2. Le bonheur

Elle descendait les escaliers dans son tailleur blanc, ses escarpins tapant le ciment gris à chacun de ses pas. Des clés de voiture à la main, elle souriait malgré sa longue journée de travail.

Les bruits de ses talons se mêlèrent bientôt à des rires. Plus les marches défilaient plus les rires étaient intenses. Le tailleur blanc accéléra sa course dans les escaliers, jusqu'à arriver enfin aux rires.

Deux jeunes adolescents se trouvaient là, au milieu du parking, heureux, amoureux. Une jolie fille au jeans moulant et au décolleté rouge riait à pleines dents aux pitreries de son ami à la veste jaune.

Holia s'arrêta au pied des escaliers, incapable de détacher ses yeux des deux amoureux. Le sourire qui flottait auparavant sur ses lèvres avait disparu. Pourquoi souriait-elle déjà ? Aucune raison ne lui vint en tête. Elle n'avait rien dans sa vie qui pouvait la faire sourire.

— Rei ne fait pas l'idiot ! rit la jeune fille en se tenant la taille. Je n'en peux plus de rire !

Et le garçon continua de plus belle à faire rire l'adolescente.

Les deux femmes se tordaient de douleur. L'une car elle riait, l'autre car elle souffrait.

Les iris bleu pâle sur le décolleté rouge, elle était comme hypnotisée par ce bonheur qui émanait de ces deux personnes, heureuses dans un parking souterrain. Elle aurait tant voulu être heureuse, elle aussi, et rire, rire jusqu'à en avoir mal au ventre.

Plus elle s'approchait, plus elle était envieuse de ce bonheur. Elle s'imaginait à la place de la jeune fille, elle voulait être à sa place.

Comment se faisait-il qu'elle n'avait jamais souri comme ça ? Pourtant, sa vie lui plaisait, elle avait un mari, un travail qui lui permettait de gagner sa vie... Mais à la vue de cette joie juvénile, la sienne avait disparu. En fin de compte, peut-être qu'elle pourrait être bien plus heureuse qu'elle ne l'était maintenant, comme ces jeunes dans ce parking. Elle pourrait quitter son travail, son mari et sa petite vie monotone pour vivre une grande aventure et rencontrer le bonheur...

— Madame, vous allez bien ? demanda le jeune homme, ses yeux bruns aux grandes pupilles enfoncés dans ceux bleu clair de la femme au tailleur blanc.

Sans s'en rendre compte, elle avait continué sa marche et était maintenant à quelques mètres des amoureux, à les fixer avec insistance. Non, elle n'allait pas bien.

Ses yeux se baladèrent dans ce paysage heureux. Un sac à main pourpre jeté à terre, deux téléphones, un haut-parleur jouant une musique envoûtante. Au milieu de tout ça, des cendres. Des cendres, et deux bâtonnets dégageant une fumée, brûlant les espoirs de bonheur de la femme au tailleur blanc. Les deux jeunes n'étaient pas heureux. Ils étaient drogués.

En fin de compte, peut-être que le bonheur n'existait pas.

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