Laissez moi me marier!
- Violet, veux-tu m'épouser?
Je reste ébahie devant le petit étuis noir rempli de velours rouge vif. A l'intérieur, une bague argentée avec un rubis rouge minutieusement taillé.
C'était du Livai tout craché. Les attentions, ça le connaissait. Il était discret la plupart du temps mais retenait toujours ce qui me plaisait. Il savait que je détestais l'or sous toute forme de bijoux et que ma couleur préféré était le rouge. Autant dire que c'était la bague de fiançailles parfaite!
Après 8 ans de relation, on peut dire qu'on se connait par cœur lui et moi. Notre rencontre n'est pas très importante car elle est d'un classique ennuyant. Comme toute notre histoire en fait... Des rendez-vous jusqu'aux premiers baisers à la première fois où je le ramène chez moi. Puis tout s'emballe, on s'installe ensemble, on rencontre la famille et les amis de l'autre, on voyage ensemble et on se dispute très rarement (hypothétiquement).
Quand tu attends le vénérable âge de 28 ans, ta famille et tes amis ont tendance à te demander quand sera le fameux mariage. J'étais loin d'être contre l'idée mais Livai échappait facilement à la conversation, surtout quand ma mère sortait subtilement l'âge de ses fiançailles aux repas de famille. Si j'étais une femme moderne et indépendante qui se respectait, j'aurai pu demander sa main à ma place. Mais je suis encore un peu niaise et traditionnel dans ma façon de penser.
Et puis, ce n'était pas comme si grande chose que j'attendais avec hâte. Je ne lui avais même pas partagé cette idée. C'était ce qu'il y avait de surprenant chez lui et je pense que le hasard avait bien fait les choses.
L'été arrivait mais notre budget nous semblait assez limité pour nos vacances. C'était après avoir regardé une émission sur la Chine à la télévision que mon fantasme sur ce pays s'est confirmé. J'ai cassé notre tirelire où nous économisions pour les grandes occasions mais forcés de constater qu'on avait plus un rond. Livai m'a reproché d'avoir cassé la tirelire de son enfance, surtout quand il m'a trouvé un marteau à la main et la porcelaine en mille morceau. J'ai toujours été impulsive.
C'était fini, on était destiné à rester dans notre petit appartement. Mais alors que ça n'arrive que dans les films, la grand-mère de Livai est décédée et lui avait laissé un petit héritage. Il n'était pas proche d'elle du tout. Mais il était assez offusqué de me voir arriver avec des dollars plein les yeux (même si nous vivons en Europe). Paix à ton amie, mamie...
On a pu se payer ce voyage gracieusement et il nous restait même de l'argent après ça.
Maintenant que j'y réfléchis, le comportement de Livai était assez différent depuis que nous étions en Chine. Il se vexait plus facilement quand je gâchais les moments romantiques avec mes blagues douteuses. Bon, certes il n'en a jamais été fan mais il vivait avec. Même si réflexion faites, il aurait pu annuler sa demande car à chaque fois que nous trinquons, je n'arrêtais pas de m'exclamer "t'chine". Une blague un peu bizarre, je l'avoue... Et Livai se devait de vérifier si nous n'étions pas entourés de touristes français.
C'est quand j'ai vu la bague que tous mes sens se sont réveillés. J'ai réalisé, en fait, que j'attendais ce moment avec impatience! Ca y est! Il me demandait ma main!!
J'ai replongé dans mes pensées, imaginant l'arrivée spectaculaire que j'allais faire devant l'église. Je serais sur une licorne et évidemment, la plus belles de mariés de tous les temps! Dans une robe a donné le vertige et faire enrager la pire de mes ennemies! On sera obligé de mettre des banderoles pour empêcher les invités de se ruer sur moi. Et puis, les autographes, les flash des appareils photos, les demandes en mariage désespérées...
- Heu... Violet?!
Je lève le regard vers Livai qui sirotait son cocktail, en attente d'une réponse depuis déjà bien trop longtemps. Je ne sais pas depuis combien de temps je me suis perdue dans mes pensées.
- Ah, pardon... C'est oui! M'exclamais-je.
- Enfin...
C'est ainsi, dans un bar branché des quartiers d'affaires de Hong Kong, que Livai et moi nous sommes fiancés.
J-331
- Oh là là! Je n'arrive pas à croire qu'on va se marier, m'exclamais-je en prenant la flute que Livai me tendait. J'ai hâte de l'annoncer à tout le monde.
Il s'assit à côté de moi dans le canapé du bar après s'être servi du champagne également. Malgré ses airs distants, je voyais qu'il était heureux.
- En fait, la plupart des gens sont déjà au courant. Tes parents le savent aussi. J'ai demandé pour faire ça dans les règles. Evidemment, ils ont accepté.
- Oh...
Un peu vieux jeu mais Livai a toujours été comme ça.
- Qui d'autre le sait? Iris?
- Oui.
- Bene? Kiama?
- Aussi.
- Luna, soupirais-je?
- Ah non, ta sœur, j'ai oublié.
- Chouette! J'aurai au moins quelqu'un à qui l'annoncer, fis-je en trinquant.
- A nous!
- T'Chine!
- Arrête ça!
On a fait la fête toute la nuit dans les rue de Hong Kong. Dès que l'on annonçait ce que l'on fêtait, tout le monde nous rejoignait et payait nos tournées. On s'est bien amusé jusqu'au bar de trop. Le dernier Whisky n'est pas passé et j'ai beaucoup trop fumé. Le lendemain, j'étais abonnée aux cabinets de notre chambre d'hôtel. C'est en vomissant que j'étais désespérée de constater que le lendemain de mes fiançailles était si peu glamour. Je me promis d'omettre ce passage pour le restant de ma vie.
Le reste du voyage, je n'ai pas pu m'empêcher de parler du mariage et des préparatifs alors que nos vacances n'étaient même pas finies.
Lors de nos randonnés:
- En fait, j'imagine quelque chose de vraiment simple avec une centaine d'invités maximum. Une sorte de barbecue chic à table évidemment, mais il faut une ambiance décontractée. Sans virer sur quelque chose de trop vulgaire. Il faut rester quand même élégant à un mariage. C'est juste que...
Quand on faisait les marchés touristiques:
- J'hésite entre une table ronde ou une très longue table, style banqué. Mais je n'ai pas envie que certains de nos invités se sentent à l'écart. Il faudrait prévoir qui viendra à l'avance pour le plan de table parce que sinon, cela vire très vite au cauchemar. Après, tout va dépendre du type de terrain qu'on aura. Tu penses qu'on sera plus en ville ou en campagne? La ville, c'est tout de même un peu...
Au restaurant:
- Je pense qu'une arche fleurie rendrait vraiment bien! Mais je me demande si on opterait pour des vrais fleurs ou des fausses? C'est vrai que les vraies coûtent plus cher mais les fausses font très vite cheap. Et bien sûr, pas de ballons! Ce n'est pas un anniversaire et tout le monde va s'amuser à les exploser, je déteste ça!
A la plage:
- Ah, j'y pense! Il faudra qu'on choisisse qui embaucher pour la musique. Tu es plus groupe ou DJ? Personnellement, je préfère largement plus avoir un groupe. Ca fait plus classe! Il faudra leur demander de jouer des musique des Beatles. Ca fera plaisir à mon père. Et aussi un peu de jazz, c'est tout de suite plus romantique...
Le soir, à l'hôtel:
- Imagine on se retrouve avec un gâteau bien ringard, avec des fleurs en sucre dessus. J'aime bien les pièces montées mais il ne faut pas qu'elles soient trop extravagantes non plus. Et pas de faux, ca rend moche sur les photos. Oh, avec les petites figurines des mariés! Je les ferai moi-même... ou je demanderai à Iris...
Dans le jacuzzi:
- Je pourrais faire mon entrée sur un cheval blanc à qui on mettrait des paillettes et une corne... Mais j'ai peur que le bruit de la fête et des acclamations effraie la pauvre bête. La calèche aussi serait pas mal... Parce que la voiture, les nôtres se sont pas très classes. Surtout la mienne que j'ai tamponné. Mais après, on peut...
- Stop! Je t'en supplie, s'exclame Livai! On va faire plus simple que ça: tu organises tout et tu me préviens pour la date! J'essayerai de venir si je me libère...
- O...okay...
- Maintenant, je vais faire des longueurs. Tu m'as foutu un mal de crâne sur plusieurs jours!
- D'accord. Je me tais...
Je regarde mon fiancé s'éloigner en se massant les tempes. Puis, doucement, un sourire diabolique se forme sur mon visage. J'ai réussi mon coup. Je me frotte les mains, tel un méchant dans un film.
Challenge accepted!
J-311
On était de retour pour Paris en avion. Désormais, je me retenais de faire toute mention du mariage. Mais j'étais impatiente de commencer les préparatifs. J'allais devenir une vraie femme.
Enfin... c'est quoi, être une vraie femme? Qu'est-ce que ça sous-entend?
"Du boulot, ma grande! Et tu n'y es pas du tout!"
Avant ça, il faudrait peut-être que j'ai un vrai boulot! Oh là là! Je ne suis même pas encore épanouie professionnellement et au bout de mes études. Je n'obtiendrais pas mon doctorat avant d'être mariée! Alors que Livai travaille déjà!!
Et puis... tout le monde associe la mariage aux enfants! Je n'ai aucun instinct maternelle ni l'envie d'en avoir en ce moment! Mon dieu... Comment les femmes font pour combiner les deux rôles.
Et après tout, je suis censée rester une femme dont mon mari serait amoureux! Comment s'est possible? Rester séduisante avec un travail, des mioches et une maison à tenir. Je les imagine déjà brailler dans mes oreilles pendant que je fais la vaisselle en écoutant une conférence.
C'est au cauchemar! Dans quoi je m'embarque?!
- Violet! Vio-let!
J'ouvre frénétiquement les yeux et vois Livai me secouer, assis sur le siège d'à côté. Ouf... ce n'était qu'un rêve. Je me suis juste assoupie.
- Ca fait une demi-heure que tu ronfles. Les gens croyaient que le moteur de l'avion avait un problème.
Je frotte mes yeux en entendant une hôtesse de l'air chuchoter aux passagers "Ce n'est rien. C'était la jeune femme devant vous!"
Mais...euh!
- Faudrait que t'essayes d'être un peu plus glamour, des fois.
- N'en rajoute pas, pestais-je en me retournant.
- Hein?
- J'ai rêvé de la pression féminine. Et vu ce qui m'attends, si ronfler m'apporte un peu de bonheur, ne me l'enlève pas.
Son visage s'adoucit et il embrassa mon front.
- T'es vraiment bizarre mais c'est pour ça que je t'épouse. Ne te met pas la pression.
Quand on annonce ces fiançailles à ses amies et sa famille, on s'attends à des félicitations endiablés.
Ma grand-mère a presque juré devant le seigneur en me demandant si j'étais enceinte... Pas du tout optimiste de l'avenir romantique de mon couple apparemment.
Ma pote de fac m'a demandé si c'était pour les impôts. Et elle n'a pas compris quand je lui ai dit que non.
Erd et Gunter ont rigolé à gorge déployée pendant plusieurs minutes... avant de se figer en réalisant que ce n'était pas une blague.
La plupart des couples que nous connaissions nous ont dis que "C'était cool pour nous, mais jamais il le ferait, eux".
Et ma sœur, Luna, s'est juste montrée vexée d'avoir été mise au courant la dernière.
Lorsque je me suis plainte auprès de Livai, il a simplement répondu qu'ils étaient jaloux.
C'est une phrase qu'on sort à un enfant ça, non?
J-304
La famille de Livai est assez calme. Il ne connait pas son père biologique et sa mère s'est mariée quand il était petit. En quelques sortes, son beau-père est celui-ci qui l'a élevé et il le considère comme son propre père. Cet homme est une crème et la personne la plus bienveillante que j'ai rencontré... mise à part ses blagues beaufs et sa parlotte facile. Livai a aussi une demi sœur, à peine adulte qui s'appelle Mikasa et qui je sais, rêve de mariage avec son meilleur amie.
Ils étaient tous contents pour nos fiançailles, eux!
Nous sommes allés les voir pour passer un peu de temps dans leur piscine avant de reprendre le boulot.
- Alors Livai, comment s'est passé la demande en mariage? S'empressa de demander sa sœur.
Je m'assois précipitamment à côté de lui, encore toute mouillée:
- C'est moi qui raconte!
Livai écarta mon visage de sa vue et se racla la gorge. Il avait, avec précaution, posé une main sur ma bouche pour m'empêcher de parler. Je le fusille du regard.
- Depuis que nous étions arrivés dans ce bar, j'avais déposé la bague dans son sac. En fait, cela faisait plusieurs fois que Violet m'avait empêché de faire ma demande. Comme à la plage par exemple: j'ai commencé à lui faire un discours sur notre relation mais elle a été interpellé par un sms de Luna lui demandant comment notre transit se portait en Chine. Charmant... Pour être honnête, je perdais patience avec elle. Je l'ai donc emmené au Sewa, un bar qui...
- Ca me fait penser à la bague du Chinois qui va aux...
Pour vos yeux purs, je vous épargne la blague raciste et vulgaire de mon beau-père qui a interrompu Livai pendant 5 minutes. Celui-ci était dégoûté et me passa le flambeau. Toute excitée, je continue le récit:
- En fait, Livai m'a demandé de lui donner l'appareil photo qu'il y avait dans mon sac pour nous prendre avec la vue. Bon... j'avoue, au début, je lui ai répondu de chercher par lui-même. Mais quand j'ai vu sa tête, j'ai...
- Floyd! Viens par là, mon fils, s'exclame à nouveau Han quand le chien de la famille arriva sur la terrasse. Ne le dis pas à ta mère, Livai, mais comme elle n'était pas là, cette nuit. Il a dormi avec moi.
Je le regarde frotter le crâne de son rottweiler que je trouve adorable. Mais pas aussi mignon que notre chien.
- Violet? Bon... Bref! J'avais mis l'étui avec la bague dans la pochette avec l'appareil. Elle l'a trouvé et...
- Qui veut de la pizza, demanda Han?
Livai souffla bruyamment en faisant les gros yeux avant de finir avec une voix excédée:
- Elle a trouvé la boîte et c'est à ce moment que je lui ai demandé...
- Attends, l'interrompis-je! Elle est à quoi la pizza? J'ai super faim!
- J'abandonne, soupira Livai. Un verre, pour ma santé mentale...
J-299
Lorsque Livai a ouvert la porte de l'appartement, il fut accueillit par un cri de sourie qui le fit soupirer. Traduction: ma copine, toute excitée et que je n'avais pas vu depuis mon retour, arrivait en lâchant ce petit "Hiiiii!" que n'importe quelle amie sortirait dans cette situation.
- Bene est là... souffla Livai en s'éloignant pour ne pas être touché par l'impact.
- Bene! Criais-je en sautant du canapé. Hiiiii!
Je laisse derrière moi mon ordinateur qui manqua de tomber dans ma cascade si Livai ne l'avait pas rattrapé à temps. Sa voix énervé fut masquer par celle de mon amie:
- Hiiii! Oh mon dieu, vous êtes fiancés!!!
On se serra l'une l'autre très fort dans nos bras, presqu'au point de s'étouffer l'une l'autre (comme de vraies amies quoi). Candice, notre chienne, sautilla autour de nous pour aussi célébrer ce moment.
- Bon, je vais loin là bas, murmura Livai en fuyant la retrouvaille bruyante.
Il ouvrit le balcon du salon pour se fumer une cigarette au calme. Mais j'étais trop absorbée à tout raconter à Benedict.
- J'ai ramené du champagne pour fêter ça!
Livai tourna un peu la tête à la mention de liquide doré et... alcoolisé. Etrangement, il a vite fini sa clope après ça. Bene et moi tournoyons dans toute la pièce, bien attaquée après une bouteille. Elle se pencha dans ma bibliothèque où je gardais mes livres de cours.
- Ca va être gé-nial! Et l'avantage, c'est qu'il n'y a plus qu'à consulter ton classeur, s'exclama-t-elle!
- Quoi, sursautais-je, mon cœur ratant un battement.
Je retourne du balcon mais c'était déjà trop tard. Mon amie avait déjà sorti mon classeur rose bonbon avec le dessin de licorne dessus. Une sueur froide coula sur ma tempe. Catastrophe!
- Bene! Non!
Je lâchais ma clope mais malheureusement, Livai l'avait déjà en main. L'inspectant avec inquiétude face à la niaiserie de la couverture.
- C'est quoi, ce truc!?
- Heu...
Lorsqu'il ouvrit le classeur, ses yeux se décomposèrent et il découvrit toute la vérité. Il allait de pages en pages et ça ne s'arrêtait jamais.
Le menu, la déco, la musique... J'avais déjà tout prévu.
Bene me souffla un pardon, toute pompette.
- Flippant, lâcha mon fiancé en nous le rendant.
- Bene n'avait même pas de petit ami quand elle a commencé son classeur! Rapportais-je rouge de honte.
- Oh... C'est bas, ça!
- Ah, parce que tu ne l'avais pas fait quand t'étais gamine, réalise Livai. Mais quand on était ensemble?!
- Heu...
Bon, peut-être qu'en fait, je rêvai déjà de mariage avec Livai. Mais un tout petit peu.
J-298
Il était assez normal pour moi que je me marie dans ma ville natal: Bordeaux. Enfin non, ce n'était pas ma ville natale à proprement parler? Plutôt la ville où j'ai grandi.
En fait, je suis née en Allemagne mais mes parents m'ont adoptée. C'est toute une histoire pas très intéressante et oubliable.
Le fait est que j'étais sûre que l'une des personnes les plus investies pour mon mariage serait ma mère. Je crois que cela faisait des lustres qu'elle attendait qu'une de ses filles se marient. Et comme Luna est toujours célibataire, tous ses espoirs se reposaient sur moi.
C'était adorable mais quelques fois, elle était même trop extrême.
- Franchement, maman... Je ne suis pas sûre que me marier à l'église soit une bonne idée. Tu sais, la mairie, ça me va très bien aussi... Et puis, on ne va pas se mentir, ce n'est pas la croyance qui m'incombe.
- Ah, ne recommences pas, fit ma mère en me traînant à la mairie. Ca nous fait plaisir et même Livai a dit préféré se marier à l'église.
- Non... Ce n'est pas pour lui mais pour sa mère. Kuchel et sa foi profonde...
- Ne commence pas à détester ta belle-mère ou tu n'en finiras jamais, soupire ma mère.
Une fois la réceptionniste interpellée, on s'accouda toutes les deux au comptoir, un grand sourire aux lèvres.
- Bonjour, c'est pour un mariage, expliquais-je, mielleuse!
La dame, pas plus aimable qu'une porte prison, finit de boire son café froid et tapota ses faux ongles contre son clavier.
- Hum... On va faire un dossier. C'est pour quelle date?
- Alors, dites moi, ça se passe comment exactement, renchérit ma mère? Ca dure longtemps? Combien de gens peuvent y assister? Est-ce qu'on peut décorer le lieu de la cérémonie?
- C'est vous qui vous mariez, demanda la dame d'un ton monotone?
- Non, c'est ma fille! Vous vous rendez compte? Cela fait 8 ans qu'ils sont ensemble et ils vont enfin se marier! Je commençais à désespérer.
- On est d'accord... Mademoiselle, quelle date, fit-elle en s'adressant à moi cette fois?
- Le 28 Juin! En fait, tout les gens de ma famille sont né un multiple de quatre et quand on prend en compte...
- 14h30, ça irait?
- Dites, la date sera vraiment bloquée, hein, suffoque ma mère?! On peut vous faire confiance?
- Je peux vous filmer pour avoir une preuve en image?
La dame leva les yeux au ciel en nous tendant un papier.
- Voilà le dossier à rapporter signé, avec les documents. Au revoir!
Ma mère et moi filons tranquillement, bras dessus bras dessous, complètement offusquées.
- Quel service! Rouspétais-je.
- Oui, ma chérie! On n'est pas aidé avec des gens pareils!
J-297
J'arrive dans la salle de bain où je croise Livai en train de se raser. J'admire quelques secondes son dos recouvert de son tatouage qui n'était pas encore achevé. Cela me fait penser que ma robe de mariée devraient couvrir les miens de préférence. Ca fait plus élégant... Ou alors, j'appliquerai beaucoup de fond de teint dessus...
- Ca va? Fit Livai à travers le miroir, en voyant que je restais plantée à rien faire.
- Tu sais... je me disais...
- Hum?
- Ce serait bien qu'on ne soit pas trop nombreux à notre mariage, que les gens proches.
Je m'approche du lavabo pour mouiller ma brosse à dent.
- En fait, j'aimerai bien que les gens s'amusent sans se soucier de quoique ce soit. Tu vois che que je veux dire? Et je me disais que che cherait mieux s'il n'y avait pas d'enfants.
Livai me regarda quelques secondes sans répondre avant de soupirer:
- Je t'ai déjà dis d'arrêter de te brosser les dents comme ça.
Il tiqua en attrapant ma brosse pour le faire à ma place.
- Mais tu m'as pas répondu. Cha te dérange pas?
- Pour les enfants? Non... Plus ils sont loin de moi, mieux je me porte.
Je prend le rasoir qu'il avait laissé dans le lavabo pour faire disparaître les dernières traces de mousse qu'il a sur le visage.
- Ch'est déjà cha. En pluch, j'aimerai bien faire tout moi-même: la déco, la bouffe... Chi on est trop, je m'en chortirai jamais!
- Je comprend, on va revoir un peu la liste. Et puis, il n'y a pas beaucoup de mioches dans la famille, c'est pas si important de les virer.
- Hé, dites! Vous avez du sham... Ah!
Luna sursauta en nous voyant, Livai brossant mes dents et moi le rasant. Elle alterne son regard entre nous deux quelques secondes avant de retrousser son nez.
- Vous avez vraiment des habitudes bizarres...
- Tu comprendras quand tu seras fiancée, ricanais-je.
Livai esquissa simplement un sourire.
J-296
- Quoi? Pardon? Vous refusez les enfants au mariage?! S'exclame vivement ma mère.
- Oui enfin... on ne les refuse pas. Mais on espère très forts qu'ils ne soient pas là, expliquais-je la bouche pleine. Ils sont vachement bon tes biscuits! Tu me donneras la recette.
Ma mère sembla dans tous ses états quand elle porta sa tasse de thé à sa bouche. Ma petite sœur ne semblait pas concernée par la nouvelle et mon père croisa sévèrement les bras.
- Vous n'aimez pas les enfants?
- On n'a pas dit ça. On préfère juste qu'il ne viennent pas. Livai ne veut pas d'enfants qui courent partout. Et je voudrais juste être sereine toute la soirée et picoler tranquillement entre adultes.
- Les gens vont mal le prendre...
- Mon dieu et le fils des Lefebvre?! Ils vont croire que c'est parce qu'il est albinos, piaille ma mère!
- Quoi? C'est parce qu'il est albinos que vous ne voulez pas les enfants? S'inquiète mon père indigné.
- Mais n'importe quoi, rouspétais-je en reprenant un gâteau!
- Prenez une nounou alors! Elle s'en occupera et vous n'aurez pas de problèmes.
- Ca va nous couter encore plus cher... En plus des menus enfants qu'on va devoir prévoir.
- Mais enfin, on ne comprend pas. Ca ne se fait pas, Violet!
- Ah, mais c'est vous qui ne comprenez rien, m'écriais-je!
J'attrape la boîte de gâteau avant de me lever.
- Avec Livai, c'est la seule chose pour laquelle on est d'accord tous les deux! Je ne vais quand même pas changer d'avis pour un voisin que j'ai vu deux fois dans ma vie!!
Pendant que je sortais de la pièce, mes parents sont restés sans voix. J'ai juste entendu ma sœur soupirer:
- Quelle gamine! Et dire qu'elle va bientôt avoir son doctorat...
J'ai regretté par après d'avoir manger tous les gâteaux. Généralement, on mise plus sur un régime quand on prévoit de se marier.
J-292
Quand tu te maries, tout le monde semble être au courant. Alors que je suis allée chez mon esthéticienne pour mon épilation des jambes, elle m'a demandé où serait la réception après la cérémonie. Je n'avais pas encore cherché.
Elle m'a sorti qu'il fallait plus d'un an pour trouver un lien et qu'il fallait réserver très en avance.
Et c'est ainsi que j'ai commencé à bien flipper. Le soir même, j'ai fouillé des centaines d'annonces dans la région et passer quelques appels. Bien sûr, tout était pris et ils m'ont bien rigolé au nez quand je leur ai dit de m'appeler en cas de désistement.
Puis le flippe, ce n'était rien comparé à l'immense angoisse que j'ai commencé à ressentir.
Mes parents m'ont emmené dans une domaine sympa en pleine campagne provincial. Le rêve... c'était un coin de paradis. Dommage que Livai n'est pas eu le temps de se libérer du travail pour voir ça.
- Là-haut, on pourrait mettre des lampions, s'exclama ma mère.
- Du calme, maman. On vient à peine d'arriver.
Le propriétaire nous a fait faire un tour des lieux et mon imagination a encore débordé trop vite.
- On loue pour le week-end. On peur accueillir une centaine d'invités et il y a trente couchages, une piscine et une grange.
- Oh, c'est super!!
- Vous êtes disponibles le 28 Juin, hein? Demandais-je inquiète.
- Mais oui, ne vous en faites pas! On est dans les temps, fit le vieil homme.
- Demande le prix, chuchota mon père.
- Ca revient à combien pour week-end?
- Dix milles euros. Mais on offre le petit-déjeuner le dimanche.
Je crois que mon père a fait une attaque en entendant ça.
- Et le dîner, c'est compris?
- Ah non, ça c'est vous.
- On peut vous payer en rein sinon? J'en ai un en trop justement...
- Okay papa, fis-je en attrapant son bras. On va y aller. Merci, monsieur. On reviendra vers vous.
Pas du tout. Une fois dans la voiture, mon père a juré pour ne pas avoir économiser depuis ma naissance. Ce lieu magique est tombé à l'eau en deux petites secondes.
Le soir, j'étais plus absorbée par cette histoire que mon examen du lendemain. Livai a vu ma mine dépérie et m'a demandée ce qu'il n'allait pas. J'ai esquivé la question mais il a insisté pour une fois.
- Il y a que je voulais un mariage sans enfants dans un endroit original et ça va être tout le contraire! Tu vas voir, on va être 300 dans une salle des fêtes du trou du cul de la province!
- Ah, c'était ça... Tu ne vas pas te plaindre que des gens veulent venir à notre mariage quand même?
- C'est toi qui voulais savoir, rouspétais-je. Et tu ne respires pas la sociabilité non plus.
- Et puis, si l'endroit n'est pas parfait, ce n'est pas si grave! Nous la jouer chic m'aurait mis beaucoup trop mal à l'aise.
- Oui, évidemment. On dirait que tu t'en fiches de ce mariage.
- Mais n'importe quoi! Je trouve juste que tu fais tout une montagne pour rien du tout.
- Je n'en fais pas une montagne! Je m'occupe des préparations de TON mariage de A à Z!
On a continué de se disputer tout le long de la soirée. Mais ne vous inquiétez pas, on s'est réconcilié. Je pense que mes nerfs étaient à bout et que s'est retombé sur lui. Même si je n'étais pas plus avancée pour le lieu de la réception. Mais il y avait d'autre chose à laquelle penser.
La robe de mariée! Ca, c'est super important! C'est mon jour, je dois être sublime! Le problème, c'est qu'il s'est avéré que j'étais très compliquée à ce sujet. Quand j'étais petite, je trouvais n'importe quelle robe jolie. Mais la donne a changé et... mon portefeuille n'est pas illimité.
Je suis allée dans plusieurs magasins avec des copines et ma mère. Mais aucune ne me convenait, ni à moi ni à ma morphologie. C'est ainsi que j'ai commencé à désespérer sur ça aussi.
Mais j'ai quand même progressé dans mon mariage, j'ai proposé à Livai d'engager un vigile pour interdire l'accès à tous les invités qui viendraient en blanc ou en noir. Il a refusé, ajoutant qu'on avait juste à l'interdire sur nos faire part. Il est vraiment nulle parfois.
Celui qui est aussi compliqué à faire entendre, c'est son beau-père, Han. Lorsque Kuchel m'a demandé où en était les préparatifs, j'ai échauffé ma voix en me remémorant toutes mes notes. Livai s'enfuit pour débarrasser la table:
- Alors voilà, j'ai bien réfléchi au style de réception que j'aimerai organiser et...
- Ce serait bien de prendre le vin du voisin, je vais lui en parler, m'interrompit Han.
Je garde mon sang froid et pris une longue inspiration:
- Bon, Han. Ecoutez moi cinq petites minutes, c'est tout ce que je vous demande. Parce que je vous connais, hein, murmurais-je à la fin.
- Hum...
- J'imagine quelque chose d'intime, juste des gens très proches. Ce serait un mariage sans chichi, un barbecue chic, dans ce goût là... Le thème? "Champêtre chic"! En pleine nature; que de la récupération pour la décoration. Ecolo-branché, quoi! Un poil, bobo... Si on est une trentaine, ce serait parfait!
J'aperçus Livai lever les yeux au ciel. Il devinait la patte de ma mère dans mon récit. Han et Kuchel se levèrent et celui-ci me tendit un papier.
- Je vois. T'es bien préparée, dis donc! Tiens, j'ai déjà noté quelques noms pour nos invités.
- Ah, c'est cool ça. Merci!
Mais mon sourire se déconfit quand je vis le papier se dérouler dans mes mains, affichant presque une centaine de noms (de gens que je ne connaissais ni d'Eve, ni d'Adam).
- Han... Vous avez entendu ce que j'ai dit, grommelais-je?
- Hé, regardez! Floyd mange des croquettes là-bas!
J'abandonne.
Et j'ai peut-être jeté la liste.
J-265
J'entrais dans le lit, tirant brièvement sur ma cigarette pendant que Livai travaillait sur son ordinateur portable. Candice nous regardait avec ces grands yeux noirs, suppliant pour sauter sur les draps. Ca me fait penser qu'il faut que je prévois un endroit dans la réception rien que pour cette bouille d'amour.
Je louche sur l'épaule où son tatouage débordait. Il commençait à vraiment prendre forme. Ce qu'il est séduisant comme ça!
Au bout d'un moment, je lâchais mon bouquin et lui son travail et nous nous sommes couchés. Enfin... il a juste éteint la lumière quelques secondes car je me suis mise malgré moi à parler:
- C'est bizarre, je ne suis pas croyante donc je n'ai pas spécialement envie de me marier à l'église. Mais j'ai l'impression que si je ne le fais pas, il va manquer quelque chose.
- Qu'est-ce que ça nous coute, répondit mon fiancé? Et ça fait apparemment plaisir à ceux qui ont la foi. Ma mère serait capable de rester devant la mairie tout le long de la cérémonie.
- Elle ne s'ennuierait pas avec son mari, murmurais-je.
- Je te l'accorde. Mais en plus, l'église qu'elle propose est jolie...
J'esquisse une sourire malicieux avant de lui faire un clin d'œil.
- C'est pour ça que j'ai déjà appelé le prêtre pour bloquer l'église, au cas où!
- T'es pas possible, souffla-t-il avant d'allumer une cigarette. Mais c'est bien joué!
- Il dit qu'il faut faire une préparation en plusieurs sessions mais heureusement, on peut le faire à Paris.
- Tant mieux... Les voyages incessant dans le sud pour le mariage commencent à me saouler.
- Oui enfin, j'espère qu'on ne va pas devoir réciter des passages de la bible. Ca risque d'être ennuyeux.
- Tch... t'as vraiment aucun éducation religieuse, en fait.
- Je connais les prières de base, quand même, m'offusquais-je.
- Vas-y. Récite m'en une, ricana le noiraud.
- Euh... Je vous salue Marie pleine de grâce... le Seigneur est avec vous. Donne-nous aujourd'hui notre pain de... ce jour et pardonne-nous parce que nous sommes de pauvres pécheurs. Amen.
Je regarde sans conviction mon fiancé. C'est après plusieurs secondes que j'ai compris que lui non plus n'y connaissait rien. Surtout quand il m'a sorti "ça passe" après ce long silence.
On a décidé d'écourter ce moment pour quelque chose d'un peu plus intéressant que les prières...
Mais c'est vrai que l'aspect religieux nous a vite barbé. La préparation à Paris consiste en quatre repas avec d'autres couples. Pour ceux-ci, j'enfilais, les vêtements les plus sages possibles et j'espérais qu'il n'y allait pas avoir d'interros surprise sur la bible.
On était accueilli par un couple un peu étrange mais très sympathique. Tout le monde semblait investie, sauf moi...
- Bienvenue à tous! Je m'appelle Marie-Clothilde et voici mon mari Philibert! C'est nous qui allons diriger les repas.
- Pour vous parler un peu de nous, nous sommes marié depuis huit ans et nous avons sept enfants.
Je ne peux m'empêcher d'écarquiller les yeux. Même Livai me fit un léger non de la tête du style "Tu peux toujours courir pour que je te fasse sept gosses dans un temps record".
Ils continuèrent:
- On va se baser sur les quatre piliers du mariage. C'est à dire: fidélité, liberté, fécondité et indissolution. Vous verrez, on pense que l'église, c'est ennuyant. Mais ici, ça déménage!
Je me sentais un peu coupable d'être ici uniquement pour la belle église que je convoitais. Surtout que je me suis ennuyée à mourir pendant qu'ils nous parlaient de l'amour de Dieu.
C'est au bout d'un moment que j'ai remarqué la bouteille de vin sur la table. Je n'étais pas particulièrement fan du vin rouge mais si cela allait me permettre de passer un peu le temps.
- Un peu du sang du Christ, murmurais-je à ma voisine.
Elle me regarda avec des yeux ronds. Livai me chuchota vivement.
- Violet, je t'en supplie. Ne commence pas à nous foutre la honte. Pas ici!
Aucun humour... Je suis restée seule dans mes pensées le reste du repas. Et peut-être un peu à picoler. Je ne sais pas pourquoi, mais je me suis réveillée après avoir entendu la phrase:
- Donc, qu'est-ce que ça change pour vous, d'être marié?
- Hihi, on pourra enfin consommer notre mariage, ricanais-je un peu trop fort. Enfin... si on avait vraiment besoin de ça...
Toute. La. Table. M'avait. Entendu.
Sur le coup, je n'ai pas compris le malaise, j'ai même renchéri jusqu'à ce que Livai nous extirpe du repas. J'étais encore toute guillerette en le suivant vers la voiture.
- Oh, ça vaaaa! C'était un blague! T'es pas supposé pardonner à ton prochain?
- Ne me parle pas. Je ne te connais pas!
Il a peut-être été un peu fâché pendant une toute petite semaine. J'ai fait profil bas pendant le reste des repas.
J-242
Pendant que j'étais dans une session shopping avec mes copines, je me lamentais en fouillant dans les nouveaux articles. En fait, je n'avais juste pas le moral donc elles m'ont mises dans un avion vers Londres, aux frais de Bene évidemment. La petite aisée du groupe!
- Je n'ai pas l'impression de progresser dans l'organisation du mariage...
- T'en ais où concrètement? Demanda Iris.
- La marie est bloquée et l'église aussi.
- C'est déjà pas mal.
- Non, soupirais-je. Je n'ai pas l'endroit pour la réception. C'est hyper important! Je voulais une fête en pleine nature mais à louer... c'est impossible. Je m'y suis prise trop tard: tout est pris!
- Pourquoi vous ne faites pas ça chez les parents de Livai?
- Non, je n'ai pas envie que ce soit dans un jardin. Et si c'est chez eux, j'aurai moins mon mot à dire.
- La mariée aura toujours le dernier mot. Et ça fera économiser de l'argent que tu pourras dépenser dans autres choses. Ta robe, par exemple?
- Mais la maison est moderne. Ca ne va pas vraiment avec le thème du mariage.
- Mais vous mettrez forcément une grande tente, non? On ne verra même pas la maison et tu pourras décorer comme tu veux.
- Hum... C'est pas idiot...
Mon portable sonnait depuis déjà plusieurs minutes donc je me suis décidé à décrocher à la caisse.
- Allô?
- Mais t'es où, s'époumone Livai?! T'es partie tôt ce matin, je pensais que tu étais allée à la piscine!
- Non, j'avais besoin de décompresser. Alors avec les copines, on a décidé de faire une journée shopping à Londres.
- A...à Londres? Non mais je rêve?!
- £350 please, fit la caissière.
- Elle a dit quoi, là?!
- Euh rien! Je rentre ce soir à Paris. Je t'aime!
J'ai raccroché vivement sans qu'il ne puisse rien ajouter.
- J'ai eu chaud, soupirais-je.
- Bon, on va à Urban Outfitters?
Finalement, j'ai cédé à l'idée de faire la cérémonie chez mes beaux-parents. Déjà parce que je n'avais plus trop de choix et il était vrai que cela allait me faciliter les préparatifs. Mais bien sûr, il y avait toujours Han dans les parages.
Le plus amusant est quand ma mère est descendu pour la guerre des traiteurs. C'était très simple. Depuis que j'avais annoncé leur fiançailles, ils se battaient pour savoir qui allait me conseiller le meilleur. Et j'avais évidemment fait mes recherches de mon côté.
A cet après-midi, il n'y avait que nous trois et un silence de plomb, prêt à dégainer nos cartes de visites tel un affrontement dans les films western.
- Il n'y a la place que pour un seul d'entre nous... murmura Han.
Il tira le premier:
- Là! Marie, traiteur pour la chambre des notaires! Prend 120€ par invité pour un buffet entrée, plat et dessert!
- Micheline, enchaînais-je! Restauratrice BIO, 75€ par personne et son fils pâtissier fait lui-même mes desserts!
Ma mère lâcha un petit sourire, sûre d'elle avant de conclure:
- Robert, 40 ans de métier. Nous fait un buffet d'entrées, plats chaud servi, dessert à volonté, café, tables dressées et son personnel reste jusqu'à 3 heures du matin! Tout ça pour combien? Ah oui! 50€ par tête! Et il nous fait goûter ses choux...
Elle sortit la boîte, savourant sa victoire.
- Un délice. Servez-vous!
- C'est bon, maman. T'as gagné. Respect, soupirais-je en prenant un chou.
Han grommèle, acceptant sa défaite.
J-163
Le budget décoration était fondamental. Maintenant que j'avais une idée plus clair de l'endroit, je pouvais commencer à faire le croquis. Pour ça, rien de mieux que les salons de mariages. Livai a refusé de m'accompagner et il a bien fait car j'ai été chassé après qu'ils aient capté mon intention de recopier. C'est n'importe quoi. Ce n'était marqué nul part que c'était interdit. De toute façon, je n'aurai rien acheté, tout était hors de prix.
Pour ça, j'ai attendu les soldes et j'ai trainé Livai cette fois. J'avais besoin de son aide car les premiers jours de solde sont un champ de bataille. Et un homme fort à mes côtés pouvaient en persuader certains. Il a pris ça à la rigolade mais à découvert les accros du shopping en action. Toutes belles décorations pas chères étaient à prendre.
Il avait une tête ahuri toute la journée et il n'a pas servi à grand chose pour être honnête. Il m'a juste retenue d'en venir aux mains avec une vieille qui volait dans notre sac. Cette pétasse...
C'est lorsque j'ai menacé la caissière et compté pour vérifier si elle avait bien utilisé tous les bons de réduction qu'il a décrété que le sexe féminin était fou à lier.
Il y avait quelque chose d'autre que mon budget rendait compliqué. Ma robe! Après plusieurs essayage, même celles qui me plaisait assez étaient beaucoup trop chères. Je me suis surprise à commencer à regarder les robes sur internet. J'ai fouillé sur d'innombrable site jusqu'à ce que...
- Oh, mon dieu, m'écriais-je le souffle coupé! C'est "the One"!! Il me la faut!
- Je dormais, bordel! Peste Livai à côté de moi.
C'est trop risqué d'acheter en ligne, non? Surtout quelque chose d'aussi important... Mais maintenant que je l'ai vu, je ne peux pas vivre sans elle. Toutes les autres robes en sont devenues insipides!
Finalement, je me suis lancée. L'attente fut terrible. Je pensais avoir fait la pire erreur de ma vie.
Puis un jour, enfin...
- Bonjour, je viens pour un colis au nom de Vio...
- Hiiiii! C'est ma robe! Viens voir maman, mon bébé!
Une fois assise sur le sol de mon salon, j'ai prié très fort que cette merveille m'aille. J'ai même promis d'aller tous les dimanche à la messe (sauf si j'ai la gueule de bois, auxquels cas je la regardais à la télé. Cela va de soi!)
Le moment fatidique. Une robe sirène toute simple, sans dentelle. Je pouvais enfin me vanter de..
- Je vais être la plus belle des mariés, avouais-je à mes copines!
- Tu l'as essayé?
- Oui, dès qu'elle est arrivée. Je n'ai pas pu me retenir. Elle ne cache pas mes tatouages mais je vais m'arranger avec du maquillage.
- Tu vas la porter avec un soutien-gorge?
- Non parce que c'est un dos nu. Je me demande si je ne vais pas mettre des coussinets en silicone pour un effet push-up...
- Bonne idée...
- Ce n'est pas une honte d'avoir des petits seins. Tu n'as pas peur que cela fasse trop faux, demanda Kiama?
- C'est sa journée, elle fait ce qu'elle veut. Et puis, elle n'aura plus personne à tromper bientôt.
- Eh bien, figurez vous que mon mec aime bien les petites poitrines! Il dit qu'elles rentrent parfaitement dans ses mains.
- Un nouveau? Comment tu l'as rencontré.
- Sur Tinder, grommela Kiama.
- Une application? Chérie, le monde est à tes pieds! Il suffit que tu claques des doigts pour que les mecs tombent dans ton lit.
- Oh, au fait! Auro a prévu d'emballer Petra le 28 Juin.
- Comment tu le sais?
- Quoi? Mais il est marié! Quel goujat! Tout ça pour pouvoir se taper une minette!
- Ah non, je ne veux pas de cochonneries à mon mariage.
- Ils ne seront pas les seuls, ricana Bene avec un clin d'œil.
- Ca va, Livai? Tu ne dis plus rien depuis tout à l'heure.
Toutes mes copines se tournèrent vers mon fiancé qui était recroquevillé au bout du canapé, l'air dépité.
- Tu tires une de ses tronches... Toi qui voulait voir à quoi ressemblait nos gouters!
- Un cupcake, s'exclame Iris ironiquement.
- Vous me faites peur, toisa-t-il. Les femmes resteront le mystère de l'humanité.
Pourtant... on a été soft, je trouve.
J-118
Le petit ding de la clochette indiqua mon entrée dans notre salon de tatouage. Je vis Livai assis contre le siège, Tom étant concentré sur son épaule.
- Bonjour, fis-je toute enjouée.
- Salut, ça va?
- Oui, je viens de sortir de mon cours et je vais à la poste pour envoyer les faire parts. Mais je me suis rendue compte que tu ne m'avais pas donné les tiens. Salut, Tom!
- Oui, ils sont dans ma veste, murmura-t-il avec un coup de menton.
Je fronce les sourcils en les lisant.
- T'as... invité Erwin? Mais tu sais qu'on n'arrive pas à s'entendre lui et moi... Et Farlan? Tu veux ma mort ou quoi?
- Il nous a invité à son mariage, je te rappelle.
- Oui, enfin... Au vin d'honneur, ricanais-je!
- Quelle mentalité! C'est mon ami d'enfance. Tu pourrais être un peu plus respectueuse...
- Il n'a jamais réussi à me piffer. Dès qu'on se voit, il n'arrête pas de venir me parler de ton ex du lycée. Je suis censée le prendre comment? C'est... hyper vexant! Et tu n'as même pas réussi à écrire correctement son nom de famille, ça prouve que vous n'êtes pas si proche que ça!
- Tu devais aller quelque part, non, soupira Livai? Tu nous déconcentres, là.
- Oui, pardon. Je m'en vais...
Je lisais en boucle en bougonnant pendant que je marchais dans la rue. Inviter des gens que je connais à peine... Une idée fleurie dans mon esprit quand j'aperçus une poubelle. Hum... J'expliquerai à Livai que la poste les a malencontreusement perdu.
Au revoir, les piques-assiettes!
Ce n'est que quand je me suis éloignée de la poubelle que j'ai regretté mon geste. Je n'allais tout de même pas me faire des ennemis pour ça. Je vais juste essayer très fort de les ignorer.
Je retourne vers la poubelle et plonge ma main pour retrouver les enveloppes, manquant un haut le cœur. Berk! Qu'est-ce que je ne ferais pas pour mon fiancé?
J-100
- Pour être maquillée et bien coiffée à son mariage, pas besoin de se payer des pros! S'exclama Bene. On va s'entraîner toutes les trois sur des tutos!
- Oh... Et puisqu'on sort juste après, on ne se sera pas fait belle pour rien, remarquais-je. Bonne idée!
- Vous êtes sûre de vous, murmura Luna en levant le nez de son roman?
- Oui! Grâce à ça, vous allez pouvoir faire des économie. Comme ça, on pourra gâter Violet le jour de son enterrement de vie de jeune fille!
Benedict posa son matériel sur ma coiffeuse, débordant de maquillage que je ne comprenais pas.
- Bon... Par qui je commence?
Luna me lança un regard de détresse. Je n'aurai pas penser qu'elle allait avoir autant raison: Bene est douée en maquillage mais pas à ce point. Elle nous a trop surchargé. Puis nous avons eu la bonne idée de sortir après en boîte, dans Paris. On s'est fait accosté des dizaines de fois et on nous a pris pour des...
C'est à cet instant que j'ai décidé de prévoir finalement un maquilleur et coiffeur. Juste au cas où...
- Je te jure, Iris... Organiser un mariage, c'est épuisant!
Ma meilleure amie reprit son souffle pour parler. Il faut dire que j'essayais de lui faire la causette alors qu'on courrait déjà depuis plusieurs minutes sur des tapis de courses.
- Pourquoi? Ca se passe mal?
- Et bien, on va être beaucoup et je ne sais pas combien! Et tu sais pourquoi? Parce que les gens ne prennent même pas la peine de répondre aux faire parts. C'est dingue! C'est un vrai galère pour réserver le matériel.
- Livai ne t'aide pas?
Evidemment, elle cherche toujours la mouche avec lui. Je répond vaguement que oui mais c'est moi qui me charge principalement de l'organisation.
- Impose une date limite. Les gens n'auront pas le choix!
- Je l'ai déjà fait, rouspétais-je. Mais on dirait que cela ne leur fait pas plus peur que ça!
- Hé, fit une voix derrière nous. Vous pouvez arrêter de piailler?! On vous entend vous plaindre à l'autre bout de la salle.
- Quand vous devrez préparer un mariage, vous pourrez venir l'ouvrir! J'ai bien le droit de parler à ma copine.
- Violet...
- Très bien, je vais en parler avec les coachs, fit l'homme en levant la main.
- La balance...
J-88
J'attendais seule devant l'église, dans une grande robe blanche bouffante et ma mère à mes côtés.
- Wow, j'arrive pas à croise qu'on soit déjà au mariage! J'ai l'impression d'avoir oublié plein de choses...
- Mais nooon, s'exclame ma mère.
- Oh mon dieu! Si! J'ai oublié d'acheter mes chaussures!!
- Ne t'inquiète pas, ma chérie. Je t'en ai pris, fit-elle en sortant....
- D...des crocs?!
Je regarde l'immondice vert fluo aux bords des larmes.
- Hé, les filles! Il faut y aller maintenant. Le prêtre nous attends.
Mes parents me traînèrent par le bras dans l'église. Mon regard se déconfit en remarquant les bancs vides. Il n'y avait qu'un vieil homme qui dormait au dernier rang.
- Mais... Il n'y a personne!
- Oui, malheureusement... Les gens n'ont pas eu envie de venir. On ne te l'a pas dis pour ne pas te vexer.
- Ben.... C'est un peu vexant quand même, marmonnais-je en arrivant devant l'autel.
- Où est votre fiancé, piaille le prêtre qui avait une tête de pigeon! Où est-il?
Je sursaute et regarde autour de moi.
- I...il est pas là?
- Où est-il, continue-t-il de répéter?
Je regarde, impuissante, l'église vide. Où sont mes parents? Et Livai? Et je porte ces fichus crocs...
- C'est nul! On s'emmerde, crie le vieil homme qui s'était réveillé.
- C...c'est pas possible, fis-je larmoyante en bouchant mes oreilles! C'est un cauchemar!
J'ouvre mes yeux pour me trouver assise au milieu de mon lit, les mains sur mes oreilles en train de crier. Je m'arrête aussitôt et me retourne vers Livai qui avait un regard effaré. Je prend une grande respiration en souriant avant de me blottir sous les draps.
- Ah ouf! Ce n'était qu'un rêve... J'ai eu peur!
- Moi aussi, j'ai eu peur, bordel! Mais de toi!
Je crois que Livai n'a pas fermé l'œil de la nuit, craignant une autre série de possession de ma part.
Je prend peut-être ce mariage trop à cœur...
J-69
Pour mon enterrement de vie de jeune filles, mes amies m'ont emmené à Lisbonne. J'adore cette ville, c'était un peu notre repère quand on voulait s'exclure de notre quotidien. Et surtout, il y avait cette simple règle: ce qu'il se passe à Lisbonne, reste à Lisbonne!
Elles ont été plus enthousiaste que moi pendant tout le séjour, n'arrêtant pas de me dire que c'était la dernière occasion pour fricoter avec un garçon. J'ai dû batailler pour les empêcher de me pousser dans leur bras. Elles sont idiotes des fois. Il ne me viendrait pas à l'idée d'embrasser un autre homme que Livai.
Pour notre dernier soirée à Lisbonne, nous sommes allées à un Stripoké. C'est comme un karaoké normal où on a chanté comme des casseroles (assommée au vin blanc) sur les musiques de nos chanteurs d'adolescentes. Sauf que, régulièrement dans la soirée, il y avait un strip-teaser qui venait dans notre salle. On a bien ri et je vous épargne tous les détails. C'était vraiment des supers vacances.
Malheureusement, les bonnes choses ont une fin. J'ai dû rentrer à Paris pour reprendre les cours. Le soir de mon retour, je révisais sur le lit quand Livai a débarqué dans la chambre avec son portable.
- Hé... C'est quoi cette photo de toi sur Instagram?
Je rougis jusqu'aux oreilles et mes cheveux se dressent sur ma tête.
- C'est pas moi! On m'a forcé, m'exclamais-je aussitôt!
Quand je vis la photo, je me calmais aussitôt. Rien à voir avec mon EVJF.
- Aaaah, ça! C'était quand on avait essayé de s'entraîner à se maquiller pour le mariage. Qu'est-ce qu'on était moche, ricanais-je mal à l'aise!
- Hum... Elle était un peu louche, ta réaction...
- P...pas du tout, pestais-je.
- Qu'est-ce que t'as fait, au Portugal?
- Ce qui se passe à Lisbonne, reste à Lisbonne!
Je n'ai appris que bien des années plus tard que la meilleure amie de Livai, Hanji, l'avait aussi entraîné dans un club de strip-tease. Ma culpabilité s'est complètement envolé à ce moment-là.
J-15
Après la fin de mon année de fac, je suis rentrée à Bordeaux pour finir les préparatifs. Dans la train, je n'arrêtais pas de me répéter: " C'est dingue, je vais me marier! Trop bizarre... On va m'appeler "madame" et je vais appeler Livai "mon mari". Et si mon alliance se perd? Et si..."
Je fus accueilli par mon père à la gare. Après m'avoir enlacé, il m'a prévenu que ma mère était peut-être un tout petit peu stressée. Et... quand on dit de ma mère qu'elle est stressée, cela veut juste dire qu'elle est au bord de la crise de nerfs.
Je rentre doucement dans la voiture:
- Coucou, mam...
- On n'a pas le temps, rugit-elle! Démarre la voiture, Marc! Vite!
Elle se retourne vers moi avec un air menaçant. Elle pourrait égorger n'importe qui qui viendrait la contrarier.
- Le mariage, c'est dans deux semaines, Violet! Tu m'entends! Deux semaines, d'accord?
- D'accord, murmurais-je apeurée.
J'avais l'impression d'être redevenue une enfant qu'on disputait.
- On va d'abord passer chez Mallard! J'ai commandé dix kilos de feuilletés pour le mariage. On va aller vérifier que ça avance bien. Ensuite, on ira chez le fleuriste. Il faut aussi qu'on passe...
Ca a été comme ça tout le trajet. Heureusement que Livai n'était pas venu. Lorsque nous sommes arrivés devant notre traiteur, on a été forcé de constater que la boutique avait subi un incendie. Je deviens blanche comme un linge. Des pompiers encadraient la zone. L'un d'eux nous cria:
- Messieurs-dames, vous ne pouvez pas avancer plus loin. Le commerce a brûlé pendant la nuit.
- Oh, mon dieu! Et notre commande, s'écriâmes ma mère et moi!?
- Puisque ça a l'air de vous inquiéter... Sachez qu'il y a eu aucun victime, répondit le pompier en nous jugeant.
- D'accord, mais notre chèque d'acompte? Il a brûlé aussi, renchérit mon père?
Ma mère a été une vrai furie pendant les cinq dernier jours. Elle en était presque venu aux mains avec tous les employés que l'on avait embauché.
Lorsque nous sommes allées chez le fleuriste avec Luna, elle a fini par prendre le charriot du vendeur pour le faire à sa place. J'avoue qu'elle nous a fait un peu honte à brayer dans le magasin. Surtout que l'employé me connaissait, on était au lycée ensemble...
Mais une fois de retour à notre appartement où j'ai grandi, elle s'est montré plus mielleuse.
- Ca y est? T'es détendue, murmurais-je en m'asseyant à la table.
- J'ai pris un petit relaxant. Hihi! Vous êtes tellement mignonnes toutes les deux. J'ai les deux plus belles filles! Dire que l'une de vous va se marier.
Je suis restée interdite face à ce changement drastique. J'ai attrapé la boîte de médicament à côté d'elle.
- Hihi, tu me ressens du vin, mon poussin, minauda-t-elle à mon père?
- Du Lexomil? Carrément?! M'époumonais-je.
Elle était complètement shootée en fait. Je fais les gros yeux à mon père pendant que ma mère se leva.
- Tididoum! Je vais mettre un peu de Jazz! Hihi!
- Tu veux qu'elle redevienne comme avant, chuchota mon père? Bon, alors... Ne sois pas égoïste. Merci.
J-8
C'était le père Daniele qui allait nous marier, il nous a fait venir pour la préparation. Il avait un petit accent italien plutôt mignon mais ses vieilles lunettes brumeuse était affreuse. Je devrais peut-être lui glisser une petite note pour lui demander de les changer pour la cérémonie.
- Je serais toujours devant. Puis les invités vont venir s'asseoir. Ce sera ensuite au tour des parents du marié et la mère de la marié.
J'hochais de la tête diligemment en notant chacun de ses mots. Luna et Livai me regardaient faire en soupirant.
- Ensuite, le marié avec sa mère, puis les témoins et les demoiselles d'honneur. Et enfin, la marié et son père!
- Dites, fis-je en relisant mes notes. C'est les témoins avant les demoiselles?! Ils doivent arriver en binôme ou en file indienne?
- Heu... Comme vous voulez, ce n'est pas très important. Mademoiselle, quand vous lirez le psaume, vous devez vous incliner après les marches.
- T'as bien compris, Luna? Il faut que je te le note?
- Respire. Je pense que je pourrais retenir ça, rouspète ma sœur.
- Et quand vous direz "vous pouvez embrasser la mariée", il faudra qu'on s'embrasse comment, précisément?
- Violet!
- Ecoutez, fit le père en m'ignorant. Je vais devoir y aller mais ne vous angoissez pas. On se voit samedi, bonne journée.
J'attrape sa manche pour le retenir.
- Ou mais quand vous allez chanter, est-ce qu'on devoir s'asseoir ou rester...
- Lâchez moi, maintenant, fit-il en se dégageant.
Je le regarde s'éloigner de nous, insatisfaite. Je murmure désespérément:
- Revenez...
- Violet, t'es consciente qu'il t'a fit "lâchez moi, maintenant"? Chuchota Livai un peu lassé.
Personne n'essaye de comprendre mon investissement dans cette cérémonie. C'en est presque vexant...
J-7
Quand j'ai pensé à faire mon mariage à Bordeaux fin Juin, j'ai imaginé qu'il ferait forcément beau. Bon j'ai peut-être tenu tête au monde entier quand ils m'ont dis de faire attention à ça et de peut-être reporter à Juillet. Mais je voulais que ce soit en Juin! Et... dès que des professionnels m'ont proposé de mettre une tente ou de faire un buffet couvert. J'ai refusé avec assurance et un peu de dédain.
Sauf que...
- Aaaaaah!!!!
Une semaine avant le mariage, je me baladais par hasard sur l'application de la météo dans mon bain avant de m'écrier avec horreur. Un combo catastrophique: un ciel couvert vendredi, de la pluie et de l'orage le samedi et un dimanche pluvieux mais ensoleillé.
Je suis sortie de mon bain pour aller chouiner dans les bras de mon père:
- Bouhou... Papa, au secours! Il va pleuvoir le jour de mon mariage.
Celui-ci caressait me tête, espérant que ma mère ne m'ait pas entendu au risque de faire une nouvelle crise. Elle allait finir par devenir accros au Lexomil.
- Ce ne sont pas trois gouttes qui vont gâcher la fête! Et puis "mariage pluvieux, mariage heureux".
- Attends... Ce n'est pas censé être "mariage plus vieux, mariage heureux", fis-je encore larmoyante.
- Mais non... Ne dis pas n'importe quoi. Ce n'est pas la fin du monde. Mais... ne parle pas trop fort s'il te plait. Ta mère a une trop bonne audition...
C'était un cauchemar, dès que j'en parlais à tout ceux au courant de mon mariage, j'avais la même réponse à la noix! Si mes yeux avaient été mitraillettes, plus personne ne serait en vie à Bordeaux.
Je mordillais mon ongle en réfléchissant à voix haute pendant que Livai lisait une revue à côté de moi dans le lit. J'enfoui mon visage dans la couverture, incapable de fermer l'œil.
- C'est un massacre! Normalement, j'ai un super karma! Peut-être que c'est parce que j'ai ri quand ce type est tombé en pleine rue la dernière fois... Pourtant, j'ai ri dans ma tête. Je n'aurai pas dû critiquer autant le mariage de Auro la dernière fois. Mais la déco était tellement moche!
- T'es complètement folle, soupira Livai. Un peu de pluie, ça ne fait de mal à personne. Tu sais ce qu'on dit? "Mariage pluv...
- Je te JURE que si tu prononces cette phrase, j'annule le mariage! Pestais-je avant de me tourner dans le lit pour ruminer.
Les derniers jours avant le mariage furent les plus difficiles. On a tous beaucoup travaillé pour préparer la réception. Surtout qu'il faisait vraiment chaud, les allers retours nous épuisaient. Je n'ai jamais passé autant d'appels de ma vie. Je vais finir sur liste noire!
Alors que je décorais les tables pour le lendemain, je reçu un sms d'un ami de la fac: "Coucou, est-ce que je peux venir au mariage avec une copine?"
Bon sang! Quel genre de personne demande ça à la dernière minute. J'étais prête à m'arracher les cheveux:
- Mes plans de table!
Avec Luna, on a été obligé de se réorganiser. On avait posé toutes les fiches au sol. C'était pire qu'un problème de maths. On devait tout relire pour vérifier. Je soupire en bougonnant:
- C'est simple. Si le mariage était un humain, les plans de tables seraient un bouton sur le cul! Alors... Erd, c'est l'ex de Flora, donc je ne peux pas le mettre sur cette table.
- Et Rico, demanda Luna? On la met à la table des anglophones?
- Ben, ça m'embête de ne pas la mettre avec sa meilleure amie.
- Dis Violet, s'écrit ma mère au loin. Tu as pensé à prévenir le traiteur qu'il y avait sept invités qui mangent halal et six végétariens?
Après quatre longues heures de réflexion, tout semblait rentrer dans l'ordre.
- Bon, rassure moi, Luna! On a bien vingt quatre tables complètes?
- Ouaip.
Enfin tranquille, j'ouvre mon portable pour voir un nouvel sms: "Bonjour, je me suis foulé le poignet hier, on ne pourra donc pas venir au mariage. Bise de nous quatre ;)"
- Violet, interrogea ma sœur en voyant ma tête dépérie?
- Il va y avoir un meurtre!
Jour J
- Violet! Debout!
Je ronflais tranquillement pendant qu'on me secouait dans mon sommeil pour me réveiller.
- C'est aujourd'huiiiii, fit ma mère toute excitée.
Encore à moitié endormie, elle me tendit un café, toujours en secouant un peu mes épaules.
- Vite! Prends ton petit déjeuner. Mary est là pour te coiffer. Allez!
Les préparations ont été des plus banales, avec ma mère, ma sœur et mes copines. Celles qui n'étaient pas là m'ont toutes appelées, excitées comme des puces. Ma mère criait dès qu'elle pensait avoir perdue quelques choses, je crois que Luna commença à perdre patience.
J'étais un peu stressée mais surtout très heureuse. Mary m'a lissé les cheveux avant de faire une natte qui prit la moitié de mon volume. Laisser mes cheveux détachés dans mon dos me permettait de cacher certains de mes tatouages, n'ayant pas la motivation de tous les recouvrir avec du fond de teint.
Quand on fut toutes prêtes, on sonna à l'appartement.
- Oh mon dieu, c'est Livai, s'exclame ma mère qui ne s'était pas calmée!
Je lui embrasse la joue en lui murmurant:
- Je descends, on se retrouve à la mairie. C'est trop tard, maman. Tu n'as plus besoin de stresser.
Quand je suis descendue, j'ai trouvé Livai en train de griller une clope, assis sur la décapotable qu'on avait loué. Il me regarda de haut en bas sans rien dire, il n'avait jamais vu ma robe.
Il esquissa un sourire quand je pouffais nerveusement. L'angoisse montait un peu.
- T'es très belle, fit-il enfin.
- T'es pas mal non, ajoutais-je en l'admirant. Tu n'as pas trop chaud?
- Si, je vais crever. Dès que la cérémonie se finit, je me change.
- Ne t'inquiète pas, j'ai tout prévu. Brumisateurs, ventilos et éventails!
- Tu vois... Il ne pleut pas finalement... T'avais pas besoin de t'inquiéter.
Devant la mairie de Bordeaux, tous les invités nous attendaient déjà, ils nous ont sauté dessus dès que nous sommes arrivés. Et j'ai dû saluer chacun d'entre eux, un par un. Tous ces gens n'étaient là que pour nous, c'était bizarre comme sensation. J'ai reçu pleins de compliments sur ma robe. Benedict m'a même soufflé qu'elle me faisait des fesses d'enfer. Hum...
Hanji m'a serré fort dans ses bras. Elle allait être auprès de nous tout le long comme elle est la témoin de Livai.
- Les amoureux, posez pour la photo! Firent certains invités en sortant leur portable. Souriez!
C'était sans doute le seul jour dans ma vie où j'aurai autant d'attention. Autant en profiter, remarquais-je en prenant la pause sous les flashs!
- Violet, tu viens? On ne va pas faire attendre le maire, remarqua Livai.
- Ooooh, j'étais en plein shooting, pestais-je quand il me traina par la main.
Mais dès qu'il eut le dos tourné, je retournais pour me mettre sur tous les angles.
- VIO-LET!
- Encore deux minutes!
Finalement, on a fini par l'église après avoir remplis les papiers de la mairie. Livai et moi étions debout devant le prêtre qui racontait la bride du mariage sans que je m'y intéresse vraiment.
- Le Seigneur est notre secours, et nous chantons sa gloire éternellement. Il disait...
Je lance un regard Livai qui ne cillait pas. Je me demande s'il écoutait vraiment... Il avait l'air un peu... émue, enfin... c'est vite dit le connaissant... Il ne fronçait juste pas les sourcils. Par contre, mes parents avaient la larme à l'œil, même Luna avait un grand sourire à côté des demoiselles d'honneur. J'étais contente qu'ils soient tous avec moi.
Bon.... Ce n'était pas si compliqué finalement... Il ne manquait plus que la réception après ça. Je pourrai enfin lâcher du leste.
Oh, ma robe me serre. C'est un enfer! Je n'aurai peut-être pas dû autant manger ce matin. Mais je suis contente de ne pas avoir été obligé de maigrir pour rentrer dedans avant le mariage. Malheureusement, si ça continue, je vais finir par tourner de l'œil. Je me change dès que possible.
Je remarque au bout de quelques secondes qu'on me tend le micro. Pour ne pas que cet instant ne dure trop longtemps, et surtout que je n'avais rien écouté, je bafoue un "Oui" qui résonna dans l'église. Heureusement, c'était ce qu'on attendait de moi.
Livai et moi nous échangeons nos alliances puis on s'embrassa sous les applaudissement des invités. Ca y est, je suis mariée! Wow... Je ne sais même pas ce que je suis censée ressentir. Tout se mélange dans ma tête.
- Maintenant, nous allons nous diriger vers la Vierge pour qu'elle place les mariés sous sa protection. Vous pouvez déposé votre bouquet comme offrande.
- Heu... c'est obligé, murmurais-je? Parce que je comptais le lancer à mes copines.
- D'accord, soupira le prêtre. Bon ben, on retourne à l'allée alors...
Je vis le regard suspicieux de Livai, je me défendis vexée.
- Quoi? C'est MON bouquet!
Si vous voulez savoir... En sortant, ce fut Edith, la petite amie d'Iris qui l'a attrapé. Je n'ai pu m'empêcher de lancer un regard plein de sous entendus à ma meilleure amie qui est devenue rouge pivoine.
On a fait la réception chez mon beau-père, en commençant par un apéritif dans la clairière. Ce fut très charmant, enfin... à quelques bourdes prêts.
- Ah! Mes talons s'enfoncent dans la terre, s'exclame Bene en attrapant mon bras.
Je me retourne en me sentant tirer en arrière.
- Luna! Tu marches sur la robe de la mariée, pestais-je!
- Tu peux arrêter de parler de toi à la troisième personne, soupira ma petite sœur.
- La marié a tous les droits.
- Violet!
Je me retourne pour voir Livai accourir vers moi. Je remarque qu'il a finalement gardé son costume.
- Oui?
- Tu as entendu? Le traiteur a fait une erreur de branchement. On n'a plus le courant.
- Quoi? Fis-je horrifiée.
Ne pas paniquer! Techniquement, je ne peux rien y faire. Il ne reste malheureusement qu'une seule solution pour gérer cette crise.
- Servez la mariée, s'il vous plait, fis-je à un serveur en tendant ma coupe de champagne.
Une petite heure plus tard, le champagne m'avait calmé et tout semblait rentré dans l'ordre pour moi. J'enlaçais Iris et Edith pour les serrer fort contre moi.
- Je vous aime tellement! Je voudrais être une cellule de votre corps!
- Oh, Violet! Tu sens l'alcool et le tabac à plein nez. Un chewing-gum, vite! S'exclame Bene en fouillant dans sa pochette.
Elle le renfourgue dans ma bouche sans rien me demander. Je le mâche machinalement, me disant que cela ne me ferait pas de mal de toute façon.
- Violet, fit Livai en revenant vers moi. C'est bon, c'est réparé. Le courant est revenu! Tu peux respirer.
- Quel courant, minaudais-je avec un petit sourire en coin?
Je tombe dans ses bras pour me coller à lui et réclamer un bisou.
- Wow, vous êtes tellement beau, monsieur. Vous êtes marié?
- C'est pas vrai? T'es déjà bourrée?!
- Pas du tout... J'ai une chambre dans la résidence, ça vous dit de monter avec moi?
Hum hum...
J'en ai profité pour changer ma robe pour quelque chose de beau mais plus confortable. Après le repas, j'ai dû me lancer dans la tâche laborieuse du tour de tables pour saluer chaque invité. J'ai eu le droit, à peu près, à toutes les remarques possibles.
Evidemment, beaucoup de compliments sur le repas. Quelques petits cadeaux et des enveloppes. Je suis passée furtivement à la table des enfants. Je tenais trop au blanc de ma robe pour m'y éterniser. Eren m'a maladroitement demandé si le bébé était le prochain projet. J'ai répondu poliment que non mais il n'a pas été le seul. A la fin, j'ai juste répliqué qu'on était déjà une famille avec notre adorable chienne.
Je me suis plains à la fin à ma grand-mère qu'un mariage était trop de pression et que les gens pensaient que j'allais suivre un chemin tout tracé. Elle m'a un peu ignorée en m'offrant un cadeau. Je l'ai déballé. C'était un body.... J'abandonne.
Bref, on a ri, on a mangé et on a bien dansé. Mes parents ont pleuré quelques fois, tellement que Luna a fini par trouver ça gênant. Le jour s'est levé et je suis sortie de la tente pour prendre l'air griller une cigarette. Je suis tombée sur Livai qui était assis un peu loin sur le pelouse qui faisait de même.
Quelques personnes étaient dans la piscine, un de mes oncles dormait dans l'herbe et la musique continuait à battre son plein sous la tente.
- Oh, tiens, remarqua Livai. Je t'ai presque pas vu de la soirée.
- C'était pas évident. On a trop d'amis.
- TU as trop d'amis, corrigea Livai pendant que je m'asseyais à côté de lui.
- Presque tout le monde est couché, il est presque neuf heures.
- C'était vraiment... fou comme journée. Tu sais que tout le monde adoré. Ils ne s'en remettent pas.
J'esquisse un sourire et Livai soupira en exceptant d'admettre:
- Bon, je dois dire que c'est grâce à toi. T'as vraiment fait les choses bien. C'était vraiment le meilleur mariage que je pouvais imaginer. T'as été investie du début à la fin et même si quelque fois, t'as été un peu dans les extrêmes, je comprends maintenant. C'était pas si facile de préparer quelque chose d'aussi grandiose.
Mon cœur se remplit de bonheur pendant qu'il embrassa mes lèvres.
- La mauvaise nouvelle dans cette histoire, c'est que j'ai cassé mon talon en dansant, soupirais-je.
Livai leva un peu les yeux au ciel avant de rester songeur. Après un long silence entre nous, il murmura:
- On fait quoi, maintenant?
- Rien de plus que d'habitude, réalisais-je. Ca ne change pas grand chose d'être marié, finalement...
- Ouais, je trouve aussi.
- On fera ce qu'on veut et cela ne regardera que nous désormais.
- Tu as raison. On a toute la vie pour être tranquilles, fit-il en m'enlaçant. Rien que tous les deux...
Ma tête se posa contre sa poitrine et je profitais enfin de ce moment de calme.
- Je vous aime, monsieur Ackerman.
- Je vous aime aussi, madame Ackerman.
Fin de ce one shot
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