La musique/vidéo mise en ouverture correspond au récit qui s'achève à la fin de ce chapitre. J'ai essayé de me rapprocher au maximum de l'ambiance qui devait régner si l'histoire avait été réelle. Bonne lecture :)

                                                                        ---

Orielus regardait ses hommes se tourner vers lui. Il leur sourit d'un air mystérieux et ils acquiescèrent tous. Ils se retrouveraient plus tard. Au point de rendez-vous.

Le chef mercenaire se détourna ensuite d'eux, mit la capuche de sa cape sur sa tête immaculée et se mit à marcher dans la direction du jeune garçon. Ce dernier tenait la mandoline du grand homme trois fois trop grande pour lui entre ses mains d'enfant.

Orielus arriva face au garçon qui s'était relevé et s'arrêta. Il le regarda et posa sa main sur ses cheveux de la couleur des blés. Alors l'enfant sourit pour la première fois depuis leur départ du champ de bataille. Orielus sut alors qu'il avait devant lui son successeur.

Le chef mercenaire ayant gardé son cheval, il remit l'enfant en selle et ils partirent tous deux dans la forêt. Il leur fallait apprendre. Apprendre à se connaître et, pour le petit, apprendre à se battre. Orielus savait exactement où l'emmener.

Quelques jours plus tard, ils arrivèrent dans une grande clairière. Au centre, des pierres étaient disposées en un cercle entourant les cendre d'un feu de camp. Mais aucune tente à l'horizon. Dormiraient-ils autre part ? Orielus arrêta son cheval et regarda le garçon d'un air calme.

« Comment t'appelles-tu ?

-Marius.

-Tu vas apprendre à monter à cheval, Marius. »

Marius acquiesça. Il n'avait jamais fait de cheval de sa vie. Mais il y arriverait. Il devait y arriver. Il voulait vivre. Et la vie qu'Orielus lui proposait l'attirait irréfutablement.

Orielus expliqua au gamin comment faire pour faire trotter le cheval. L'enfant essaya aussitôt et fit sa première chute. D'autres suivraient. Marius essaya encore et encore. Il finit par réussir à rester en selle au trot.

Vint ensuite le galop. La première fois qu'il tenta l'expérience eut pour résultat une chute qui lui causa des douleurs dans le dos durant plusieurs semaines consécutives. Mais Marius réussit. Comme il réussit les différents tests que lui fit passer Orielus au fil des semaines passées dans la clairière. L'homme paraissait déterminé à faire apprendre tout ce qu'il connaissait au jeune garçon.

La musique, l'astronomie, l'herboristerie...Marius apprit. Il vit se déployer l'éventail impressionnant de connaissances du mercenaire. Curieux, le gamin apprenait pourtant sans poser de question au grand homme. Enfin...il bachotait ce qu'Orielus tentait de lui transmettre. Malgré tout, le petit était aussi impulsif. Et très vif.

Il abandonnait vite lorsqu'il ne comprenait pas quelque chose. Le mercenaire devait toujours le bousculer un peu pour qu'il se remette au travail. Un soir, il ne put s'empêcher de poser la question qui le démangeait depuis des semaines.

« Où avez-vous appris toutes ces choses ? »

Orielus continua de remuer le gruau qui bouillonnait sur le feu sans relever les yeux vers l'enfant. Ce dernier se renfrogna aussitôt et croisa les bras sur sa poitrine.

« Tu n'as donc rien appris ? »

Marius fixait le mercenaire d'un air méchant.

« La persévérance, mon garçon. Tu n'as pas appris qu'il fallait persévérer dans la vie ? »

Orielus avait relevé les yeux vers le petit. Celui-ci avait maintenant un air intrigué.

« Tu commenceras vraiment à apprendre lorsque tu persévéreras.

-J'ai persévéré quand j'ai appris à monter à cheval, objecta le petit.

-Ne joue pas à cela avec moi mon garçon, déclara Orielus d'une voix sans appel. »

L'enfant grandit et devint un jeune homme. Il persévéra. Encore et encore. Chaque soir il posa des questions au mercenaire. Chaque soir l'homme resta silencieux. Et chaque soir, le garçon persévéra. Cela dura des semaines. Puis, Orielus décida qu'il avait transmis tout ce qu'il savait à Marius. Il remmena le jeune homme auprès de sa compagnie de soudards qui avait trouvé plusieurs autres compagnons.

« Où avez-vous appris toutes ces choses ? »

Le mercenaire leva une fois de plus les yeux vers Marius. L'ombre d'un sourire vint éclairer le visage d'Orielus. Le jeune garçon crut qu'il avait enfin gagné. Que l'homme allait tout lui dire. Lui avouer le plus gros secret qu'il avait eu à porter toutes ses années.

« Tu comprendras un jour. Tu n'es encore...

                                                                 qu'un petit garçon. »