Une nouvelle amie
- Alors, madame Flys, comment est votre repas ?
- Oh vous savez, à quatre-vingt ans, on ne prend plus la peine de se plaindre, dit-elle en avalant cette nourriture infecte qu'on sert dans les maisons de retraite.
- Ne soyez pas si pessimiste madame, demain vient une nouvelle cuisinière !
Il y eut un silence.
- Au moins, commença l'octogénaire, je me suis faite ici une nouvelle amie.
L'infirmière, flattée, lui répondit :
- Oh mais vous êtes si gentille !
- Elle aussi est très gentille, mais un peu insistante.
L'infirmière, comprenant que sa nouvelle amie n'était pas elle, se vexa. Mais pour cause de professionnalisme, elle se força à continuer la discussion.
- À quel propos est-elle insistante ?
- Elle veut à tout prix que je l'accompagne.
- Où ça ? demanda l'infirmière aussi inquiète que curieuse.
- Elle refuse de me le dire. Elle me dit que cet endroit est merveilleux.
L'infirmière ne comprenais pas bien, elle se dit que la mémoire de cette personne âgée était endommagée, et elle partit s'occuper de quelqu'un d'autre.
Le jour qui suivit, elle eu une discussion avec une autre infirmière.
- Et, demanda-t-elle curieuse, à quoi ressemble-t-elle cette amie ?
- Elle est très grande. Elle n'a pas d'âge, je ne saurais dire si elle a 10 ou 100 ans. Et elle est toute vêtue de noir.
L'infirmière scruta le réfectoire du regard. Personne ici ne collait avec cette définition. Elle prit peur. L'Alzheimer était très frequent, et elle préféra appeler un médecin qui viendrait le lendemain pour examiner madame Flys.
Son corp était allongé sur son lit, et un doux sourire flottait sur ses lèvres. Sur sa table de chevet, un mot. Personne n'avait compris ce mot, à part les deux infirmière. Ce mot était écrit de la main de madame Flys. Il disait :
Si vous ne me trouvez pas, ne vous inquiétez pas ! Je suis partie avec mon amie qui m'a enfin dit son nom.
Elle s'appelle La Mort.
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