Un drôle d'être

Alors qu'une très belle licorne du nom de Brindille se baladait dans une belle prairie ensoleillée à l'herbe bien verte et appétissante, elle aperçu, au loin, un elfe. Un drôle d'elfe, même ! Tellement étrange, qu'il se mettait à genoux pour approcher le troupeau.

Pomme, le chef des licornes ici présente, s'approcha du nouveau venu.

- Que fais-tu ici, elfe ? Et pourquoi t'agenouilles-tu devant nous ? s'enquit-il.

Mais l'elfe ne répondit pas. Il recula, recula, jusqu'à se cogner la tête dans une roche qui se tenait là. De douleur, l'elfe poussa un cri, ce qui apeura les licornes. Mais pas Brindille. Non, Brindille, si curieuse, s'approcha calmement de l'être endoloris, sans même se rendre compte que bien d'autre elfes comme lui avaient surgit, tous armés jusqu'aux orteils.

Brindille marcha d'un pas d'abord hésitant, puis assuré vers le seul elfe qu'elle avait remarqué. Elle le renifla puis lui donna un coup de naseaux affectueux. L'elfe parut rassuré et sourit. Il s'empara du crin de la brave licorne et se releva en s'appuyant dessus, puis dit quelque chose d'incompréhensible aux autres elfes étranges.

Et c'est là que Brindille compris ce qui clochait. Les licornes comprenaient les elfes, et les elfes comprenaient les licornes. Mais avec lui, avec eux, non, ils ne se comprenaient pas.

- Ce ne sont pas des elfes ! s'écria alors Brindille, et tout son troupeau se dispersa de frayeur dans les herbes hautes.

Elle fit demi-tour pour tenter de s'enfuir mais elle fut retenue par l'être qui lui tenait la crinière. Tout se qu'elle vit, c'est la dizaine d'autre êtres bizarre. Ils lui jetèrent alors un filet par-dessus la tête, et Brindille se débattit, se rua et se cabra.

Mais plus elle se débattait, plus le filet se resserrait autour d'elle. L'un des êtres sans nom courut vers elle et l'assomma avec un objet très lourd et métallique.

Lorsque la pauvre licorne se réveilla, le troupeau et l'herbe verte avait disparut. Elle était dans un lieu avec une architecture elfique. Une grande arche bleue se tenait au dessus de Brindille. Au sol, juste aux pieds de la belle créature, se trouvait une rivière très calme, qui au loin devenait une cascade agitée.

Mais les êtres sans nom étaient toujours là. Ils étaient les seuls habitants de ce lieu elfique, et ils continuaient à parlé d'une langue indéchiffrable.

Brindille se releva tant bien que mal, mais les êtres sans nom lui bloquèrent le passage et la firent se rallonger.

Enfin, un être sans nom s'approcha d'elle, doucement, assurément.

- Bonjour, dit-il à la grande surprise de Brindille. Je me nomme Dazard, je suis le seul à parler elfe par ici. Je te comprends aussi.

- Qui êtes-vous ? s'enquit la détenue, apeurée.

- Je vous l'ai déjà dit, je m'appelle Dazard.

- Oui, mais qu'est-ce que vous êtes, si vous n'êtes pas des elfes ?

- Ah, nous ? Nous sommes des Humains. Des braconniers. Les meilleurs de la région, répondit Dazard en caressant doucement la corne de Brindille.

- Et que me voulez-vous ? s'enquit la créature, qui n'avait jamais entendu le mot "braconnier".

- Nous voulons votre corne, créature splendide.

A ces mots, Brindille trancha l'air de sa précieuse excroissance sur son front.

- Jamais ! Pourquoi voudriez-vous cela ?! riposta-t-elle.

- Pour l'or, pour l'argent. Ou pour vivre, tout simplement.

- Mais... vous êtes au courant que ma corne ne détient aucun pouvoir, non ?

- Bien sûr, mais certains hommes superstitieux ne le savent pas. Ils l'achètent très cher pour qu'elle leur porte chance. Ou d'autre veulent simplement montrer leur grande richesse en l'exposant dans le salon de leur maison ! Il n'y a que deux inconvénients pour vous, très chère.

- Dites-les-moi ? s'impatienta Brindille, au bord de la panique.

- Déjà, vous ne ressemblerais plus à une licorne, mais à un cheval.

- Un cheval ?! Qu'est-ce ?

- Une sorte de... sous espèce. Ils vous ressemblent... mais n'ont pas vos splendides couleurs ni votre corne.

- Et bien cela ne me dérange pas, de changer un peu, tant que je rentre avec mon troupeau saine et sauve !

- Ah, oui, ça... alors il y a trois inconvénients. Vous ressemblerez à un cheval, et votre troupeau ne risque plus de vous accepter.

- Tant pis, alors, répondit Brindille, qui ne pensait pas très dure la vie de solitaire.

- Bon, d'accord, mais il y en a un troisième, le plus désagréable.

- Lequel ?

- Vous le saurez bien assez tôt, dit Dazard en tournant les talons.

Brindille patienta alors longtemps, longtemps. La peur, la tristesse et le tracas se mélangeaient dans sa tête pour faire naître une migraine chez elle. La nuit tombait, et la licorne finit par s'endormir. Elle rêva de l'herbe savoureuse des prairies, des courses au galop dans les landes...

Puis elle fut réveillée par un bruit atroce de grincement suraigu. Plusieurs hommes avançaient, machines électroniques tournantes et tranchantes à la main.

Ils s'accroupirent devant la licorne allongée, malheureuse. Dazard était là, et il dit :

- Je vais vous dire le dernier inconvénient : c'est très douloureux.

Brindille baissa la tête, la releva, se débattit de toutes ses forces mais Dazard agrippa sa corne.

- Ca ne sert à rien de se débattre. Vous n'avez pas le choix, dit-il.

Alors les hommes approchèrent leurs machines de sa tête et commencèrent à couper la peau autour de l'excroissance.

Brindille hennit de douleur, des larmes dévalèrent ses joues. Elle en avait connu, des douleurs, mais celle-ci... Celle-ci était insurmontable.

- STOP !!! hurla-t-elle, agonisant. Faites en sorte que ça s'arrête ! Tuez-moi, oui tuez-moi, si cela peut abréger cette torture !

- Etes-vous sûre de vouloir perdre la vie pour une simple douleur ? s'enquit Dazard, un sourire satisfait aux lèvres.

- Oui ! De toutes manières, sinon, j'y perdrais ma nature !

Alors Dazard enfonça une lame dans le torse de l'animal, qui arrêta tout de suite de bouger.

Brindille était morte. Mais ce qu'elle ne savait pas, la seule raison pour laquelle elle aurait refusé de mourir, c'était que les hommes ne convoitaient pas seulement sa corne, mais ils convoitaient aussi ses sabots et son pelage.

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