Emmanuel est assis devant son bureau, il réfléchit à son débat avec Marine Lepen et à la situation en Nouvelle-Calédonie. Je le regarde pendant quelques minutes, restant dans l'embrasure de la porte. Je pourrais passer des heures à le regarder, ses cheveux bruns, ses yeux bleus, ses mains parfaites...

Depuis qu'il m'a élu premier ministre, on passe beaucoup de temps ensemble. Et cette attraction que j'avais cru pouvoir écarter quand je n'étais que porte-parole du gouvernement est revenue beaucoup plus forte. Je ne voulais que lui. Lui et personne d'autre. Cependant, je n'ai rien dit. Parce qu'il était hétéro, déjà marié et surtout président. Je ne voulais pas foutre nos carrières en l'air.

Puis un jour, il m'a emmené dans un petit restaurant huppé de Paris. Il n'y avait personne, aucun journaliste, juste nous. Nos mains se sont effleurées des dizaines de fois sans que rien ne se passe. On est repartis, les bords de la Seine nous attendaient.

On s'est assis les jambes dans le vide. Je suis tombé dans ses yeux bleus éclairés par un lampadaire. Et là, j'ai su. J'ai su que c'était lui, que ce serait toujours lui. Que j'aurais pu l'attendre des années entières pour passer une seule soirée comme ça. C'est là qu'on s'est embrassés. Ses lèvres contre les miennes, ses mains sur ma taille et les miennes dans ses cheveux... c'était incroyable. J'aurais voulu passer ma vie à l'embrasser.

Emmanuel m'aperçoit.
— Entre Gabriel

J'entre et referme la porte à clef. Mon amoureux aperçoit mon geste et sourit. Il s'approche pour m'embrasser et nous dérivons sur le canapé. On s'assoit l'un en face de l'autre.
— Tu pensais à quoi depuis cinq minutes pour me regarder comme si j'étais la huitième merveille du monde ?
— À nos débuts. À notre premier baiser.

Emmanuel sourit. Lui aussi repense à cette époque. Le début de tout. Le début du bonheur. Je l'aime putain ! Je l'aime tellement ! L'homme de ma vie.