Souvenir de lapin

Sans un bruit, je me mets à bondir en direction de chez moi. Un renard. Un grand et gros renard, qui n'attend qu'à me dévoré. Et oui, encore un !

Je traverse un champ de maïs mais ne parviens pas à en saisir un au passage. J'entends la respiration saccader de mon prédateur et j'imagine sans peine sa salive tomber au sol. Certains oiseaux se décalent sur mon passage, mais la plupart, plus paresseux, n'interrompent pas leur repas pour moi et me gênent dans cette course. Pourquoi ne le feraient-ils pas, d'ailleurs ? Un vulgaire lapin comme moi, pff, des centaines se font manger chaque jour, pourquoi pas un de plus ?

Cette réalité va peut-être vous choquer, humain qui lis cette petite histoire, mais c'est la vérité : dans la nature, c'est un pour sois et tous pour sois. Je ne regrette pas pour autant le choix que j'ai fait qui à boulverser ma vie à jamais. Je vous explique ? C'est parti...

Je m'appelais Germain Goché. Mais malheureusement... j'étais vraisemblablement droitier. J'étais en étude supérieur de biologie. La nature, et surtout les animaux, me fascinait. Zoologiste, rien que ça. Mes parents ont fondus en larmes quand je leur ai dit que je ne voulais pas reprendre leur entreprise familiale - créer des bouteilles en plastique toute ma vie, non merci -, et j'ai dû fuger pour ne pas qu'ils me forcent tout de même à suivre le chemin tout tracé qu'ils avaient imaginé pour moi. Je me suis réfugié chez mon ami Germain, que j'appelle Paille pour qu'il n'y ai pas confusion entre lui - Germain - et moi - Germain également. Il habitait à des kilomètres de chez moi, alors je n'ai pas hésité et j'ai pris le bus pour me rendre chez lui. 

Je me suis retrouvé projeté dans la vie mouvementée de Paris, la capital. Rien que cela ! Mais j'étais à côté de l'école dans laquelle je voulais entrer et j'ai été pris, pas étonnant vu mon profil intello ! Bref, je m'entendais bien avec Paille, mais ses parents ne voulaient pas d'un second enfant à garder alors ils m'ont expulsés de chez moi. Une dispute violente à éclaté chez eux ensuite, suite à quoi Paille a fugé à son tour - toujours prendre exemple sur ses meilleurs copains, pas vrai ? - et nous nous sommes retrouvés à boire des coups dans des bars malfamés. Mes notes en études ont considérablement baissé et, en plus d'être expulsé de chez Paille, j'ai été expulsé de l'école de mes rêves. 

Et pourtant, la vie ne me semblait pas si fâcheuse. Dormir sur les toits à la belle étoile - se prendre des douches froides en jours de pluie -, boire jusqu'à être saoul... Pas d'impôt ni de contraintes de société, fini tout ça. Nous n'étions que tous les deux, Paille et moi, et nous étions heureux. La belle vie. Été, Automne... Nous avons passés ces saisons dans la bonne humeur. Sauf qu'un jour, nous nous sommes disputés. Je ne me souviens même plus pourquoi, mais ça a dégénéré et nous nous sommes séparés. J'étais seul sur les toits. Seul dans les bars. Seul à chaparder restaurants et sacs à main.

Seul.

Seul.

Encore et toujours, seul. Mais un beau jour, l'hiver est arrivé, sans prévenir, et je suis tombé malade. Gravement malade. Sauf que je, sans Paille, rien n'était plus pareil et je n'avais pas envi de continuer seul. Je me suis caché pour que personne ne me retrouve et j'ai attendu la mort. J'avais eu une belle vie, et toutes les bonnes choses ont une fin, me disais-je. Mes parents ne me manquaient pas, je les avais presque oubliés - presque, car je ne pouvais m'empêcher de rêver de la chaleur de notre maison. Pas eux, juste la maison.

Et j'ai vraiment cru que j'allais mourrir quand j'ai vu Paille avancer vers moi, accompagné d'un autre gars. Un vieux. La mort, peut-être. Un démon, un ange... peut-être que Paille était mort, lui aussi, et qu'il m'attendait, au paradis, en enfer, peut importe.

Sauf qu'au lieu de m'entraîner avec lui comme dans les films tragiques, il m'a donné une claque. Et ouais. Une grosse claque, tellement que j'ai eu la trasse rouge de ses doigts sur ma joue pendant les deux jours suivants. Le vieux m'a remis sur pied en un rien de temps, et je dois vous avouer qu'en réalité, je n'avais qu'un rhum. Et oui, je vous ai menti. J'ai bien réussi, non ? 

Bref, le vieux nous a proposé une nouvelle vie, à tous les deux. Sans trop savoir ce qu'il voulait dire par "reprendre la vie sauvage", nous avons acceptés. Nous nous sommes serré la main, Paille et moi, comme pour tourner la page, et j'ai cligné des yeux. Je crois que vous n'avez jamais eu un clignement d'oeil aussi... mémorable. J'ai revu ma vie en une fraction de seconde. Mes parents, les parents de Paille, l'école, les rires... tous. Et quand j'ai rouvert les yeux, j'étais un petit lapin. Je venais de renaître. J'ai recommencé ma vie, avec mon frère Paille. Et je suis heureux. 

"Alors mon pote, tu fuge ? demande Paille en me voyant entrer dans le terrier après une longue absence."

Le museau du renard s'enfonce dans le terrier également, mais il abandonne vite et part. Je décide alors de répondre à mon frère :

"Fugue ? Je ne connais même pas ce mot.

- Bon allez, répond Paille en riant. Vient, j'ai eu du maïs !"

909 mots

Voilà, une petite nouvelle... bon, j'ai envie de dire "ça change des autres" ^^ j'espère que ça vous a plu ^^'

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