Une vielle librairie

Bonjour, je me nomme ▓▓▓▓ ▓▓▓▓▓, mais, comme vous ne pouvez pas comprendre mon nom, vous pouvez m'appeler le conteur.

Je suis né le 23 septembre 2057. Je suis un humanoïde mâle. Je vivais une vie plutôt normale jusqu'au 21 septembre 2070.

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21 septembre 2070

C'est mon anniversaire dans deux jours seulement, je suis donc à la recherche d'un cadeau pour moi-même, mes parents n'ayant ni le temps ni l'envie de m'acheter quoi que ce soit...

On m'avait parlé d'une vielle librairie, ▓▓ rue d'▓▓▓▓▓▓, où se trouveraient des livres fantastiques, uniques ! Des livres aux histoires plus vivantes et incroyables que tout ce que je n'ai jamais lu et j'en ai lu des centaines et des milliers.
C'est donc pour cela que je me trouve ici, pour trouver un livre extrêmement intéressant. Mais, je ne m'attendais sûrement pas à ça.

C'est une libraire qui semble assez petite, vu de l'extérieur, environ 3 mètres de long ? Au-dessus de la librairie, à l'endroit où devrait se trouver le nom de celle-ci, il y a juste une espèce de carré noir qui grésille, comme si le nom lui-même était brouillé... ce qui ne fait qu'augmenter ma curiosité.

Je suis accueilli à l'intérieur par une vieille cloche sonnant à trois reprises, ce qui ne sembla faire venir personne. 1 pour un lambda, 2 pour un employé, 3 pour moi, 4 pour lui.

Il ne semblait y avoir absolument personne à l'intérieur, mais je sentais des yeux observer chacun de mes mouvements... une sensation vraiment étrange et très désagréable...

L'intérieur ressemblant plus à une maison hantée avec une myriade de bibliothèque plutôt qu'à une vraie librairie... rangée elle est beaucoup moins belle et mystérieuse, c'est en grande partie juste pour ça...
Il semble qu'il y ait une infinité de rayons à l'intérieur, le fait qu'une seule soit éclairée ne m'aidant pas à vérifier cela.

Je me dirige donc vers la lumière, au-dessus ce trouve une pancarte avec écrit "histoires peu communes, 2▓▓▓". Le bout de la pancarte indiquant le prix est totalement illisible, ne me laissant voir que l'unité, ou plus sûrement le premier chiffre, "2". Ça m'étonnerait que cela vaille seulement 2 euros, 200 euros ou plus est impensable, c'est sûrement "20 euros". Ce qui est déjà vraiment cher, surtout si c'est juste une histoire "peu commune"...
Mais, je peux toujours, au moins, lire un résumé, pour voir...

J'attrape un livre au pif. Il a une couverture rouge sang et, au vu de la texture, semble être fait en métal... un livre bizarre quoi... et attrayant...

Un simple nom est le titre "Jena Irtarel" et il n'y a pas de 4ème de couverture.

J'ouvre le livre à la première page.

"13 janvier 2040, Jena Irtarel née à l'hôpital ▓▓▓▓▓ à ▓▓h et ▓▓minutes. Ses parents ▓▓▓▓ Irtarel et ▓▓▓▓ ▓▓▓▓ sont heureux de la naissance de leur ▓▓ enfant."

Euh... c'est un journal intime ? J'ai plus l'impression d'espionner la vie de quelqu'un que je ne connais pas plutôt que de lire un livre, j'espère que tout le livre n'est pas comme ça...

Je commence à feuilleter le livre, m'arrêtant de temps en temps pour voir si quelque chose d'intéressant y est marqué.
Mais bon, rien de vraiment intéressant, une vie assez banale en fait. 

Première montée sur un certain Alejandro à l'âge de 16 ans qui devient rapidement son "ami" et le seul qu'elle accepte de monter. Sans grand mal, elle arrive à gagner le tournoi régional d'équitation grâce à son Alejandro.

Bon, ce n'est pas que je ne m'intéresse absolument pas au cheval et que sa vie est ennuyante mais... en fait, si c'est ça, sa vie est ennuyante et je ne m'intéresse absolument pas au cheval...

J'ouvre la dernière page du livre, qui est la page 11209. Oui, 11209...... pourtant, vu sa taille, il ne semble pas faire plus de 1000 pages... c'est étrange, ce qui est encore plus étrange et que cette page est presque totalement blanche. À l'exception de la date du jour et du mot DÉCÉDÉE écrit en énorme et en diagonale en plein milieu de la page...
Même si le personnage principal est mort, c'est une très mauvaise idée de faire ça... À moins que ça ne soit le titre d'une série de livres auquel celui-ci appartient ? rire Ça n'appartient qu'à cette grande série très réaliste qu'on appelle plus couramment "la vie". 

Je tourne la page précédente pour savoir ce qu'il s'est passé, espérant ne pas devoir rechercher dans tout le livre les causes de sa mort. Mais, je n'ai pas eu besoin de le faire, c'était bien écrit juste à l'avant-dernière page.

"20 septembre 2070. Jena Irtarel est assassinée par ▓▓ ▓▓▓▓▓ ▓▓▓▓ à 19h53 dans ▓▓▓▓ ▓▓ avec un couteau à cran appartenant à ▓▓▓▓ et qui l'avait prêté à Jena pour qu'elle se défende. Elle n'a pas réussi... L'absence de ce couteau l'aurait fait survivre, un jour de plus, son tueur ne voulant pas, originellement, la tuer de suite."

La suite décrit comment elle est morte, expliquant comment elle a débuté, comment elle a blessé, très superficiellement, son agresseur, comment elle s'est fait trancher en petits morceaux ainsi que le plaisir qu'il a ressenti en faisant cela...
Bref, une histoire assez banale avec une fin peu banale et vraiment sadique... mouais, ce n'est vraiment pas le genre d'histoire que j'aime lire.

Je repose le livre sur l'étagère en cherchant du regard un autre livre.
Au moment où je pose le livre, la lumière provenant de l'étagère s'éteint et une voix mécanique retentit "Un livre par personne et par jour, revenez demain pour en lire un nouveau." 

N'étant qu'à quelques centimètres de l'étagère, je tends ma main droite, essaye d'attraper un livre au pif, en vain. On dirait qu'elle s'éloigne à mesure où ma main avance, alors que je ne bouge pas et qu'un aussi gros meuble en bois emplit de livres ne peut pas reculer comme ça, encore moins sans faire le moindre bruit...

La voix répète son message environ toutes les 30 secondes jusqu'à ce que je quitte la bâtisse.

Ne pouvant rien faire de plus, je rentre chez moi. Il se fait déjà assez tard, mais bon, mes parents ne vont sûrement même pas le remarquer, s'il remarque bien que je suis rentré à la maison...

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Plus tard ce soir-là

Je suis devant la télévision. Comme très souvent, il n'y a rien, quelques films déjà vu des centaines de fois, quelques reportages et séries sans intérêt et c'est déjà à peu près tout... Je mis donc un film au pif pour m'endormir...

Alors que je commençais à piquer de l'œil, un flash info me réveilla. Plus précisément, un appel à témoins.

Un meurtre a eu lieu la nuit dernière. Le meurtre d'une femme d'une trentaine d'année. Le meurtre d'une cavalière promis à une très belle carrière dans l'équitation... le meurtre de Jena Irtales...

C'est bouche bée que je me suis mis à écouter la police, à l'écouter parler de ce que je savais déjà... Et demandant si quelqu'un avait vu ce qu'il s'était passé et si c'est le cas, de les appeler pour témoigner...

Sans même y réfléchir plus de quelques secondes, je me décide à appeler le numéro spécial qu'il montre à la télé. Sûrement une des plus mauvaises décisions que l'on puisse prendre...

Le téléphone n'a le temps de sonner qu'une seule fois avant que quelqu'un décroche.

—Bonjour, je suis l'agent Carter. Vous êtes sur la ligne spéciale pour l'appel à témoins sur le meurtre de Jena Irtales. Avez-vous des informations à nous procurer ?
Sa voix semble fatiguée, comme s'il n'avait pas dormi depuis un long moment...

—Euh... oui, j'ai plusieurs informations sur le meurtre... Est-ce que c'est grave si je ne présente pas ?

—Non non, ce n'est pas grave. Dis-moi ce que tu as à dire.

—Le meurtrier se nomme ▓▓ ▓▓▓▓▓ ▓▓▓▓, c'est un homme de ▓▓ ans. Il l'a tué à 19h53 dans ▓▓▓▓ ▓▓ avec un couteau à cran qui appartient à ▓▓▓▓, un ami à la morte qui lui avait prêté pour qu'elle puisse se défendre. Elle est morte en se vidant de son sang après avoir reçu 23 coups de couteau, mais elle a pu blesser ▓▓ ▓▓▓▓▓ ▓▓▓▓ à ▓▓ ▓▓▓▓ avant qu'il ne lui pique son couteau.
Je parle frénétiquement, mon cœur battant à tout rompre alors que je révèle ce que je sais. ce que je ne devrais pas savoir.

—Est-ce que vous pouvez répéter ? Il semble y avoir des interférences, je n'ai pas tout entendu, le nom du meurtrier par exemple...
Il semble vraiment ennuyé, désolé, de demander ça, de me demander de répéter.

— ▓▓ ▓▓▓▓▓ ▓▓▓▓, il se nomme  ▓▓ ▓▓▓▓▓ ▓▓▓▓ ! Ce n'est pas compliqué bon sang !
Je m'emporte un peu. Mais, ce sont les nerfs qui commencent à lâcher, je dénonce un meurtrier, qui me tuera s'il savait, et, ou celui à qui je parle et à moitié sourd, ou il faut que la police se rachète de vrais téléphones...
Ou alors, c'est que tu n'as pas le droit de partager ces informations !

—Hum... je n'entends pas ce que vous dites, il semble que la ligne grésille à chaque fois que vous essayez de dire certaines informations ? Vous le faites exprès, n'est-ce pas ?
Son ton monte. Il semble commencer à devenir assez énervé.

—Non, je le jure que non. Je vous entends parfaitement moi, je ne comprends pas pourquoi ça fait ça, vraiment pas...

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Le policier ne parle plus depuis maintenant un petit moment...

—Vous êtes toujours là, monsieur Carter ? Vous essayez de régler le problème de grésillement ?

—Oui, c'est à peu près ça, ne vous inquiétez pas. Et surtout, ne quittez pas en attendant.
Il a repris une voix chaleureuse, même s'il a bien mis une bonne minute avant de me répondre...

—Euh... d'accord...
Je ne suis vraiment pas certain de ce qu'il est en train de se passer, mais, ça ne devrait être rien de grave si ?
Bien sûr que si... imbécile heureux...

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On toque à la porte d'entrée.

J'entends mes parents ouvrir la porte.

Il semble discuter avec quelqu'un un long moment.

—▓▓▓▓, tu peux descendre ? Il y a quelqu'un qui est venu te voir.
Me demande ma mère.

Au même moment, le policier raccroche...
...
Rien d'étrange...
...
C'est littéralement un piège dans lequel seul un benêt tomberait...

Je descends tranquillement mes escaliers.

En bas, se trouve ma mère, mon père et... trois policiers...

—Euh... bonjour ?

—Tu sais pourquoi nous sommes là, n'est-ce pas ?
Me demande un des trois policiers.

—Hum... j'imagine que c'est parce que vous n'arriviez pas à entendre ce que je disais à l'agent Carter ?

—Oui, exactement. D'ailleurs, je suis l'agent Carter. Je me suis dit qu'il valait mieux qu'on parle en face à face pour éviter ces... "problèmes techniques"...
Il fait des guillemets avec ses mains en disant ces deux derniers mots...

—D'accord, alors, comme je le disais, je sais qui est le tueur de Jena Irtales.

—Et c'est exactement pour cela que l'on est venu ici...

—C'est vrai. Le tueur est, comme je vous le disais, ▓▓ ▓▓▓▓▓ ▓▓▓▓.

En m'entendant dire ce nom, mes parents et les trois policiers me regardent d'un air très surpris. Ce qui est normal, ce type est assez connu dans notre village.

Ils se regardent, me regardent, se regardent, me regardent, ouvre leurs bouches puis la referment sans dire un mot. Ils doivent sûrement se demander comment je sais ça.

—C'est sûr, si je ne le savais pas, je n'aurais jamais pensé que c'était ▓▓ ▓▓▓▓▓ ▓▓▓▓ le coupable. Normal que vous soyez surpris, mais c'est totalement vrai.

Ils continuent à se regarder sans dire un mot.

—Hum... ▓▓▓▓ ?

—Oui maman, qui a-t-il ?

—Comment tu fais ?

—Comment je fais quoi ? Trouver le coupable ? C'est simple, j'ai juste ▓▓▓▓▓▓▓ ▓▓ ▓▓▓▓▓ ▓▓▓▓ ▓▓▓▓▓ ▓▓▓▓ ▓▓▓▓▓▓ !
Il comptait vraiment tout révéler cet imbécile ? Et dire que c'est lui le prochain...

—C'est exactement ça ! Comment est-ce que tu arrives à faire ce bruit de grésillement avec ta bouche tout en nous donnant l'impression que tu parles normalement ? C'est incroyable...
Me dit ma mère.

—Et surtout extrêmement énervant !
Ajoute un policier.

Qu'est-ce qu'ils racontent ? Quel grésillement ? Je n'entends pourtant rien... ou plutôt, j'entends très clairement mes propres paroles...

—Je... je ne comprends pas... comment c'est possible ? Peut-être que je parle trop faiblement ? Impossible, sinon, il m'aurait entendu quand j'ai crié le nom du ▓▓▓▓▓ ▓▓▓▓ tout à l'heure... Ça ne peut-pas être un problème dû à ma voix vu qu'ils entendent certains de mes mots... donc, c'est parce que.... euh... je ne sais pas...
Je tourne en rond en murmurant cela à voix basse, ma tête me faisant de plus en plus mal au fur et à mesure que je cherche une solution plausible, qui ne vient pas...

Je sens que des larmes commencent à couler le long de mes joues alors que je me questionne sans fin sur pourquoi ça m'arrive à moi, qu'est-ce qui ne va pas chez moi, etc... comme si ça changeait quoi que ce soit...

—Je sais ! Si vous n'arrivez pas à m'entendre, je vais vous écrire son nom. Ça devrait marcher, ce n'est pas comme si ça allait mettre des grésillements à l'écrit, si ?
Ma voix reflétant tout l'espoir que je mets dans cette tentative.

 Ma mère m'apporte une feuille et un crayon. De la pointe de celui-ci, je trace soigneusement ce nom que je ne cesse de répéter, ▓▓ ▓▓▓▓▓ ▓▓▓▓.
Puis, je les regarde, espérant que, cette fois, ils voient...

Ils grimacent en retour, me regardent, encore plus étonnés qu'avant.
—Non, toujours pas... il n'y a qu'un grand carré noir qui semble bugué... si je ne le voyais pas de mes propres yeux, je ne le croirais pas...
Me dit l'agent Carter.

Mes parents et les deux autres policiers confirmant ses propos d'un hochement de tête et de leurs airs totalement désemparés et étonnés...

—Cela te dérange si on prend le papier pour l'étudier ?

—Allez-y... Faites-vous plaisir...
Je leur réponds d'un ton patraque en faisant un vague signe de la main, le regard vide.

Ils s'en emparent puis partent après avoir remercié mes parents et moi de notre temps...

Je connais donc le nom d'un tueur, personne ne l'entend quand je le dis, personne ne peut le lire lorsque je l'écris et je suis certain qu'il finira par savoir que je sais... ça ne m'étonnerait même pas qu'un de ses trois policiers travaille pour lui... bref, je suis dans sûrement dans la merde, le seul espoir que j'ai, c'est qu'il pense que je fais juste mon intéressant...

Je pars me coucher.
Rien ne trouble mon sommeil, à part, une voix. Une voix répétant plusieurs fois "Retournes-y, tu es le prochain." avant de disparaître.

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Le lendemain matin

N'ayant toujours pas choisi de cadeau pour mon anniversaire, je décide de retourner à la librairie, au cas où, même si je ne comprends pas ce qui se passe avec les informations du livre d'hier et que je ne veux pas que ça arrive à nouveau, c'est bien trop tentant pour ne pas y retourner...

La librairie ne semble pas avoir beaucoup changé. En fait, la seule chose qui l'est est la bibliothèque éclairée, sur celle-ci, il y a écrit "Histoires d'ailleurs 7▓▓▓▓". Il ne semble pas vouloir afficher le prix, j'ai l'impression. Pourquoi faire ? Ça serait stupide de m'afficher un quelconque prix...

Comme hier, aucun livre ne semble avoir d'autre titre qu'un simple nom... enfin, "simple", certains sont si atypiques qu'ils ne semblent pas venir de ce monde... Et c'est bien sûr, c'est un de cela que je pris.

Ce livre se nomme "Sarich Nieldor", sa couverture est toute blanche avec une espèce d'ombre noire en partie visible, l'ombre semble humaine.
J'ouvre le livre qui semble être, à nouveau, une espèce de journal intime... Est-ce que j'ai de la chance, absolument pas de chance ou alors ce n'est que des livres comme ça ?

C'est à la page 3652 que la partie intéressante semble commencer. Le personnage principal semble être devenu une espèce d'ombre vivante ?

Je pense qu'il est bien assez intéressant pour que je me l'offre.
Le problème, c'est que je ne sais pas combien ça coûte ni à qui je dois le payer comme il n'y a personne... Ça ne coûte rien, et donc il n'y a personne à payer !

Je m'avance vers l'entrée, le livre en main, m'attendant à ce qu'une personne apparaît de nulle part, mais rien ne se passe...

Je sors avec l'étrange impression que ce que je fais est normal, que ce livre m'appartient et que je n'ai pas besoin de le payer, j'imagine que ce n'est pas du vol s'il n'y a personne ? Et, au pire, si quelque chose arrive, je dirai qu'il n'y avait personne, donc que je n'ai pas pu payer. Ça devrait aller, j'imagine ?

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Plus tard dans la soirée

De retour chez moi, je montre mon nouveau livre à mes parents en leur expliquant que je l'ai choisi pour être mon cadeau.

Ils regardent la couverture qu'ils trouvent aussi intéressante, voient qu'il n'y a pas de 4ème couverture, ce qu'ils trouvent étrange, puis ouvrent le livre à une page aléatoire.

Leurs regards se tournent vers moi, étonnés.
–Tu es sûr que tu veux ça ?

–Bien sûr, il n'a pas l'air très intéressant au début, mais, à partir de la page 3652, ça semble le devenir énormément !

Leur regard semble encore plus perplexe...

–▓▓▓▓... tu sais qu'il n'y a absolument rien d'écrit ? Ce sont juste des pages blanches.

–Mais, si, ça parle d'un humain qui devient une ombre vivante et qui ne semble plus pouvoir être vu par tous les autres humains...

–Je ne vois absolument rien pourtant.

Mon regard dépité semble faire de la peine à mes parents qui se regardent un instant avant que ma mère, d'un ton enjoué et légèrement provocateur, ajoute cela :
–Si tu es vraiment capable de lire cette histoire, réécrit là ! Montre-nous ce que l'on ne peut pas voir ! Conte-nous ce qu'on ne peut pas entendre !

Mes yeux sont brûlants alors que je réponds, d'une voix qui ne semble pas être la mienne, qui semble presque menaçante :
–Avec plaisir.

Ils semblèrent trembler de peur un instant avant de se reprendre, de la sueur coulant quand même le long de leurs corps.

–Tu as récupéré ce livre où d'ailleurs ?

–Dans une librairie sûrement unique semblant contenir en son sein une infinité de livres. Personne ne semble s'en occuper. Peut-être n'est-elle même pas de ce monde. Ce sont deux de mes amis qui m'en avaient parlé, amis qui ont apparemment totalement oublier son existence et leurs conseils avisés. À chaque fois que j'y vais, une seule étagère est éclairée et de choisir un seul et unique livre, j'ai le droit.

Leur regard, une fois de plus surpris, me fit taire.

–Tu n'as pas besoin de prendre cette voix, tu sais ? Et, tu aurais pu juste nous le dire normalement.

–Je n'ai pas fait exprès de prendre cette voix et je crois que si je ne l'avais pas dit ainsi, vous n'auriez pas entendu mes paroles... J'ai la nette impression que dévoiler ne serait-ce qu'une bride d'information sur cette librairie semblant magique et ses livres, réels témoignages d'êtres vivants, je me dois de conter de cette voix pour ne pas que le brouillage revienne de nulle part me censurer.

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▓▓ ▓▓▓▓▓▓▓▓▓

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▓▓ le▓▓▓▓a▓▓

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Lledman

Toute la nuit, j'ai rêvé, rêvé d'une voix me disant que je me dois d'aller à cette libraire aujourd'hui, à la fois pour que je comprenne et pour que je ▓▓▓▓▓▓▓. Je ne sais pas ce qu'est la seconde raison, n'étant qu'une espèce de bruit blanc étrange, ce que mes parents ont entendu plus d'une fois à priori... mais, rien que la première a suffi à me décider d'y aller.

Mes parents dormants toujours, normal, il n'est que 8h du matin, je suis parti sans les réveiller.

La librairie ne semble pas avoir changé et il n'y a toujours personne. J'espère que je ne dois pas prendre un livre au pif et espérer que ça soit celui que je suis censé trouver... c'est presque ça... rire

Ah, si, il y a bel et bien un changement comparé aux deux jours précédents !

Ce n'est pas une étagère qui est éclairée mais, un pupitre ayant un seul livre.
Je m'en approche lentement, me demandant pourquoi il n'y a qu'un. Au-dessus du pupitre se trouve une pancarte sur laquelle est écrit "contes oubliés". Il n'y aucun caractère corrompu ou de la saleté cette fois-ci. Il n'y a donc sûrement pas de prix non plus. normal, ça ne peut pas être "vendu"...

La couverture du livre semble "changeante", comme si elle ne savait pas elle-même à quoi elle est censée ressembler. La seule chose ne changeant pas, ce sont les mots "Les contes oubliés" écrits dessus.

La première page informe que ce livre fût écrit par le premier des conteurs et qu'il se transmet de conteur en conteur depuis sa création qui eut lieu "au moment où les premiers mondes se croisèrent et les légendes commencèrent à devenir vérité", quoique cela puisse bien vouloir dire...
À priori, il ne peut y avoir qu'un seul conteur à la fois et on reste conteur jusqu'à sa mort. Un conteur sans ce livre perd toutes ses facultés spéciales, mais reste le conteur. Le conteur n'a pas le droit de transmettre certaines informations à tout être vivant n'étant pas au courant de celles-ci, s'il essaye quand même, ceux qui ne doivent pas entendre ces informations entendront un bruit blanc à la place et idem pour les tentatives écrites de les dévoiler. Ceux qui sont au courant de l'information l'entendra ou la verra normalement. Bien sûr, cela ne vaut que pour les informations obtenues via les contes oubliés ou un de ses dérivés. Lorsque le nouveau conteur récupère ce livre pour la première fois, son nom devient une information privée ne pouvant être obtenu que par ceux qui la connaissaient déjà.

Il y a aussi le fait que tu puisses, enfin, m'entendre, même si je ne vais pas rester très longtemps maintenant que tu es prêt...

–Hein ? Qui me parle ?

Le toi précédent et tu seras le moi du prochain.

...

Peu m'importe si tu ne comprends, tu finiras par le savoir un jour ou l'autre, plus important, tu ne dois pas rentrer de suite chez toi comme tu pensais le faire. Sinon, tu mourras et tu ne dois pas mourir maintenant.

–Ma famille va bien ? Qu'est-ce qui se passe à la maison ?

Tu peux les considérer comme morts, morts par ta faute, morts parce que tu n'as cessé de vouloir dévoiler un secret...

–Quoi ? Qu'est-ce que tu racontes ? Personne n'a pu comprendre ce que j'ai dit, donc, il ne devrait pas...

"Je trace soigneusement ce nom que je ne cesse de répéter, ▓▓ ▓▓▓▓▓ ▓▓▓▓.", "Ceux qui sont au courant de l'information l'entendra ou la verra normalement."

Ils sont en danger pour ça ? Tout est à cause de moi ?

Peut-être que si j'y vais, ils me tueront à sa place ? C'est moi, qu'ils veulent, après tout.

Si t'y vas, toi et ta famille mourront. Si tu n'y vas pas, ta famille mourra. Il vaut mieux qu'elle meure seule.

Il n'y a aucun moyen de les sauver ? Absolument aucun.
De les venger ? Bien sûr que non, ses fautes le rattraperont sûrement, mais, pas grâce à toi.

Mon téléphone sonne, ma mère, ou plutôt son téléphone, m'appelle, sans réfléchir, je décroche.

–Maman ? Ça va ?
Je demande, inquiet, pensant déjà connaître la réponse.

–Oui, mon ▓▓▓▓ chéri.
Sa voix est effrayée.

–Où est-ce que tu te trouves ? Tu dois vite rentrer à la maison !
Sait-elle que je vais mourir si je viens ?

–Je ne peux pas, maman...
Mon ton est bien plus froid que ce que je n'aurais pu croire possible.

–Et pourquoi cela ? C'est très important que tu viennes le plus vite possible !
Sa voix tremble légèrement.

–Parce que, si je fais ça, nous mourrons tous et je ne peux rien faire pour vous sauver, désolé.
Ma voix est neutre, vide de toutes émotions, comme si je ne venais pas d'affirmer à ma mère que je la– que je les laissais tous mourir sans rien faire...

–Ce n'est qu'un conte de plus. Une fin amenant à la fermeture définitive de plusieurs livres, rien de plus, rien de moins.
Je me surprends à penser.

–Pourquoi dis-tu cela ? Nous ne sommes pas en danger ! Personne n'est en danger ! Rejoins-nous vite !
Sa voix semble se briser au fur et à mesure qu'elle parle. Elle semble prête à éclater en sanglots.

Je ne sens rien d'autre que le vide envahir mon cœur, comme si je lisais pour la dix millièmes fois une simple histoire sans importance.
Je suis donc resté sans réponse.

–Mon... chéri sanglote pitié sanglote vient à la maison ! sanglote
Elle continue à essayer de parler après cela, ses larmes me brouillant le son de sa voix.

–Adieu. S'il reste quelque chose de vos corps, je vous enterrais, ne vous inquiétez pas.
Je prononce d'un ton neutre, ce qui déclencha larmes et cris de l'autre côté de l'appareil. Le téléphone devait sûrement être sur haut-parleurs tout ce temps, ce qui ne change rien du tout.

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Le conteur arrêta l'appel.
Son esprit était enfin totalement connecté à ceux qui l'ont précédé tandis que la voix du précédent s'évaporait.
Il rangea tranquillement son téléphone dans sa poche.
Il alla vers la porte d'entrée, tourna l'écriteau afin que l'indication "Ouvert" soit face à la rue. Il n'avait même pas remarqué cet écriteau avant et, à vrai dire, il s'en fichait.
Il s'assit à sa place, sur une chaise proche de l'entrée, devant lui, un bureau et un registre.
Il sortit tranquillement d'une poche intérieure de sa veste, dont il ne connaissait pas l'existence avant aujourd'hui, le livre nommé "Sarich Nieldor" dont il continua tranquillement la lecture.

Au bout de quelques minutes, il posa un instant son livre sur la table devant lui, sortit son téléphone et... le mis en silencieux, effaçant définitivement le bruit qu'il faisait alors que celle qui fut sa mère l'appelait désespérément, ainsi, qu'accessoirement, ses espoirs futiles de survie.

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Un certain jour d'une certaine année

Alors qu'il aurait déjà dû mourir de vieillesse depuis très longtemps, le conteur n'avait pas vieilli d'un pouce. Ce jour-ci, il sut que quelque chose allait se passer...

Il sortit de sa librairie, prit "Les contes oubliés", dont il ne se séparait jamais, changea de côté l'écriteau de la porte qui affichait maintenant "Fermé" puis, partit en direction d'un certain endroit quelque part prêt ▓▓ ▓▓▓▓ ▓▓▓▓▓▓...
Il y trouva un portail incolore menant à Mediral. Mais ça, c'est une autre histoire...

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Point de vue de ???

 "Les bibliothèques sont des rêves. Rêves de ceux qui les ont voulues et bâties. Rêves de ceux qui les fréquentent et les aiment. Rêves enchâssés en des milliers et des milliers de pages préservées." disent certains.

"Derrière chaque livre se trouve un nom, une personne. En ce cas, détruire un livre équivaut à la destruction d'une vie humaine." Prétendent d'autres.

Je suis d'accord avec cela, bien sûr, mais mon dernier mot sera différent : "Toutes vies, tout être ne sont que des livres enfermés dans une vieille librairie dont je suis le seul à connaître l'entrée. Imaginez ce qui se passerait si je pouvais tout dévoiler..."


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