7. Le mariage

Evelyne observait avec une moue boudeuse l'assiette qu'on venait de présenter devant elle. Un goûter équilibré comme avait dit sa mère. Une pomme cuite tranchée en fines lamelles, accompagnée d'un biscuit sablé, qu'elle savait fade avant même de le manger. Elle fixa ensuite sa tasse de thé, qui ne lui donna pas plus envie. Elle avait trempé plus tôt ses lèvres dans le liquide amer et son visage s'était immédiatement tordu par une grimace de dégoût. Le garçon en face d'elle ne semblait pas dérangé par ce piètre repas. Par politesse peut-être, il dégustait les tranches pomme en maniant habilement ses couverts et croquait parfois dans son biscuit. La mère de l'invité discutait avec celle d'Evelyne d'un sujet trop ennuyeux pour que l'enfant ne prenne la peine d'écouter.

— Evelyne, dit soudain sa mère, mange un peu voyons.

— Pas faim, déclara-t-elle en poussant son assiette.

La duchesse pinça les lèvres et lança un regard insistant à sa fille et lui désignant succinctement leurs invités. La fillette reprit son assiette et approcha sa main de l'assiette, bientôt reprise par sa mère qui s'éclaircit la gorge. Elle empoigna alors ses couverts pour les planter dans la pomme. Le garçon en face d'elle ricana et Evelyne lui lança un regard noir en prenant une bouchée du sablé. Une fois qu'elle eut fini son assiette, elle reprit la parole :

— Maman, je peux aller jouer dans le jardin ?

La concernée se crispa.

— Allez-y, répondit-elle d'un ton faussement mielleux. Emmène ton invité Marc avec toi.

L'enfant se leva avec hâte, sans même attendre son compagnon, qui dut presser le pas pour la rejoindre. L'enfant sortit dans la cour, contourna la grande demeure pour accéder au jardin.

Elle toisa le garçon. Son menton haut, sa posture presque crispée, elle avait en face d'elle la parfait enfant bien élevé que sa mère aurait voulu. Elle grimaça et lui tourna le dos. Bien que jalouse et le trouvant trop sérieux, elle ne pouvait s'empêcher d'envier ses jolis yeux bleus et d'avoir envie de fixer son visage angélique.

— À quoi joue-t-on ? demanda-t-il.

Evelyne réfléchit.

— À la princesse, répondit-elle. Je suis la princesse, toi, tu es le serviteur.

Marc ricana.

— Tu es trop chipie pour être une princesse. Les princesses sont bien élevées et ne font pas de caprices. Elles doivent se préparer à être de bonnes épouses.

La fille devint rouge et croisa les bras sur son torse en froissant sa robe.

— C'est faux ! Et d'abord, je ferai une excellente épouse, moi ! s'exclama-t-elle en daignant se tourner vers le garçon.

— Ah oui ?

Marc avait un sourcil haussé et un ton moqueur.

— Et je peux le prouver ! On va jouer au mariage.

Bien que pris au dépourvu, le garçon accepta. Le silence s'installa, avant qu'il ne demande :

— Et... comment on joue au mariage ?

— Il faut que j'avance vers toi, et un monsieur nous mariera.

Elle plaça son camarade de jeu près d'un arbre, "le marieur" selon elle, puis se recula. Elle avança doucement vers lui en fredonnant une chanson, les yeux mi-clos.

— Vous êtes splendide mademoiselle, lui chuchota le marié sur un ton plus grave que d'habitude. Cette robe blanche vous va à ravir.

— Merci mon chéri.

Elle se mit ensuite à susurrer des paroles faussement officieuses, en faisant comme si l'arbre les prononçait. Ils se prirent ensuite les mains et restèrent figés.

— Et maintenant ?

La voix de Marc resta suspendue dans les airs quelques secondes, pendant que la mariée réfléchissait.

— On danse ! Je le sais, quand je suis allée au mariage d'une de mes cousines, tout le monde a dansé.

Les mains toujours jointes, les deux enfants dansèrent d'abord timidement et maladroitement, puis, comme par magie, les mouvements se fluidifièrent, les pas devinrent réguliers et des rires retentirent dans le jardin.

Soudain, une voix parvint de la cour avant :

— Marc, nous partons ! Viens dire au revoir à notre hôte !

Le garçon lâcha les mains d'Evelyne et s'éloigna.

— Merci d'avoir joué avec moi. Je doute toujours que tu sois une bonne épouse, mais je pense que ton mariage sera très amusant !

Avant de la quitter, il déposa un petit baiser sur sa joue, puis rejoignit sa mère à l'avant du grand bâtiment, la laissant seule, les joues rosées.

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Deuxième nouvelle pour le concours pinklock. Malheureusement je crois que je la rends trop tard... Enfin, tant pis, elle est écrite donc autant qu'elle serve !

Il fallait écrire une nouvelle, romantique toujours, avec trois mots donnés, j'ai reçu : splendide, magie et équilibré.

N'hésitez pas à me donner votre avis, même si je pense qu'elle ne pourra pas participer au concours !

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