Et voilà. Le grand jour. Le jour de la Grande Fausse. Tous les candidats, le ventre noué, s'avancent dans les vestiaires, bien alignés.

- Avancez et préparez-vous, ordonne l'un des gardes présent le long des murs.

Alors les jeunes gens avancèrent. Les gardes les guidèrent un par un à leur place. A chacun était attribué un sac de tissu noir. Dedans, il y avait à chaque fois un legging noir et un T-shirt blanc.

Dix minutes passées et tous les jeunes - 140 au total - étaient changés. Sans un bruit, tous les gardes les assommèrent pour les emmener à un endroit au hasard dans la Fausse. Les spectateurs hurlent et applaudissent de joie à leur arrivée.

C'est dans ce vacarme assourdissant que se réveilla Laura, allongée dans un sous-sol. Elle se leva tant bien que mal, assaillit par une migraine. Elle s'avança, les jambes flageolantes, vers la seule source de lumière, et arrive dans une clairière, sous l'éclairage des projecteurs. Les spectateurs, dans les gradins, situés bien plus haut que Laura, hurlèrent d'excitation.

"Maudit soit l'inventeur de cette chasse à l'homme !" se dit Laura.

"- Voilà la première Chose ! s'écria le commentateur dans son micro. Laura Châle, 13 ans, capturée pour vol. Va-t-elle survivre ou périr ?"

Et voilà que les spectateurs la regardent avec dégoût. Laura, par miracle, s'empêcha de pleurer. Elle savait que ses parents étaient là, dans les gradins, sûrement effondrés. Elle devait se montrer forte. Elle devait au moins essayer.

Soudain, perdue dans ses pensées, Laura se fit percutée par quelqu'un, un grand garçon brun. D'instinct, la jeune fille tandis son bras pour en faire jaillir de la glace et congeler son assaillant.

Voilà pourquoi elle est là, comme tous les autres. Elle n'a rien volé du tout, elle est juste spéciale. Mais à peine avait-elle mis les pieds ici qu'elle avait perdu son innocence. Elle était une meurtrière - elle avait tué ce pauvre garçon.

Alors, culpabilisant pour ses parents et pour tout le reste, elle étala sa paume sur sa nuque, avant de déclarer, haut et fort pour être entendu de tous - et surtout de ses parents :

"- Bravo à celui qui gagnera aujourd'hui, mais ce ne sera pas moi. La seule chose que je voudrais, mon dernier souhait, serait que vous vous posiez cette question : dans quelle monde sommes-nous ?"

Elle se tue un moment avant de dire en baissant le ton :

"- Désolée, papa et maman, ne m'en voulez pas..."

Puis, elle laissa la glace transpercer sa nuque pour s'éteindre à tout jamais.

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Cette nouvelle, c'était en réalité une rédaction libre écrite il y a deux ans en court de français, et je la trouvais pas mal alors j'ai voulu la publier. Vous en pensez quoi ?