Le harcèlement
Il y a un jour où tout va bien et puis il y a le moment où tout s'écroule, où tu te rends compte de l'utopie dans laquelle tu vivais, celle qui a forgé ton quotidien, celle à laquelle tu te raccrochais désespérément. Tu pensais faire partie de cette catégorie des « gens sans problèmes », où tout va bien, où tu milites pour le harcèlement sans réellement savoir ce que c'est de le vivre. Tu as pitié pour les victimes et tu leurs tends la main, pensant secrètement être leur héros et que tu ne le vivras jamais. Mais un jour, il y a ce déclic, cette conversation, ce sentiment bizarre qui te fais dire peut être finalement ça t'es arrivé à toi aussi. Tu te souviens, comment tu regardais avec dégoût les harceleurs, protestant contre cette violence effroyable, te vantant que tu ne t'entourais que de gens bien et non toxiques. Tu te souviens ne pas être allée à ce rassemblement de sensibilisation contre le harcèlement parce que tu ne te sentais pas concernée ni en bien ni en mal. Tu n'étais ni une victime ni un bourreau pour toi, et pourtant. Tu as toute ta vie mis des œillères devant cette tempête qui faisait rage autour de toi. Il suffisait d'une fois où tu te sentais bien, assez bien pour baisser ta garde et pour te complaire dans cette situation parce qu'après tout c'était la sécurité. Tu étais bien, avec certes un sentiment de malaise, mais tu étais bien et à ce moment c'était le plus important. On pense souvent que le harcèlement peut être sexuel, physique ou moral. Mais personne ne s'est jamais réellement intéressé à ce sens moral. Ce n'est pas forcément des moqueries, des exclusions sociales, ça peut être beaucoup plus subtile que ça, ça peut rentrer dans ta tête pour ne jamais en ressortir. Il peut s'agir du genre de réflexion que l'on te fait, où tout le monde rie, où tu te forces à rire pour t'inclure dans un groupe, mais ça ne reste qu'une forme de harcèlement comme une autre. Tu peux demander à tout moment à un harceleur de le reconnaître il le niera toujours. Après tout, ce n'était qu'une blague, il ne le pensait pas. Cependant, savons-nous vraiment la portée de ces « blagues » ? Qu'elles soient racistes, sexistes, homophobes, que savons-nous vraiment de la portée de nos blagues lorsqu'elle est présente au sein d'un groupe ? On ne néglige que trop souvent le besoin d'appartenance à un groupe. Tu peux y être très intégré ou pas du tout, la finalité reste la même. La peur du regard du groupe. Vont-il me détester si je ne suis pas d'accord avec la majorité ? Est-ce la fin de ce bien être social ? Il n'y a pas besoin de lire d'études pour voir que dans tous les groupes il y a ce noyau qui se forme. Parfois difficile à reconnaître, parfois assez évident, ils dirigent le groupe, et toi tu es cet électron qui gravite, qui attend l'approbation du conseil. Le pire est quand tu fais partie de ce noyau et que une brimade, une remarque, une rumeur, te est relégué au rang de satellite, telle la lune tu t'éloignes et tu finis hors du système. Les psychologues aiment analyser les criminels mais ont-ils déjà essayé d'analyser un système ? Quelqu'un m'a dit un jour, les psys aiment dire aux gens de travailler sur eux-mêmes lorsqu'ils ne se sentent pas bien mais est ce que quelqu'un a déjà essayer de remettre en cause le système dans lequel ils évoluent ? Nous connaissons tous la réponse, pas la même de s'arrêter dessus. Tout ça pour en revenir au monde parfait que tout le monde peut voir de l'extérieur. Tu vois ce groupe parfait, soudé, qui passe des soirées de rêves ensemble, qui reste en communication permanente ? Tu peux parier que l'un d'entre eux est rejeté d'une façon ou d'une autre. Mais peut-être que c'est toi au fond. Tu sais toi, qui fais parfois les choses de travers pensant les faire bien et qui te prends toujours cette petite réflexion. Tu te dis que ce n'est pas grave, que ce n'est qu'une blague et qu'ils ont de toute façon raison. Tu ne vois pas la petite flamme s'éteindre au fur et à mesure, ta motivation qui s'estompe, ton envi grandissant de ressortir d'autres passions du placard, de voir d'autres personnes, de partir un peu plus tôt que d'habitude. Tu te dis que c'est passager, que ça va revenir, jusqu'à ce qu'un jour tu prends goût à cette nouvelle liberté que tu t'accordes et que un soir où tu vois cette conversation sur ton téléphone s'allumer, tu ne fais plus un sourire mais une grimace. Tu prétextes des excuses pour ne pas venir, tu fuis cette réalité toxique sans t'en rendre compte. Il te suffit d'une conversation, de cette personne bienveillante qui fait partie de ce groupe, qui te dit que tu n'es pas seul, qu'elle a déjà traversée ça, et qu'elle a bien vu ce mécanisme de défense que tu as créé. C'est à ce moment que tu mets le doigt sur ce que nous appelons plus communément du harcèlement. Non tu ne t'es pas fait violenter, toucher, frapper, exclure. Tu as juste subi de l'intimidation, d'une certaine façon, tu as accepté cette réalité où tu te sens inferieur, où tu cherches tant bien que mal le soutient de ceux que tu pensais appeler « tes amis ». On dit souvent que les harceleurs cherchent à compenser quelque chose, ils cachent leur jalousie derrière ce pouvoir qu'ils détiennent sur toi. Peut-être qu'ils t'envient ta confiance en toi, peut-être que c'est ton physique, ton intelligence, ton ouverture d'esprit. Ou peut-être sont-ils juste jaloux qu'en dehors de ce groupe, tu vaux quelque chose. Lorsque ce groupe est séparé pour une raison quelconque, ils sont seuls, perdus, sans but alors que toi tu vois d'autres amis, tu as d'autres passions. Tu es heureux de rentrer le soir chez toi voir ton animal de compagnie, ta famille... Eux n'ont rien qui les attend chez eux le soir et c'est probablement la raison pour laquelle ils te diminuent. Tu es quelqu'un de bien, surement que eux le serais s'ils étaient bien dans leurs peaux mais ils ne le sont pas. Tant qu'ils ne se rendront pas compte du mal qu'ils font autour d'eaux, rien de pourra les sauver. Ils ont beaux être serviables, gentils, attentionnés, ils n'en demeurent pas moins que des bourreaux, qu'ils s'en rendent compte ou pas. Tu n'as pas à souffrir de ça, tu n'as pas à être leur décharge émotionnelle. Peut-être restes-tu parce que tu as toujours apprécié leur compagnie mais garde en tête que tu ne peux te sentir bien dans cet environnement. S'ils sont vraiment tes amis ils reviendront vers toi. S'ils te laissent te détacher de ce système, c'est qu'ils n'ont aucune autre considération pour toi que de te surcharger. Peut-être t'es-tu déjà retrouvé dans les deux situations, le harceleur et le harcelé. C'est souvent en switchant de l'un à l'autre que nous nous en rendons compte. Si tu es harceleur, si tu te reconnais dans les bourreaux que je décris, ce n'est pas une finalité en soi, tu peux demander pardon, tu peux encore te rattraper, mieux vaut s'excuser que de laisser la personne penser qu'elle ne vaut rien à te yeux. Le sentiment de ne pas être respecté est le pire sentiment du monde. Tu penses ne rien valoir, tu penses que tes envies n'intéressent personne, que tes sentiments, tes idées, n'intéressent personne, ce poison moral t'embrume le cerveau, ton âme cesse d'exister, tu n'as plus envie de rien, tu meurs moralement. Ne laisse personne penser qu'elle ne vaut rien. C'est ta mission, tu peux encore changer la donne.
Si tu es harcelé, tu as plusieurs choix qui s'offrent à toi, tu peux changer de système, tu peux t'éloigner du poison, la meilleur solution reste de te l'approprier et de le neutraliser. Nous savons que ton groupe n'est pas méchant dans le fond, ils cherchent juste une certaine reconnaissance et de l'admiration de la part de quelqu'un. Tu peux peut être les faire changer de comportement.
Le harcèlement n'est jamais une fin, jamais quelque chose d'acquis, peu importe sa forme, peu importe le pourquoi du comment tu n'as pas à le subir. Peut-être que tu es comme moi, que tu ne l'avais jamais remarqué jusque-là. J'espère que tu t'en rendras compte assez vite, évite de souffrir et dis non au harcèlement.
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