Kiribaku || Confusion sentimentale
Ce one shot Kiribaku est écrit par Nincm1
Le bruit de la craie sur le tableau et du crayon sur le papier enveloppait la classe d'une atmosphère studieuse. Tous les élèves, la tête penchée sur leur copie, donnaient leur maximum pour terminer dans les délais un contrôle d'anglais de Present Mic. Mais parmi les élèves de la Seconde A, un étudiant avait toutes les difficultés du monde à achever son épreuve.
Eijiro Kirishima avait beau essayer de se concentrer, les mots semblaient se confondre sur sa feuille avec une facilité déconcertante. Bien qu'il soit conscient de ne pas être le meilleur élève de sa classe, ici, ce n'était pas réellement ses lacunes scolaires qui le freinaient dans son avancée. Ou tout du moins, elles n'en étaient pas la principale raison.
La tête d'un certain blond au fort caractère se superposait au-dessus des mots " The explosion of the Electronic Market " sans qu'Ejiro ne puisse le contrôler. Il faut dire que son ami Katsuki était omniprésent dans ses pensées ces temps-ci. Malheureusement ce n'était pas pour les raisons qu'il aurait voulu. En fait, le simple fait de songer à son meilleur ami lui serrait le cœur.
Il leva discrètement les yeux vers ce dernier. Katsuki était concentré sur sa copie, les sourcils froncés. Qu'il est beau , pensa-t-il alors. Il avait toujours apprécié son expression revêche qui faisait fuir la plupart des gens. À cette pensée, Ejiro soupira, un nouveau pincement au cœur. Katsuki et lui étaient devenus ce qui s'apparentait le plus à des amis dès le début de l'année.
Il avait toujours été honoré d'avoir réussi à s'approcher de l'insaisissable blond, la où tout le monde avait échoué. En effet, peu de personnes pouvaient se vanter d'être aussi proche du " king bomberkill" que lui. En fait personne à sa connaissance, Katsuki repoussant toujours tout le monde à coup de surnoms et d'insultes bien sentis. Mais lui, il avait réussi. Le blond possédait toujours son caractère explosif, bien sûr, mais il laissait le rouge s'approcher sans problèmes. Enfin ça, c'était avant.
En effet depuis quelques temps, Katsuki s'éloignait de plus en plus d'Ejiro, sans qu'il n'en comprenne la raison. Alors l'étudiant ne pouvait s'empêcher de se questionner continuellement. Est-ce qu'il avait fait quelque chose de mal ? Est-ce que le blond avait fini par se lasser de lui ? Ou bien, est-ce qu'il ne se faisait tout simplement pas des idées ?
C'est ce qu'il avait pensé, de prime abord. Mais toutes ses tentatives pour s'approcher de son camarade qui se soldaient systématiquement par un échec avait fini par le convaincre du contraire. Non, quelque chose ne tournait définitivement pas rond.
Cette situation l'attristait d'autant plus qu'il ne perdait pas seulement un ami : il perdait un amour. Ejiro avait fini par se rendre compte qu'il éprouvait bien plus qu'une simple fascination exagérée pour son ami. Non, il éprouvait de l'amour, un amour profond et inébranlable. Il trouvait le blond attachant, intelligent, fort, beau et même drôle à sa manière. C'était une personne avec des principes, qui donnait toujours le meilleur de lui-même pour réussir dans tout ce qu'il entreprenait. Oui Ejiro l'aimait éperdument, mais il n'en était pas moins réaliste. Katsuki ne l'aimerait jamais comme lui l'espérait. Ce n'était même pas une question d'orientation sexuelle, c'était plus que son ami se fichait éperdument de l'amour, ne considérant pas cela comme important, à supposer même qu'il y songeait.
Tout ces éléments rendaient pour Ejiro leur relation actuelle d'autant plus insupportable. Il se promit donc de mettre fin à cette situation, pour que tout redevienne comme avant. S'il ne pouvait espérer son amour, il voulait au moins conserver son amitié.
La sonnerie annonçant la fin du cours retentit soudain. Se concentrant de nouveau sur sa copie, il se rendit compte qu'il n'avait répondu qu'à la moitié des questions posées. Present Mic passa dans les rangs et ramassa sa copie avec un regard soupçonneux. Ejiro lui offrit un grand sourire, camouflant sa peine. Il tourna de nouveau son regard vers le blond. Ce dernier était debout à côté de sa table, en train de ranger ses affaires. Décidé à l'approcher, il songea que les études étaient un bon moyen, Katsuki l'ayant déjà aidé par le passé à réviser ses contrôles. Prenant son courage à deux mains, il s'avança :
- " Eh bah c'est pas une réussite. Si je veux réussir mes examens, j'ai intérêt à défoncer le contrôle d'Aizawa. Autant dire que c'est mal parti ! Dit-il, en riant. "
Katsuki ne daigna même pas lever le regard vers son ami, continuant de réunir ses affaires en silence. Ejiro reprit :
-" Ça te dirait d'aller réviser à la bibliothèque demain ? Être à deux pourrait nous motiver !"
Son camarade leva alors la tête et le regarda droit dans les yeux. Il y eut un silence de quelques instants. Puis Katsuki répondit enfin :
- " Tu n'as qu'à y aller tout seul, j'ai pas besoin de réviser moi."
Il ramassa son sac et se précipita hors de la pièce , laissant son ami planté au milieu de la salle de classe, seul. Ejiro se sentit alors pris d'un puissant sentiment de désespoir. Est-ce que tout était définitivement fini ?
Mais ce que le rouge ignorait, c'est que Katsuki ne le fuyait pas par sa faute . Non ce que le blond fuyait, c'était ses propres sentiments.
Katsuki avait rencontré Ejiro cette année. Bien qu'il ne faisait pas vraiment attention à lui au départ, il avait fini par se rapprocher de lui durant le championnat, au premier semestre. Au départ, il ne le voyait que comme un garçon un peu bête et accro au sport. Puis il avait découvert la personnalité flambloyante du rouge. C'était une personne gentille, de confiance et sur laquelle on pouvait toujours compter. D'un soutien indéfectible, il était là, même dans les moments les plus durs. D'un caractère enjoué, il répandait la joie autour de lui.
C'était son premier véritable ami depuis longtemps. En fait, il doute même qu'il en ai eu un comme lui un jour. Il faut dire qu' Ejiro était unique en son genre.
Mais dernièrement, ses sentiments vis à vis de son ami avaient commencé a changer. Bien que Katsuki ait toujours aimé son caractère, c'est maintenant sur un aspect plus physique qu'il se mettait à l'apprécier. Il commençait à remarquer qu'il aimait bien ses yeux, ses cheveux ou encore son torse, lorsqu'il enfilait son costume de héros. Sa cicatrice au sourcil, qui lui donnait un petit aspect de délinquant, plaisait également au blond. Et c'est précisément tout cela qui lui faisait peur.
Katsuki ne comprenait pas ce qui lui arrivait, ou plutôt refusait de le reconnaître. Il n'avait jamais ressentit ce genre d'émotions pour personne par le passé, alors il ne savait comment se comporter. La seule solution qu'il avait trouvé était de fuir son ami, tel un lâche, plutôt que d'affronter le problème en face. Katsuki avait honte. Lui qui se vantait d'être courageux, un vrai dur à cuire qui n'a peur de rien, le voilà qui fuyait fasse au premier problème venu. Il aurait voulu se gifler. Par-dessus tout, la distance qu'il imposait à son ami le faisait souffrir. Il commençait à ressentir un manque, ainsi que de la culpabilité. Il voyait que son ami était perdu, et qu'il n'arrivait pas à assimiler son comportement. Et Katsuki ne pouvait lui en vouloir, lui non plus de se comprenait pas. Mais comme il était naturel pour lui de le faire, il préférait camoufler tout cela sous un masque d'indifférence, au détriment des sentiments de son comparse.
Une fois sorti de la salle, il continua son chemin vers l'internat, reléguant ses émotions dans un coin de sa tête, essayant de les oublier sans vraiment y parvenir.
Les jours passaient et la situation n'évoluait toujours pas. Katsuki continuait de fuir Eijiro, et ce dernier voyait que tout ses efforts étaient vains. Apres un cours pratique avec All Might, lors d'une après midi pluvieuse, où le blond l'évita une fois de plus, Ejiro prit sa décision. Il en avait marre de ne rien comprendre, et était résolu à mettre Katsuki au pied du mur, en lui faisant avouer ce qu'il pensait réellement.
Posé dans le couloir, il attendait que son ami quitte les vestiaires. Tout ses camarades sortirent avant le concerné, et jetaient des regards curieux au rouge. Il faut dire que l'éloignement des deux amis n'avait échappé à aucun élève de la seconde A. Katsuki fût le dernier à quitter la pièce, sûrement dans une vaine tentative pour l'éviter. En passant la porte, il marqua un temps d'arrêt en constatant qu'Eijiro l'attendait. Ne sachant comment réagir, il lui passa devant, le cœur battant à toute allure. Soudain une voix retentit dans son dos :
- " Bon sérieux, c'est quoi ton problème ?! J'en ai marre que tu m'évites à longueur de temps. Alors Monsieur " Je veux être le plus fort " voudrait-il bien me regarder en face et me dire ce qui ne va pas ?! "
Katsuki n'osa pas se retourner tout de suite. Il ne savait pas comment réagir. Il tourna la tête vers son ami, et son coeur se serra en découvrant son expression. Les sourcils froncés, les yeux brillants, Eijiro le regardait avec peine et rancoeur. Alors le blond décida qu'il lui devait la vérité. Il fit un signe de tête au rouge :
- " Suis moi "
Le cœur de Kirishima fit un bond dans sa poitrine, mais il s'interdit de se réjouir trop vite. En effet, rien n'était joué, et s'il y a bien une chose qui pouvait caractériser son ami, c'était son côté imprévisible.
Les deux comparses sortirent de la zone d'entraînement et se dirigèrent dans un parc du campus, à l'abri des regards indiscrets. Le blond s'assit sur un banc, faisant face à un Eijiro au bord de la crise de nerf, incapable de rester en place plus de deux secondes. Plusieurs minutes s'écoulèrent, sans qu'aucun ne prenne la parole. À bout de patience, Kirishima commença :
- Bon alors tu vas te décider à parler, oui ou non ? Si on est là, c'est pour mettre les choses au clair. Si tu ne veux rien dire, il fallait tracer ton chemin dans le couloir et continuer à m'ignorer !"
Katsuki lui lança un regard noir dont lui seul avait le secret et lança, acerbe :
- " Ça va, laisse moi deux secondes merde ! C'est pas facile bordel..."
Katsuki serra ses mains entre elles pour les empêcher de trembler et pris une grande inspiration pour rassembler son courage. Il n'avait jamais ressenti une telle gêne en 16 ans d'existence. Il se sentait bête et par-dessus tout, il ne savait par où commencer.
- " Bon, dit-il alors d'une voix grave. Déjà je voudrais rectifier une chose : tu n'y es pour rien si je me suis mis à t'ignorer. Ou plutôt si, mais tu n'as rien fait pour, tout est de ma faute."
Kirishima fixa longuement le blond, attendant la suite. Il était content d'apprendre qu'il n'y était pour rien. Ça faisait plusieurs semaines qu'il se torturait l'esprit pour essayer de savoir où il avait bien pu fauter.
- Et donc ? Le relança Eijiro. Si je n'y suis pour rien, je peux savoir pourquoi tu as commencé à ne plus me parler ?"
- " J'y viens, j'y viens, râla le blond"
En ayant marre de rester sans voix comme un abruti, le blond décida d'y aller à l'instinct, comme il avait l'habitude de le faire. " Advienne que pourra" se dit-il alors.
- " Je t'ai toujours apprécié en tant qu'ami. Je te trouve sympa et, étonnamment, on s'entend plutôt bien. Mais disons que dernièrement je me suis mis à te voir sous un autre aspect. Il se racla la gorge. Un aspect disons... plus physique. "
Kirishima le regarda avec de grands yeux écarquillés. Son cœur se mit à battre à tout allure et, alors qu'il s'apprêtait à parler, le blond reprit :
- " Laisse moi finir bordel. Bref, je commençais à... comment dire... oh et puis merde ! Tu commençais à me plaire physiquement voilà. Et ça ne m'était jamais arrivé avec personne. Alors je savais pas comment réagir et vu que je ne comprenais pas trop ce qui m'arrivait je me suis dit que le mieux était de t'ignorer, et qu'avec le temps, ces sentiments bizarres disparaîtraient. Bref, même à l'heure actuelle je ne sais pas trop ce qui m'arrive, alors voilà je suis désolé si je t'ai blessé, et j'espère qu'on pourra rester de bons amis. "
Kirishima le regarda avec un grand sourire. Il n'arrivait à réaliser ce que venait de lui dire le blond. Il plaisait à Katsuki. Lui, Eijiro, plaisait au garçon qu'il aimait secrètement depuis des mois. Il n'arrivait plus à descendre de son petit nuage. Il prit alors la parole :
- " Pour quelqu'un d'aussi intelligent je te trouve un peu long à la détente. Si je te plaît physiquement, c'est que je t'attire. C'est aussi simple que ça."
- " Je ne suis pas gay ! S'écria alors son camarade. "
En réalité, Katsuki était loin d'être idiot. Il avait très bien assimilé ce qui lui arrivait, il se refusait juste à l'admettre. Lui, que l'amour n'avait jamais intéressé, se rendait soudainement compte qu'il aimait les hommes. C'était trop à digérer d'un coup.
Ejiro réfléchit et, connaissant bien son ami, il en vint à la conclusion qu'il ne servait à rien de brusquer le blond. Il était trop têtu, il se braquerait et tout cela serait inutile . Il se dit alors que la diplomatie fonctionnerait peut-être mieux.
- " Si tu es attiré physiquement par un homme, alors tu es gay, ou peut-être bi. Ou plein d'autres choses en réalité. Si tu veux mon avis tu te prends trop la tête avec ça. Tout ce que tu dois retenir c'est que t'es avant tout attiré par une personne. La case dans laquelle on te range après ça, on s'en branle. Il le regarda avec un grand sourire. Et laisse moi te dire une chose Katsuki Bakugo : toi aussi tu me plais. "
- " Sauf que je sortirai pas avec toi, je refuse de sortir avec un mec. "
Encore une fois le blond fuyait. Il avait peur de ses sentiments nouveaux, qui lui étaient étrangers. Il vit alors le visage d'Ejiro se décomposer, et son propre cœur se serra de tristesse.
La raison pour laquelle il fuyait échappait totalement au rouge. Bien qu'il puisse comprendre que cela fasse beaucoup à digérer d'un coup pour son ami, il avait toujours eu du mal à comprendre les gens qui fuyaient leur nature. Son orientation sexuelle ne lui avait jamais fait honte, et bien qu'il ne le criait pas sur tous les toits, ce n'était pas quelque chose qu'il cherchait particulièrement à cacher. La colère prenant le dessus, il reprit :
- " Tu sais mec, on est en 2020, les couples gays ça court les rues. Faudrait peut-être songer à changer de mentalité. C'est normal, ça a rien de bizarre. Je suis prêt à attendre que tu sois prêt si c'est du temps dont tu as besoin. Mais là le problème, je crois qu'il vient d'ailleurs. Tu renies tes sentiments, tu les refuses. Et laisse moi te dire que si tu restes comme ça toute ta vie, tu seras jamais heureux, c'est une certitude. Il reprit son souffle. En plus, pour quelqu'un qui clame qu'il n'a peur de rien, je te trouve bien froussard."
Le blond poussa un grognement. Eijiro avait espérer que son discours lui aurait fait réaliser son erreur, mais devant l'abscence de réaction de son comparce, il réalisa que cela était vain. Ejiro sentit sa poitrine se comprimer. Son rêve le plus intime, son souhait le plus cher était si proche, et pourtant il le voyait lui filer entre les doigts. Décidé à ne pas abandonner malgré tout, il prit la décision de poser un ultimatum à son camarade. Il avait voulu éviter d'en venir à tels extrémités, mais il se promit que se serait sa dernière tentative. Si après ça, Katsuki ne réagissait pas, alors Eijiro se promit d'abandonner, refusant de continuer à souffrir.
Il fit alors volte face et s'avança vers l'entrée du parc.
- " Eh tu vas où là ? Lui cria le blond "
Ejiro tourna son regard vers lui et, croisant des yeux rouges vifs, il lança :
-" J'ai pas envie de perdre mon temps avec quelqu'un qui ne s'assume pas. Je me casse. Salut."
Il se retourna et continua son chemin. Mais soudain, il sentit quelque chose lui saisir le bras. Il fut alors retourné brusquement, et quelque chose de chaud et humide se posa sur ses lèvres. Son cœur s'emballa et ses joues chauffèrent. Le blond était en train de l'embrasser à pleine bouche.
En voyant Ejiro lui tourner le dos, Bakugo avait réalisé qu'il refusait de vivre à nouveau les dernières semaines de solitude qu'il venait de traverser. Au diable sa pseudo peur. N'était-ce pas dans sa nature que de toujours se dépasser ?
Après quelques minutes passées à s'embrasser passionnément, les deux garçons se détachèrent et se sourire, d'un petit sourire rempli de sentiments partagés. Le blond reprit la parole :
- " Pour une fois ce sera toi qui m'apprendra. "
Eijro n'en finissait plus de rêver. Il avait envie de sauter partout comme un fou. Son rêve se réalisait, pour son plus grand bonheur. Kirishima attrapa alors Katsuki par la nuque et le regarda droit dans les yeux :
- " T'inquiètes, cette fois, c'est moi qui mène la barque. "
Un rayon de soleil perça les nuages, éclairant les deux jeunes garçons. Ils sortirent alors main dans la main du parc, enfin débarrassés de cette confusion sentimentale.
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