Les Secrets de l'Après-Midi
Léa avait toujours été discrète. En classe, elle ne se faisait pas remarquer, préférant passer inaperçue parmi les autres élèves du lycée. Ses journées se composaient de cours, de révisions et de moments où elle se perdait dans ses pensées. Elle avait une petite bande d’amies, mais rien de plus. Elle s’isolait souvent, se trouvant plus à l’aise seule, à observer le monde autour d’elle.
Mais il y avait une personne qu’elle ne pouvait pas ignorer, une personne qui l’attirait sans qu’elle ne puisse vraiment l’expliquer. Camille. Elle était dans la même classe qu’elle depuis deux ans, mais jusqu'à cette année, Léa n’avait jamais vraiment pris le temps de la connaître. Camille, c'était un peu la star de la classe : belle, populaire, sportive, avec cette aura qui faisait tourner toutes les têtes. Pourtant, contrairement à ce qu’on pouvait imaginer, Camille n’était pas arrogante. Elle était gentille, souriante, et toujours prête à rendre service. Mais Léa l’observait souvent, parfois sans s'en rendre compte, fascinée par son énergie, son rire, la manière dont elle se déplaçait dans l’espace.
C’était lors d’un après-midi de printemps, après un cours de biologie particulièrement ennuyeux, que leur histoire commença sans vraiment qu’elles ne s’en rendent compte. Le lycée était calme, les étudiants se précipitant vers le parc pour profiter des premiers rayons de soleil. Léa, elle, préférait s’installer sur un banc à l’ombre d’un arbre, un livre à la main, bien que son esprit vagabondait souvent ailleurs.
Ce jour-là, Camille s’assit sur le banc juste à côté d’elle. Léa leva les yeux de son livre, surprise. Camille n’avait pas l’habitude de s’asseoir avec elle, et encore moins d’engager la conversation. Camille sourit, ce sourire qui illuminait son visage et faisait fondre les gens autour d’elle.
"Tu sais, Léa, j’ai l’impression qu’on ne s’est jamais vraiment parlé", commença Camille, sa voix douce et naturelle. "T’es pas du genre à traîner avec tout le monde, hein ?"
Léa, un peu déstabilisée, baissa les yeux, légèrement gênée. "Euh… oui, je suppose", répondit-elle, cherchant ses mots.
Camille rit doucement. "C’est pas une critique, hein. J’aime bien les gens comme toi. Ça change des autres."
Léa sentit une chaleur monter en elle, et son cœur se mit à battre plus vite. Elle n’avait pas l’habitude qu’on lui parle comme ça, si ouvertement, sans jugement. Elle se sentait presque naïve face à cette attention.
"Et toi, tu… tu n’as pas beaucoup de temps libre avec toutes tes activités ?" demanda Léa, cherchant à répondre, à maintenir la conversation.
"Pas tant que ça", répondit Camille en haussant les épaules. "C’est juste que, parfois, j’ai besoin de décompresser, de m’éloigner des autres et de respirer un peu. C’est pour ça que je viens souvent ici, près de l’ombre de cet arbre. C’est calme."
Léa sourit timidement. "C’est vrai que c’est paisible ici."
Les minutes s’égrenaient lentement, et malgré elle, Léa se sentait de plus en plus à l’aise avec Camille. Il y avait quelque chose de rassurant dans sa compagnie, quelque chose qui lui permettait d’être elle-même sans masque, sans artifices.
"Tu sais, Léa", dit Camille après un moment de silence, "je t’ai vue plusieurs fois, seule, dans le coin de la bibliothèque. Tu sembles toujours plongée dans tes livres. Ça doit être agréable de ne jamais avoir besoin d’aller à une fête ou de courir après les autres."
Léa rougit. C’était la première fois que Camille faisait allusion à ses habitudes. Elle avait toujours eu l’impression d’être invisible aux yeux des autres, mais Camille semblait avoir remarqué plus de détails qu’elle n’aurait cru.
"Ce n’est pas que je ne veux pas m’amuser", répondit-elle, un peu confuse. "Je… je préfère juste les choses simples."
"Je comprends", dit Camille, et son regard se fit plus doux. "Les choses simples sont parfois les meilleures."
Le soleil se couchait lentement, laissant place à la lumière douce du crépuscule. Elles restèrent là, à discuter de tout et de rien, et Léa sentit que quelque chose d’inattendu se produisait. La connexion qu’elle ressentait avec Camille était étrange, mais agréable. Elles n’avaient pas grand-chose en commun, mais chaque mot semblait résonner profondément en elle.
Au fil des jours, les rencontres entre elles devinrent plus fréquentes. Camille s’asseyait parfois près d’elle à la bibliothèque, ou elles se retrouvaient souvent sous cet arbre à l’heure du déjeuner. La tension entre elles, qui semblait si subtile, ne cessait de croître. Léa commença à comprendre que ce qu’elle ressentait pour Camille n’était pas simplement de l’admiration. Non, c’était plus complexe que ça. Elle ressentait un véritable désir de la connaître, de la comprendre, de partager des moments avec elle.
Un après-midi, alors qu’elles étaient assises sur le banc, Camille se tourna soudainement vers elle.
"Léa, il y a quelque chose que j’aimerais te dire", commença-t-elle, hésitante. "Je sais qu’on n’a pas beaucoup de temps ensemble, mais… je trouve que tu es différente des autres. Il y a quelque chose chez toi qui m’attire, quelque chose d’indescriptible."
Le cœur de Léa s’emballa. Ses mains se mirent à trembler légèrement. C’était un aveu, et pourtant, elle n’en avait pas vraiment l’habitude.
"Je… je suis contente que tu dises ça", murmura Léa, la gorge nouée. "Parce que… moi aussi, il y a quelque chose chez toi qui me touche."
Camille la regarda intensément, ses yeux brillant d’une lueur qu’elle n’avait jamais remarquée auparavant. "Je ne sais pas ce que ça veut dire, tout ça", dit-elle, "mais je sens qu’il y a quelque chose entre nous, quelque chose qui ne demande qu’à être exploré."
Les mots de Camille résonnèrent profondément en Léa. Elle sentit une vague de chaleur la traverser. Sans réfléchir, elle se pencha doucement en avant, et leurs lèvres se frôlèrent timidement. C’était un baiser doux, hésitant, mais qui portait en lui l’écho de toutes les émotions non dites, des sentiments cachés.
Le monde sembla s’arrêter un instant, tout s’éclipsa autour d’elles, et Léa sut, à cet instant précis, que sa vie venait de changer. Elle n’aurait jamais cru que l’amour pouvait naître ainsi, timidement, dans un coin de parc, entre deux regards échangés et des mots murmurés. Mais elle comprenait maintenant que, parfois, les histoires les plus belles commençaient là où on s’y attend le moins.
Sous le ciel d'août, Léa et Camille se retrouvèrent à écrire ensemble leur propre histoire.
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