La bombe
Genre : action.
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J'observe ma montre : quinze heure dix-sept. Je laisse échapper un soupir d'exaspération tout en me remettant confortablement dans mon siège. La chaleur est étouffante et il y a un monde fou dans ce train. Mon t-shirt d'adolescent me colle à la peau et de la sueur s'écoule de mon front à cause de ma casquette. Je meurs littéralement de chaud, mais cela aurait pu être pire. J'aurais pu me retrouver en costard cravate dans ce train. Heureusement que le QG voulait me faire passer pour un ado lambda.
J'avais d'abord été rebuté par le décision : les jeunes de nos jours s'habillaient tellement mal ! Mais maintenant je remercie Maria, ma partenaire, d'avoir pensé à la couverture parfaite.
Un autre coup d'œil à ma montre m'indique qu'il est à peine quinze heure vingt. Trois petites minutes viennent de s'écouler et j'ai l'impression que cela fait des heures que je suis coincé dans ce compartiment de malheur.
Ma mission était simple, surveiller ce wagon pour repérer un comportement suspect et intercepter ce malade avant qu'il ne cause des dégâts. Mais cela fait près d'une heure que j'observe les foutus gens de ce wagon et je ne vois rien. Pas de gestes nerveux, de coup d'œil à sa montre, de démonstration possessive envers son sac,...
Je commence sérieusement à m'agiter sur mon siège. La seule personne suspecte ici, c'est moi. Je ris intérieurement sans pouvoir empêcher un sourire de naître sur mon visage. La vieille femme assise juste devant moi me dévisage bizarrement. J'efface mon sourire et lui rend un regard froid. Elle n'a jamais vu un ado sourire ? La femme s'empresse de baisser les yeux et je souris fier de moi avant de détourner mon attention sur le paysage qui passe à une vitesse folle à travers la grande vitre. Oui, je suis ce que l'on peut qualifier de « connard », et je l'assume. Entièrement. Tous mes collègues sont à peu près aussi insupportables et irrespectueux que moi. Après tout, nous n'avons pas le choix.
Mon métier n'est pas facile : tuer des gens de sang froid, sauver des personnes, déjouer des attentats et même torturer quelques résistants de temps en temps...Les joies des agents secrets ! Je n'ai pas droit à une vie amoureuse, ni à une vie de famille. Bref, je n'ai aucune vie sociale. J'ai juste le droit de travailler et tuer des gens. Je soupire et enlève mon regard de la fenêtre. Je n'étais pas payer des millions par le gouvernement américain pour fixer un paysage, aussi beau soit-il. Je remarque avec fierté que la vieille devant moi fixe toujours ses mains. Le connard en moi est heureux mais est vite calmé par mon sixième sens. Des picotements se manifestent dans ma nuque et j'ai la méchante impression d'être observé. Je me retourne le plus discrètement possible et regarde derrière moi.
Je n'avais pas eu la place parfaite dans le wagon et je ne voyais donc pas tout le monde. Mais j'avais pris la peine de vérifier que les personnes derrières moi ne représentaient aucun danger. Une jeune femme avec ses deux enfants n'aurait pas fait sauter un train...Quoique, dans notre monde, on ne sait jamais. Mais je remarque qu'un jeune adolescent, dans la quinzaine, me fixe durement. Je l'analyse rapidement puis examine le reste du train. Personne ne se comporte de façon étrange...Je m'apprête à me retourner lorsqu'un petit détail retient mon attention : son genou tressaute nerveusement et ses mains tiennent fermement son sac. Je regarde le visage du gamin encore une fois. Ses yeux presque noirs me fixent haineusement, son genou continue de tressauter et sa respiration est haletante. Rien dans le comportement de ce garçon n'est normal. Je me tape mentalement pour avoir pu négliger des détails si importants. Je ne néglige jamais mon travail...Je remue dans mon esprit pour comprendre comment cet enfant avait pu m'échapper. Une petite lampe s'allume dans ma cervelle et les pièces du puzzle se mettent en place : il est arrivé dans ce wagon par la porte du fond à quinze heure précise, il tenait son sac fermement pas la sangle et a tripoté sa montre. Il a ensuite envoyé un sms et a fermé les yeux en enfonçant ses écouteurs dans ses oreilles. C'est seulement vers quinze heure quinze qu'il a commencé à stresser, comme si...
Mon dieu ! Pas comme si...Il y a vraiment une bombe dans ce train ! Moi qui pensais que le Ministère de la Défense devenait parano avec toutes ces histoires d'attentats...
Mon masque d'agent tombe. J'envoie un message d'alerte au QG en appuyant sur un des boutons de ma montre. Avec un peu de chance, ils bloqueront les rails et évacueront les gares à temps.
« Chers passagers, le train en direction de Warrensburg arrive en gare dans dix minutes ! »
Mon sang ne fait qu'un tour. Ce salo veut faire exploser ce train. Mais en plus il veut le faire exploser dans une gare pour tuer encore plus de personnes ! Mon regard dérive vers la jeune femme et ses deux enfants. Come on Jake ! Tu dois agir, et maintenant ! Après avoir entendu dans mon oreillette que la gare était en train d'être évacuée, je me lève et me dirige vers le jeune ado. La place à côté de lui est libre, parfait !
Je m'assois de manière nonchalante à ses côtés sans le regarder.
Neuf minutes.
Il me regarde, effrayé. Je l'observe à mon tour en lui montrant bien que j'ai compris ses intentions et avant qu'il n'aille fouiller dans son sac, je le lui prends et le balance de l'autre côté du compartiment. Les personnes autour se lèvent, et cèdent vite à la panique. Je retire ma casquette et crie :
« Que tout le monde sorte de ce compartiment vers la porte de devant. Que quelqu'un prévienne le chauffeur, ce train doit s'arrêter avant qu'il n'explose ! »
Personne ne bouge. Je regarde la jeune mère avec ses deux enfants.
« Pourquoi ferions-nous confiance à un inconnu ? me dit-elle.
-Parce que cet inconnu est un agent secret et que vous avez plutôt intérêt à me faire confiance. »
Huit minutes.
J'attrape le téléphone d'un débile qui filmait la scène et le balance à terre avant de l'écraser.
« Le Gouvernement te le repaiera, fais-moi confiance...(je cherche son prénom et le trouve sur son badge de travaille) Jay. Je ne peut pas divulguer mon vrai visage, tu comprends mon pote ?»
Il marmonne un vague « oui » en hochant la tête avec sa tête de merlan frit. Je le remercie d'un hochement de tête et me retourne vers Monsieur-je-fais-exploser-tout-et-n'importe-quoi. II fouille rapidement dans son sac et en sort une télécommande. Je sors mon gun de ma ceinture et lui pointe sur la poitrine. L'instant est critique : si cette tête brûlée appuie sur ce bouton, il nous fait tous sauter.
« Je ne ferais pas ça si j'étais toi mon gars...
-Et bien tu n'es pas moi ! »
Il crie et appuie sur un des boutons. Une vive secousse retentit et le train se met à tanguer. Je vois que les derniers wagons sont maintenant la proie des flammes. Les quelques personnes qui étaient encore présentes dans notre compartiment partent en courant et en criant. Cet enfoiré avait mis plus d'une bombe ! Ce mec était vraiment taré. Mon gun me démangeait...J'aurais tellement voulu l'achever, là, tout de suite. Mais ce foutu code d'honneur me l'interdit.
Il rit bruyamment et s'apprête à appuyer sur un deuxième bouton. Je lui tire sur la main et la télécommande saute. Je me jette en avant pour la rattraper en premier et roule sur le sol dur. Le train commence légèrement à ralentir.
Sept minutes.
Je jette la télécommande le plus loin possible et agrippe le garçon par le col pour le plaquer au sol. Sa main ne ressemble plus à rien et tout ce qu'il trouve à faire, c'est de me rire au nez.
« Dans six minutes, ce train explose. Et tu ne pourras pas l'arrêter.
-Enfoiré ! »
Mon poing s'écrase sur sa figure et le sang gicle. Un cri de douleur lui échappe et je lui assène encore un coup. Maintenant à califourchon sur lui, je l'empoigne par l'encolure et lui tape la tête sur le sol. Sa tête fait peur à voir. Je m'apprête à me lever mais cet imbécile réplique et m'envoie un beau crochet du gauche. Je ris. Il faut faire bien plus pour me déstabiliser. Je secoue la tête et le frappe encore une fois par terre.
Six minutes.
« Comment fait-on pour arrêter ces bombes ! »
Pour toutes réponses, j'ai droit à un rire malsain. Je répète ma question encore et encore tout en le frappant et en le maitrisant. Ce petit con se défend plutôt bien et du sang coule maintenant de mon arcade sourcilière.
Cinq minutes.
Le train est complètement arrêté et les sirènes d'alarmes hurlent. Je vois par la fenêtre que des gens descendent, paniqués, et courent loin du train. Cette petite distraction a permis à monsieur-le-con de m'asséner un beau coup de boule et de me propulser contre les sièges. Je grimace de douleur mais me relève le plus vite possible. Ce débile de première rampe pour atteindre la télécommande. Les gens ont beau avoir évacué le train, ils ne sont pas encore assez loin pour éviter les déflagrations.
Quatre minutes.
Il attrape la télécommande. Je me jette sur lui et la lui arrache des mains avant de tirer dedans. La télécommande maintenant en poussière, je lui porte un bon gros coup dans les parties et un beau uppercut. Il s'effondre sur le sol, inconscient. Je me précipite alors vers son sac et cherche désespérément ce qui pourrait désarmer les bombes. J'extirpe alors un gros boitier qui m'est inconnu. Je m'empresse de téléphoner à la base :
« Les gars, on a un problème !
-Que se passe-t-il agent 56 ?
-Maria ! Appelle Freddy...J'ai...(je lis l'étiquette) un détonateur S68X, série 404 dans les mains et moins de quatre minutes pour l'arrêter.
-Oh mon dieu, je l'appelle tout de suite ! »
La jeune femme passe le combiner à leur expert en bombe.
Trois minutes.
« Yo Jake ! Combien de temps ?
-Trois.
-Trois minutes ? Bon...Décris-moi l'appareil.
-Euh...(je retourne l'appareil dans tous les sens) Il y a un bouton rouge, un clavier avec les chiffres allant de zéro à neuf, un boitier pour une batterie ou des fils et...
-C'est bon, c'est mon bébé celui-là, je le connais par cœur.
-Oui ben dépêche-toi de m'expliquer là parce que je n'ai pas très envie de voir ma tête exploser. »
J'entends des bruits de pas derrière moi et me retourne juste à temps pour éviter un coup de couteau.
« Putain !
-Jake ! Jake ça va ?
-Oui, oui...La routine ! »
Un coup de genou et une tête coincée entre deux portes plus tard, je m'agenouille devant le détonateur.
Deux minutes.
Mes mains tremblent. Je ne veux pas mourir, pas maintenant. Pas à 22 ans.
« Freddy j'ai besoin de toi !
-Oui une petite minute Jake. Le clavier...Combien de chiffres possibles ?
-Trois.
-Merde...Euh le boitier...Tu m'as dit qu'il y avait un boitier c'est ça ?
-Moi qui croyais que c'était ton bébé...
-Jake !
-Oui, oui, oui. Le boitier...
-Ouvre-le. Trois fils. Un rouge peut-être ?
-Oui, je le coupe. »
Je vais chercher le couteau du taré et m'apprête à couper le fil...
Une minute.
« Non ! hurle Freddy. Coupe le vert, le vert !
-Putain mais il n'y a pas de vert !
-Le bleu alors !
-Est-ce que tu sais seulement ce que tu fais !
-Oui coupe le bleu bordel ! »
Une voix robotisée avait commencé à énoncer un compte à rebours. Le cœur battant, j'attrape le fil bleu, ferme les yeux et le coupe.
J'ouvre un œil, puis deux. Le compte à rebours s'est arrêté. Je ris. J'ai eu chaud, vraiment très chaud.
« Yeah Jake ! Tu as été parfait mon pote. Les renforts arrivent, ils viennent te chercher. »
Je soupire et remet le portable dans ma poche. Je me couche sur le sol et ferme les yeux...Tout va bien.
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Wahou ! 1991 mots...Je me suis surpassée !
Il faut dire que j'ai vraiment aimé écrire cette nouvelle et je me suis totalement laissée emporter par les aventures de Jake.
J'espère que cette nouvelle-ci vous a plue. N'hésitez pas à voter, à commenter et à partager !
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LosUnivers
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