Petit garçon - 1

Les chevaux galopaient à toute allure sur le champ de bataille. Les flèches volaient. Les flammes de la guerre avaient déjà mené plus d'un soldat dans leur brasier. Pareil à un étendard auquel se rallier, le mercenaire Orielus menait sa troupe de brigands au combat aux côtés des plus grands chevaliers du roi.

La charge des cavaliers faisait trembler le sol et des monceaux de terre volaient dans l'air. Le choc des deux armées fut comme si, dans un souffle, toute la force de l'humanité s'était retrouvée projetée contre sa sœur jumelle.

Les chevaux et les soldats se retrouvèrent empalés, écrasés, déchiquetés dans chacune des deux armées. Un silence complet prit ensuite la place d'un mélange de hurlements et de plaintes sans nom. Un silence lourd de sens et étouffant. Un silence dont on ressentait la gravité.

Des flèches encore enflammées gisaient sur le sol. Des corps inertes parsemaient le champ de bataille. La guerre était terminée. L'ennemi était vaincu. Le roi avait gagné.

Il ne resta que quatre ou cinq hommes de la troupe de mercenaires d'Orielus. L'homme avait perdu son casque dans la bataille. Il se mit à déambuler entre les cadavres d'animaux et d'hommes afin de retrouver son bien.

Dans l'épaisse odeur de chair carbonisée et de cendres, Orielus s'arrêta et observa les alentours d'un air grave. Beaucoup de ses hommes avaient péri. Il vit alors un enfant debout à côté d'un cadavre immobile. L'enfant paraissait comme hypnotisé.

Il s'approcha de l'enfant et découvrit un jeune garçon blond. Il tenait un casque entre ses mains crispées, le casque d'Orielus. Le mercenaire observa attentivement l'enfant, mais il ne lui sembla pas le reconnaître.

Malgré tout, l'enfant ne le regarda pas, ni ne dit quoi que ce fut. Il resta là, sans bouger, à observer cet homme inerte à ses pieds. Était-ce son père ? Son frère ? A moins que ce ne soit qu'un inconnu parmi tant d'autres.

Orielus s'approcha du garçon calmement et l'enfant leva lentement les yeux du cadavre. Ses yeux étaient bleus comme l'eau des vagues de la mer venant s'attarder sur la plage. Là, des carcasses de bateaux échoués émettaient une fumée asphyxiante due à l'assaut subi.

Orielus tendit la main vers l'enfant et celui-ci lui donna le casque qu'il tenait. Le jeune garçon baissa ensuite de nouveau les yeux vers la dépouille. Le soldat mort reposait les yeux fermés et les mains sur la poitrine. Ses doigts s'étaient refermés sur la garde de son épée lors de son dernier sommeil.

Orielus baissa également les yeux sur l'homme inanimé. Il ferma les yeux et posa la main sur son propre cœur. Il entonna ensuite une prière ancienne pour ce valeureux soldat. L'âme de cet homme serait en paix, quoi qu'il ait pu vivre dans sa vie de mortel.

Puis, un des mercenaires d'Orielus lui amena son cheval. Il fit monter l'enfant derrière lui avant que tous ne partent de ce champ de désolation et de chaos. Ce petit garçon serait le paiement qu'ils n'auraient jamais de la part du roi. Il serait la part d'humanité survivante de cette guerre. Il serait l'innocence arrachée aux jeunes soldats partis pour ne jamais revenir.

La compagnie ne s'arrêta de chevaucher que le soir venu. Le petit groupe de sept mercenaires quitta la route principale pour s'installer au pied d'un grand chêne. Là, ils posèrent leur campement, et là ils demeurèrent.

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