Je regardais s'envoler l'hirondelle...
Je regardais s'envoler l'hirondelle à travers les barreaux de ma fenêtre...
Comme j'envie ses ailes blanches pures et légères. Qu'aucune bise, aucun obstacle ne vient démanteler. Vive et rapide, l'hirondelle plane et se dirige là où elle le désire.
Comme j'envie sa liberté.
Encore une fois, mes yeux se posent sur cette cage dorée dont je ne peux m'en défaire. Qui sera celui qui ouvrira la porte ? Comme l'ai-je fait tantôt avec celle de l'oiseau ?
Je tâte de mes doigts froids le fer rouillé de ma prison. Le soleil tente vainement de se coucher, mais ses rayons s'étendent encore comme un dernier salut sur la plaine verte et la forêt.
Cette forêt où j'ai tant rêvé y aller. Peut-être un jour, sait-on jamais... Mon ventre gargouille et le tissu de ma robe se froisse dans un son léger alors que je me replace silencieusement sur ma chaise bancale.
Bientôt il fera nuit. Je me demande où est partie mon hirondelle. S'en est-elle allée trouver un nid ou vole-t-elle encore dans le ciel orangé ?
Que j'aimerai sentir moi aussi le vent dans mes cheveux et l'herbe sous mes pieds. Il y a longtemps pourtant, j'ai su ce que cela faisait. Depuis, j'ai oublié.
Seule dans ma chambre, j'y pense encore, je le dessine encore, et je le chante encore. Ce temps qui m'a été arraché. Peut-être que d'autres entendront et ouvriront...Peut-être... Comme l'on dit souvent, l'histoire sourit à qui sait espérer.
Ainsi, je me lève difficilement, détachant difficilement mes yeux de l'ultime spectacle de la journée. Mes jambes sont engourdies à trop être restée assise. Mes pieds tapent doucement le carreau froid de la pièce se dirigeant d'elle-même vers l'espace que je préfère, après la fenêtre. Ma main droite s'appuyant sur le bois de l'étagère, j'en sors de l'autre, un ouvrage à la couverture brune et relié d'un simple cordon. Les pages sont jaunies comme la plupart des autres livres de la bibliothèque. Je caresse lentement le devant de l'objet et le serre à ma poitrine.
M'asseyant à même le sol, au centre de la salle, j'ouvre le bouquin et le feuillète. A force, les mots de chaque ligne de chaque page se sont inscris à même mon âme. Fermant les yeux, je peux deviner l'action des personnages et la tournure des évènements.
Je me perds à m'imaginer, telle une princesse échappée de sa prison d'acier... Mais ce n'est que mon esprit, mon corps ne pourra jamais se repaitre de cette hypothétique réalité. Tous les jours sont ainsi et suivent le même chemin. Sauf que mon compagnon à plume est parti au lointain. Peut-être ramènera-t-il quelqu'un pour me sortir de cette destinée sombre ? Que la vie a voulu m'offrir en punition de la bonne naissance que je possède ?
Bientôt, alors que je m'endors sur mes projets et mes conquêtes, j'entends le bruit d'une aile à ma fenêtre. J'ouvre les yeux, mon hirondelle est là.
Que fait-elle ici alors que je lui ai rendu sa liberté ? Mais j'aperçois aussitôt un message à son pied. Je retire le rouleau de sa patte et le déroule pour le lire en silence.
L'espoir renait, les ténèbres reculent et je m'imagine enfin pieds nus dans la vallée, le visage fouetté par l'air de la forêt.
Je prends un morceau de parchemin et me mets de suite à écrire. Puis, les mains tremblantes, l'accroche à mon amie à plume.
Et le sourire aux lèvres, je lui chuchote des mots doux et d'affection. Sans elle, rien ne serait possible aujourd'hui...
C'est ainsi que lorsque la nuit perle ses étoiles brillantes, je lâchais ma compagne sur le vide sombre. Et accoudée à ma fenêtre, ne faisant plus que rêver d'aventure et liberté, je regardais s'envoler ma belle et courageuse hirondelle....
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