Ce one shot Erasermic est écrit par Nincm1

Shota Aizawa pénétra dans sa chambre, en poussant un long soupir. Au loin, il entendait le chahut des élèves qui regagnaient leurs dortoirs. En tant que professeur principal de la seconde A du lycée UA, il logeait dans le même bâtiment qu'eux, depuis la mise en place d'un internat. Ainsi, il pouvait les surveiller et les protéger constamment. Bien qu'il avait confiance en la capacité de ses élèves, il semblait tout de même qu'ils soient tous des aimants à problèmes. En effet, jamais l'école n'avait subit autant d'attaques que depuis l'entrée de ses étudiants, si bien que le professeur ne pouvait s'empêcher de penser qu'ils étaient peut-être maudits.

Shota bailla, s'étira, puis s'affalant dans son lit, il poussa un soupir de contentement. Il était lessivé. S'occuper de vingt enfants était épuisant, d'autant plus lorsqu'il fallait passer aux travaux pratiques. Aujourd'hui, sa classe s'était entrainée à l'évacuation de victimes dans des zones accidentées, au SCA. Tous s'en étaient plutôt bien sortis, pour le plus grand contentement de leur professeur. Même si il ne le montrait pas, Shota était plutôt fier de ses élèves. Ils savaient comment réagir face au danger, et étaient tous doués et courageux. " Oui, ils ont de l'avenir ces mioches, pensa-t-il".

Alors qu'il fermait les yeux, tombant doucement dans le sommeil, il entendit vaguement la porte de sa chambre s'ouvrir. Ses réflexes de héros reprenant le dessus, il se redressa prestement et, activant son alter, il fixa sombrement l'intrus. 

-" Hey, calm down ! It's me darling ! "

Shota se détendit. Ce n'était qu'Hizashi Yamada, plus connu sous le nom de Present Mic. Puis, réalisant où ils se trouvaient, il adopta son regard noir des mauvais jours. Bien qu'il n'était jamais très agréable, sa fatigue, couplée à l'énervement que suscitait cette irruption dans son espace personnel, ne le mettait pas de très bonne humeur. Se levant de son lit, il se planta face à son comparse. 

-" À force de hurler, t'as dû te crever un tympan, le gueulard. Je t'ai déjà dit que si tu voulais qu'on se voit, c'était pas ici. On est pas seuls, je te signale. Y'a une ribambelle de gamins à l'étage supérieur. Tu me feras le plaisir de repasser plus tard et de..." 

Hizashi venait de fermer la porte à clef, et alors qu'il s'avançait vers lui d'un pas aguicheur, il lança d'un ton scabreux :

-" T'inquiète pas, je suis sûr qu'ils nous entendront pas ..." 

Alors, se plantant devant lui, il poussa doucement Shota sur son lit tout en enlevant son t-shirt. Retirant son propre haut, le brun lança :

-" Vu comment tu gueules, c'est mal parti..."

Puis les deux hommes commencèrent à s'embrasser langoureusement. 

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-" Hey, ça te dirait qu'on sorte, un de ces quatre ? " 

Allongé dans son lit, un bras sous la nuque, Shota observait son amant se rhabiller. Cela faisait des années qu'ils entretenaient une relation. Rien de bien romantique cependant, les deux hommes se contentant de se soulager sexuellement. Mais ces derniers temps, Present Mic devenait de plus en plus insistant. Il voulait le voir plus souvent, lui demandait de sortir, au grand damn de Eraserhead. Face à la question du blond, il soupira. 

-" Tu sais pourtant que je suis déjà pris..."

-" Alright. Et qui est l'heureux élu ? "

- Mon sac de couchage. Mon compagnon de toujours, la prunelle de mes yeux..."

- Ça va, Ça va, j'ai compris ! NICE ONE !" 

Hizashi éclata alors d'un rire tonitruant, à la grande déception du brun. Il avait espéré le refroidir dans ses tentatives. Il aurait pourtant dû se douter que Present Mic n'était pas du genre à se laisser abattre. Retrouvant son sérieux, le héros vocal enchaîna : 

-" Plus sérieusement, pourquoi tu ne veux pas ? Ça fait des années qu'on se contente d'être des Sex Friends. Qu'est-ce que tu as à perdre à tenter d'aller plus loin ? Puis, une sortie n'engage à rien. So, don't worry, and be happy !"

Shota soupira une fois de plus. Le blond ne semblait pas concevoir qu'il n'y avait aucune raison en particulier à ses refus. Eraserhead aimait simplement sa tranquillité et sa solitude , et n'avait pas envie de s'encombrer de ces histoires d'amour à deux balles. Il s'imagina l'espace de quelques instants en couple avec l'homme face à lui. Et alors, rien que de s'imaginer appelé Hizashi " My Baby Mic" ou " Mon chou à la crème " lui fila la gerbe. Non, ces histoires à la guimauve n'étaient définitivement pas pour lui. 

-" Je t'ai déjà dit que j'avais pas envie. J'aime être seul. Si tu as désespérément besoin de plus, tu n'as qu'à aller voir ailleurs..."

L'espace de quelques instants, Shota regretta ses paroles. Il avait peut-être été trop violent. Refuser d'être en couple ne lui donnait pas le droit de se comporter comme un enfoiré. Son amant ne changea toutefois pas d'expression. Si il fut blessé par ses paroles, il n'en montra rien. Au contraire, il se para d'un grand sourire. 

-" Très bien, dit-il, j'arrêterai de te demander ça... mais à une condition !"

" C'était trop beau pour être vrai, pensa le brun." Il aurait dû se douter qu'il ne s'arrêterait pas là. Voulant en finir au plus vite, il demanda :

-" Laquelle ? "

Pensent Mic pris une grande inspiration, ménageant son effet et installant un suspens tout à fait inutile : Shota le regardait calmement, à moitié endormi, et affalé dans son lit tel une larve à moitié crevée sous le soleil. 

" - Mais c'est évident mon cher ! Accorde moi une sortie !"

Eraserhead le fixa, blasé. Il hésitait entre se frapper la tête contre le mur de désespoir, ou frapper celle du blond d'énervement. Present Mic était selon lui la pire tête de mule que la terre ait jamais porté. 

- " Et en quel honneur, le glandu ?"

- " My Birthday, of course ! Comme je sais que tu y penses toujouuuuurs chaque année. Il le fixa alors avec de gros yeux en se raclant la gorge. Je me suis dit que cette fois, tu pourrais m'accorder cela. "

Eraserhead pesa le pour et le contre. Il n'avait définitivement pas envie d'aller à ce pseudo " rendez-vous "( rien que le mot le rebutait ). Mais si cela pouvait lui permettre d'être tranquille par la suite, alors peut-être cela en valait-il la peine. Finalement, il finit par hocher la tête, pour le plus grand bonheur du blond. 

- " ÇA VA ETRE FOR-MI-DA-BLE. Tiens toi prêt, parce qu'une journée de folie nous attend, YEAHYEAHYEAHYEAH ! " 

Et alors qu'il s'apprêtait à partir, il rebroussa chemin, embrassa Shota sur la bouche, puis se penchant à son oreille, il cria plus qu'il ne susurra : 

-" Et puis, qui sait, tu pourrais peut-être y prendre goût ..."

Lorsque Present Mic eut quitté la chambre, le brun soupira pour ce qui lui semblait être la centième fois de la soirée. 

-" Mais dans quoi je me suis embarqué..."

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Le grand moment était finalement arrivé. Aujourd'hui on était le sept juillet, et c'était l'anniversaire du héros Present Mic. En cet événement tant attendu, tout laissait présager une merveilleuse journée. La nature semblait même participer à l'embellissement de ce moment. En effet, le soleil brillait et les oiseaux chantaient, comme pour rendre merveilleux l'heureux événement qui s'annonçait. Car aujourd'hui, c'était peut-être le début d'une nouvelle histoire qui s'écrivait. 

Mais pour Shota Aizawa, c'était surtout une sacrée journée de merde qui commençait. 

Marchant d'un pas pressé vers le lieu du rendez-vous, il ne pouvait s'empêcher de râler après le sort qui semblait s'acharner contre lui. Il ne voyait définitivement pas comment cette journée pouvait bien se terminer, après avoir si mal commencé. 

Tout d'abord, Shota s'était réveillé en retard. Cela n'était pas particulièrement un problème, mais dieu savait comme Present Mic pouvait être intransigeant parfois. Prenant son courage à deux mains, il avait rassemblé une force surhumaine pour s'extraire de son lit. Et ensuite, alors qu'il s'avançait vers sa salle de bain pour prendre sa douche, son cœur avait littéralement implosé dans sa poitrine.

Là, posé contre le mur, son sac de couchage jaune canari se voyait maintenant affublé d'un gigantesque trou de trois centimètres en son milieu. Shota en aurait presque pleuré. Il avait voulu le soigner immédiatement mais, en tournant son regard vers l'horloge, il avait constaté qu'il était déjà en retard de dix minutes. C'était le cœur lourd qu'il avait dû abandonner son compagnon, en promettant de revenir vite le sauver des griffes de l'usure. 

Après avoir fini de se préparer, il avait quitté discrètement l'internat, pour éviter d'être vu par ses élèves. Bien qu'il n'avait aucune justification à leur fournir, il s'était senti étrangement gêné à l'idée que l'un d'eux découvre sa destination. Il était finalement parvenu à s'échapper du bâtiment sans être repéré, et pensait enfin être débarrassé de toutes péripéties. Mais ça, c'était sans compter sur le mauvais sort qui le suivait de près. 

Enfin, alors qu'il se dirigeait vers la sortie du campus, il avait repèré deux élèves de sa classe aux abords du parc. Sans plus réfléchir, il avait plongé la tête la première dans le buisson le plus proche. Katsuki Bakugo et Ejiro Kirishima marchaient d'un pas tranquille, main dans la main en se lançant des regards énamourés. " Mais qu'est ce qu'ils foutent, ces deux andouilles ?" Et alors, réalisant ce qui se déroulait sous ses yeux, il avait froncé les sourcils. Alors comme ça, les deux loupiots sortaient ensemble ? Il avait dès lors essayé de s'imaginer son étudiant Katsuki embrasser son ami Kirishima en l'appelant " mon petit dur à cuire " et s'était esclaffé intérieurement. Selon lui, l'amour faisait vraiment faire nimporte quoi. 

Alors qu'il essayait de faire le parallèle entre ce qu'il voyait et sa propre situation avec Hizashi, il s'était soudain rappelé où il était censé se trouver en cet instant : et ce n'était certainement pas ratatiné dans un buisson, à épier deux gosses de 16 ans. Il avait dès lors prié fortement que ses élèves se depêcheraient, pour lui permettre d'enfin partir, mais les deux étudiants n'avaient pas semblé décider à bouger. En regardant sa montre, il avait constaté qu'il avait maintenant une trentaine de minutes de retard. Prenant sa décision, il s'était extrait du buisson et avait continué sa route, en espérant que les deux garçons penseraient qu'il venait des dortoirs. Il était passé devant eux, l'air de rien, mais avait rapidement entendu une voix s'élever dans son dos :

-" Aizawa-sensei, vous allez bien ? Vous êtes couvert de terre..."

En baissant les yeux, il avait constaté qu'effectivement, ses vêtements étaient constellés de boue. Il s'était alors rappelé qu'il avait plut la veille, et s'était fustigé pour sa réaction d'abruti. " Se cacher dans un buisson ? Sérieusement ? Étais-je définitivement devenu une larve ?". Les deux étudiants avaient continué de le fixer avec étonnement, enfin surtout Ejiro, Katsuki s'étant contenté de l'observer avec indifférence. Cherchant à se justifier, il avait balancé la première excuse qui lui était venue :

-" Je cherchais Bertha, ma grenouille Hyla Meridionalis. Je l'avais sauvée d'une noyade il y a longtemps, elle était magnifique... Bon les enfants ne traînez pas trop dehors, on ne sait jamais ce qui peut arriver..."

C'était sur ces belles paroles qu'il avait quitté le campus, sous le regard éberlué de ses deux élèves. 

Depuis, il marchait d'un pas pressé pour rejoindre Present Mic à l'endroit convenu. Cet enchaînement de mauvaises expériences ne l'avait pas rendu des plus agréables, si bien que ses pas frappaient les rues pavées d'une démarche agressive. Il finit par déboucher sur une place, en plein cœur de Tokyo et la scruta d'un œil méchant, à la recherche du héros vocal. Il ne mit pas longtemps à le repérer, avec sa grande crête dépassant la foule de plusieurs dizaine de centimètres, Present Mic était des plus reconnaissables. Shota s'avança et le saisit par l'épaule. Le blond se retourna prestement et un grand sourire fendit son visage. 

-" Enfin ! J'ai fini par croire que tu m'avais posé un lapin ! Il s'arrêta soudain et scruta sa tenue. Sérieusement ? Tu as mis ton costume ? T'aurais pu faire un effort pour être plus cool, pour être plus "OUH YEAH", tu vois ? Regarde, moi, j'ai bien mis un costume !" 

En y regardant de plus près, le brun constata qu'effectivement, il avait troqué son look rock contre un costume bon marché. Shota lui lança alors un regard blasé, et estima qu'il n'avait pas à se justifier. Déjà qu'il n'avait pas envie de venir, il n'allait pas en plus fournir un effort supplémentaire. De plus, il n'avait certainement pas envie de porter une cravate. Son ami semblait fier de sa tenue, mais aux yeux de Shota, il était plus proche d'un pingouin engoncé dans un costume que d'un gentleman. Faisant fi de son silence, Hizashi reprit :

-" Bon, j'espère que tu es ready ! Il eut un sourire carnassier. Parce que ça va chauffer ...

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Jamais Present Mic n'avait dit de paroles aussi sensées. Pour avoir chauffé, ça avait bien chauffé. Enfin, c'était surtout les oreilles de Eraserhead qui prenaient feu. Le Trash Metal qui s'échappait des enceintes était lentement entrain de lui percer les tympans. 

Le héros vocal avait eu la merveilleuse idée de l'amener dans un bar soit disant "branché". Enfin, selon Shota, il n'avait de branché que les enceintes. Le but de ce lieu était sûrement de balancer de la musique dans les oreilles des clients jusqu'à les rendre sourds. Devant son verre de saké, et son sandwich triangle généreusement apporté par une serveuse, il observait distraitement Hizashi qui s'ambiançait comme un forcené, en remuant la tête tel un joueur de guitare pris d'une crise d'épilepsie. 

Plus il le regardait, plus le brun se disait qu'ils n'avaient définitivement rien en commun. Un caractère opposé, des centres d'intérêts différents, en bref, rien qui semblait les rapprocher sur le plan émotionnel. Shota se demanda pour la centième fois ce qu'il faisait ici, avant de s'en souvenir une fois de plus : pour avoir la paix. La relation qu'il entretenait avec le blond lui convenait parfaitement, et ce depuis des années. Il n'avait aucune envie qu'elle change. Et Present Mic n'y était pour rien. Shota était juste ainsi : la solitude lui était plus agréable que la meilleure des compagnies. 

Ayant certainement remarqué que son collègue s'ennuyait ferme, Hizashi attrapa Eraserhead par la main et le tira à l'extérieur du bâtiment. La musique du bar continuait à résonner dans ses oreilles, si bien que le brun eu du mal à comprendre ce que lui disait son amant.

-" Alors ? Ça t'a plus ? It was so funny, i know !"

- " Si ton but était de me rendre plus sourd qu'un vieux de 80 ans pour mieux supporter tes cris, alors c'est plutôt réussi."

Le héros vocal laissa place à une moue de déception durant quelques secondes, mais la remplaça vite par une expression enjouée, du moins en apparence. Le cœur du brun se serra quelque peu. Il ne faisait aucun effort, et accusait son ami qui faisait son possible pour lui plaire. Ce n'était pas digne d'un professeur, et ce n'était pas digne d'un héros. Plutôt que subir cette journée, il songea qu'il valait peut-être mieux la rendre la plus agréable possible. Alors, tandis que Present Mic regardait de tout côté, en leur cherchant une activité, il lança :

-" Un cinéma, ça te tente ?"

Prensent Mic se retourna brusquement vers lui, un vrai sourire aux lèvres. 

-" Oooooooooooh.....Monsieur prendrait-il goût à la vie ?" 

-" Dis pas n'importe quoi et avance. On perd du temps. "

Les deux hommes se dirigèrent donc dans le cinéma le plus proche, à l'intérieur d'une rue marchande où l'on pouvait trouver des épiceries et des boutiques de vêtements. Pénétrant dans le bâtiment, ils choisirent de regarder un film de héros, sous l'insistance de Present Mic, et munis de pop-corn et de boissons, ils s'installèrent dans la salle. Shota se sentait aussi à l'aise dans son siège qu'une otarie sur une boule de bowling, mais essaya de passer outre. " Se détendre, c'est la clef, pensa-t-il ". Mais lorsque Hizashi essaya de lui attraper la main, il bondit sur ses pieds, comme monté sur ressorts. 

Il se rasseyait, sous les regards interrogatifs de l'assistance, lorsque le film commença. Il se sentait ridicule. Depuis quand le héros Eraserhead fuyait-il le danger ? Pour se rattraper, il attrapa la main de son collègue et, alors que l'écran affichait le titre du film " Two Heroes", il ne ressentit...rien. Pas même un frisson. En même temps, il n'était plus un adolescent, ce n'était pas le contact d'une main qui allait lui déclencher une sensation. " À part si elle est dans mon froc, songea-t-il". Mais il se voyait mal exposer son idée en plein milieu de la salle, alors que des enfants de 16 ans apparaissaient à l'écran. 

À la moitié du film, alors qu'il s'ennuyait ferme et qu'il n'avait plus de popcorn pour l'occuper, Present Mic ayant fini l'entièreté du pot à lui tout seul, un bruit sourd retentit dans la salle. Les gens se redressèrent, aux aguets. Tous se demandaient d'où pouvait bien provenir ce bruit lorsqu'une secousse se fit ressentir, renvoyant tous les spectateurs dans leurs sièges. Bientôt, d'autres survinrent, bien plus violentes, si bien que personne ne pouvait se déplacer et fuir la salle. Le mur du fond tremblait et le crépis du plafond tombaient en miettes. Soudain, un homme traversa la salle des fêtes du film et s'effondra sur les premiers rangs de spectateurs. Face à lui, dans le trou laissé dans l'écran, c'était le chaos. On pouvait apercevoir la rue où les passants courraient en tout sens. Dans ce vacarme de hurlements stridents, une ombre se tenait debout, dans l'ouverture.

Elle tenait un gros sac sur son épaule, et sembla lancer un sourire carnassier à l'homme effondré au devant de la salle. Elle le salua de manière hypocrite, puis s'apprêta à partir. Shota réagit alors au quart de tour. Il se leva d'un bond de son siège et activa son alter. L'homme dans l'ouverture sembla perdre son sourire, et paniqué, s'enfuit en courant. Eraserhead monta sur son siège et s'apprêta à partir à sa poursuite, mais sentit soudainement quelque chose le retenir par la manche. Present Mic le regardait, le visage grave.

- " Il faut que t'essayes de l'acculer, comme ça je l'assomme."

En une fraction de secondes, les deux hommes s'étaient compris. Après tout, ils restaient d'abord des héros. Ils sortirent alors de leurs rangées de sièges et s'élancèrent vers la rue. En passant devant la victime du vilain, Shota ralentit, pour s'assurer de l'état de l'homme. Il constata alors qu'il était à moitié assommé sur les sièges, un doigt pointé vers la rue, en hurlant à tue-tête :

-" Poursuivez-le, il a volé mes poireaux ! Mes pauvres poireaux!" 

Ne se posant pas plus de questions, le brun se jeta dans le trou et pénétra dans le chaos. Il découvrit alors le carnage : la boutique face au cinéma était détruite. Les vitres explosées, les légumes écrasés, il ne restait plus rien de la petite épicerie de quartier. Il se fit brusquement bousculer par un vieux portant son pékinois dans les bras. L'attrapant par le bras, il lui demanda :

-" Est-ce que vous savez par où s'est enfuit le vilain ?!" 

- "Par là-bas, hurla le vieux pour couvrir le vacarme de la foule."

Tout le monde remontait la rue en sens inverse, fuyant le danger. C'est alors que Shota remarqua des cratères sur le sol, tout le long de la rue. En se retournant, il constata qu'il n'y en avait pas de l'autre côté. C'était donc l'alter de l'homme qui les avaient créés. Eraserhead songea que le voleur de poireaux n'était pas vraiment une lumière. En faisant ça, il lui indiquait clairement sa position. " Il aurait mieux fait de s'enfuir à pied, pensa alors Shota. Avec le contre jour dans le cinéma, je n'ai pas pu voir son visage." Ne réfléchissant pas plus, Shota s'empara de ses rubans autour de son cou, les accrocha au lampadaire le plus proche et, en se propulsant, il s'élança dans les airs. Il atterrit avec souplesse sur la toiture du cinéma et se lança à la poursuite du criminel aux légumes.  Courant de toits en toits, il se concentrait pour suivre les cratères de la rue. D'en haut, il avait une plus grande visibilité. Il arriva alors à une intersection et constata que les cratères s'éloignaient par la gauche. Il sauta par dessus la rue grâce à ses rubans, et poursuivit sa route. 

Derrière lui, il pouvait entendre Present Mic qui le suivait depuis la rue, en crachant des injures contre son costume trois pièces qui lui donnait une démarche de canard et l'empêchait de courir convenablement. Alors soudain, Shota le vit. Un homme dépassait pendant quelques secondes de la foule en panique, pour atterrir à chaque fois une dizaine de mètres plus loin. Eraserhead se fit la réflexion qu'on aurait dit que le vilain était monté sur ressorts. Son alter semblait créer des ondes de choc qui lui permettait de se propulser. " C'est donc comme ça qu'il a pu détruire le cinéma ". La rue commençant doucement à se vider, il estima que le moment était venu. Shota se servit de son élan pour se propulser en avant à l'aide de ses bandes, couvrant une trentaine de mètres en quelques secondes. Plus proche du fuyard que jamais, il activa de nouveau son alter. L'homme, qui était alors dans les airs, s'écrasa quelques mètres plus bas. Pris de panique, il se retourna, et vit l'ombre d'Eraserhead qui surplombait la rue depuis le toit. Le vilain essaya de se redresser et de reprendre sa course, d'une démarche claudicante. Il s'était sûrement brisé un os dans la chute. Present Mic arriva alors, tout essoufflé. 

-" Holly ...Shit..., vous êtes.... des ....rapides vous " 

- " Perd pas de temps, hurle ! "

Le voleur continuait de s'éloigner mais il était lent. Alors, lorsque Present Mic prit une grande inspiration et lâcha son cri le plus puissant, l'attaque ne mit qu'une fraction de seconde à l'atteindre. L'homme s'effondra au sol, assommé pour de bon. Shota descendit du toit et l'attacha avec son ruban, en attendant les autorités. Il se dit alors que décidément, aujourd'hui, ce n'était pas son jour. Present Mic arborait un grand sourire. 

-"Et une capture de réussie, YEAHYEAHYEAHYEAH. Il soupira. Bon par contre on saura jamais la fin du film...."

-" Serieusement ? Répondit le brun. C'était aussi cool qu'un de mes cours sans sac de couchage, c'est à dire nul à chier. "

Hizashi poussa un soupir et leva les yeux au ciel en lui tournant le dos. Shota reprit : 

-" Au moins on a pu voir qu'on formait une bonne équipe. T'etais plutôt cool. Enfin bon, maintenant au moins tu feras plus la connerie de mettre un costume. Sans vouloir vexer ça te va pas du tout, t'es bien mieux sans."

Face au compliment peu subtil de son comparse, le blond retrouva sa bonne humeur, au grand contentement du brun. 

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Le vilain avait finalement été appréhendé par la police. Il possédait un alter qui lui permettait de produire des ondes de choc suffisamment puissantes pour se propulser ou détruire des choses solides, comme des murs. C'était un petit voleur de quartier, qui sévissait depuis quelques mois. Finalement le sac plein de billets avait été rendu à son propriétaire. Shota se dit que le vendeur avait dû prendre un sacré coup sur la tête pour les confondre avec des poireaux, ou bien que le légume cachait des secrets inconnus du brun. La police les remercia, et le duo put enfin reprendre son périple. 

La fin de journée approchait, on pouvait voir le crépuscule doucement s'installer dans le ciel de Tokyo. Les deux hommes marchaient sans but dans les rues, profitant simplement de la douceur de cette soirée d'été. Ils parlaient calmement de choses et d'autres, lorsqu'ils finirent par arriver dans un parc, où des familles et des couples se promenaient paisiblement. Ils décidèrent de s'y aventurer. 

Un silence s'était installé entre eux, mais il n'était pas gênant. Shota, pour la première fois de la journée, trouva le moment assez agréable. Son mauvais karma semblait l'avoir quitté et les choses se passaient plus naturellement entre eux. Present Mic, même si cela était parti d'une bonne intention, avait essayé de forcer les choses. Shota préférait le naturel, même si cela consistait à marcher tel deux vieux de 60 ans en admirant un brin d'herbe. 

Un stand de glaces apparut soudain, au bout du chemin. Le blond insista pour qu'ils en prennent une, et le brun céda à la tentation du sucre. Leurs glaces chocolat et vanille en main, ils continuèrent leur route et s'installèrent sur un banc, quelques mètres plus loin. 

Un rayon de soleil éclaira le visage de Shota. Sa glace à la main, posé sur le banc aux côtés de Hizashi, il ferma les yeux. " Ce n'est pas si désagréable, finalement, pensa-t-il." Peut-être que Present Mic avait raison finalement ? Qu'avait-il à perdre à essayer ? Il n'était pas la personne la plus démonstrative du monde, mais après tout, les choses pouvaient changer. Sa résolution prise, il se tourna vers Present Mic et lança :

-" Tu sais, finalement, il se pourrait bien que..."

Mais soudain, il sentit quelque chose lui couler sur le front. Le corps figé d'étonnement, il regarda au dessus de lui.

-" Putain de merde ! Le fils de chien ! "

Un pigeon venait de lui chier à la gueule et semblait maintenant le narguer, accroché à son fil loin au dessus du sol. Il resta quelques secondes sans réagir, la bouche ouverte, mais quand la fiente de pigeon lui tomba presque dans la bouche, il se redressa et, jetant sa glace au sol de rage, il quitta précipitamment le parc.  Il percevait vaguement dans son dos les cris de Present Mic, qui lui expliquait que la fiente de pigeon était comme un gros blobfish : ça paie pas de mine, mais c'est pas si terrible. Se dirigeant à grands pas vers l'internat qu'il n'aurait jamais dû quitter, il pensa alors que ce n'était peut-être pas sa personne qui était maudite, mais leur relation. Jamais dans sa vie, autant d'emmerdes ne lui étaient arrivées en l'espace d'une journée. 

" Non, ce n'était définitivement pas le bon jour..."