8. Derrière la cascade

Evan s'assit sur la roche irrégulière à ses pieds en poussant un soupir de satisfaction. Il avait devant lui le paysage féerique pour lequel il avait marché des heures durant et ce spectacle à couper le souffle valait bien les quelques cloques et éraflures qu'il s'était faites durant sa randonnée. Une mousse d'émeraude recouvrait les troncs et les pierres, comme de petits nuages verts qui seraient descendus du ciel et la végétation était flamboyant. Mais surtout, la petite cascade qui se trouvait en face de lui rendait ce spectacle encore plus merveilleux. L'eau qui dégringolait sur les rochers en un clapotis hypnotisant rafraîchissait la forêt entière et finissait par se rassembler en un petit bassin au pied de la cascade.

Il sortit son en-cas de son sac, deux bouts de pains entre lesquels il avait glissé toute sorte de garniture et le savoura, tout en admirant le paysage qui s'étendait devant lui. Les saveurs se mélangeaient dans sa bouche et le bruit apaisant de la nature caressait ses oreilles.

À force de fixer l'eau qui ruisselait sur les rochers devant lui, il remarqua un détail qui l'intrigua. Sur l'une des roches il distinguait ce qui lui avait semblé être de la végétation, mais il avait désormais l'impression de voir derrière la cascade une silhouette. Son sandwich fini, il se leva, prit son sac à dos et décida de s'approcher.

Il contourna le lagon pour se rapprocher de la cascade et finit par trouver un endroit qui lui permettait de voir derrière le filet d'eau qui tombait. Il s'immobilisa. Une jeune femme se trouvait là, assise sur un rocher, les cheveux trempés par l'eau qui coulait devant elle.

— Hé ! Est-ce que tout va bien ? s'inquiéta le promeneur.

La jeune femme sursauta et regarda autour d'elle pour trouver l'origine de cette voix et finit par apercevoir Evan. Elle jeta un œil sur le bas de son corps, ses yeux détaillant son débardeur court pour finir par ses jambes, cachées derrière le rocher.

— Oui oui !

Elle se retourna et considéra le vide derrière elle et s'apprêtait à descendre, mais Evan la retint :

— Attendez, ne partez pas !

L'air surpris de la jeune femme le fit rougir. Il ne savait pas pourquoi il avait dit ça.

— Enfin... Hum... Je peux vous rejoindre ? Par où êtes-vous montée ?

La jeune femme sembla hésiter, balançant son regard tour à tour entre son interlocuteur et la plage derrière elle.

— Pourquoi pas, finit-elle par dire. Montez par ce côté-là, devant vous.

— Ici ?

Son ton trahissait sa peur. Devant lui se trouvait un mur abrupt, qui bien qu'avec quelques aspérités, semblait bien difficile à gravir.

— Hum, c'est pas plus facile de l'autre côté ?

La femme regarda du côté d'où ses jambes pendaient, avant de répondre :

— Non, c'est encore pire. Et en face du lagon, c'est trop glissant à cause de l'eau. Allez, montez, je vous guide.

Le sourire de la femme finit de convaincre le randonneur. Jamais il n'aurait pensé parler aussi spontanément avec une inconnue.  Pourtant, il avait rarement eu une conversation plus naturelle que celle-ci, bien que son contenu était peu commun. Rejoindre quelqu'un qu'il ne connaissait pas sur un immense rocher derrière une cascade, mais qu'est-ce qui lui prenait ?

— Bon, j'arrive.

Il posa son sac à dos au pied du mur, qui de près lui semblait beaucoup moins imposant. Il agrippa une aspérité, puis une autre et posa son pied dans un creux contre le mur pour s'élever de quelques centimètres.

— Là, à votre droite, prenez cette petite branche qui pend, lui conseilla la femme penchée au-dessus de lui alors qu'il avait déjà parcouru plus de la moitié.

Evan regarda la branche, puis le mur. C'est vrai qu'il n'y avait plus beaucoup de prises, mais l'épaisseur de la branche ne lui inspirait pas confiance.

— Hum, vous êtes sûre que la branche ne va pas craquer ?

— Mais oui, allez-y.

Devant cette assurance, il empoigna la branche et tira, tout en priant intérieurement pour ne pas tomber. À sa grande surprise, elle tint bon, et il put enfin atteindre le sommet de son autre main, bientôt aidé par la belle inconnue qui l'aida à se hisser en haut. Elle se recula pour lui laisser reprendre son souffle et se présenta :

— Je m'appelle Alice.

— Evan, répondit le randonneur entre deux grandes inspirations.

Il releva la tête et découvrit un paysage déformé par l'eau, mais qui gardait sa splendeur. Les fins filets d'eau permettaient d'entrevoir les couleurs et la forêt devant eux telle un artiste abstrait l'aurait peinte.

— C'est beau, pas vrai ?

Evan se retourna vers la femme, pour retrouver quelque chose de plus sublime que la nature qu'il regardait avant. Son visage de près semblait plus angélique qu'auparavant et il ne put s'empêcher de la détailler quelques secondes.

— Oui, magnifique...

Alice rougit et détourna le regard. Elle ne sortait pas souvent. Elle aurait aimé être plus dehors, pouvoir voir les environs, discuter. Elle jeta un œil à sa queue de sirène qui pendait dans le vide, cachée des yeux d'Evan. Elle cherchait encore un moyen de lui échapper sans éveiller ses soupçons quand elle vit qu'il commençait à fermer les yeux. Le jeune homme endormi, elle déposa un baiser sur son front.

— J'espère qu'on se reverra, Evan.

Un léger sourire passa sur le visage de l'ensommeillé et Alice plongea dans le lagon pour disparaître dans ses profondeurs.

Quand Evan se réveilla, il se retrouva seul et se demanda même s'il avait rêvé la jolie Alice. Mais il finit par se dire qu'elle était simplement partie quand il s'était endormi et regretta sa torpeur.

Il regarda un instant le vide par lequel il était monté, mais refusa de descendre par peur de s'ouvrir le crâne. Il pourrait sauter dans l'eau, mais il finirait trempé et ne savait pas s'il y avait des rochers en bas. Il décida tout de même de regarder de l'autre côté, où se trouvait auparavant Alice, celui qu'elle lui avait déconseillé de grimper. À sa grande surprise, il n'y avait là qu'une légère pente en virage, dont les aspérités formaient comme un escalier.

— C'est pire de ce côté-là, hein ?

Il entama alors la descente et fit le chemin inverse pour rentrer chez lui, mais une question le taraudait. Pourquoi donc lui avait-elle menti ?

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Nombre de mots : 1046

Voilà ma petite nouvelle pour le concours pink lock de apprenti0auteur ! Le thème était une rencontre entre deux futurs amoureux et il fallait choisir parmi certains lieux, j'ai choisi la cascade ! N'hésitez pas à me faire des retours :)

Tags des juges : MademoiselleJuillet EloraQuintin ;)

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