Etats d'âme
Il m'arrive parfois de revivre certains moments de mon passé. Des moments de joie, de doute, de peur. Ce sont ces moments-là qui font de moi ce que je suis aujourd'hui, les regretter ne changera rien, souhaiter les revivre non plus. Depuis toujours j'essaie de me façonner, de devenir la personne que je souhaite être, je me corrige, me répare, me bride. Mais est-ce là seulement la seule façon d'être heureuse ? Juste être une personne qui me fait envie. Parfois j'ai l'impression d'être une fraude car je me force, je me complais dans cette personnalité qui n'est pas la mienne. Au fond de moi je le sais mais je n'arrive pas à le comprendre réellement. Alors je fuis, je m'évapore, je m'éloigne des autres pensant m'éloigner de moi-même mais ce n'est qu'une course sans fin. Je n'ai jamais été capable de garder des amis très longtemps ; au fond de moi je finis par croire qu'ils ne veulent plus de moi alors je m'enfuis ; puis je finis par regretter. Je cherche pendant des jours quoi dire, mais je me mure dans un silence froid et j'attends que tout se tasse. Ensuite, je me retrouve seule, seule avec mes démons et mes regrets parce qu'ils me manquent, parce qu'avec eux je me sentais bien, à ma place, moi-même. Pendant des jours, voire des mois, je réfléchis aux mots que je leur dirai pour qu'ils me pardonnent, mais je ne le fais jamais. Je brule les lettres, j'oublie mes pensées et je vais de l'avant. Je cherche une façon de me retrouver en paix avec moi-même. Je finis par y arriver en général mais est-ce vraiment ça être en paix ? Ou est-ce que je le veux tellement que je finis par assimiler ces deux sentiments. Je ne le saurai probablement jamais. Pour ma défense, je ne m'enfuis jamais sans raison, il y a toujours une étincelle, un petit morceau d'impureté qui se glisse dans les liens de l'amitié et je me sens mal, rejetée alors que je ne devrai probablement pas l'être. Mais c'est plus fort que moi, je dresse des barrières, des boucliers, une protection autour de moi qui me protège de tout, mais pas de moi-même, jamais de moi-même.
J'espère un jour que quelqu'un réussira à me sortir de ce trou infini où je me terre depuis tant d'années. Des fois je me demande comment j'en suis arrivée là ? En apparence, je suis normale, joyeuse la plupart du temps, mais personne ne sait ce que je ressens au fond. Des gens ont déjà essayé de me faire cracher le morceau mais je suis trop maline pour dire la vérité. Toutes ces personnes qui pensent me connaître alors que moi-même je ne me connais pas. On dit souvent que ce genre de traumatismes vient de l'enfance, d'évènements marquants, mais moi je ne vois pas ; j'ai toujours été comme ça. Peut-être que je ne suis juste qu'une ombre, un zombi qui se serait trompé de planète. Comment puis-je être aussi déboussolée, aussi exclue de mon propre environnement ; à la recherche d'une version parfaite de moi-même, alors qu'il n'y a même pas de version par défaut. Mes parents ne l'ont jamais remarqué je crois, ils préfèrent fermer les yeux et se congratuler d'avoir fait une fille comme moi. Parce qu'à l'extérieur, on peut m'assimiler à cette personne sympa, sincère, intelligente, et pleine de vie. J'ai finis par devenir cette fille que j'admirai autrefois, que je voulais être à tout prix. Mais je ne l'aime plus, parce que je ne pensais pas qu'elle serait aussi pénible à porter. Un fardeau, voilà tout ce que j'étais pour moi-même, un poids, et je ne savais pas quoi en faire. Je vis pourtant, j'aime la vie, mais pour compenser, j'essaie de faire ce que j'aime, de me définir des objectifs, de me défier. Parce que c'est ce qu'on fait à ses ennemis : on leur lance des défis. C'est grâce à ça que je tiens, que je réussis dans la vie, que je survie.
On ne connait pas toujours les personnes que l'on côtoie, méfiez-vous la prochaine fois que vous rencontrez quelqu'un, qui sait, elle sera surement aussi perdue que moi. Parfois, j'aime penser qu'un jour, un jour je me sentirai bien dans ma propre tête, ce n'est même plus une question de corps mais bel et bien une question de cerveau. Personne ne m'a jamais sorti de cette cage dont je suis prisonnière. J'ai eu des relations ; pas amoureuse, parce que je ne l'ai jamais vraiment été. Je dois avoir la phobie de l'attachement car jamais je n'ai réussis à aimer. Pourtant je sens que je n'ai pas peur de l'abandon, je suis assez forte à force pour surmonter ça, donc je ne comprends pas pourquoi je ne fais que apprécier les gens, sans les aimer. J'ai l'impression d'être un aimant mais je ne trouve que des gens que je repousse. Peut-être qu'une personne dans le même cas que moi réussirai à m'attirer vers elle. Je commence à fatiguer de tout ça, la pression que je me mets, la pression des autres avec leurs incessantes questions envahissantes, le rejet de moi-même. Je deviens lasse, j'ai l'impression d'être vieille. Chacune de mes actions me laissent indifférente, saoulée, je ne suis plus qu'une ombre.
Des fois, j'essaie de me forcer à être heureuse, me dire que ce que je fais est bien mais je retourne dans cet état de déchet car oui, c'est comme ça que je me vois. La seule solution aujourd'hui est de revivre mon passé, de revivre ces quelques moments où j'ai été heureuse, où même au travers d'un écran, j'ai trouvé des gens qui me comprenaient, qui passaient au travers de mon enveloppe. Je n'ai jamais gardé le contact avec ces personnes, mais pourtant elles me manquent énormément, ça devient un besoin, une envie démoniaque, de retrouver cette sensation, telle une soif de sang. Je suis un vampire, je ne peux pas vivre sans cet écran virtuel qui me mène à mon monde, mon refuge.
Je me demande souvent ce qui arriverait si je croisais ces personnes aujourd'hui, en vrai. Peut-être que ce serait bizarre, sans cet intermédiaire numérique.
Aujourd'hui je n'ai plus la force de me battre, je veux tout effacer et tout recommencer, mais est-ce seulement possible ? Je me suis déjà trop avancée dans ma vie, j'ai déjà utilisé mes cartouches, je ne pourrai pas changer qui je suis. Refaçonner ma personnalité comme je l'ai fait durant mon adolescence est trop compliqué, trop long et je ne veux plus. Je n'ai aucune motivation, qui sait si après avoir refait tout ce travail, j'aimerai ce nouveau moi.
Alors à quoi bon.
Je suis seule, je suis un danger pour moi-même, un trou noir qui aspire mon âme, alors pour les autres, je dois partir, disparaître. Cette anomalie que je suis doit quitter ce monde où je n'ai plus ma place. Je retourne d'où je viens, je ne manquerai à personne dans la mesure où personne ne sait qui je suis. Peut-être que la version de moi que je montre manquera à quelqu'un, mais une idéologie aussi belle soit elle, finit toujours par quitter les esprits des gens, alors je ne me fais pas de soucis.
Je pars en paix, en quelque sorte. J'ai finis par prendre une décision que mes deux personnalités approuvent. La solution était là depuis le début, il n'est jamais trop tard pour le comprendre.
Alors ce soir je vous dis au-revoir, je n'ai pas eu une belle vie mais c'était entièrement ma faute, je ne blâme personne pour ça. C'était sympas d'être ici, j'ai des regrets mais essayons de les oublier pendant ces derniers moments, ce serait bête de gâcher ces quelques minutes de paix que j'ai réussis à attraper.
Bon courage les amis et ne faites jamais l'erreur de vous complaire dans ce que vous pensez être idéal.
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