Sous le ciel d'août

Le soleil brûlant de l'été parisien tapait fort sur les pavés de la ville, mais Mélanie marchait à un rythme tranquille, son sac en bandoulière battant doucement contre sa cuisse. C'était une journée ordinaire, comme tant d’autres, mais quelque chose dans l’air semblait différent ce jour-là. Peut-être était-ce la chaleur étouffante, ou peut-être était-ce la sensation, inexplicable, qu’un changement allait se produire dans sa vie.

Mélanie avait 29 ans, une vie professionnelle stable dans une agence de communication, et une routine bien ancrée. Elle n’était pas du genre à prendre des risques, préférant les relations simples et sans complications. Mais un an plus tôt, sa vie avait été bouleversée par une rencontre imprévu et électrisante.

Elle se souvenait encore de ce jour comme si c’était hier. Elle était allée à une exposition de peinture dans un petit café galerie du Marais, accompagnée de quelques collègues. C’est là qu’elle l’avait vue.

Lola.

Lola était une artiste peintre, mais pas seulement. Il y avait quelque chose d’intangible dans sa présence, une force tranquille qui semblait défier les conventions. Ses cheveux courts, d’un noir de jais, encadraient un visage angélique, mais ses yeux, d’un vert profond, semblaient porter des histoires qu’elle n’avait jamais racontées. Leur rencontre avait été brève, juste un échange de regards avant que Mélanie n’essaye maladroitement de lui poser une question sur ses œuvres. Lola lui avait répondu avec une politesse distante, mais un sourire qui restait gravé dans sa mémoire.

Elle ne savait pas pourquoi cette rencontre la hantait autant. Elle n’avait jamais cru en l’amour au premier regard, mais quelque chose, cette étincelle entre elles, l’avait perturbée. Chaque fois qu’elle y pensait, son cœur battait plus vite. Mais, dans l’effervescence de sa vie, elle avait enterré ce sentiment. Jusqu’à aujourd’hui.

C’était au détour d’un café qu’elle la retrouva, par hasard, une semaine plus tard. Lola était là, assise seule à une table, un carnet de croquis devant elle. La surprise d’une telle coïncidence la fit hésiter un instant. Mais quelque chose en elle la poussa à s’approcher.

"Mélanie, c’est bien toi ?" demanda Lola en levant les yeux et en esquissant ce sourire qui lui semblait désormais familier.

"Oui... C’est toi aussi, Lola," répondit-elle, surprise de la revoir. "Que fais-tu ici ?"

"Je viens souvent ici, pour dessiner un peu. Ce café a une ambiance particulière que j’aime." Son regard se fit plus intense. "Et toi ? Tu viens souvent dans ce coin ?"

Mélanie hésita, ne sachant trop quoi répondre. Elle n'était pas du genre à fréquenter des endroits comme celui-ci, mais le fait que Lola y vienne lui donna l'impression d’être dans un univers parallèle. Un univers dans lequel elle ne se reconnaissait pas encore.

"J’étais juste... curieuse," répondit-elle, en rigolant légèrement pour masquer la nervosité qui l’envahissait.

Elles échangèrent quelques mots sur l’art, sur la ville, sur des sujets qui semblaient légers, mais chaque parole semblait les rapprocher. Au bout de quelques minutes, Lola posa son carnet et la regarda avec une attention plus marquée.

"Tu veux venir voir mon studio ? J'y travaille souvent seule, et parfois, j’ai besoin de quelqu’un pour me donner un avis. Si ça t’intéresse, bien sûr."

C’était une invitation. Une invitation claire et simple. Mais pour Mélanie, cela semblait tout sauf simple. Elle était perdue, ne sachant pas si elle était prête à franchir ce seuil, à entrer dans le monde de Lola. Mais son cœur lui soufflait d’y aller.

"Oui, pourquoi pas", dit-elle, avant même de réfléchir. Un sourire apparut sur son visage, nerveux mais sincère.

Lola se leva, et les deux femmes quittèrent le café ensemble, marchant dans les rues animées de Paris, laissant derrière elles la chaleur de l’après-midi. Après quelques rues, elles arrivèrent dans un immeuble ancien du quartier Montparnasse, où le studio de Lola se trouvait. Le lieu était lumineux, chaleureux, envahi par des toiles accrochées sur les murs, des pots de peinture éparpillés et des pinceaux. L’ambiance y était intime, presque secrète.

Lola invita Mélanie à s’asseoir sur un vieux canapé en cuir, alors qu’elle allait chercher une boisson pour elles deux. Pendant qu’elle se levait, Mélanie la regarda. Elle se sentait à la fois excitée et intimidée par cette proximité. Elle n’avait jamais été aussi proche de quelqu’un qui faisait naître en elle cette sensation nouvelle, si forte.

"Alors," commença Lola en revenant avec deux verres de vin, "qu’est-ce que tu penses de mon travail ?"

Mélanie prit le verre, mais ne savait pas quoi répondre. Elle n’était pas une experte en art, mais il y avait dans les toiles de Lola une profondeur qui la touchait. Elle se leva et s’approcha d’une toile, la regardant longuement. La peinture représentait une femme, solitaire, assise sous un arbre, regardant l’horizon. Elle se sentit soudain vulnérable, comme si la toile parlait d’elle.

"Je... je trouve ça magnifique", répondit-elle, les mots qui sortirent de sa bouche lui paraissant insuffisants.

Lola s’approcha d’elle, regardant la toile avec la même intensité. "C’est une des premières que j’ai faites après avoir quitté mon ancienne vie," dit-elle avec une lueur dans les yeux. "Cela représente le moment où j’ai compris que je ne pouvais plus me mentir."

Le silence s’installa entre elles, chargé de significations. Mélanie sentit son cœur s’emballer. Elle n’avait jamais été aussi proche d’une personne, aussi ouverte à une vérité qui semblait lui échapper.

Lola s'approcha alors lentement, posant une main délicate sur le bras de Mélanie. "Tu sais, parfois les choses se passent sans qu’on les planifie. Comme aujourd'hui. Comme cette rencontre."

Mélanie sentit son souffle se couper. Elle leva les yeux vers Lola, et dans ce regard, il y avait quelque chose de plus. Une invitation silencieuse, une promesse tacite. Leur proximité semblait électrique.

Sans un mot de plus, elles se rapprochèrent, et leurs lèvres se frôlèrent pour la première fois. C'était doux, hésitant, mais tellement intense. Mélanie se laissa emporter, brisant la barrière qu’elle avait érigée autour d’elle-même. C'était le début de quelque chose qu’elle n’avait pas vu venir, mais qu’elle savait être inévitable.

Leurs corps se mêlèrent lentement, dans un ballet sans paroles, comme si chacune d'elles trouvait enfin sa place dans le monde de l’autre. La chaleur de la pièce, le parfum de l’air, l’écho des sentiments non dits… Tout cela se confondait dans un moment parfait, un instant suspendu.

Ce soir-là, Mélanie comprit qu’elle avait enfin trouvé ce qu’elle cherchait, sans même le savoir. Dans les bras de Lola, elle trouvait enfin la paix, et peut-être, juste peut-être, un amour qui ne demandait qu’à être vécu.

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