Une rencontre explosive

Le crépuscule jetait ses derniers éclats d'or sur les toits en ruine de la cité de Valdir. Dans les ruelles sombres, un éclat de rire perça l'air, vif et désinvolte. Kael, une jeune femme à la chevelure bleu nuit, sauta d'un muret, évitant de justesse une explosion qu'elle avait elle-même provoquée.

— Tu ne t'améliores pas, Erya ! lança-t-elle en jetant un regard par-dessus son épaule.

À ses trousses, des gardes en armure criaient à l'unisson, mais Kael s'en moquait. Elle adorait le chaos. Ses bottes frappaient les pavés avec une légèreté déconcertante, son sourire s'élargissant à chaque détour. Avec un dernier geste fluide, elle lança une petite boule de feu à retardement qui éclata derrière elle, plongeant la rue dans la confusion.

Kael aimait ces petits jeux de cache-cache avec les autorités. La vie ne valait d'être vécue que dans le danger. Mais ce soir-là, sa course fut brusquement interrompue.

En tournant à l'angle d'une ruelle étroite, elle heurta une silhouette qui n'avait rien à faire ici. La jeune femme qu'elle renversa tomba à la renverse avec un petit cri surpris.

— Eh bien, qu'est-ce qu'une fille comme toi fait dans un endroit comme ça ? demanda Kael avec un sourire railleur, en tendant une main à l'inconnue.

La jeune femme attrapa sa main, et Kael sentit un frisson étrange parcourir son bras. Ses yeux s'écarquillèrent en découvrant des prunelles dorées, brillantes comme deux soleils. La fille portait une robe blanche bordée de runes lumineuses, et une aura douce et apaisante émanait d'elle. Elle semblait tellement à l'opposé du chaos qui entourait Kael qu'elle en resta bouche bée une seconde.

— Je pourrais te poser la même question, murmura la jeune femme avec un sourire timide. Moi, c'est Liora.

Kael éclata d'un rire franc.

— Liora, hein ? J'suis Kael. Ravie de te rencontrer... même si je pense que t'as choisi le pire endroit pour ta petite balade.

Liora se redressa et épousseta sa robe avec une grâce naturelle.

— Je cherche quelqu'un, avoua-t-elle. Une amie. Elle s'est égarée ici.

Kael arqua un sourcil, l'amusement dansant toujours dans ses yeux.

— Une amie, hein ? Valdir n'est pas vraiment le lieu pour les demoiselles en détresse. Tu veux un conseil, Liora ? File avant que ces gardes te mettent la main dessus. Moi, je vais disparaître dans trois, deux, un...

Mais au moment où Kael s'apprêtait à s'enfuir à nouveau, une lumière douce jaillit de la paume de Liora. Un cercle de protection se dessina autour des deux jeunes femmes, dissimulant leur présence aux gardes qui passèrent à toute vitesse, ignorant leur cachette.

Kael plissa les yeux.

— Hé, mais tu sais te battre, toi. Qui aurait cru qu'une gentille mage comme toi avait quelques tours dans sa manche ?

Liora haussa les épaules, un petit sourire aux lèvres.

— Je ne suis pas aussi fragile que j'en ai l'air.

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Les heures passèrent, et contre toute attente, Kael et Liora continuèrent à marcher ensemble. La cité de Valdir semblait moins menaçante à deux. Kael ne se souvenait pas de la dernière fois qu'elle avait apprécié une compagnie autre que celle de la folie et des explosions.

— Alors, qu'est-ce qu'une fille comme toi fait VRAIMENT ici ? demanda Kael en jouant avec une de ses dagues. Ton histoire d'amie perdue, c'est du baratin, pas vrai ?

Liora resta silencieuse un instant, les yeux rivés sur le ciel étoilé. Puis elle répondit doucement :

— Je fuis quelque chose. Une guerre que je ne veux plus combattre.

Kael pencha la tête, intriguée.

— Une fugitive ? Oh, j'aime ça. Mais une mage aussi talentueuse que toi... pourquoi partir ?

Liora s'arrêta, ses épaules se crispant légèrement.

— Parce que j'en ai assez d'être une arme. Ils veulent que j'apporte la lumière sur le champ de bataille, mais personne ne se soucie de ce que je veux. J'ai juste envie d'exister... librement.

Un silence s'installa entre elles. Kael savait ce que c'était de vouloir échapper à une cage, même si la sienne n'avait jamais été dorée. Elle posa une main légère sur l'épaule de Liora, un geste inhabituellement doux pour quelqu'un comme elle.

— Eh bien, t'as trouvé la bonne personne si tu veux être libre. Je suis le chaos incarné, et le chaos n'obéit à personne.

Liora lui rendit un sourire sincère.

— Peut-être que c'est toi que je cherchais, finalement.

Le cœur de Kael manqua un battement. C'était ridicule. Elles ne se connaissaient que depuis quelques heures, mais quelque chose chez Liora la touchait d'une manière qu'elle ne comprenait pas encore.

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Plus tard, elles trouvèrent refuge sur le toit d'une vieille auberge abandonnée. De là, elles pouvaient voir toute la ville endormie sous le ciel nocturne. Kael, adossée contre une cheminée, lança un regard curieux à Liora.

— Alors, mage brillante, si tu pouvais aller n'importe où, où irais-tu ?

Liora ferma les yeux un instant, laissant le vent caresser son visage.

— Loin, répondit-elle enfin. Loin des attentes. Loin de ceux qui veulent que je sois quelqu'un que je ne suis pas.

Kael hocha la tête, ses propres souvenirs de fuite remontant à la surface.

— T'es pas si différente de moi, finalement, murmura-t-elle.

Elles restèrent silencieuses un moment, profitant de la tranquillité rare. Puis, sans vraiment réfléchir, Kael se pencha vers Liora.

— Tu sais, t'es vraiment fascinante, dit-elle doucement.

Liora rougit légèrement mais ne recula pas.

— Et toi, tu es... imprévisible.

Kael sourit.

— C'est un compliment, ça ?

— Peut-être, répondit Liora avec un éclat espiègle dans le regard.

Leurs visages étaient maintenant très proches. Le cœur de Kael battait plus fort que jamais. Sans vraiment s'en rendre compte, elle franchit la distance qui les séparait et déposa un baiser doux sur les lèvres de Liora.

Liora ne la repoussa pas. Au contraire, elle répondit avec une tendresse qui fit fondre toutes les défenses de Kael. Ce baiser n'avait rien à voir avec le chaos dont elle avait l'habitude. C'était une promesse. Une promesse d'évasion, de liberté... et peut-être d'un avenir différent.

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À l'aube, alors que la lumière du jour teintait le ciel de rose, Kael et Liora se tenaient toujours sur le toit, main dans la main.

— Et maintenant ? demanda Liora.

Kael sourit, l'étincelle de l'aventure brûlant dans ses yeux.

— Maintenant, on fait ce qu'on veut. Ensemble.

Et ainsi commença leur voyage, entre ombre et lumière, deux âmes en quête de liberté et d'amour, prêtes à défier le monde.

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Quelques jours avaient passé depuis leur fuite de Valdir. Kael et Liora avaient parcouru plusieurs villages abandonnés, échappant de peu à des chasseurs envoyés par la capitale.

Assises autour d'un feu de camp en pleine forêt, elles partageaient un silence confortable, chaque crépitement des flammes semblant souligner l'étrangeté et la douceur de leur nouvelle proximité. Kael jouait machinalement avec une de ses dagues, la faisant tourner entre ses doigts.

— Il va falloir qu'on décide où on va, dit Liora doucement, sa voix presque emportée par le vent nocturne.

— Pourquoi choisir ? répondit Kael avec un sourire en coin. L'inattendu, c'est ça qui rend la vie excitante.

Liora le savait : Kael fuyait bien plus qu'elle ne l'avouait. Derrière cette façade de liberté pure se cachaient des blessures, des souvenirs d'un passé dont elle ne voulait jamais parler. Liora l'avait deviné dès le début. Mais la laisser tout le temps fuir serait une erreur.

— Et si je te disais qu'il y a un endroit où nous pourrions être en sécurité ? Un lieu où personne ne pourrait nous retrouver, murmura Liora.

Kael arrêta de jouer avec sa dague, intriguée.

— Je t'écoute.

— Le Bosquet Céleste, dit-elle. C'est une forêt enchantée où la magie circule librement. Peu de gens osent s'y aventurer... et ceux qui le font n'en ressortent jamais.

Kael éclata de rire.

— Et tu penses vraiment que c'est une bonne idée ? Se perdre dans une forêt hantée ? J'adore ton côté imprévisible, mage brillante.

Mais le regard de Liora devint plus sérieux.

— C'est un endroit où nous pourrions commencer une nouvelle vie.

Kael sentit une drôle de chaleur lui traverser la poitrine. L'idée d'une nouvelle vie, d'un futur à construire avec Liora, était plus séduisante qu'elle ne l'aurait cru. Mais quelque chose l'inquiétait.

— Le problème avec le passé, Liora, c'est qu'il finit toujours par nous rattraper.

Liora lui lança un regard déterminé.

— Alors, on le combattra. Ensemble.

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Les jours qui suivirent furent marqués par des moments de légèreté et de tension. Kael et Liora apprenaient à se connaître réellement, au-delà des premières impressions.

Liora aimait lire en silence, parfois à la lumière d'un sort qu'elle murmurait doucement pour illuminer leurs soirées. Kael, de son côté, ne tenait jamais en place. Elle grimpait aux arbres, explorait chaque recoin des sentiers, et fabriquait des pièges juste pour s'amuser.

— Tu es incapable de rester tranquille, hein ? dit Liora un soir, amusée.

— La tranquillité, c'est pour les faibles, répliqua Kael en tirant la langue.

Pourtant, quelque chose changeait entre elles. Chaque regard échangé, chaque sourire volé, faisait grandir un lien invisible, plus fort que ce qu'elles avaient prévu. Et chaque nuit passée à se tenir chaud sous les étoiles resserrait un peu plus ce lien.

Mais le monde n'était pas prêt à les laisser en paix.

Un matin, alors qu'elles traversaient une rivière au bord d'une clairière, une silhouette encapuchonnée apparut sur l'autre rive. Un homme en armure sombre, portant l'emblème de l'Ordre des Veilleurs, se dressa devant elles.

— Kael, murmura Liora en s'arrêtant brusquement.

— Ouais, je le vois. Reste derrière moi.

L'homme retira sa capuche, révélant un visage marqué par la guerre.

— Kael, on t'a enfin retrouvée, dit-il avec une voix rauque.

Kael serra les poings. Elle reconnaissait cet homme. C'était Toren, un ancien compagnon qu'elle avait trahi pour s'échapper d'une guilde de mercenaires. Il lui en voulait toujours, et ça se voyait dans son regard.

— Je savais que tu finirais par tomber. Mais je ne pensais pas que tu t'encombrerais d'une petite lumière comme ça, railla Toren en désignant Liora.

Kael sortit ses dagues avec un sourire narquois.

— Je te conseille de reculer, Toren. Elle pourrait t'aveugler bien plus que tu ne le crois.

Liora, derrière Kael, leva discrètement une main. Des filaments dorés se mirent à danser autour d'elle, formant une barrière lumineuse prête à frapper.

— Toi, recule, murmura Liora. Sinon, ce sera la dernière chose que tu verras.

Toren plissa les yeux mais ne bougea pas, pesant ses chances contre deux femmes prêtes à tout. Puis, avec un sourire mauvais, il recula lentement.

— On se reverra, Kael. Et ce jour-là, je prendrai ce que tu me dois.

Quand il disparut dans les bois, Kael lâcha un soupir et rangea ses dagues.

— Sympa, non ? Toujours aussi charmants, mes anciens amis.

Liora la regarda avec une lueur d'inquiétude.

— Combien d'autres personnes vont venir après toi, Kael ?

Kael haussa les épaules, mais son sourire avait perdu de sa légèreté.

— Autant qu'il faudra. Mais je ne compte pas les laisser m'avoir. Et surtout pas te toucher.

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Alors qu'elles approchaient du Bosquet Céleste, les arbres devinrent plus denses, leurs branches tordues et couvertes de runes anciennes. Une étrange tranquillité régnait, comme si le monde extérieur n'existait plus.

Liora s'arrêta un instant, posant une main sur un tronc couvert de mousse.

— Nous y sommes presque, murmura-t-elle.

Kael observa les environs avec méfiance. L'endroit était magnifique, mais quelque chose clochait. La magie ici était puissante, presque écrasante.

— Tu es sûre que c'est une bonne idée ? demanda Kael.

Liora hocha la tête.

— Ici, la lumière et l'ombre coexistent. Comme nous.

Ces mots résonnèrent en Kael d'une manière qu'elle n'avait pas prévue. Elle se tourna vers Liora, et sans vraiment réfléchir, elle prit son visage entre ses mains.

— Peu importe ce qui arrive, je serai toujours là, murmura Kael.

Liora sourit doucement, une larme de bonheur brillant dans le coin de son œil.

— Moi aussi, Kael. Toujours.

Leur baiser, cette fois-ci, fut plus intense, une promesse scellée dans un endroit hors du temps. Ensemble, elles entrèrent dans le Bosquet Céleste, prêtes à affronter l'avenir, quel qu'il soit.---

Kael et Liora avancèrent au cœur de la forêt, leurs pas étouffés par la mousse épaisse et les feuilles humides. Le Bosquet Céleste semblait hors du temps, presque vivant, comme si chaque arbre, chaque pierre observait leur passage. Des lucioles dorées dansaient autour d'elles, illuminant leur chemin d'une lumière douce et bienveillante.

— On dirait que cette forêt t'aime bien, murmura Kael en observant les lucioles tournoyer autour de Liora.

— Elle reconnaît la magie, répondit Liora, les yeux brillants d'émerveillement. Mais je ne sais pas encore si c'est une bénédiction... ou un avertissement.

Kael haussa les épaules avec un sourire provocateur.

— Peu importe. Si quelque chose essaie de nous piéger ici, je saurai le convaincre de nous laisser tranquilles.

Elles s'aventurèrent plus profondément dans la forêt, où le ciel disparaissait sous une canopée dense de feuillage argenté. Le silence était si parfait qu'il en devenait oppressant. Mais Kael aimait cet isolement. Pour une fois, elle n'avait pas l'impression de devoir fuir quelque chose.

Cependant, Liora s'immobilisa soudainement.

— Tu as entendu ça ?

Kael tendit l'oreille, mais elle n'entendit rien au début. Puis, très doucement, un murmure lointain leur parvint. C'était une voix indistincte, comme un souvenir ancien chanté par le vent.

— Liora... Liora...

Kael fronça les sourcils.

— Quelqu'un t'appelle. Tu as une explication pour ça ?

Liora pâlit légèrement.

— Je... je ne sais pas. Mais je sens que cette voix m'appelle depuis que nous sommes entrées dans le Bosquet.

Kael se rapprocha d'elle, ses dagues à portée de main.

— On ne s'éloigne pas l'une de l'autre. D'accord ?

Liora hocha la tête, mais le doute se lisait sur son visage. Quelque chose dans cette forêt semblait réveiller des souvenirs enfouis, comme si elle connaissait ce lieu sans jamais y être venue.

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Alors qu'elles progressaient, le paysage changea imperceptiblement. Les arbres devinrent plus sombres, et les lucioles dorées laissèrent place à des ombres ondulantes, comme des spectres observant leur avancée. Kael sentit ses muscles se tendre. Le Bosquet était magnifique, mais il était aussi dangereux.

— Tu crois que ce lieu est vivant ? demanda Kael en jetant un regard méfiant autour d'elle.

— Pas vivant... mais conscient, répondit Liora, ses yeux brillants d'une lueur inquiète. Il teste ceux qui entrent ici.

Soudain, une ombre jaillit devant elles, prenant la forme d'une silhouette familière. Liora recula d'un pas, la gorge nouée. La forme devant elle ressemblait à sa mère, celle qu'elle avait perdue des années plus tôt.

— Liora... ma fille, murmura l'apparition avec une voix douce mais sinistre. Pourquoi as-tu fui ton devoir ? Tu abandonnes ta lumière... pour les ténèbres.

Liora serra les poings, une lueur dorée commençant à émaner de ses mains. Kael la sentit vaciller intérieurement, comme si ces paroles éveillaient en elle une culpabilité latente.

— C'est un piège, Liora ! Ce n'est pas réel !

Mais l'ombre continuait de parler, sa voix douce se mêlant à un murmure cruel.

— Retourne à la lumière. Reviens là où tu appartiens... avant qu'il ne soit trop tard.

Liora ferma les yeux un instant, ses pouvoirs lumineux s'affaiblissant. C'était comme si la forêt cherchait à la briser, à la plonger dans le doute. Kael sentit l'urgence de la situation et s'approcha, posant une main ferme sur son épaule.

— Liora, regarde-moi. Ce n'est pas ta mère. Ce sont des mensonges.

Liora ouvrit les yeux, croisant le regard de Kael. Une étincelle d'espoir brilla au fond de ses prunelles dorées.

— Tu n'es pas seule, Liora. Peu importe ce que cette forêt essaie de te faire croire. Je suis là, et je ne te laisserai jamais tomber.

Liora inspira profondément, et la lumière au bout de ses doigts se ranima, plus éclatante que jamais. L'apparition s'évapora dans un souffle de vent, emportée par la force de sa magie retrouvée.

— Merci, murmura Liora en posant sa main contre celle de Kael.

Kael lui adressa un sourire sincère.

— On affrontera tout ça ensemble, d'accord ?

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Après l'épreuve, la forêt sembla s'apaiser. Les ombres se dissipèrent, et une lumière douce enveloppa de nouveau le Bosquet. C'était comme si le lieu reconnaissait leur force et leur lien indéfectible.

Kael et Liora continuèrent leur chemin jusqu'à une clairière baignée par une lumière argentée. Au centre se trouvait un petit lac dont l'eau miroitait comme du verre.

— On dirait la fin du chemin, murmura Kael.

Liora hocha la tête, fascinée par la tranquillité du lieu. Elle s'avança vers l'eau et tendit la main. À son contact, le lac se mit à scintiller, révélant une vision fugace : un futur possible, où elles vivaient ensemble, libres, au cœur du Bosquet.

— C'est ce que je veux, dit Liora en se tournant vers Kael.

Kael s'approcha, son regard adouci par une tendresse rare.

— Moi aussi.

Elles se tinrent la main, et en cet instant, elles surent qu'elles avaient trouvé bien plus qu'un sanctuaire. Elles avaient trouvé l'endroit où elles pouvaient être elles-mêmes.

Leur aventure ne faisait que commencer, mais ici, sous les étoiles du Bosquet Céleste, elles savaient qu'elles affronteraient tout ce qui viendrait, ensemble.

Et pour la première fois depuis longtemps, Kael cessa de fuir.

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Les nuits dans le Bosquet étaient d'un calme surnaturel, et pourtant, Kael n'arrivait pas à dormir. Elle se tenait au bord du lac, son reflet troublé par le mouvement des étoiles à la surface de l'eau. Les visions qu'elle avait aperçues plus tôt la hantaient encore : un avenir radieux avec Liora, mais aussi des ombres menaçantes tapies en arrière-plan.

— Tu ne dors toujours pas ? demanda une voix douce derrière elle.

Kael se retourna et aperçut Liora, enveloppée dans un léger halo de lumière, comme si elle était une étoile descendue sur terre.

— Tu es trop lumineuse, plaisanta Kael en esquissant un sourire. Impossible de dormir avec ça.

Liora rit doucement, puis s'assit à côté d'elle, leurs épaules se frôlant.

— Tu penses à l'avenir ?

Kael hocha lentement la tête.

— Ouais. Je veux ce qu'on a vu dans le lac. Mais... j'ai peur.

Liora tourna doucement le visage vers elle.

— Peur de quoi ?

— Que ça ne dure pas. Que le monde finisse par nous rattraper.

Liora prit la main de Kael, entrelaçant leurs doigts avec douceur.

— Peu importe ce qui arrivera. Nous le traverserons ensemble.

Kael la fixa un instant, fascinée par l'intensité dans son regard. Puis, sans plus attendre, elle réduisit la distance entre elles, et leurs lèvres se rencontrèrent à nouveau. Ce baiser était différent : il n'était pas une promesse ou une tentative de réconfort. C'était une certitude, une déclaration silencieuse que rien ne pourrait les séparer.

Mais avant qu'elles ne puissent savourer cet instant, une vague de magie glaciale les traversa. Le lac vibra soudain, et les étoiles dans l'eau disparurent, remplacées par des visions terrifiantes.

Kael et Liora se séparèrent brusquement, fixant avec stupeur la surface du lac. Une nouvelle vision émergeait : une armée de silhouettes sombres s'avançant à travers la forêt. Elles portaient l'emblème des Veilleurs, la guilde de mercenaires que Kael avait trahie.

— Ils nous ont retrouvées, murmura Kael avec horreur.

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Le Bosquet n'était plus un refuge. Le murmure des arbres s'était transformé en un grondement sinistre, et des ombres dansaient aux abords de la clairière. Kael et Liora échangèrent un regard déterminé. Elles devaient se préparer.

— Je peux dresser une barrière autour de la clairière, dit Liora en invoquant une sphère dorée dans sa paume. Mais ça ne tiendra pas longtemps s'ils sont trop nombreux.

Kael serra ses dagues, le cœur battant à tout rompre. Elle savait que Toren ne laisserait pas passer une nouvelle chance de se venger.

— Ne te fatigue pas. Nous devons trouver un moyen de sortir d'ici avant qu'ils ne nous encerclent.

Mais une nouvelle vision jaillit du lac, plus troublante encore : Kael, seule, fuyant à travers la forêt tandis que Liora restait en arrière, piégée dans la barrière magique pour la protéger.

— Non. Pas question, dit Kael fermement.

Liora fronça les sourcils.

— Kael... c'est peut-être le seul moyen de te sauver.

Kael attrapa son poignet avec force.

— Tu crois que je vais te laisser derrière ? Jamais.

Liora posa une main sur sa joue, son regard triste mais résolu.

— Si ça doit être moi ou toi... je choisirai toujours toi.

— Alors prépare-toi à choisir "nous", répondit Kael, refusant d'envisager un autre scénario.

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Les premières lueurs de l'aube commencèrent à poindre lorsque les mercenaires des Veilleurs pénétrèrent dans le Bosquet. Toren menait l'avant-garde, son regard rivé sur Kael avec une haine glaciale.

— C'est la fin du voyage, Kael, dit-il en dégainant une lame noire. Je vais prendre ce que tu me dois... et plus encore.

Liora se plaça aux côtés de Kael, un cercle lumineux formant une protection autour d'elles.

— Tu n'auras rien, grogna Kael. Ni moi, ni elle.

— Alors vous mourrez toutes les deux, ricana Toren.

Le combat s'engagea dans un tourbillon de sorts et de lames. Kael se battait avec une agilité féroce, ses dagues dansant autour de ses ennemis comme des éclats de lumière noire. À ses côtés, Liora canalisait la puissance de la forêt, lançant des éclairs dorés qui illuminaient les ombres.

Mais les Veilleurs étaient nombreux, trop nombreux. À chaque ennemi abattu, deux autres prenaient sa place. La barrière de Liora commençait à faiblir sous l'assaut incessant.

— On ne tiendra pas longtemps ! cria Liora.

Kael serra les dents. Elles devaient trouver une issue, mais le cercle se refermait rapidement autour d'elles.

Soudain, une lueur argentée jaillit des arbres. Le Bosquet lui-même semblait se réveiller, et les racines des arbres s'enroulèrent autour des mercenaires, les immobilisant dans un chaos total. Une voix ancienne résonna alors dans l'air.

— Vous avez prouvé votre valeur, voyageuses. La lumière et l'ombre s'équilibrent enfin en vous.

Les arbres s'écartèrent, révélant un passage vers le cœur du Bosquet. Une opportunité unique s'offrait à elles : la chance de disparaître à jamais du monde extérieur, de rester protégées par la magie éternelle de la forêt.

— C'est notre chance, murmura Liora. Si nous entrons là-dedans, plus personne ne pourra nous retrouver.

Kael jeta un dernier regard vers les mercenaires piégés, puis vers Liora. Un sourire se dessina sur son visage.

— Alors allons-y.

Main dans la main, elles s'élancèrent dans le passage, laissant derrière elles un monde d'ombres et de poursuites. Le Bosquet les accueillit comme s'il les avait attendues depuis toujours, refermant ses portes magiques derrière elles.

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Kael et Liora émergèrent dans une clairière baignée de lumière, où le temps semblait suspendu. C'était un endroit paisible, où aucun danger ne pouvait les atteindre. Elles se laissèrent tomber dans l'herbe, épuisées mais heureuses.

— On a réussi, souffla Liora.

Kael tourna la tête vers elle, son sourire sincère.

— Ouais. Et maintenant, on est libres.

Liora rit doucement, puis s'approcha pour l'embrasser, scellant leur nouvelle vie d'une promesse silencieuse.

Ensemble, elles avaient trouvé bien plus qu'un sanctuaire : elles avaient trouvé un foyer, l'une avec l'autre. Et pour la première fois, Kael comprit qu'elle n'aurait plus jamais besoin de fuir.

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Fin...???