Une étrange affaire

Je m'appelle Lucien Duval, je suis un ancien officier de police, maintenant à la retraite. Je vais vous raconter une histoire qui s'est passé il y a trente ans de cela, alors que j'étais encore en poste.

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J'avais 45 ans, j'étais un jeune officier de police, qui pensait avoir tout vu du haut de ses 20 ans de carrière. À cette époque, j'étais à la tête d'un groupe d'une dizaine de personne, ce qui était beaucoup comme nous étions dans un petit village qui avait une population de seulement quelques centaines d'habitants.
Ce matin-là avait commencé très normalement, le soleil brillait, aucun incident majeure à déplorer, aucune personne venant porter plainte au commissariat. Bref, une journée banale. Enfin, jusqu'à ce que ça arrive...
Il était aux alentours de 18h et le soleil commençait à se coucher. Le téléphone sonna. Je décrochai le téléphone et dit : "Officier Duval à l'appareil, que voulez-vous ?". Une voix sinistre me répondit, disant que je devrais aller dans le seul parc du village, et que j'y trouverai un beau cadeau pour moi et les autres agents. La voix raccrocha aussitôt après avoir dit cela, me laissant mué de surprise.

J'appela mes collègues et leur expliqua ce qui venait de se passer. Comme moi, ils avaient l'étrange sentiment qu'il valait mieux qu'on y aille très vite, au cas où. Mon équipe est donc partit immédiatement en direction du parc, nous avons apportés nos armes avec nous, évidemment. Le parc du village était dédié à une espèce de vieux Dieu païen dont quasiment personne ne se rappelait le nom, mais sa statue en marbre de 3 mètres de haut était toujours présente dans le jardin, même si elle servait seulement de décoration un peu effrayante.
Arrivé au parc, nous avons immédiatement senti que quelque chose clochait, une âpre odeur de sang frais nous prenait au nez alors que nous étions à peine descendus de la voiture. Nos gilets pare-balles enfilés par précaution, nous sommes entrés à l'intérieur. Au début, nous ne vîmes rien, la nuit étant tombé et nos yeux n'étant pas habitués à l'absence de lumière. Nous fûmes attirés vers une douce lumière provenant de la direction où se trouvait la statue de marbre. Nous nous sommes prudemment avancés vers la lumière, regardant avec attention les alentours, mais il n'y avait aucun être vivant. En revanche, au pied de la statue se trouvait la lampe qui nous avait attirés jusqu'à là et à côté d'elle se trouvait un amas de tissus d'où provenait l'odeur de sang. Nous avons d'abord pensé que des personnes s'étaient battu ici et avaient abandonné des bouts de leurs vêtements qui s'étaient déchirés. Mais la réalité était bien pire que cela... lorsque nous avons soulevé les bouts de vêtements, nous avons vu le cadavre d'une femme démembrée, les quatre membres avaient été soigneusement découpés et les yeux avaient été retirés. Dans les vêtements se trouvait un message écrit à la machine à écrire, le message était le suivant : "Ses beaux yeux marrons ne lui seront plus d'aucune utilités, je m'en suis donc emparés. Le faiseur de poupées."

Sur ce cadavre, le premier d'une série beaucoup trop longue, nous n'avons récupéré aucune informations utile, pas de sang, pas de traces ADN, aucun témoin. De plus, l'utilisation d'une machine à écrire, étant assez courant dans ce village, ne nous permet pas de réduire la liste des suspects. Nous avancions donc à l'aveuglette dans cette affaire, et chaque nuit, un nouveau cadavre était découvert, toujours dans le parc ou ses environs, tous étaient des femmes d'une quarantaine d'années démembrés et dont certains membres étaient manquants. Et ils étaient toujours accompagnés de cette agaçante lettre dactylographiée. Les messages étaient signés de la même personne, mais le contenu changeait, à mesure que les cadavres s'empilaient, les lettres, "courtoises" au départ, devinrent de plus en plus insultantes et moqueuses. Le parc avait été fermé et surveillé pour essayer d'empêcher les meurtres mais rien n'y fit, le massacre continua sans aucun indices sur le coupable.

Cela continua ainsi jusqu'à la douzième victime qui était un jeune garçon qui devait avoir une quinzaine d'années et qui avait des yeux bleus et des cheveux argentés. Chose étrange, il n'apparaissait pas dans notre base de données alors que nous avions normalement à l'intérieur tous les habitants du village. Un énorme trou se trouvait à l'endroit où devait se trouver son cœur. Il avait été tué de la même manière que les autres, mais en plus d'être un jeune garçon, contrairement aux autres victimes, nous avons retrouvé sous ses ongles et dans sa bouche de l'ADN, preuve qu'il avait réussi à se défendre un minimum. Nous avons récolté les preuves que nous venions de trouver afin de les faire examiner.

Notre équipe scientifique a finalement fait correspondre l'ADN récupéré avec celui d'un homme d'une cinquantaine d'années dont je tairai le nom.
Moi et mon équipe, mandat à la main, avons fait une perquisition dans la maison du suspect afin de l'interroger au poste. Nous avons d'abord toqué à la porte et avertit de notre présence le suspect. Ne recevant aucune réaction de sa part, nous avons finalement enfoncer la porte et avons commencé à fouiller l'intérieur de cette espèce de manoir qui lui servait de maison. Nous ne l'avons pas trouvé, ni lui, ni aucune preuves apparentes, nous avons donc fouillé plus méticuleusement la maison à la recherche d'un quelconque indice confirmant un peu plus nos doutes, ou nous informant de l'endroit où il pouvait être actuellement.
Au fond de la cave, nous avons trouvé une espèce de passage secret composé d'une seule pièce, remplie de photos d'une femme inconnue, des différentes victimes et de notes sur une espèce de vieux rituel païen qui permettrait, en résumée, de ressusciter une personne, en lui fabriquant un nouveau corps, à partir de morceaux d'autres personnes vivantes...
À force de fouiner dans sa maison, nous avons découvert des factures d'eau, de gaz et d'électricité d'une autre maison que celle-ci. Nous nous sommes immédiatement rendus là-bas.

Arrivés à cette nouvelle maison, encore plus gigantesque que la première, nous avons suivi la même procédure qu'à l'autre maison, toujours sans résultat. Nous avons de nouveau forcé la porte d'entrée.
Dès que nous sommes entrés à l'intérieur, nous avons remarqué que ce manoir était en réalité bâti tel un gigantesque labyrinthe. On avait l'impression d'être dans l'antre d'un fou construit par un architecte qui l'était encore plus. Un escalier montait en colimaçon jusqu'au plafond du troisième étage, aucunes des portes et des fenêtres n'étaient de taille normales, certaines faisaient 5 mètres de haut pour 3 mètres de large tandis que d'autres faisaient 1 mètres de haut et 40 centimètres de large, les murs intérieurs étaient gondolés, des protubérances avaient été rajoutées pour qu'on ne voit leurs difformités que depuis l'intérieur du manoir. Nous avons tant bien que mal commencé à fouiller la maison par petits groupes afin de localiser le suspect. Après des heures et des heures de recherche infructueuses, nous avons trouvé la cave de la maison, qui nécessitait de passer par le toit et par une grande partie du reste de la maison. Ce chemin était véritablement un enfer en termes d'orientation, il aurait juste fallu rajouter des pièges mortelles et on aurait pu le faire passer pour un donjon de ces jeux de rôle fantaisistes... Il faut vraiment être dérangé pour, ne serait-ce qu'imaginer cet endroit, alors le construire, ou pire, y habiter, je ne veux vraiment pas savoir à quel point le propriétaire l'est...
De la dizaine de personnes que composaient mon équipe, nous étions que trois, en me comptant, à avoir atteint la cave, les autres étaient sûrement perdus quelque part dans la maison, sûrement...
Dans la cave, se trouvait une réplique miniature de la statue se trouvant dans le parc, derrière celle-ci, se trouvait une entrée, creusée à même la roche. Nous avons emprunté ce chemin sinueux, la "grotte" étant seulement éclairés par de faibles ampoules, la tension était palpable, j'avais l'impression que ce type allait nous faire effondrer le plafond sur nos têtes pour nous ensevelir, ou nous tuer un par un, en profitant de l'obscurité omniprésente. J'ai peut-être vu un peu trop de film d'horreur...
Au bout d'un moment, à avancer dans ce sombre endroit, nous avons entendu des cris. Au début, ils étaient très étouffés, presque inaudibles, mais, au fur et à mesure que nous approchions, les gémissements et les cris résonnaient de plus en plus fort.

Arrivés au fond de ce couloir, nous avons assisté à une scène étrange et horrifiante. Il y avait bien le tueur en série présumé et un autre individu, mais c'était le suspect qui était torturé... Un jeune homme aux cheveux noirs semblait s'amuser à entailler lentement les différents membres du tueur en série, il semblait se délecter des cris de douleur et de désespoir de sa victime. Le tueur était assis sur une chaise en bois banale et il n'était même pas attaché, pourtant, il ne semblait pas vouloir, ou bien pouvoir, descendre de la chaise. Nous étions paralysés par cette vision glaçante, et ce cauchemar éveillé dura plusieurs longues, bien trop longues, minutes. Au bout d'un moment, je repris assez mes esprits pour pointer mon arme sur le bourreau, et dans un vain effort de paraître calme, je dis : "Police, plus personne ne bouge, lâchez votre arme et rendez-vous.".

Le garçon, nous remarquant enfin, semblait déçu de notre arrivée, contrarié même, mais pas apeuré. Il nous regardait comme un prédateur regarde une proie qui essaye de lui voler son jouet. Il ouvrit la bouche pour parler mais, le tueur devenu victime, cria d'une voix très aigüe, nous implorant de le sauver de ce monstre à l'apparence humaine et nous jurant qu'il avouerait tout si on le faisait. Le ton de sa voix et ses yeux emplis de terreur montrait pertinemment qu'il comptait honorer cette promesse. Le jeune homme regarda sa proie, et quand elle eut fini de parler, il lui dit, d'une voix douce, que s'il lui recoupait la parole alors, il perdrait sa langue. Remarquant que sa victime semblait avoir compris le message, il se tourna vers nous, le couteau toujours en main et il nous sourit, d'un étrange sourire carnassier dévoilant ses dents qui semblaient étrangement pointues et brillantes dans l'obscurité. Nous ne bougeons plus, attendant, presque sans respirer, qu'il se mette à nous parler.
Il nous dit, qu'originalement, il comptait laisser ce meurtrier tranquille pour qu'on puisse l'arrêter et le juger selon les lois humaines, mais, il s'en était pris à la mauvaise personne, une personne qui lui était cher, il a donc choisi de se venger lui-même et il s'excusait d'avance pour la gêne que cela va occasionner. Durant cette explication, il ne se départir pas de son ton calme ni de son sourire flippant.
La "discussion" étant apparemment finie, pour le moment, il soupira, disant à sa victime, qu'il avait de la chance que la police soit arrivée si vite, et d'un coup sec, il sectionna une grande partie du cou du tueur, laissant le couteau sanglant dans la plaie. Le mourant tomba de la chaise et en agonisant, agrippa le couteau, tout en regardant avec surprise le sang coulait en abondance, comme s'il pensait que seules les autres pouvait être tué, mais sûrement pas lui. Le jeune tueur, lui s'assit tranquillement sur la chaise en regardant sa victime mourir dans d'atroces souffrances. Nous, nous étions surpris par un acte si soudain, et le temps de reprendre nos esprits, l'homme était déjà mort...
Nous nous sommes lentement approchés du jeune garçon, j'avais mon arme dans une main et des menottes dans l'autre, même si je doutais qu'il se laisse attraper sans rien faire après son violent meurtre. Contrairement à ce que je pensais, il se laissa faire. Il nous annonça, que nous trouverons toutes les preuves de la culpabilité du mort dans une pièce qu'il nous pointa de la tête. Il nous dit aussi qu'il comprenait qu'on veuille le menotter et l'enfermer, mais que ça ne servait à rien. Je lui rétorquai qu'on verrait bien s'il arrivait à nous échapper sans lui laisser continuer son monologue. Il me regarda d'un air extrêmement dédaigneux et me dit : "S'échapper ? Pourquoi faire ? Ma vengeance est accomplie. Donc, dans une dizaine de minutes, je ne serais plus de ce monde, mon corps se désagrègera afin que je puisse afin LE rejoindre."
Je lui posais quelques autres questions pendant que mes deux collègues fouillaient le reste de la cave : "Qui est-il ?", "Laquelle des victimes voulait-il vengé ?" etc... etc.. mais il répondit à toutes mes question sans jamais donner une seule information supplémentaire.

Mes deux collègues revinrent de la cave, ayant photographié et/ou récupéré tous les preuves qu'ils pouvaient sans contaminer le lieu. Nous commencions à nous diriger vers le long et sinueux couloir d'où nous étions venus, quand, notre prisonnier, nous informa, qu'il existait un moyen de sortir depuis cette salle, il nous indiqua un levier, qui n'était pas vraiment caché en plus, et lorsque nous l'avions actionné, un pan d'un des murs a coulissé et cela nous a permis de sortir du bâtiment, le mur semblait rester en place. Je remerciai le jeune homme de nous avoir indiqué ce passage puis je continua à me diriger vers notre voiture de police où nous attendaient nos autres collègues, qui avaient apparemment réussit à sortir du manoir. Ils étaient dos à nous, l'entrée principal et notre sortie étant très éloigné l'une de l'autre. Alors que nous étions presque arrivés prêt d'eux, je sentis la menotte se trouvant à mon poignet pendre dans le vide, je me suis aussitôt retourné, essayant de comprendre où le jeune homme était partit. Tout ce que je vis, fût un tas de cendre à l'endroit où devait se trouver le garçon tueur, cendres qui furent très vite emportés par le vent. Nous nous sommes regardés avec mes collègues, ils m'ont dit qu'étant derrière moi, ils ont vu le garçon se décomposer devant leurs yeux. Ne pouvant rien faire d'autre, nous avons rejoint nos autres collègues.

Nous avons raconté ce qu'il s'était passé à nos collègues, puis à notre chef, mais personne ne nous a crû. Le chef, le légiste et le psychologue sont arrivés à la même conclusion, le mort s'était lui-même fait ses blessures avec son propre couteau, une marque pour chaque meurtre, douze marque aux total. Puis lorsque nous sommes arrivés, il a décidé de se suicider plutôt que d'aller en prison et ce que nous avons vu était sûrement dû à l'atmosphère lugubre et oppressante qui nous a fait délirer.
Le chef a vite appelé la presse pour organiser un communiqué afin d'expliquer que le tueur s'était suicidé plutôt que de se laisser emprisonner. Leur raisonnement se tenait en réalité, et c'était hautement plus probable que ce que j'avais vu. J'aurais sûrement fini par aller dans leurs sens, si, un dernier événement étrange ne s'était pas passé. Le cadavre du jeune garçon qui n'apparaissait pas dans la base de données, la dernière victime, avait disparu sans laisser de traces. Sur les vidéos surveillances, nous ne vîmes personne s'en emparer, en réalité, nous n'avons trouvé aucune bande où était visible le corps, c'était comme s'il n'avait jamais existé...

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L'affaire se termina comme cela, laissant de nombreux éléments dans l'obscurité. Les morts furent enterrés, l'affreuse poupée faites des différents membres disparus fût, d'un commun accord entre les proches des victimes, brûlée, le corps manquant ne fût jamais retrouvé.
La vie continua normalement et nous n'avons jamais eu de nouvelle affaire aussi sinistre que celle-ci. Puis petit à petit, le temps nous rattrapant, nous sommes partis l'un après l'autre, à la retraite.
De temps en temps, dans mes rêves, je vois ce démoniaque sourire me hantait comme s'il me disait "N'oublie pas la vérité, ne l'oublie pas".
C'est pour cela que je vous ai raconté cette histoire dans une tentative désespérée de ne plus revoir ce sourire.

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