Résistance

« N'ouvre à personne, sous aucun prétexte. »

Quentin referma la porte de la chambre de sa sœur et attendit le petit bruit du loquet verrouillé. Il descendit en trombe les escaliers laissant Zoé seule dans sa chambre. La jeune fille âgée de 16 ans se précipita à la fenêtre pour essayer d'apercevoir ce qui causait un tel vacarme dans les rues. Depuis que leurs parents les avaient quittés pour aller écouter le discours du leader de la rébellion, une sorte d'émeute grandissait dans la rue. Il lui était impossible de savoir pour quel parti tous ces gens étaient. Très peu intéressée par la politique, Zoé avait pourtant essayé de comprendre les motivations de cet homme, sortit de l'ombre depuis peu de temps. Ses parents ne cessaient de louer ses mérites et son implication si bien qu'elle finissait elle aussi par se ranger auprès de leur avis.

A peu près une heure plus tard, Zoé entendit des rugissements de colères et des bruits assourdissants, suivit de coups de feu. Elle barricada ses fenêtres, comme lui avait montré tant de fois son père, ferma les lumières et rampa sous son lit, roulée en boule contre un pan du mur. Ses parents l'avaient prévenus qu'une guerre finirait par éclater, elle y était préparée, mais elle ne pouvait ne serait-ce qu'imaginer, sa vie sans ses parents et son frère. Une famille soudée, c'est ce qu'ils avaient toujours prônés, car c'est une force puissante qui résiste à bien des choses. Malgré son jeune âge, elle était assez mature, assez puissante et assez entrainée pour participer à ce combat mais pourtant elle savait que s'ils l'avaient laissée là, c'était pour son bien. Elle n'était pas frustrée, juste lassée de vivre dans cette attente de « bientôt ça va péter ». Couchée en chien de fusille, elle en profita pour réviser ses techniques d'entraînements qu'elle répétait inlassablement tous les soirs depuis maintenant 1 an avec son frère, de 4 ans son aîné. Jamais de toute sa vie elle n'espérait devoir s'en servir, mais il était peut être tant.

Elle resta ainsi durant un long moment si bien qu'elle finit par avoir des courbatures dans tout son corps. Zoé savait qu'elle ne devait surtout pas bouger mais la rue devenue calme lui donna une raison de plus pour sortir de là. Elle s'assit sur son lit, son regard se dirigea vers la fenêtre et sa curiosité la poussa à enlever les morceaux de bois qui bloquaient sa fenêtre. D'abord méfiante, elle n'osait pas regarder dehors mais un cri soudain venu de la rue retentit à ses oreilles. Elle ouvra la fenêtre et reconnu Luna, sa voisine de palier, enceinte, étendue par terre, le bas du corps ensanglantée. Il ne suffit pas plus à la jeune femme pour bondir hors de sa chambre et descendre dans la rue.

Luna peinait à respirer et hurlait de désespoir, elle savait déjà que la vie qu'elle abritait n'était plus de ce monde. Zoé arriva auprès d'elle et tenta de la calmer tant bien que mal mais sans succès. Elle tenta alors stopper l'hémorragie de son abdomen avec la paume de main mais le sang continuait à se déverser continuellement entre ses doigts et bientôt les yeux de la maman se figèrent pour ne laissez qu'un voile gris devant ses yeux verts. Les larmes montaient aux yeux de l'adolescente et elle resta ainsi près d'elle pendant un moment, jusqu'à ce qu'elle entendit des gardes de l'empereur tourner dans la rue. Son instinct repris le contrôle de son esprit endeuillé et elle essaya de déplacer le cadavre jusque dans l'immeuble mais toute seule elle était bien trop lente et les gardes se rapprochaient à vue d'œil. Le dilemme ne se posait plus, il en était de sa survie. Luna n'irait pas plus loin, elle pourrait toujours revenir plus tard. Zoé s'élança dans une rue perpendiculaire et piqua un sprinte pour échapper à ses poursuivants qui l'avaient suivis et forçaient l'allure. Malgré les détours qu'elles prenaient pour espérer les semer, ils ne la lâchaient pas, leurs armes à la main, prêts à l'empaler dès qu'ils le pourraient. Son entrainement ne suffisait pas face aux soldats entièrement créés pour ce genre de course. Il lui fallait trouver un plan et vite.

Zoé tourna dans une petite ruelle délabrée, où les murs gris desséchés par le temps n'avaient pas abrité de parisien depuis longtemps. Les fenêtres cassées étaient comblées par des toiles d'araignées et les vieilles gouttières grinçaient avec le vent. La jeune fille s'engouffra par une ouverture démunie de porte et slaloma entre les vieux débris pour aller se cacher derrière un petit rideau sous l'un des anciens meubles de la cuisine. Elle essaya de ne pas penser à la vétusté de son abri précaire et se força à arrêter de respirer en se bâillonnant la bouche avec sa main. Essoufflée, elle finirait par se trahir. Elle se mit à respirer progressivement par le nez, par petit bout tout en essayant de ralentir son rythme cardiaque. Un seul garde entra dans la pièce. Elle se demanda vite où pouvaient se retrouver les autres, sûrement dans les autres étages de l'immeuble. Elle entendit son pas, régulier, brisant les morceaux de verres éparpillés par terre. La jeune fille aperçut une botte noire passée devant elle et grâce au rideau partiellement troué, elle put voir son arme, une pointe métallique assez aiguisée et longue pour me transpercer le corps d'un seul coup. Le garde la projetait dans tout ce qu'il trouvait, armoire, canapé, porte de placard, espérant surement la transpercer par la même occasion. Elle savait que sa cachette était loin d'être assez sûre pour y rester plus longtemps. Elle chercha du regard ce qui pourrait lui servir d'arme mais seuls des bouts de verres jonchaient le sol. Sans tergiverser plus que ça, elle bondit en dehors de sa cachette, se saisit d'un gros tesson de bouteille et se jeta sur le garde qui était jusqu'à présent dos à elle. Surpris, il tomba à terre, écrasée par la carrure de la jeune fille qui ne tarda pas à lui entailler la nuque. L'homme poussa un énorme cri et essaya de lui balancer son arme mais elle lui écrasa la main avec son pied si fort qu'il lâcha la pointe. Zoé s'en saisit et la dirigea vers me garde, pour le tenir en joue. Elle savait qu'elle ne devait pas trainer, les autres avaient surement entendu ce cri. Un moment de doute la parcourut. Etait-elle censée le tuer ? Elle n'avait jamais réellement pensé au jour où ça pourrait arriver, préférant se voiler la face à se dire que ce n'était pas pour elle. Cependant elle était devant un choix et les supplications de sa potentielle victime ne l'aidaient pas dans son choix. Sans vraiment s'en rendre compte elle abaissa son arme, droit vers la gorge du garde, son instinct avait décidé pour elle. Zoé entendit ses ennemis descendre vers la cuisine et profita d'une fenêtre cassée pour se faufiler dehors, en se coupant le bras au passage. Et la course reprit.

Elle avait déjà de l'avance sur eux, les semer fut d'autant plus facile pour la jeune fille qui connaissait bien les lieux. Ne sachant plus trop où aller, elle se décida à reprendre le chemin vers chez elle. Alors qu'elle arrivait non loin des Champs Elysées, à une ou deux rues de chez elle, un homme courut vers elle, ensanglanté, et dont le bras gauche ne tenait plus que grâce à quelques tendons au niveau de son épaule. Il se jeta sur elle, son haleine putride lui donna un frisson d'horreur :

« Ne restez pas là, ils arrivent, ils sont partout, ils se sont dispersés dans tout Paris. »

Il se releva et repartis aussi vite qu'il était arrivé. Des bruits de pas venant du même endroit que lui s'accentuaient de plus en plus et se relevant à son tour, toute poisseuse de sang, elle reprit sa course en sens inverse. Elle entendit des coups de feu derrière elle mais aucun de l'atteint et elle fila vers des endroits plus reculés. Au détour d'un boulevard, à présent vide, elle tomba sur des cadavres recouvrant absolument chaque pavé. Un relent de dégoût lui prit soudainement et la puanteur suffit à la faire vomir le peu qu'elle avait pu manger plus tôt. Elle profita du triste massacre pour récupérer un pistolet et une matraque. Si elle devait déambuler dans Paris, autant le faire en étant armée. A découvert dans cette immense rue, elle préféra se retrancher dans les étroits sentiers.

Elle se glissait entre les constructions à pas feutrés, se retournant dès qu'un petit bruit osait briser le silence. Elle n'avait plus qu'une idée en tête : retrouver sa famille. Elle n'avait plus le reflexe qu'on lui avait pourtant répéter de nombreuses fois : se cacher. Cette seconde nature s'était dissipée aussi vite que des feuilles balayées par le vent. C'est comme si ce meurtre avait été le déclanchement d'un petit changement en elle. Zoé essaya justement de ne plus y penser, de chasser ses idées noires et de se concentrer sur le présent. Il ne fallait surtout pas qu'elle doute d'elle, pas maintenant. Elle aurait tout le temps de se détester plus tard. Pendant qu'elle arpentait les rues de la capitale, elle vit soudainement deux jeunes courir dans sa direction avant de bifurquer dans un autre passage. Elle se mit à les poursuivre en les appelant, peut être pouvaient-ils l'aider. Elle déboucha sur une petite cour entourée d'immeubles. Bétonnées, elle n'abritait que trois petits arbres aigris, dépourvus de feuilles qui ployaient sous le vent, triste vie à l'image de la capitale à ce moment même. Deux bancs en bois meublaient le reste de la cour où les deux jeunes étaient assis. Ils reprenaient leur souffle et n'avaient pas vu la jeune fille qui s'approcha lentement. Zoé signala sa présence par un éclaircissement de gorge et les inconnus se retournèrent. L'un petit, maigrichon, avait le côté gauche défiguré, brûlé par une quelconque substance tandis que l'autre plus grand mais tout aussi maigre, se tenait le bras, rougit par le sang. Les deux semblaient terrifiés mais leur visages s'adoucirent à la vue de la jeune fille qui semblait être de leur côté.

« Comment ça se passe sur le champ de bataille ? »

Les deux garçons se regardèrent, perplexe. Le plus grand finit par lui répondre :

« Ils sont partout en même temps, mais nous sommes beaucoup plus nombreux, les derniers devraient mourir d'ici peu de temps. »

Son air détaché à propos de la mort de leurs ennemis mis mal à l'aise la jeune fille. Même si elle savait que l'issu serait inévitable, elle eut une certaine pitié envers eux. Elle s'approcha un peu plus des deux garçons et leur tendis la main :

« Moi c'est Zoé, je vis dans le 8ème »

- Zack, enchanté. Lui c'est Riley, désolé il n'est pas très bavard.

Zoé leur sourit à tous les deux et s'assit avec eux sur le banc. Elle leur raconta brièvement des aventures qui l'avaient menée jusqu'ici. Zack lui raconta qu'ils étaient venus voir le discours du résistant et qu'ils s'étaient battus pour lui jusqu'à ce qu'ils ne trouvent plus aucun ennemis à égorger. Elle se leva brusquement et commença à faire les cent pas :

« Je dois retrouver ma famille, lança-t-elle

- Tu sais où elle se trouve ?

Elle se rassit, dépitée, elle n'avait absolument aucune piste. Ils étaient surement dans des ruelles à jouer à la guérilla dans les maquis urbains. Riley se leva et lui prit la main :

« Alors allons-y » 

Le trio se mit en marche là où les garçons avaient vu pour la dernière fois des civils se battre au corps à corps. Malheureusement les quelques minutes passées avaient suffi à déterminer l'issus du combat et la même de sang et de mort commençait à s'élever progressivement du charnier. Zoé n'osait pas imaginer que l'un des membres de sa famille pouvait se trouver dedans mais elle finit par se résoudre à identifier chaque visage tout en espérant ne pas reconnaître l'un d'entre eux. Il y avait une dizaine de cadavre, tous inconnus pour la jeune fille. Soulagée elle se releva en essuyant ses mains poisseuses de sang sur son pantalon en lin maintenant bien déchiré. C'est en remontant les manches de sa chemise qu'elle se rendit compte que sa coupure avait bien gonflé et noirci. La balafre mesurait au moins 10 cm et une fois qu'elle s'eu souvenu de son accident, la douleur endormie revint aussitôt. Zoé attrapa son bras vigoureusement en serrant les dents tellement la brûlure s'intensifiait. Des larmes lui montèrent jusqu'aux coins des yeux mais elle les reteint, elle devait rester forte. Zack lui arracha son bras et le regarda de plus près. Du pue commençait déjà à se former et si elle ne voulait pas passer par la case infection, elle allait devoir nettoyer ça au plus vite.

Une nouvelle étape s'était inscrit dans leur carnet de route, trouver un hôpital ou un centre de soin adapté pour réparer ça du mieux qu'ils le pouvaient.

« Je me souviens être passé devant une clinique tout à l'heure, lança Riley, on peut essayer de la retrouver, ce n'est pas joli joli tout ça. »

Zoé hocha la tête et le petit groupe se mit en route dans la direction convenue. Ils passèrent dans une ancienne rue commerçante, assez vieille d'après l'état des vitrines, toutes pleines de poussières. Zoé s'amusa à l'imaginer pleine de vie et de couleur. Sur une enseigne pourpre brunie par le temps, on pouvait encore apercevoir la forme d'une baguette de pain, et un écriteau rongé par les mites mentionnait un cordonnier. L'adolescente jeta un rapide coup d'œil dans les échoppes abandonnées mais il n'y avait rien que des vieux meubles et des vieux articles abîmés. Elle se laissa distancer en voulant entrer dans l'une d'elles. Elle avait la particularité d'être encore en ordre, avec encore des vêtements pendus aux cintres et une caisse enregistreuse poussiéreuse mais en état. C'est comme si le temps s'était figé, qu'une chose avait poussé les propriétaires à tout abandonner. Zoé connaissait bien Paris, elle y vivait depuis sa naissance et pourtant elle ne connaissait en rien l'existence de ces petites rues abandonnées pleine de secrets.

« Zoé dépêche-toi !

-J'arrive »

Elle abandonna ses pensées pour courir rejoindre ses deux compagnons de route. 

Plusieurs minutes de marche plus tard, elle se tenait toujours le bras et jetait un coup d'œil dans chaque recoin. Les soldats pouvaient se tenir absolument partout, caché dans l'ombre pour mieux les surprendre. Elle ne faisait plus trop attention à ses deux guides qui avaient toujours de l'avance sur elle. Alors qu'elle fixait une silhouette noire au loin, un poids lui tomba dessus et la poussa dans un recoin. Elle en eut le souffle coupé. Une main rugueuse lui bloqua la bouche et elle commença à paniquer et à se débattre lorsqu'elle reconnut Zack qui la maintenait au sol et la poussa toujours plus contre le mur de leur cachette. Elle cessa de crier et il put la délivrer. La jeune fille recula toujours plus dans l'ombre lorsqu'elle comprit qu'il essayait juste de la protéger. Au même moment deux soldats passèrent devant eux, l'arme à la main. Les deux jeunes restèrent silencieux pendant un bon moment jusqu'à ce qu'ils soient sûr qu'il n'y avait plus aucun danger.

« Pourquoi ne les a-t-on pas attaqué ?

- On ne savait pas comment tu allais réagir Zoé, c'était plus prudent de faire comme ça. Quelqu'un d'autre s'en chargera à notre place ne t'en fait pas. Riley, tu peux sortit »

Celui-ci sortit de sa cachette, une vieille poubelle de rue. Zoé se sentit un peu vexée, ils ne lui faisaient pas confiance. Mais après tout, est-ce qu'elle leur faisait vraiment confiance ? Difficile à dire, un long silence tendu s'installa dans le trio recomposé, les laissant chacun au gré de leurs pensées.

« C'est ici »

Riley leur indiqua un immense immeuble gris qui surplombait la rue du Faubourg Saint-Honoré. La rue semblait déserte mais après cette longue marche pour le retrouver, ils ne pouvaient tout foutre en l'air en s'élançant vers la bâtisse sans faire attention. Glissant dans l'ombre des bâtiments, ils se faufilèrent jusqu'à une petite cour qui leur permirent de guetter les mouvements de la rue depuis les murets qui la délimitait. Une fois qu'ils étaient sûrs que personne ne venait, ils s'engagèrent à découvert.

« Tu crois que c'est ouvert Riley ? »

- Je ne sais pas, on verra bien.

Zack poussa légèrement la porte qui grinça mais s'ouvrit. La pièce principale était noire, peu de lumière filtrait par les fenêtres fermées. Zoé s'avança vers l'interrupteur mais Riley lui empoigna le bras :

« Nous devons rester discrets, hors de question de nous faire repérer. »

Zoé hocha la tête et se mit à la recherche de salles de soin. Les trois adolescents se séparèrent alors. La jeune fille monta au deuxième étage à tâtons mais une fois ses yeux habitués à l'obscurité, elle put mieux distinguer les formes des objets. L'étage débouchait sur une grande pièce avec beaucoup de bureaux, surement la salle d'administration. Elle ouvrit chacun des tiroirs de chaque armoire et finit par trouver une lampe torche. Fière de sa trouvaille, elle espéra néanmoins qu'il y aurait assez de piles pour l'aider. Zoé ouvrit alors une première pièce, une salle de repos meublée de canapés en cuir et d'une petite kitchenette. Tout avait été laissé en plan, même la télévision était encore allumée. Elle abandonna cette pièce inutile pour ouvrir une autre porte qui menait sur un couloir. Celui-ci desservait 4 petites pièces, 4 salles de soin. Elle réprima un cri de joie avant de se précipiter vers l'une des armoires à pharmacie.

Brusquement, une main attrapa sa cheville et Zoé s'étala de tout son long par terre, se cognant la tête au passage contre le charriot de réanimation. Elle cria de douleur mais tenta de donner des coups de pieds à son agresseur qui ne lâchait pas prise. Elle l'illumina alors de lampe torche pour voir apparaître un visage ennemis. Le flash l'éblouit un instant car il relâcha un peu sa prise. Elle en profita pour se relever et tenter de s'enfuir mais il ne voulait pas la lâcher. Il dressa une pointe métallique au-dessus d'elle et l'abattit sur son épaule. Elle hurla avant de le frapper violemment avec la lampe torche. Du sang commença à gicler de la tempe du garde et il la relâcha. Zoé fila vers la grande pièce mais il était toujours derrière elle. Sans lumière, elle faillit se cogner à plusieurs reprises mais elle arriva vite dans la salle administrative. L'adolescente se jeta sous l'un des bureaux en ramenant la chaise dans l'orifice pour la cacher un maximum. Son agresseur apparut bientôt, suivit d'un autre, et encore un. Ils étaient 5 en tout à la chercher. Au lieu de retourner chaque recoin de la bâtisse, elle pouvait les voir se cacher les uns après les autres dans les nombreux recoins sombres de la salle. Elle s'aperçut avec horreur qu'il s'agissait d'un piège pour tendre une embuscade à ses deux coéquipiers surement alertés par ses cris. Elle pria pour qu'ils n'aient rien entendus mais il n'en était rien.

Elle vit Riley s'avancer en l'appelant et elle se retint de lui répondre. Des larmes de peur roulaient déjà sur ses joues mais le prévenir était synonyme de mort pour elle. Le jeune garçon s'avança vers l'interrupteur et malgré leur accord, il appuya sur le bouton. Rien, le noir complet, les plombs avaient sauté. Pourtant, Zoé brisa l'accord qu'elle s'était faite à elle-même.

« Attention Riley, ils sont là !»

Un garde sortit alors de sa cachette pour se précipiter vers le bureau de Zoé mais Riley se jeta sur lui. Elle sortit de sa cachette et eut juste le temps de voir Riley se faire embrocher avant d'avoir pu faire quoi que ce soit. Tout s'enchaîna très vite, Riley tomba au sol, mort, les gardes commencèrent à foncer sur elle mais elle réussit à en esquiver deux avant de courir vers le couloir opposé à celui des salles des soins. Elle courut à l'aveuglette, toujours plus vite. Elle n'avait que ça à faire, courir, pour sauver sa vie. Elle oublia bien vite tous ses problèmes, ses douleurs, sa famille. Le temps semblait figé, comme si plus rien ne se passait. Le couloir était interminable mais bientôt, une lueur apparut et elle se mit alors à courir vers elle, son seul espoir de vie. Elle s'agrandit progressivement mais Zoé accélérait toujours, tant qu'elle le pouvait, le bruit des pas derrière n'était plus qu'un murmure à côte de son souffle. La baie vitrée surplombait la rue, calme et grisâtre. L'adolescente la brisa en mille morceaux lorsqu'elle se jeta dessus, brisant la tranquillité anormale du lieu. Son corps inanimé rougit par le sang jonchait par terre, au milieu des pavés d'une ville qu'elle chérissait tant. 

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top