de héros, mais il ne pouvait s'empêcher de sourire chaque fois qu'il rentrait chez lui. Il était bien, dans cette petite maison, avec sa petite famille. Il n'aurait jamais pu rêver mieux.
- Ça va, c'est pas non plus l'événement du siècle, dit-il en haussant les épaules.
Cette remarque lui valut une claque derrière la tête, particulièrement douloureuse cela dit en passant.
- Mais tu rigoles ? s'exclama la jeune fille aux cheveux argentés, outrée. C'est carrément l'événement de l'année ! Tout le monde en parle, toutes mes amies ne font que de me le rabâcher depuis un mois !
- À ce point ? demanda-t-il, un petit sourire au coin des lèvres.
- Oui, à ce point, sourit-elle, comprenant que son père en tirait une certaine fierté. Donc va te préparer maintenant, pas question d'être en retard !
- Compris, cheffe !
Ils se sourirent, tous deux amusés par la situation. La jeune fille suivait son père du regard tandis qu'il sortait du salon. Avant de se préparer, il s'avança vers la cuisine, et plongea la tête dans le réfrigérateur.
- Qu'est-ce que tu veux manger ? demanda-t-il à l'intention de sa fille.
- Euh, je sais pas... Des oeufs ?
Izuku entreprit donc de préparer une omelette, tout en cuisant du riz. Nonchalamment, il questionna :
- Sinon, il devient quoi ton frère ?
- Toujours vivant, malheureusement.
- Arrête, je sais que tu l'adores.
- Nan. Il monopolise votre attention, j'l'aime pas.
Eri fit mine de bouder, ce qui fit rire Izuku.
- Et plus sérieusement, il est où ?
- Dans sa chambre, aux dernières nouvelles.
- Tu peux l'appeler ?
Eri se tourna alors en direction de la chambre de son frère, et inspira un grand coup. Au même moment, la porte d'entrée s'ouvrit sur un jeune homme grand et élancé, à la chevelure étrangement départagée.
- HIROIKKU ! SORS DE TA PLANQUE ESPÈCE DE RAT !
- HÉ ! N'INSULTE PAS TON FRÈRE !
- Mais... Qu'est-ce qui se passe, ici ? demanda l'homme aux cheveux rouges et blancs qui venait d'entrer.
D'un même geste, Izuku et Eri se tournèrent en direction de la porte d'entrée, qu'ils n'avaient pas entendue s'ouvrir.
- Tiens, salut Shoto ! sourit le cuisinier.
- Papa ! s'écria t-elle avec un grand sourire.
- Qu'est-ce que tu veux, Eri ? grogna un adorable petit garçon. Oh papa ! sourit-il en voyant son père cuisiner. Oh, papa ! remarqua t-il en voyant son père dans l'encadrement de la porte.
- Mais que de salutations, rit le bicolore en enlaçant sa fille.
Lorsqu'Eri se détacha avec tristesse de l'étreinte aussi chaleureuse que glaciale de son père, il posa le regard sur un Izuku qui lui souriait de toutes ses dents depuis la cuisine. Il se hâta de se déchausser pour le rejoindre, et déposer un tendre baiser sur ses lèvres.
- BAAAAH ! grimaça Hiroikku, faisant mine de vomir. Arrête, papa !
- Lequel ? demandèrent les deux jeunes hommes à l'unisson.
- Laisse les, Hiroikku, le réprimanda Eri. Ils ont le droit, aujourd'hui !
Pour toute réponse, le petit garçon croisa les bras tout en gardant son expression dégoûtée au visage. Tandis que ses parents riaient de sa réaction, sa sœur leva les yeux au ciel et continua :
- N'empêche il a raison, c'est pas très pratique de vous appeler tous les deux pareils.
- T'as qu'à nous appeler Papa 1 et Papa 2, suggéra Izuku en riant.
- Qui est le 1, qui est le 2 ? questionna Shoto.
- Ah bah c'est Papa le 1 ! affirma Eri en pointant le vert.
- Et pourquoi ce serait lui ? riposta le bicolore.
- Bah, répondit Izuku avec un sourire narquois aux lèvres, c'est en fonction de notre place au classement des héros.
La jeune fille éclata de rire, tandis que Shoto se contenta de lui mettre une main pour exprimer son mécontentement ; ce à quoi il répondit par une tape sur l'épaule en One for All à 1%. Le bicolore fut alors projeté en l'air, mais manqua de s'écraser sur le mur, rattrapé par sa glace. Il voulut alors répliquer et son bras gauche commença à s'enflammer, mais sa fille s'interposa entre eux et se fâcha :
- Ah non, vous allez pas recommencer ! Vous allez encore péter des trucs et c'est moi qui vais tout réparer !
- En même temps, tu as un alter si pratique ! sourit son père qui venait d'éteindre son bras.
- Ouais bah si ça continue, je vais finir par vous faire payer mes réparations !
- Elle a raison, Shoto, ne rage pas pour si peu ! Je suis premier je suis premier, pas besoin de s'énerver pour la vérité...
- Non mais papa, n'en rajoute pas aussi...
- C'est ça c'est ça, fais le malin. Tu vas voir ce que je vais te mettre ce soir.
- MAIS HÉ ! 'vous chauffez pas devant moi, c'est hyper gênant !
- Chauffer ? répéta le petit garçon, sceptique. Ils ont froid ?
- Oui, exactement ! acquiesça Eri. Papa et papa ont très froid, Hiroikku ! En attendant qu'ils se réchauffent et qu'ils préparent à manger, allons dans ta chambre, d'accord ?
Avant de refermer la porte derrière eux, Eri leur lança un regard noir, l'air de dire "vous avez vu ce que vous me forcez à dire ?". Ses pères s'amusaient bien de la situation, et profitaient de l'absence de leurs enfants pour continuer leur conversation pleine de sous-entendus. Lorsque le repas fut prêt, c'est dans une ambiance toujours aussi joyeuse que d'habitude que la petite famille mangeait, racontant leurs anecdotes d'école ou de travail dont leurs enfants étaient toujours aussi friands. À la fin du récit du combat de Shoto contre un homme aux tentacules de poulpe, Hiroikku, des étoiles dans les yeux, s'écria :
- Moi aussi, plus tard, je serais un super-héros aussi fort que papa et papa !
- Je n'en doute pas une seule seconde, répondit Shoto en lui caressant la tête d'un geste attendri.
- Et toi, Eri, tu veux toujours faire médecin ? demanda Izuku.
- Ouais ! C'est une autre façon de sauver les gens, et puis avec mon alter, je pourrais peut-être être la future Recovery girl.
- Je comprends pas pourquoi tu veux pas être une héroïne, lança son frère. Surtout avec un alter puissant comme ça... T'as trop de chance et t'en profites même pas !
Ses parents se regardèrent, d'un air mi gêné mi désolé. Leur fils était encore bien trop jeune pour comprendre le traumatisme qu'avait subi sa soeur dans son enfance, et son envie de ne plus jamais se trouver en situation de danger. Heureusement, Eri ne semblait pas être touchée par cette remarque ; elle allait beaucoup mieux à présent.
- Et maintenant, annonça Izuku en voyant l'assiette vide de son fils, au lit, le futur héros !
- Mais nooooon il est tôt ! J'veux pas dormir !
- Même papa et papa vont dormir tôt, aujourd'hui, expliqua Shoto. On se lève très très tôt, demain !
Ses paroles semblaient encore moins réjouir Hiroikku, mais il arrêta de se plaindre. Non sans perdre sa mine boudeuse, il se leva de table et fut rapidement mis au lit par ses parents. Lorsqu'ils voulurent faire de même pour Eri, elle leur fit remarquer :
- Non mais vous savez, j'ai 16 ans hein...
- On sait jamais, il pourrait y avoir un monstre sous ton lit ! répliqua Shoto en souriant, même s'il on sentait qu'en son for intérieur, il avait réellement peur qu'il lui arrive quelque chose.
- S'il y a un monstre sous mon lit, je le ramènerai à son état de larve et je le jetterai par la fenêtre !
- Tu as raison, tu es déjà tellement forte, sourit Izuku. Tu l'es depuis que je t'ai rencontrée, et de plus en plus chaque jour !
- Merci, papa, sourit pleinement Eri, de son sourire qui avait une valeur inestimable pour lui.
- Allez, bonne nuit Eri, conclut le bicolore.
- Bonne nuit, papa ! Et au fait, papa et papa...
Ils se retournèrent une dernière fois pour voir leur fille souriant jusqu'aux oreilles, des étoiles pleins les yeux.
- Bonne chance, pour demain !
~
Izuku grimaça en entendant son réveil sonner si tôt. Son lit chaud et la lumière tamisée de la lune n'arrangeaient rien, si bien qu'il voulut se rendormir. Oui, il voulut, mais un inconvénient majeur comme la lumière aveuglante de sa lampe de chevet l'en empêcha.
- Gnhnngn ! râla t-il avec toute son éloquence matinale.
- Debout, petit brocoli ! Montre l'exemple à ta fille qui va subir le même sort !
Voyant que ses paroles n'avaient aucun effet, Shoto lui jeta son oreiller au visage, ce qui le fit sursauter et frapper dans l'oreiller par réflexe. C'est donc une pluie de plumes et de résidus de tissu qui se déversait dans la pièce, laissant les deux héros stoïques, constatant la scène.
- Faut vraiment que t'apprennes à te maîtriser et pas utiliser ton alter tout le temps...
- Mais quelle maîtrise ? J'suis pas réveillé, je vois un truc qui arrive vers moi, c'est un danger !
- Ouais mais en attendant, il neige des plumes à l'intérieur !
Ils rirent tous les deux de bon cœur du ridicule de la scène. C'eût au moins pour effet de réveiller le héros numéro 1, qui se leva néanmoins avec la lenteur d'un escargot handicapé. Il remercia intérieurement sa fille de l'avoir poussé à préparer ses affaires la veille, sans quoi il aurait dû bouger et réfléchir, ce dont il était en très moindre quantité capable à cette heure-ci.
Une fois tous deux habillés et à peu près éveillés, ils décidèrent de réveiller Eri avec la plus grande délicatesse. C'est pourquoi Shoto appuya sur l'interrupteur tandis qu'Izuku cria :
- DEBOUT LÀ DEDANS !
La jeune fille grimaça de surprise, avant de se plonger sous sa couette. Pour toute réponse, elle lança de sa voix du matin :
- Non.
- Alors... Si, rectifia Shoto.
- Allez réveiller Hiroikku d'abord... murmura t-elle comme un supplice en faisant dépasser son visage à la surface.
- On ne le réveille pas, on va le porter endormi, précisa son père aux cheveux verts.
Elle laissa échapper un râle incompréhensible de mécontentement et replongea entièrement sous la couette.
- Je me lèverai pas tant que Hiroikku se lèvera pas.
Alors qu'Izuku s'apprêtait à répliquer quelque chose, Shoto lui fit signe qu'il prenait la situation en main. Il s'approcha et la déposa justement sur les pieds de sa fille, sa main droite pour être précis. Soudain, elle hurla et roula de son lit, si bien qu'elle se retrouva par terre, les yeux grands ouverts de surprise.
- MAIS ÇA VA PAS ?
- Rien de tel qu'un peu de glace sur les pieds pour se réveiller efficacement, rit le bicolore.
Le visage d'Eri peignait une telle expression de stupeur que ses pères éclatèrent de rire, bientôt suivis par elle même. Les méthodes plus que douteuses du bicolore avaient au moins le mérite de réveiller efficacement.
- Tout de même, c'est un crime de se réveiller avant que la lune aie disparu... marmonna la jeune fille.
- Je suis bien d'accord, bailla Izuku. En général, 3h du matin, c'est plus une heure de coucher que de lever...
- Mais arrêtez de vous plaindre ! les réprimanda Shoto. Vous savez très bien pourquoi vous faites ça !
Le vert et sa fille se regardèrent, puis sourirent. En effet, ce qui allait se passer ce jour là méritait bien un lever si matinal.
Tandis que le bicolore rassemblait leurs affaires dans l'entrée et que la jeune fille aux cheveux argentés s'habillait, son autre père entra dans la chambre de son frère. Il le saisit délicatement et le borda dans ses bras, pour être sûr qu'il ne se réveille pas. Malgré leur empressement, Izuku prit le temps d'observer son fils avec tendresse. Face à son adorable bouille endormie, il ne put que s'attendrir et s'emplit de fierté de le considérer comme son fils.
- T'es prêt, Izuku ? demanda Shoto.
- Je suis là, chuchota t-il en les rejoignant, pour ne pas réveiller son fils.
- Passe le moi, murmura Eri.
Le jeune héros détenteur du One for All tourna le regard vers sa fille, qui tendait les bras vers lui.
- De quoi ?
- Passe moi Hiroikku, répéta Eri. T'as déjà beaucoup de choses à porter, ne t'encombre pas d'un humain.
- Oh, alors tu ne le détestes pas assez pour accepter de le porter ? lança t-il avec un sourire en coin.
- C'est impossible de détester une chose aussi mignonne, sourit-elle à son tour en saisissant son frère.
Débarrassé de son fils, Izuku saisit le reste des affaires et ils sortirent tous les quatre de leur maison. Ils arrivèrent rapidement à la gare, les rues étant complètement désertes à une heure si matinale, et attendèrent leur train en bavardant, bien que leur conversation soit régulièrement interrompue par de multiples bâillements.
Lorsqu'ils entrèrent enfin dans leurs wagons, le soleil commençait à peine à se lever. Ils se rendormirent tous immédiatement, tentant de rattraper le sommeil qui les avait bien trop tôt quittés, sauf Shoto qui ne le trouvait pas.
Deux heures plus tard, Izuku et Hiroikku dormaient toujours à poings fermés, mais Eri émergeait lentement de cette sieste réparatrice. Elle cligna plusieurs fois des yeux et s'apprêta à répliquer quelque chose, avant de voir son père. Le bicolore fixait le paysage qui défilait, et à en juger par son reflet dans la vitre, il semblait plutôt déprimé.
- Ça va, papa ? risqua Eri.
Il sursauta légèrement, ne s'attendant sûrement pas à ce que quiconque soit réveillé. Sans se tourner vers elle, il feigna un sourire et répondit :
- Oui, oui oui, tout va bien.
- Tu stresses, c'est ça ? questionna t-elle d'une voix calme.
- Non, pas vraiment... En fait...
Eri sentait bien qu'il avait quelque chose sur le coeur, quelque chose dont il ne semblait pas vouloir parler. Pour l'y inciter, elle déposa sa main sur la sienne d'un geste rassurant, comme pour lui faire comprendre qu'il pouvait tout lui dire. Alors Shoto se tourna vers elle, et elle put apercevoir dans ses yeux un réel tourment, ce qui la préoccupa grandement.
- Dis, Eri... Tu sais que, administrativement, tu n'es pas ma fille.
- Oui, je sais ! Je suis la fille de papa, et Hiroikku est ton fils. C'est logique, vu que vous êtes deux hommes, vous êtes pas reconnus comme un couple, donc vous pouvez pas adopter... Et alors ?
- Eh bien... Même si tu venais à être officiellement ma fille, est-ce que tu... Tu...
Shoto ferma les yeux, et inspira un grand coup.
- Est-ce que tu me considèreras vraiment comme ton père ?
Lorsqu'il les rouvrit, ils brillaient de larmes qui ne voulaient pas couler, et une préoccupation qu'elle ne lui avait jamais vue habitait son visage. Tout le doute qu'il avait accumulé dans son coeur ces dix dernières années semblait remonter à la surface.
- Comment ça ? demanda t-elle, ne comprenant pas ce qu'il voulait dire.
- Eh bien, commença t-il en tentant de ne pas faire transparaître l'émotion dans sa voix, ce n'est pas moi qui t'es sauvé. Izuku est ton sauveur, c'est lui qui t'a aidée, lui qui t'a fait sourire, c'est avec lui que tu as voulu vivre. Ce n'est pas lui qui t'a donné la vie, mais il te l'a sauvée. Nous, on s'aime, donc on a décidé de vivre ensemble, mais tu n'as jamais choisi de vivre avec moi. Et officiellement, tu n'es même pas ma fille. Finalement... Il n'y a aucune raison que tu me considères comme ton père...
- Hé, papa.
Shoto observa sa fille. Il s'attendait à lire sur son visage de la gêne, de la tristesse ou du soulagement, mais il n'y lut que de l'incompréhension, comme s'il s'inquiétait pour une évidence.
- Je me fiche de m'appeler Midoriya et que mon frère s'appelle Todoroki. Je me fiche que papa soit mon seul parent officiel. Et je me fiche bien évidemment d'avoir deux pères. On ne choisit pas ses parents, mais moi j'ai eu la chance de le faire. Et pour rien au monde, je ne changerai ! C'est pas parce que papa m'a sauvée qu'il est plus mon père que toi. J'adore autant chaque membre de ma famille, même Hiroikku ! Je sais que je le dis pas souv-
Elle ne put finir sa phrase, que des bras forts et réconfortants l'enlacèrent. Eri répondit au câlin que lui proposait son père, comprenant que cette question devait le préoccuper depuis un long moment. Il est naturel pour un parent de se demander si son enfant l'aime ou s'il a été bon dans son rôle, alors imaginez seulement pour un père gay dont il n'est ni le père biologique, ni le père légal.
Durant cette étreinte, elle crut entendre un minuscule « merci » et sentit une goutte s'écraser sur son épaule. Lorsqu'il la lâcha, son visage n'exprimait néanmoins que du soulagement, sans la moindre trace de larmes - il avait une réputation à tenir, tout de même. Il regarda sa fille, sa vraie fille dont il était le vrai père. Elle avait tellement grandi, depuis leur première rencontre... Elle avait gagné en force et en caractère, mais n'avait jamais perdu sa bonté et son sourire. Elle était vraiment devenue elle, cette personne qu'elle n'avait pas eu le droit d'être durant sa petite enfance, et qu'elle était enfin pleinement. Et ça, c'était la plus grande satisfaction qu'un père pouvait ressentir.
- Waaaaah, bâilla Izuku, ça faisait du bien. Oh, vous êtes déjà réveillés, tous les deux ? Vous parliez de quoi ?
- Oh, rien d'important, lança Eri.
Shoto sourit à sa fille. Le soleil emplissait peu à peu le ciel de ses couleurs chatoyantes, tel un artiste face à sa toile. C'était vraiment une belle journée.
~
La petite famille arriva à la gare. Sur le quai, de nombreux visages curieux se tournaient vers eux, ravis d'apercevoir ces héros à Kyoto mais étonnés de les voir avec leurs enfants. Ils pressaient le pas et évitaient du mieux qu'ils purent les fans, avant d'apercevoir la femme qu'ils cherchaient.
- Salut, Tsuyu ! lança Izuku.
- Ça faisait longtemps ! constata Shoto.
- Satsukiiiii ! s'écria Eri.
La jeune fille aux cheveux argentés s'élança dans les bras d'une fille de son âge. La dénommée Satsuki Asui était la sœur de Tsuyu Asui, et les deux adolescentes s'entendaient depuis leur enfance à merveille.
- C'est vraiment gentil de nous accueillir chez vous, remercia Shoto.
- C'est normal ! remarqua Tsuyu. Nous sommes les seules personnes que vous connaissez à Kyoto, et puis on s'entraide, entre membres de la Dekusquad !
Elle compléta sa phrase par un clin d'oeil. Izuku fut pris d'une grande nostalgie à l'entente de cette phrase : cela faisait bien longtemps que leur groupe d'amis ne s'était pas retrouvé au complet. Ils marchèrent tout en parlant boulot, les deux jeunes filles parlant lycée, ravis de se revoir après plusieurs mois.
Bientôt, ils arrivèrent devant une jolie maison pavillonnaire où habitait Tsuyu. Sa sœur ne vivait pas avec elle, mais était venue pour voir son amie de longue date, Eri. Cette dernière toqua à la porte, impatiente, jusqu'à ce que la personne qu'elle attendait l'ouvre. Tsuyu s'avança et l'embrassa, avant même qu'un des Tokyotes n'aient eu le temps de la saluer.
- Salut, tout le monde ! Oh mais t'as tellement grandi, Eri !
- On s'est vus y'a six mois ! rit elle.
- Mais t'as poussé comme pas possible !
- Je suis bien d'accord, approuva Tsuyu.
- Coucou tata ! salua Hiroikku qui s'était réveillé quelques minutes auparavant.
- Salut, Ochaco ! lancèrent Shoto et Izuku à leur amie, avant d'entrer.
Izuku était vraiment heureux pour son amie brune. Il avait été peiné en apprenant les sentiments d'Ochaco à son égard quand ils étaient jeunes, ce qui les avait éloignés ; mais lorsqu'elle s'en était remise et avait commencé à sortir avec Tsuyu, ils étaient redevenus amis comme avant. Depuis, ce n'était plus qu'un lointain souvenir, et il n'aurait pas pu espérer mieux.
- Vous avez mangé ? questionna Ochaco.
- Penses tu, lâcha Izuku, il n'est que huit heures...
- Moi aussi, papa, j'ai la haine de m'être levée si tôt.
- Arrêtez de vous plaindre, vous avez dormi, dans le train ! râla Shoto.
Il fit mine de bouder, mais s'arrêta très vite lorsqu'il sentit les lèvres de son amant sur le siennes. Il n'y avait pas à dire, il savait le faire sourire.
Ils se mirent tous à table, parlant de tout et de rien, simplement ravis de pouvoir discuter comme si de rien n'était. Au bout de quelques minutes, la sonnerie retentit et Ochaco se leva pour aller ouvrir.
- Attention, ce n'est que le début du défilé d'humains, prévint Tsuyu.
- Saluuuut Ocha ! s'écria la fille en tête du groupe de six invités.
Mina sauta dans les bras de son amie, toujours aussi énergique qu'à son habitude, ce qui n'était pas le cas du reste de son groupe. Hanta bâillait, Ejiro somnolait sur l'épaule de Katsuki tandis que Denki et Kyoka dormaient littéralement l'un sur l'autre - c'est à peine s'ils étaient conscients qu'ils entraient chez quelqu'un. Mais la jeune fille rose n'avait nullement envie de prendre exemple sur ses amis, et était d'humeur explosive.
- Salut Tsuyu ! La forme ?
- Ça va super !
- Salut, Satsuki ! Oh waouw, t'es devenue super belle !
- Oh, euh... Merci ?
Elle continua son tour de la maisonnée, saluant Eri au passage, puis s'arrêta dans une pose exagérément choquée et demanda :
- Mais ne serait-ce pas les futurs mariés que je vois là ?
- Oh mais je crois bien que si ! répliqua Izuku en la suivant dans son exagération.
- Et toi, Mina, comment tu vas ? lança Shoto. Enfin, je sais pas pourquoi je demande...
- Je suis de super bonne humeur ! Je comprends pas pourquoi les autres sont si endormis !
- Ooooooooh il est trop mignon ! s'émerveilla Denki qui venait d'arriver, en voyant Hiroikku. Il est à qui ?
Le blond était désormais bien plus réveillé, ayant abandonné sa dulcinée pour qui il était un oreiller au profit d'un enfant adorable. Kyoka se voyait donc dans l'obligation de regarder autour d'elle, et semblait ne pas comprendre où elle était.
- À nous ! s'exclama Izuku. Enfin, officiellement, à lui, rectifia t-il en pointant Shoto.
- Et il s'appelle comment ? questionna Mina.
- Hiroikku, répondit Shoto.
- Hiroikku ? répéta un autre blond au caractère plus explosif. Ça veut dire quoi ?
- Ça veut dire héroïque, expliqua le bicolore. On s'est mis d'accord facilement, parce que la signification nous semblait évidente et adaptée.
- C'est vrai que c'est bien trouvé, bâilla Ejiro.
- Et il a un alter, au moins ? demanda Katsuki, avec un regard un peu insistant vers le vert.
- Pour l'instant, il fait juste des bonds de trois mètres quand il éternue, et il arrive à choper tout ce qui se trouve en haut des placards, intervint Eri.
Tous - enfin, tous ceux un minimum éveillés - rirent de ce bon mot, et continuèrent à se saluer. Après cette intervention, Eri repartit aussi vite qu'elle était venue, embarquant Hiroikku et Satsuki au passage, pour aller s'exiler des adultes à l'étage.
- Il est pas encore arrivé, Tenya ? s'étonna Hanta.
- Il va arriver en retard, informa Tsuyu. Son train a été annulé.
- Ah, merde...
- Eh en vrai vous êtes bien, la Dekusquad ! remarqua Denki. Vous êtes tous casés depuis plutôt longtemps !
- C'est pas faux, concéda Izuku. Et vous, la Bakusquad ?
- Ah mais m'en parle pas, souffla t-il en levant les yeux au ciel.
- C'est du grand n'importe quoi, expliqua Kyoka. Entre les deux gays qui veulent pas montrer leur relation au grand jour parce que "gnagnagna on est des héros ça va être mal vu" alors qu'ils sont ensembles depuis plus d'années que Denki n'a de neurones, et les deux hétéros qui se tournent autour depuis la nuit des temps sans se mettre ensembles, on n'est pas sortis de l'auberge !
À ces mots, Katsuki lui jeta un regard plus noir que Dark Shadow, et Hanta vira rouge vif. Mina, elle, remercia le ciel de lui avoir offert une peau qui l'empêchait d'imiter son "ami".
- Allons, Kyoka, ne les met pas mal à l'aise ! dit d'un ton ironiquement doux Ochaco. S'ils n'ont pas assez de couilles pour ça, on ne peut pas leur en vouloir...
Avec toutes les protestations et les hurlements qu'engendra cette phrase, c'est à peine s'ils entendirent toquer à la porte. Heureusement pour eux, Yuga n'était pas du genre à attendre qu'on lui ouvre. Alors il fit une entrée resplendissante dans toute la modestie qui lui convenait pour que l'on remarque sa présence.
- Oh, Yuga, tu es là ! s'exclama Ochaco.
- En chair et en os, et plus brillant que jamais ! déclama t-il.
- Entre, Momo, sourit Shoto.
La jeune femme, pas aussi extravagante que le blond, n'avait pas osé s'imposer, et était restée là où il l'avait quittée. Heureusement, son meilleur ami l'avait remarquée, et elle put entrer en refermant la porte derrière elle... Pour peu de temps, car à peine eut-elle été claquée que l'on sonna à nouveau.
- T'avais raison, Tsuyu, remarqua Izuku, c'est vraiment un défilé de gens !
Ce dernier alla à son tour ouvrir, pour découvrir quelqu'un qu'il attendait avec une impatience particulière.
- Bonjour, Taneo, salua t-il poliment.
Avant même de lui répondre, le nouveau venu aveugla le vert dans un flash bien trop lumineux. Après cela, il tourna sa main d'où sortait son appareil photo vers lui et commença à discourer :
- Bonjour à tous ! Je suis le journaliste Taneo Tokuda pour Juzo News. C'est un plaisir de vous présenter aujourd'hui sûrement un des évènements les plus attendus de l'année dans notre pays !
- Vous n'en feriez pas un peu trop, par hasard ? rit-il.
Taneo fit disparaitre son appareil pour planter ses yeux bleus dans les verts du héros face à lui.
- Pas le moins du monde ! assura t-il. Imaginez juste le titre merveilleux que je pourrais donner : « Deku et Shoto, les héros numéro 1 et 2, inaugurent la loi du mariage pour tous lors d'une journée qui restera dans les mémoires de notre pays. Enquête sur le mariage héroïque le plus attendu de l'année ». Je vois d'ici les exemplaires de journaux s'écouler, les chiffres d'audience de téléspectateurs exploser !
- Je ne doute pas que vous ferez un excellent article et un tout aussi bon documentaire. Après tout, c'est pour cela que nous vous avons proposé à vous d'être le reporter officiel de notre mariage, et que nous avons refusé tous les autres journalistes !
- Et je vous remercie sincèrement de m'avoir donné l'exclusivité de cet événement ! conclut-il en lui serrant chaleureusement la main.
Tandis que Taneo partit en quête de prendre le plus de photos possible des coulisses, tout le monde commença à s'affairer.
- Ochaco, Momo, vous voulez bien nous aider à mettre nos kimonos ? demanda Shoto.
- QUOI ? s'exclama Denki, surpris. Vous vous mariez en kimono ?!
- Ben oui, imbécile, l'insulta Kyoka, pourquoi tu crois qu'on en a acheté ?
- Ah on a acheté des kimonos ? Mais pourquoi ?
- Parce qu'on se marie au temple, répondit le bicolore.
- Vous vous mariez au temple ?!
Cette fois, l'héroïne aux cheveux violets l'asséna d'un coup derrière la tête.
- On va faire un mariage shintô, expliqua Izuku. Shoto tenait à se marier traditionnellement.
- Mais vous nous aviez dit que vous vous marieriez à l'église, non ?
- Aussi ! On commence par le temple avec les personnes qui nous sont le plus proches - vous - puis on continue avec l'église - qui est une fausse, comme c'est de coutume pour les Japonais qui ne sont pas chrétiens - et on finira par une soirée, à la fois à l'occidentale et reprenant des éléments du banquet traditionnel shintô.
Cette fois, ce fut trop : Denki était complètement perdu. On pourrait presque se demander s'il n'avait pas abusé de son alter, tant il ne répondait plus de rien.
- Laissez, je m'occupe de lui, soupira Kyoka. Allez vous changer.
Les futurs mariés allèrent donc s'habiller, aidés chacun de leur meilleure amie. Ils ne prenaient pas la peine de cacher leur tenue à l'autre, ayant bien d'autre chats à fouetter. Surtout lorsque, alors qu'ils étaient presque prêts, on sonna une nouvelle fois à la porte, et que Tsuyu s'exclama :
- Izuku, Shoto, c'est pour vous !
Les deux futurs mariés tentèrent donc de rejoindre l'entrée, vêtus mais déchaussés, mais furent arrêtés par deux jeunes adultes à la chevelure blanche - ou presque.
- Wouaaaah Shoto, t'es déjà prêt ? s'étonna Fuyumi Todoroki.
- Tu vas te marier en kimono, sérieux ? lança Natsuo Todoroki.
- J'arrive pas à croire que mon petit frère va se marier... Tu vas vraiment te marier !
- Je sais pas comment tu fais pour tenir debout, je me serais évanoui de stress à ta place !
Son frère et sa sœur étaient si excités que leur frère ne savait où donner de la tête. Alors il répondit simplement :
- Euh... Bonjour ?
Ils éclatèrent de rire, avant que Tsuyu ne les prévienne que d'autres personnes étaient arrivées avec Natsuo et Fuyumi. Juste avant de se diriger vers l'entrée pour les saluer, Shoto leur glissa :
- Natsuo, ne croit pas que je n'ai pas entendu ton ton dédaigneux. Il est très bien, mon kimono, ok ?
Son frère rit et s'apprêta à répliquer, mais Shoto était déjà parti avec Izuku. Dans l'encadrement de la porte se détachaient deux silhouettes, deux silhouettes féminines. Les deux jeunes héros s'arrêtèrent quelques instants, avant de se jeter chacun dans les bras de leurs mères.
- Tu m'as tellement manqué, maman !
- Moi aussi, mon chéri, moi aussi... chuchota Inko Midoriya, qui se retenait déjà de pleurer.
- Ça fait plaisir de te revoir, maman.
- C'est vrai que ça faisait longtemps... murmura Rei Todoroki, elle aussi les larmes aux yeux.
Ils passèrent une longue minute enlacés, avant de chacun se détacher. Inko et Rei regardaient leurs fils avec fierté et admiration, heureuse des hommes qu'ils étaient devenus. Izuku regardait sa mère avec tant de sollicitude pour tout le soutien qu'elle lui avait apporté durant toutes ces années. Shoto regardait sa mère avec joie de la voir enfin sortie de cet hôpital. Ils n'avaient pas besoin de mots pour se comprendre. Pourtant, des mots, il fallait bien qu'ils en disent. Alors ils parlaient, se demandaient des nouvelles, mais les mots les intéressaient peu. Ce qu'ils voyaient, le bonheur d'être réunis qu'ils ressentaient, c'était ça qui les importait vraiment.
- Euh, les gars, intervint Ejiro, je crois qu'on toque encore à la porte !
- Encore ? s'étonna Izuku.
- Non mais la maison Asui c'est l'hôtel national ou quoi ? s'exclama Mina.
Mais les fils et leurs mères n'avaient pas besoin de faire le moindre geste, que la porte s'ouvrit d'elle même. Un Tenya essoufflé mais encore plein d'énergie, suivi de sa copine, s'exclama :
- EXCUSEZ MOI POUR LE RETARD, JE SUIS PROFONDÉMENT DÉSOLÉ POUR LE TORT QUE J'AI PU CAUSER !
- OH LE BIGLEUX ARRÊTE DE GUEULER, TOUT LE MONDE T'ENTEND ! répondit Katsuki sur le même ton.
- Ah oui, tiens, vous êtes tous là.
- Et ne t'inquiètes pas, Tenya, le rassura Izuku, il nous reste encore quelques minutes avant de partir !
- Ça nous laisse le temps d'arranger vos kimonos ? demanda Momo. Non parce que là vous les avez complètement froissés...
En effet, il semblait qu'ils avaient peut-être témoigné trop d'affection à leurs mères pour le tissu fragile des tenues qu'ils portaient. Heureusement, ils avaient encore le temps de finir de se préparer, tandis que leurs invités arrangeaient eux aussi leurs tenues.
Une fois prêts, Shoto et Izuku appellèrent leurs enfants - qui seraient à la fin de la journée, tous les deux officiellement leurs deux enfants - qui étaient par miracle déjà prêts, et depuis longtemps à leurs dires. Alors tout le petit groupe sortit de la maison pour s'engouffrer dans les voitures qui les mèneraient au sanctuaire shintô, première étape du mariage.
Juste avant de sortir de la maison, Izuku s'arrêta net. Puis il se tourna vers son futur époux, et lui murmura :
- Je t'aime.
Pour toute réponse, Shoto lui attrapa la main et la serra fortement.
- Et dire que je n'ai pas filmé cette séquence ! se désola Taneo. Dites, ça vous dérangerait de recommencer ?
Les deux amoureux le regardèrent, surpris, puis se sourirent. Shoto dévisagea celui dont il tenait fermement la main, et se fit la réflexion qu'il était beau. Il lui semblait qu'il n'avait jamais remarqué à quel point il était magnifique. Il était carrément submergé par sa beauté, et peinait à réaliser qu'il allait vraiment se marier avec lui. Alors il lui sembla comme une évidence de répondre :
- Putain, mais moi aussi je t'aime !
Un grand sourire fendit les lèvres d'Izuku. À cet instant, plus rien n'existait autour d'eux, à part l'évidence qu'ils allaient se marier, et s'aimer. Oh oui, ils allaient s'aimer, ils allaient s'aimer tellement fort, un peu plus tous les jours, et ce pour le restant de leurs vies.
Alors, comme pour le prouver, ils s'embrassèrent fougeusement, comme si c'était la première fois, comme si c'était la dernière fois, comme s'ils ne s'étaient jamais vus et comme s'ils ne s'étaient jamais quittés.
Ils s'embrassaient assez fort pour se transmettre tout l'amour qu'ils ressentaient.
Ils s'embrassaient assez fort pour que leurs mères lâchent déjà une larme.
Ils s'embrassaient assez fort pour que leurs amis applaudissent déjà.
Ils s'embrassaient assez fort pour que leurs enfants n'aient même pas envie de détourner le regard.
Et ils s'embrassaient assez fort pour que Taneo Tokuda ait déjà la photo qui fera la une de son prochain journal.
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