Un corbeau croasse dans le soir. La lune domine les cieux. Elle observe de son œil rond les enfants qui chahutent dans les rues sombres. Chacun s'amuse et rit, alors qu'elle se faufile entre les ruelles, à l'affût.

La sorcière.

Elle les observe, ces délicieuses friandises. Elle sent déjà leur goût sur sa langue. La douceur sucrée de cette chair tendre la fait saliver. Elle devrait attendre. Elle se lèche les babines. L'impatience fait battre son cœur plus fort. Elle plonge la main dans son sac et en sort un petit serpent vert parsemé de jaune. D'un coup de dent, elle le décapite et mastique longuement. Un filet de bave gluante dégouline au coin de ses lèvres. D'un revers de la main, elle essuie le fluide et fourre le reste du serpent dans le sac.

Ça suffira. Il est temps de repartir en chasse. Elle se glisse silencieusement en s'interrogeant. Qu'elle stratégie adopter? Par quelle maison attaquer? Ce quartier est rempli d'enfants qui courent sans prêter attention aux autres.

Elle avance, analyse les lieux. Sa chaussure émet un bruit spongieux alors qu'elle marche dans une flaque de boue, résidu de la pluie de la veille. Elle n'en a cure, son plan se met en place.

C'est décidé, elle attaquera par les plus riches, ceux qui ont de grandes maisons et dont elle tirera les meilleures saveurs. Puis elle descendra vers le bas de la rue, vers les plus frêles, pour finir sa récolte.

Son ventre gargouille. Les enfants crient. Elle observe les alentours. Ça y est, elle a repéré sa victime. La plus grosse qu'elle ait trouvée.

Elle zigzag entre les passants, elle doit être la première sur sa cible. Devant la porte, elle rajuste sa robe, replace l'énorme araignée sur son gilet et tâte son long nez crochu. Elle brandit sa baguette qui émet déjà une inquiétante lumière, puis appuie sur la sonnette. La porte s'ouvre. Elle se dresse et crie :

« Des bonbons ou un sort! »