C'est une nouvelle écrite pour le concours début - milieu - fin sur wattpad en semaine 8.
Elle a gagné le badge émotion.

***

Le sommet de la montagne est couronné par des pins majestueux. J'avance sur le chemin qui me ramène vers la maison. J'ai hâte de revoir mes petites sœurs. Julie, avec ses lèvres rougies par les fraises des bois. Isabelle, qui se dore au soleil, près de l'étang. Et papa, qui veille sur elles depuis son banc.

Les crocus diffusent leur arôme capiteux le long du sentier. La brise s'engouffre entre les arbres et ébouriffe mes cheveux. Nous aimions tellement nous balader le long de ce chemin.

Plus qu'un virage.

La grande bâtisse noire apparaît sur ma droite. Ses murs dentelés dominent le chemin. Ses arrêtés sévères et ses angles aigus se dressent entre les arbres.

Je contourne le bâtiment sans un regard et me dirige vers l'étang. Ils sont là, comme toujours. Je ralentis le pas. L'appréhension me noue l'estomac.

Je finis par atteindre le banc de mon père. Je m'agenouille en silence. Je pose mon sac à dos et sors mon bulletin.

— Bonjour papa, dis-je après quelques instants. Regarde, je suis le meilleur élève de ma classe. Je vais avoir mon bac sans difficulté d'après mes professeurs.

Seul le silence me répond.

— Je suis très sage maintenant, je t'assure. Je ne vais plus aux fêtes et je ne fais plus le mur. Mes copains me disent que je ne suis plus du tout marrant, mais c'est mieux comme ça. Je tiendrai ma promesse.

Je me tourne vers la stèle, à côté de l'étang, puis vers celle sous le buisson de fraises sauvages. Mon regard est happé par la maison éventrée, noircie par les flammes. Une larme coule, chaude, sur ma joue glacée.

Je me relève, pose un baiser sur mes doigts puis effleure la pierre à côté du banc.

— J'aurai la plus belle des vies. Joyeux anniversaire papa.

Mes mots s'envolent, emportés par le vent.