Erasermic || Petits secrets entre héros

Ce one shot Erasermic est écrit par MaudineCouz

Shota Aizawa se laissa tomber sur le dos, rouge de fatigue. Allongé sur un lit qui n'était pas le sien, il reprenait difficilement son souffle. Il écarta ses longs cheveux noirs de son visage, et un sourire railleur se dessina dessus.

- Tu vas boiter, demain, se moqua t-il.

Le blond affalé à ses côtés gémit et lui donna un coup de coude fatigué dans les côtes.

- C'est pas drôle, se plaint Hizashi Yamada. Je peux même plus bouger là !
- Et comment que c'est drôle ! rit le brun. Imagine juste les titres des journaux si les médias savaient ça : "Present Mic, le fameux héros vocal, vaincu par son ennemie de toujours, la terrifiante sodomie"...
- Va te faire foutre, répondit-il en riant.
- Là c'est plutôt le contraire !

Hizashi tenta de lui lancer un oreiller, mais il n'en avait pas la force. Alors il laissa tomber ses bras et murmura simplement :

- T'es con.
- Toujours moins que toi.

Shota tourna le regard vers son partenaire, et vit qu'il ne lui en voulait absolument pas. Ils se sourirent en se dévorant amoureusement des yeux. Puis le professeur principal de la 1-A se redressa lentement et entreprit de se rhabiller. Mais alors qu'il enfilait son boxer, il sentit la main du blond lui retenir le poignet.

- Hé ! Qu'est ce que tu fais ?
- Ben, je me rhabille ? Les gens risquent d'être un peu étonnés, s'ils croisent un héros se balader complètement nu dans la ville...

Hizashi ne put s'empêcher de souffler du nez ; il le faisait toujours autant rire. Mais son sourire disparut bien vite, quand il reprit :

- Mais... Tu veux pas rester pour dormir ? T'habites loin, et on travaille tôt demain, tu vas être crevé...
- C'est là tout l'avantage d'avoir des cernes tous les jours ! Personne ne voit quand t'es fatigué. Et puis si je tiens vraiment pas, je dormirais. Vive les sacs de couchage !

Voyant que son petit ami ne riait pas, il fronça les sourcils. Y avait-il un problème ? Il lui adressa un regard interrogateur, et le héros vocal baissa les yeux.

- Donc, on dormira jamais ensemble, en fait.
- Hizashi, on en a déjà parlé quelques milliers de fois. Ça fait douze ans que je te répète la même chose et le pire, c'est que t'es d'accord avec moi ! Pourquoi tu remets ça sur le tapis ?
- Ben, justement ! Ça fait douze ans qu'on est ensemble et on peut même pas vivre sous le même toit ! Ça te pose pas de problèmes ?
- Bien sûr que si, soupira t-il. Mais on ne peut pas vivre ensemble, parce que ça révélerait notre relation au grand jour. Et en tant que héros - et profs - on peut pas se permettre ça.

Hizashi soupira. Il avait raison, comme d'habitude. Mais cela lui pesait de plus en plus souvent. Il releva la tête et adressa un faible sourire au brun, qui lui ébouriffa les cheveux avec tendresse.
Ce dernier se rhabilla entièrement puis, tournant la tête vers le lit, réalisa soudain :

- Merde, les draps sont sales ! Attends, je vais t'aider à les changer...
- Nan, t'inquiètes ! Si c'est toi qui les as salis, ça me dérange même pas de dormir dedans.
- T'es dégueulasse !
- Pas autant que ce qu'on vient de faire !

Shota sourit. Il s'abaissa pour embrasser le front du blond, puis il marcha jusqu'à la porte. Juste avant de la refermer derrière lui, il chuchota :

- Bonne nuit, insupportable brailleur.
- Fais de beaux rêves, larve endormie !

Et la larve endormie claqua la porte, s'engouffrant dans l'obscurité des rues de la ville et laissant son petit ami dans celle de sa chambre.

~

Alors qu'il prenait le chemin du lycée le lendemain matin, Shota Aizawa ne put s'empêcher de se dire que son petit ami n'avait pas eu tort : il était complètement exténué par ses performances physiques de la veille. Par chance, il avait toujours une expression fatiguée et une apparence négligée ; alors personne ne remarquera quoi que ce soit.

- Mais t'as l'air complètement crevé, mon vieux ! Laisse moi deviner, t'étais chez Hizashi, hier soir ?

Personne, sauf cette commère de Nemuri Kayama, bien évidemment. L'héroïne et professeure, surnommée Midnight, était devenue très proche de Present Mic ces dernières années ; donc par conséquent, elle s'était également rapprochée du héros à l'alter d'effacement. Elle faisait partie des rares personnes connaissant la nature de leur relation ; en fait, All Might et elle étaient les seuls.

- C'est si flagrant que ça ?
- Alors vous étiez vraiment ensemble, hier ? T'y es pas allé trop fort, j'espère ? demanda avec une lueur perverse dans le regard l'héroïne interdite aux moins de 18 ans. J'aimerais quand même que mon petit Hizashi tienne debout !
- Je parlais de ma fatigue.
- Ah, répondit-elle, visiblement déçue - même si elle prenait son silence pour une réponse positive. Tu marches juste plus lentement que d'habitude et avec le temps, j'ai appris que ça voulait dire la fatigue, chez toi.

Il continua de marcher sans répondre, impressionné par son sens de l'observation. Puis le silence se faisant pesant, il demanda :

- Et toi, t'aurais pas vu un nouveau mec hier, par hasard ? T'as pas l'air en pleine forme non plus...
- Ah m'en parle pas ! Il était tellement timide mon dieu, j'ai dû prendre tous les devants... Mais bon ça m'a pas déplu, mais j'étais quand même crevée à la fin parce que contrairement aux apparences...

Nemuri continua son récit le long du trajet. Les premiers temps, Shota la trouvait horriblement fatigante et ne la supportait pas. Mais au final, il avait appris à regarder un peu plus loin que son débit de parole et son côté tendancieux, et à apprécier réellement la personne qu'il avait découvert. Arrivés dans le couloir menant à leurs salles, ils croisèrent le héros à l'alter de voix. Lorsqu'il marcha vers eux, Nemuri s'écria :

- Oh mon dieu, qu'est ce que c'est que cette démarche de canard ?! Shota, je t'ai dit d'aller doucement avec lui !
- Vas y, crie encore plus fort, histoire que tout le lycée soit bien au courant.
- Non mais vraiment ! continua t-elle un peu plus bas. Si tu veux mon avis, tu...
- Je me passerais de tes conseils, Madame la perverse.
- Pardon ? Tu ne mesures pas ta chance ! Certains seraient prêts à payer très cher pour des conseils de la part de l'héroïne interdite aux moins de 18 ans...

La sonnerie annonçant le début des cours retentit, comme pour mettre fin à leur dispute puérile. Alors Nemuri leur souhaita bonne journée et continua sa route pour atteindre sa salle, qui était bien plus loin. En attendant, le brun demanda :

- Alors comment allez-vous, Present Mic ?
- Oh, très bien, si on omet le fait que je me suis endormi seul et triste hier soir, lâcha t-il d'un ton un peu amer.

Shota ne put s'empêcher d'être peiné ; cette situation leur pesait autant à tous les deux, bien que lui soit moins expressif. Mais ils savaient que c'était nécessaire, alors tout débat à ce sujet était parfaitement inutile. Le brun replaça les lunettes du blond sur son nez avec un sourire doux, et dit :

- Allez, sourit un peu ! Tes élèves vont s'inquiéter s'ils ne t'entendent pas gueuler dès le matin.
- Mais j'ai pas la force d'être motivé... En plus j'ai mal au cul.

L'homme aux cheveux longs abaissa sa tête près des oreilles de celui aux cheveux dressés et murmura :

- Si tu reprends ta joie habituelle, tu pourras venir dormir chez moi le week-end prochain.

Le visage du blond s'illumina aussitôt. Toute trace d'amertume avait quitté son visage. Il sourit joyeusement à son partenaire, puis lui tourna le dos pour entrer dans sa classe. Shota s'éloigna vers sa classe mais eut quand même le temps de l'entendre hurler en entrant dans la salle des secondes B :

- HELLOOOOOWWW EVERYBODYYY ! C'est l'heure de votre cours d'anglais tant attendu ! ARE YOU READYYYYY ?
- C'est pas possible d'être aussi bruyant, se murmura t-il, à la fois exaspéré et heureux.

~

Lorsque la sonnerie annonçant le repas du midi retentit, Shota Aizawa sursauta. Cela faisait bien vingt minutes qu'il dormait à poings fermés dans son inégalable sac de couchage jaune tandis que ses élèves finissaient leurs contrôles. Il ouvrit alors la fermeture éclair, non sans regrets, et se mit debout.

- Ok les mioches, temps écoulé. Faites passer vos feuilles devant et dégagez en vitesse.

Ses élèves griffonnaient encore quelques mots, espérant ainsi gagner un ou deux points supplémentaires, puis rassemblèrent leurs copies en un paquet que leur professeur principal fourra dans son sac. Ils commencèrent alors à se lever dans le raclement des chaises contre le sol et les discussions joyeuses ; au bout de quelques minutes, il n'y avait plus que Shota dans la salle.
Il s'apprêta alors à se rendormir, savourant ce calme rare, quand il entendit le grincement de la porte. Pensant à un élève qui aurait oublié une affaire comme cela arrive régulièrement, il grimaça, quand il découvrit une personne qu'il était bien plus heureux de voir.

- Que me vaut cette visite, Present Mic ?
- Simplement l'envie de vous voir, Eraser head, répondit-il sur le même ton en refermant la porte derrière lui.

L'interpellé esquissa un petit sourire. Il vit son petit ami saisir une chaise et s'installer en face de lui, de l'autre côté du bureau.

- J'ai tellement hâte d'être ce week-end, rêvassa Hizashi.
- Je te manque déjà tant que ça ?
- À chaque instant de ma vie.
- Arrête, le surplus de romantisme dans l'air va finir par m'étouffer.

Avec un sourire, le blond saisit son sandwich. On pouvait y voir des cornichons, des tomates, de la betterave et un peu de houmous en dépasser. Son partenaire afficha une mine dégoûtée en disant :

- Mais c'est quoi cette merde ?
- Un sandwich ?
- Mais qu'est ce que t'as mis dedans pour que ça ait l'air si répugnant ?
- Bah, c'est vrai que c'est pas spécialement bon... Tu veux savoir ce qui est meilleur ?
- Dis moi, demanda t-il, bien qu'il se doutait de la réponse.

Comme il l'avait imaginé, le héros vocal se pencha vers lui et déposa ses lèvres sur les siennes. Leur contact était chaud et agréable, il avait quelque chose d'apaisant. Shota s'abandonna complètement à ce baiser, si bien qu'il n'entendit même pas le grincement caractéristique de la porte de sa salle. Ce n'est que lorsqu'il se détacha de son petit ami qu'il aperçut une silhouette dans l'embrasure de la porte ; une silhouette qu'il eût peur d'avoir reconnue. Lorsqu'il tourna sa tête vers elle, sa vision d'horreur se confirma : des cheveux blond cendré, une posture caractéristique et des yeux rouges ouverts de surprise, c'était bien Katsuki Bakugo qui les dévisageait avec stupéfaction.
Ils restèrent bien quelques secondes tout trois figés, comme si le moindre mouvement les tuerait. Lorsque Hizashi entrouvrit ses lèvres pour dire quelque chose, le blond cendré reprit ses esprits et fuit en courant à l'extérieur de la salle.

- PUTAIN DE MERDE ! cria son professeur principal qui avait enfin réussi à bouger.

En douze ans de relation, seules deux personnes avaient été mises au courant : Nemuri Kayama et Toshinori Yagi, leurs plus proches amis. Même leurs propres familles n'étaient pas au courant. Pourtant, il avait fallu qu'aujourd'hui, la pire personne possible en soit informée contre leur gré : un de leurs élèves.

Les cheveux du brun se mirent à voler au dessus de sa tête, tandis que ses yeux se transpercèrent d'un éclair rougeoyant : il était passé en mode combat. Il s'élança à la poursuite de son élève qui se propulsait avec ses explosions pour gagner en rapidité, tentant de l'attraper avec son écharpe. Ils déambulaient à une vitesse impressionnante dans les couloirs, dans une course-poursuite des plus capitales. Alors qu'ils arrivaient aux casiers, Shota annula l'alter de son élève, ce qui le fit tomber immédiatement sur le carrelage froid puisqu'il s'était élancé à l'aide de ses mains. Il en profita pour l'attraper avec son écharpe et le plaqua contre un mur, l'empêchant de bouger.

- Qu'est ce que vous me voulez ? cracha son élève, cachant sa légère peur derrière de l'agressivité. Vous voulez me violer, moi aussi ?

Il est vrai que de l'extérieur, la situation pouvait paraître étrange : un professeur plaquant son élève ligoté contre un mur, à une distance indécente l'un de l'autre. C'est ce que devait penser l'héroïne à l'alter de parfum soporifique qui passait par là, car elle demanda sur un ton humoristique :

- Bah alors Shota, on fait dans la jeunesse, maintenant ?
- TA GUEULE, NEMURI ! hurla l'intéressé.

Il avait hurlé si fort qu'elle en avait sursauté. Sans demander plus d'explications, elle changea de direction et disparut. Katsuki avait dû également être surpris par la puissance vocale de son professeur, car il afficha une expression incrédule. Il se décida à dire lorsque son professeur reporta son attention sur lui :

- On dirait que Yamada-sensei a déteint sur vous à force de le baiser...
- Écoute moi bien, petit con, commença t-il d'un ton plus menaçant que jamais, le regard flamboyant. Tu vas oublier tout ce que tu as vu dans cette salle et surtout, ne jamais en parler à personne. La moindre gaffe, la moindre allusion, et tu es renvoyé dans la seconde. C'est bien clair ?

Katsuki ne l'aurait jamais avoué, mais à ce moment là, il était absolument terrifié. Faisant mine que ça ne l'atteignait pas, il fronça les sourcils et lâcha en détournant le regard un simple :

- Tch.

Les cheveux de son professeur retombèrent autour de son visage, mais il garda une lueur carmin dans le regard.

- Maintenant va récupérer ce que t'avais oublié en classe et retourne manger. Et plus vite que ça, finit-il d'un ton glaçant en relâchant l'étreinte de son écharpe.

L'apprenti héros massa ses bras légèrement rougis et partit, non sans jeter un regard noir au héros professionnel. Lorsqu'il fut de retour dans sa salle pour récupérer son téléphone, il fit face à son professeur d'anglais, complètement abattu. Dès qu'il vit son élève, il détourna complètement le regard, sentant ses joues s'embraser : il avait honte.
Alors seulement à cet instant, et pour le plus grand malheur des deux amoureux, il prit conscience du pouvoir qu'il avait désormais sur eux.

~

Le lendemain, c'était un Eraser head encore plus fatigué que la veille qui prenait le chemin du lycée depuis l'internat. Il avait passé la nuit à se tourner et se retourner dans son lit, se demandant s'il arriverait à regarder son élève dans les yeux. Bien sûr, ça aurait pu être pire ; si ça avait été par exemple Mina Ashido, une de ses élèves à la peau rose et à l'alter d'acide, il n'aurait fait aucun doute que l'information aurait fait le tour du pays en quelques minutes. Mais Katsuki n'était pas du genre à colporter des ragots : cela suffirait-il à le dissuader de n'en parler à personne ? Fort heureusement, il n'avait pas eu à le recroiser l'après-midi, car ils avaient passé le reste de la journée dans les cours de Midnight et d'Ectoplasm.
Il n'avait pas reparlé non plus à Hizashi depuis cet incident, et cela lui manquait étrangement. Cela ne faisait même pas vingt-quatre heures, mais cette absence lui avait permis de remarquer à quel point ses attentions qu'il trouvait parfois pesantes lui faisaient chaud au cœur.

Il était venu un peu plus tôt que d'habitude, espérant ne croiser personne. Mais c'était sans compter sur Toshinori Yagi et ses humeurs matinales, qui sifflotait en salle des profs.

- T'as l'air d'excellente humeur, Toshinori.
- Et toi, tu as l'air d'humeur massacrante ! Tu sors d'un enterrement ?
- Je dirais plutôt d'un cauchemar...
- Pardon ?
- Rien, laisse tomber.

Mais Toshinori Yagi, plus communément appelé All Might, n'était pas du genre à laisser tomber. Le propre d'un héros, c'est de se mêler des affaires des autres ; c'était presque sa devise. Alors il s'assit aux côtés de son ami et lui annonça :

- Tu sais bien que je suis plus têtu que toi, et je n'abandonnerai pas. Alors, qu'est ce qui se passe ?

Devant l'absence de réponse du brun, il se mit à énumérer :

- Tu as dû affronter des journalistes ? Ton sac de couchage est troué ? Tu es en panne de compotes ?
- Si seulement... soupira t-il. C'est tellement pire.
- Pire catastrophe qu'une panne de compotes ? Mais qu'est ce qui pourrait t'arriver de pire ?

Il se releva, et planta ses yeux fatigués dans ceux curieux de son ami.

- Un de mes élèves nous a vus ensemble, Hizashi et moi.
- MAIS C'EST CATASTROPHIQUE !
- T'as le don de rassurer les gens, toi.
- Non mais c'est sûrement pas si horrible que ça... Il a peut-être pas compris que...
- Toshinori, on s'embrassait.
- AH !

Le numéro 1 à la retraite ne trouvait plus rien à répondre. Puis soudain, une idée lui vint à l'esprit :

- Mais... Et si c'était l'occasion de tout révéler au grand jour ?

Shota savait qu'il n'aurait jamais dû en parler. Il n'aimait pas discuter de ses problèmes précisément parce qu'il n'en aimait pas les solutions.

- Toshinori, c'est non. Ça fait douze ans qu'on est ensemble, si on avait dû rendre ça public, on l'aurait fait avant.
- Mais...
- Non. Maintenant excuse moi, j'ai cours.

Il se leva sans adresser un seul regard au héros blond, et quitta la salle. Lorsqu'il entra dans celle de sa classe, sa mauvaise humeur ne l'avait pas quittée ; mais aucun de ses élèves ne le remarqua, puisqu'il affichait toujours cette même mine blasée et fatiguée. Il décida de commencer son cours comme d'habitude, évitant néanmoins soigneusement le regard d'un certain blond à l'alter d'explosion.
C'était une heure de vie de classe tout ce qu'il y avait de plus banal, jusqu'à ce que Denki Kaminari, un blond à l'alter d'électricité, demande :

- Sensei, c'est vrai que vous avez déjà renvoyé toute une classe ?
- C'est hors sujet, Kaminari, mais oui.
- C'est bizarre, sensei, vous avez pour réputation de renvoyer un élève par mois mais aucun de nous ne l'a été pour l'instant ! se réjouit Toru.
- Je peux te virer pour rétablir la balance si c'est ce que tu souhaites, Hagakure.
- Non, non, ça ira, merci !

C'est alors qu'un blond cendré prit la parole. Shota fut terrifié lorsqu'il vit son expression faciale : il n'était ni apeuré, ni neutre, il avait simplement les sourcils froncés et un sourire moqueur. À cette vision, le visage du professeur se durcit.

- Mais sensei, est ce qu'un prof peut renvoyer un élève pour raison personnelle ?

À part eux, personne ne la sentait. Mais il régnait dans la classe une telle tension qu'elle en serait presque solide. Le professeur répondit de son ton détaché habituel :

- Je ne vois pas pourquoi un professeur souhaiterais le renvoi d'un de ses élèves.
- Peut-être parce qu'il l'a énervé, ou parce que sa tête ne lui revient pas... Ou parce qu'il a découvert un de ses secrets...

Si un regard avait pu tuer, il n'aurait fait aucun doute que le cadavre de Katsuki giserait actuellement sur le sol. Son élève se moquait ouvertement de lui et ce, sans qu'il ne puisse l'en empêcher. Alors il prit sur lui, et dit :

- Non, il n'en aurait normalement pas le droit.
- Heureusement, répondit l'apprenti héros. Comme ça même si on a un différend avec un prof, il peut pas menacer de nous renvoyer.

Et ses allusions toujours moins subtiles continuèrent toute la matinée durant. Shota se promit de trouver au plus vite un moyen pour que cette situation ne cesse, ou il devrait bientôt se retrouver derrière les barreaux pour meurtre.

~

Lorsqu'enfin retentit la sonnerie de l'heure du midi, le professeur brun se sentit soulagé. Il saisit ses affaires et alla cueillir son petit ami dans sa dernière salle de classe. Il avait eu cours avec les terminales B à l'autre bout du lycée, alors il lui fallut plusieurs minutes pour y parvenir.

- Salut, Present Mic, sourit-il pour la première fois de la journée.

Mais sa joie soudaine disparut bien vite lorsqu'il vit son expression faciale.

- Hizashi ? demanda t-il en refermant la porte derrière lui. Ça va ?
- Super bien, et toi ? répondit-il d'un ton complètement abattu.

Le brun s'avança vers le blond, inquiet. Il lui demanda d'un ton doux :

- Qu'est-ce qui se passe ?
- Franchement, t'as vraiment besoin de poser la question ?

Shota soupira. Bien sûr, qu'il se doutait de ce qui le tourmentait. Il n'avait pas dormi de la nuit à cause de ça. Mais cela l'attristait bien plus de voir son petit ami dans le même état que lui même.

- Tu sais, j'y ai réfléchi, et je me dis que heureusement que c'est Katsuki. Il va juste être insupportable avec ses sous-entendus comme il l'a été toute la matinée, mais il va pas le raconter à tout le monde, je pense. Faut juste trouver un moyen pour qu'il arrête d'être chiant et ça passera...
- T'as raison, au final, c'est pas si terrible... Mais...

Hizashi planta ses yeux dans celui de son partenaire.

- Tu penses pas que ce serait le moment de tout rendre public ?
- Laisse moi deviner, lâcha t-il en fronçant les sourcils. C'est Toshinori qui t'a mis cette idée en tête ?
- Non, c'est Nemuri, dit-il en rougissant légèrement.
- Qui que ce soit, Hizashi, c'est non. On en a déjà parlé ! Même dans un pays super ouvert, c'est pas forcément une bonne idée de dévoiler son orientation sexuelle au grand jour. Alors au Japon, sérieusement ?

Le blond baissa la tête.

- C'est la raison pour laquelle je veux pas qu'on habite ensemble ou qu'on dorme l'un chez l'autre, continua t-il. Ça me pèse autant qu'à toi, mais je fais ça pour nous.
- Pourtant, tu m'as dit que je pourrais dormir chez toi, ce week-end ?
- Oui, parce que si tu pars de chez moi le dimanche matin, y'aura pas grand monde dans les rues, donc tran...

Hizashi se releva soudain, l'air énervé. Il lança d'un ton acerbe :

- Alors t'as vraiment tant honte de moi que ça ?
- Mais... Pas du tout ! Tu sais très bien que c'est pas le cas !

Mais le héros vocal ne l'écoutait pas. Il mit son sac sur son épaule et se dirigea vers la porte. Avant de l'ouvrir, il lâcha :

- Moi, j'ai pas honte d'être avec toi, Shota.  J'en ai rien à faire de l'avis des autres, et encore moins de perdre deux ou trois places au classement des héros à cause de ça. Tout ce qui m'intéresse, c'est d'être avec toi. Mais apparemment, on a pas les mêmes priorités.

Et il sortit de la salle en claquant la porte derrière lui, laissant le brun seul et complètement déboussolé. Il ne savait plus du tout où il en était, ni ce qui était juste et ce qui ne l'était pas. Mais qu'avait-il fait pour que tout aille de travers, depuis hier ?

~

Après la pause du midi qui avait été pour lui tout sauf une pause, le héros à l'alter d'effacement avait pris sa décision. Il allait tout d'abord trouver un moyen pour que son élève cesse d'être aussi insupportable et qu'il ne révèle rien à personne. Ensuite, il fera tout pour se réconcilier avec son petit ami en oubliant toute cette histoire. Ils s'étaient déjà brouillés à ce sujet dans le passé, mais il est vrai que personne n'avait jamais découvert leur relation, pas même leurs familles. Cela changeait-il vraiment tout ?
Ces questions tournaient en boucle dans sa tête tandis qu'il faisait cours, avec un Katsuki toujours très peu discret. Mais alors qu'ils parlaient de la vie de super-héros, ce dernier posa une question :

- Sensei, pensez-vous qu'un héros doive garder sa vie privée ?
- Eh bien, ça dépend ce qu'on entend par vie privée, j'imagine.
- Bah je sais pas, par exemple... Son orientation sexuelle ?

Cette question avait évidemment pour but d'énerver le professeur, mais elle eut un tout autre effet. Car au même moment, un élève au fond de la classe sursauta, et regarda Katsuki avec de grands yeux ronds, comme s'il venait de dire une énormité.
Shota se trompait peut-être, mais il venait de découvrir le moyen de garantir le silence de son élève et d'arrêter ses sous-entendus. C'est pourquoi il répondit avec un sourire défiant :

- Ça, ça dépend de chacun. Il n'y a pas une réponse universelle.

Katsuki avait perdu son sourire lorsqu'il vit que son professeur en avait acquis un. Cela l'avait tant perturbé qu'il stoppa net toutes ses allusions peu discrètes.
À la fin du cours, alors que tout le monde rangeait ses affaires, le héros à l'alter d'effacement demanda :

- Bakugo, viens me voir. J'ai à te parler.

L'intéressé se dirigea vers le bureau. Lorsqu'ils ne furent plus que deux dans la salle, son professeur dit simplement :

- Stoppe toutes tes allusions pas du tout subtiles. Ça en devient chiant.
- Sensei, répondit l'élève avec un sourire narquois, le truc, c'est que vous pouvez pas trop marchander. Je sais quelque chose sur vous qui vous tuerait si je rendais ça public, et vous, vous pouvez même pas me renvoyer. À la limite, j'aurais une heure de colle. Alors vous voyez, je...
- Et pour répondre à ta question de tout à l'heure, le coupa t-il d'un ton tout aussi détendu, c'est à toi de voir si tu veux révéler ton orientation sexuelle ou non. C'est un choix complètement personnel, assure toi simplement que personne ne le fasse à ta place.

Katsuki fronça les sourcils. Il ne comprenait pas ce que voulait dire son professeur ou du moins, il avait peur de comprendre.

- J'avais posé cette question par rapport à vous, précisa l'élève. Moi, je...
- ... Sors avec Ejiro ? le coupa t-il. Ouais, je sais.

Le blond cendré afficha une expression choquée.

- Comment...? Que...? Comment vous savez...? balbutia t-il.
- J'en étais pas sûr, donc merci de me l'avoir confirmé, sourit-il. Disons que ton mec n'est pas très discret quand tu parles d'orientation sexuelle.

Il n'arrivait même pas à répliquer quelque chose. Shota afficha un sourire victorieux, puis dit simplement en se levant :

- Maintenant c'est simple. T'en parles à personne pour moi, j'en parle à personne pour toi. Allez, bonne journée.

Et il sortit de la salle de classe, heureux pour la première fois de la journée. Il avait hâte de retrouver Hizashi, de tout lui expliquer et de se réconcilier avec lui.
Lorsqu'il arriva en salle des profs, il le trouva en compagnie de Nemuri. Il lui expliqua alors tout, un sourire aux lèvres, en finissant par dire que le problème Katsuki était définitivement résolu. À la fin de son récit, le blond se leva, le regarda dans les yeux, et dit :

- Super.

Puis il sortit de la salle sous le regard complètement perdu de son partenaire. Il balbutia alors à l'intention de son amie :

- Que... Qu'est ce qu'il y a ? J'ai dis quelque chose qui fallait pas ?
- C'est pas ça, soupira l'héroïne à l'alter de parfum soporifique. C'est juste que... Il pense que tu ne l'aimes pas. Pas assez pour assumer d'être avec lui, en tout cas.
- Mais... Mais ça n'a rien à voir ! s'écria t-il. C'est pas lui le problème... Loin de là...
- Moi je le sais... Mais lui non, apparemment. Et c'est la première fois que quoi que je lui dise, il ne perd pas son air abattu et déprimé. Il a même pas gueulé dans un seul de ses cours de la journée !

Shota s'affala sur une chaise qui se trouvait là. Il n'arrivait même pas à comprendre si c'était la situation ou son comportement qui était catastrophique mais dans tous les cas, il était dans la merde. Comment faire comprendre à son petit ami qu'il l'aime vraiment tout en voulant garder secrète leur relation ? Il s'était pourtant bien débrouillé, ces douze dernières années... Pourquoi maintenant, il n'y arrivait plus ?
Il se frappa le front. Il lui fallait trouver une solution, et vite.

~

Mais le lendemain, il ne trouvait rien. Son petit ami l'évitait, avait perdu sa joie de vivre et pensait qu'il ne l'aimait pas. Jeudi, le surlendemain, il n'y avait toujours aucune évolution, mais une drôle de surprise l'attendait tandis qu'il se dirigeait vers sa classe. Toute la seconde A était massée autour de la porte et hurlait dans une magnifique cacophonie, si bien qu'il n'arrivait pas à discerner ne serait-ce qu'une seule phrase.

- Qu'est ce qui se passe, ici ? demanda Shota à l'ensemble des élèves.

Ils se turent à l'entente de leur professeur, mais quelques chuchotements subsistaient encore. Il vit qu'ils avaient tous des mines réjouies - surtout les filles, qui avaient l'air aux anges - et Toru répondit :

- Rien, sensei ! On vient juste d'apprendre une super nouvelle...
- Ejiro et Katsuki sont en couple ! s'écria Mina d'une voix surexcitée.

Le brun croisa le regard du blond cendré. Personne ne pouvait savoir, personne ne pouvait comprendre. Mais en un regard, ils s'étaient dit tellement de choses. Shota se sentit parfaitement idiot, mais essaya de ne rien laisser paraître. Alors il répondit simplement :

- Super, les mioches. Maintenant vous pouvez entrer en classe ?

Personne ne s'offusqua de la remarque du professeur, étant habitués à son cynisme. Mais lorsque Katsuki passa devant lui pour entrer, il souffla :

- Faire du chantage à un élève, c'est vraiment ridicule. Et puis, j'aurais honte que mes élèves soient plus courageux que moi, si j'étais vous.

Cette fois, c'était lui qui affichait un sourire victorieux.

~

À la fin de la journée, Shota avait pris sa décision. Il courut à l'autre bout du bâtiment, à la dernière salle où Midnight avait eu cours, et ouvrit la porte à la volée.

- Nemuri ! s'exclama t-il.

L'intéressée tourna la tête vers son interlocuteur, surprise par cette altercation.

- Qu'est ce qui se passe, Shota ?
- Nemuri, répéta t-il. L'interview de Hizashi, demain, c'est bien sur le même plateau que celui où t'étais allée, le mois dernier ?
- Euh, il me semble... Pourquoi ?
- T'as toujours le numéro de la prod ?
- Je pense, oui... Mais tu vas te décider à me dire quelle idée tu as derrière la tête ?

Shota sourit sous ses longs cheveux noirs qui lui couvraient le visage.

- Ok, laisse moi t'expliquer. Mais j'espère que t'es libre, là, parce que j'ai besoin que tu m'aides pour un truc...

Le lendemain, il fit cours comme d'habitude à la classe de seconde A, toujours aussi fatigué que le reste de la semaine. Lorsque la sonnerie annonçant la fin de la matinée retentit, il annonça :

- Bon, les mioches, on se revoit la semaine prochaine. Je serai absent cet après-midi.

Tous les élèves se regardèrent, étonnés : leur professeur principal n'était jamais absent.

- Si ce n'est pas indiscret, pourquoi serez vous absent, Aizawa-sensei ? demanda solennellement Tenya Iida.
- Impératif personnel, répondit-il simplement.
- C'est cool, on a pas cours de l'après-midi ! s'exclama Ochaco Uraraka. Yamada-sensei non plus n'est pas là !
- Yamada-sensei est absent ? s'étonna Tenya. Pourquoi ?
- Il a une interview ! sourit-elle.

La classe rangea ses affaires joyeusement, ravie d'avoir fini plus tôt leur semaine. Seul Katsuki fronça les sourcils à cette étrange coïncidence qu'était l'absence de ses deux professeurs le même jour. Mais c'en était forcément une, puisqu'il avait vérifié ; Present Mic avait vraiment une interview cet après-midi.

De son côté, Shota sortait de Yuei pour se diriger en ville. Dans son costume sombre de héros, sous son apparence neutre et fatiguée, son coeur battait la chamade. Même lorsqu'il combattait des vilains, il était rarement aussi angoissé qu'à cet instant.

- Mesdames et messieurs, bienvenue sur votre programme Spécial Héros ! Aujourd'hui, nous recevons le fameux héros vocal, l'inégalable Present Mic !
- AAAALRIGHT ! HELLOOOOO GUYYYYS ! J'espère que vous êtes ready pour le show, YEAHYEAHYEAHYEAH !

Enfin, il arriva devant un immense immeuble moderne. Il sentit la pression peser sur ses épaules. Mais décidé à accomplir sa mission, sûrement une des plus difficiles de sa vie, il entra et se dirigea vers l'accueil.

- Alors Present Mic, parlez nous un peu de vous ! Qu'est ce qui vous a poussé à devenir héros ?
- ALRIGHT ! J'ai toujours eu le show dans la peau, voyez vous, alors je me suis dit que...

- Bonjour, commença la réceptionniste sans lever la tête vers le nouvel arrivant. Comment puis je vous aider ?
- Bonjour, répondit-il, tentant de ne pas laisser transparaître son stress dans sa voix. Je suis Shota Aizawa, Eraser head si vous préférez, je vous ai appelé hier...
- E... Eraser head ! s'écria t-elle d'une voix aiguë, dévisageant son interlocuteur avec le plus grand intérêt du monde. Oh mon dieu, je suis TELLEMENT FAN ! Je peux avoir un autographe ?
- Si ça vous fait plaisir, soupira t-il, mais je suis un peu pressé, là.
- Oh, oui, oui, pardon ! Je vous conduis à l'étage immédiatement ! puis elle marmonna : Oh mon dieu, je suis face à Eraser head !

- Et qu'est ce qui vous a poussé à être professeur à Yuei, l'académie des héros ?
- That's a good question ! Je pense qu'il est nécessaire pour un héros de savoir parler anglais, et que pour apprendre une langue il faut des cours qui soient ANIMÉS ! Qu'on ai l'impression d'être à un show, vous voyez ?

Shota montait l'ascenseur avec la réceptionniste excitée comme une puce. Arrivés au douzième étage, ils sortirent et s'avancèrent jusqu'à un panneau qui indiquait "TOURNAGE EN COURS : NE PAS ENTRER". Il promit à sa fan de lui signer un autographe quand il serait de retour, puis entra.

- Au fait, d'où vous vient votre passion pour l'anglais ?
- BECAUSE ENGLISH IS THE BEST LANGUAGE ! Et les États-Unis ont un sens du show qui nous surpasse ! J'habiterais à Las Vegas si je n'étais pas autant attaché à ma pat...

Brusquement, le projecteur qui affichait des informations sur le héros vocal s'éteignit, et toutes les lumières d'ambiance reprirent leur teinte habituelle. Le plateau était maintenant complètement blanc et vide. Après être resté sans voix quelques secondes, le présentateur reprit :

- Euh, ne vous inquiétez pas, chers téléspectateurs, nous allons régler ce problème technique d'ici quelques ins...
- Ce n'est pas un problème technique.

Les deux hommes sur le plateau tournèrent la tête vers celui qui avait fait son apparition.

- Shota ?
- ERASER HEAD ?

Il était extrêmement rare de voir le fameux héros à l'alter d'effacement se montrer en public, ayant une haine non dissimulée envers les journalistes et tous les lieux où l'on pourrait l'accoster en général. Alors, la réaction du présentateur était complètement compréhensible, et tous les téléspectateurs devaient avoir eu la même.

- Désolé d'interrompre ce programme, s'excusa t-il sur le ton le moins désolé du monde. Vous inquiétez pas, il sera ravi de reprendre cette interview là où elle s'est arrêtée, parler de lui c'est pas ce qui le dérange.
- Hé ! se défendit le blond.
- Enfin bref, pour le moment, elle s'arrête là, parce que j'ai quelque chose à lui demander, reprit-il en désignant le héros interviewé du menton, les mains toujours dans les poches. J'aurais pu lui demander à Yuei, mais je l'ai pas trouvé, alors je suis venu ici.

Personne, que ce soit l'interviewer, l'interviewé ou les caméramans ne comprirent ce qu'il se passait. Il venait d'interrompre un des programmes en direct les plus suivis du pays pour demander quelque chose à son collègue ?
Shota fit signe au présentateur de s'éloigner, ce qui le choqua complètement. Venait-il vraiment de se faire virer de son propre plateau devant des milliers de spectateurs ? Jamais il n'aurait imaginé une chose pareille. Mais trop abasourdi pour répliquer, il se recula derrière les deux héros. Debout, face à face au centre de l'objectif, le brun planta ses yeux dans ceux du blond :

- Et puis, j'aurais pu te le demander par SMS, mais je me suis rappelé que tu avais le sens du spectacle.

Il sourit ; face à son petit ami qui affichait un adorable visage déboussolé, il était un peu plus confiant. Alors il commença :

- Il y a quinze ans, alors que j'avais exactement cet âge, j'ai rencontré en rentrant à Yuei un garçon absolument insupportable. Bruyant, surexcité, je m'étais dit que s'il continuait à me parler, j'allais finir par l'enterrer vivant. Pourtant, il a persévéré jusqu'à prendre un peu trop de place dans ma vie. Aujourd'hui ça fait qunize ans que je le connais, dont douze d'un peu trop près. C'est toujours un insupportable brailleur, mais il est aussi attachant, intelligent, drôle et inavouablement adorable. Et comme je suis sur ma lancée d'amour et de niaiseries, je dirais que c'est la personne que j'aime le plus au monde.

Il plongea sa main dans sa poche et referma ses doigts sur un petit objet.

- Je sais qu'ici c'est pas possible, mais si t'accepte, on le fera à Las Vegas. Et je te jure que ce sera un véritable show.

Shota prit une grande inspiration, comme pour se persuader de le faire, puis il posa un genou à terre. Il sortit alors un écrin de sa poche et, le dirigeant vers l'homme face à lui, il lui demanda :

- Hizashi, veux tu m'épouser ?

Tout le monde ouvrit de grands yeux ronds. Que ce soit le présentateur derrière, les caméramans, les ingénieurs du son, les téléspectateurs ou même le moineau qui passait à la fenêtre de l'immeuble, tout le monde ouvrit de grands yeux ronds. Mais plus que tous ces gens réunis, le dénommé Hizashi Yamada ouvrit de grands yeux ronds. Il était dans un tel état de choc que son cerveau avait cessé de fonctionner.
Il cligna des yeux, et reprit ses esprits. Lorsqu'il entrouvrit sa bouche pour donner sa réponse, c'était le pays tout entier qui retenait son souffle. Alors une réponse s'échappa de ses lèvres :

- YES, OF COURSE !

Toute l'équipe sur le plateau applaudit, tout comme les gens qui suivaient l'émission probablement. Alors Shota se releva de cette position qu'il jugeait assez humiliante, et sourit aussi bêtement et amoureusement que son désormais fiancé. Puis dans un élan d'amour, le blond saisit la nuque du brun et l'embrassa passionnément devant les caméras. Il leur semblait à cet instant qu'il ne s'étaient pas vus depuis une éternité et qu'ils avaient tellement de choses à rattraper, ce qu'ils tentaient de faire en prolongeant leur baiser jusqu'à manquer d'air.
Et à quelques kilomètres de là, deux jeunes garçons suivaient l'émission en direct, main dans la main.

- Impératif personnel, hein, pensa Katsuki avec un sourire qu'il ne put réprimer.

~

Lundi matin, Shota retournait au lycée de son pas traînant, aussi fatigué qu'à son habitude. Son déménagement chez Hizashi et les fans qui le ralentissaient y étaient sûrement pour quelque chose. Quand il entra dans sa salle, il sentit le poids des regards de ses élèves sur lui, mais tenta de ne pas y faire attention ; ce qui était bien plus facile avant que son fiancé blond ne fasse irruption dans la salle.

- T'avais oublié ça, dit-il simplement au héros à l'alter d'effacement en lui tendant un paquet de copies.

Puis, remarquant l'insistance des élèves, Hizashi sourit et embrassa soudainement son conjoint, qui lui lança un regard noir une fois qu'il l'eût lâché.
Le héros blond s'échappa de la pièce avant de subir les crises de fangirls de la quasi totalité des élèves dans une synchronisation parfaite. Alors Shota se glissa dans son sac de couchage, leur lançant un regard peu amène et maudissant son fiancé d'avoir servi à sa classe un si beau spectacle. Il leur lâcha simplement :

- Oh fermez la, les mioches.

Mais lui non plus ne pouvait s'empêcher de sourire.

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