Souviens toi

Je n'ai écrit ce texte que pour une seule personne, elle se reconnaîtra sûrement. Si ce n'est pas vous, alors c'est que vous avez volé ce message, alors rendez le à la personne à qui vous l'avez volé !

Je m'appelle Mysterio et je n'ai pas de nom de famille, après tout, je n'en ai pas besoin, je ne suis qu'un parasite.
Je ne dis pas ça pour m'apitoyer sur mon sort ou quoi que ce soit, c'est juste que je suis littéralement un parasite.

Au début, je rentre dans le corps de mon futur hôte sous diverses formes, aliments, liquides, petites bestioles, etc... il faut juste que je rentre dans son corps. Lorsque c'est fait, je forme mon cœur près du sien et je commence lentement à récupérer des informations, afin de plus tard, créer mon corps à l'image de celui de mon hôte, même race, même espèce, même sexe, mais je modifie le reste selon mon goût. Puis je sors du corps de mon hôte en y laissant mon cœur et à l'abri des regards, je reforme mon corps selon les plans que j'ai récupérés. Je n'ai plus qu'à manger le corps de mon hôte actuel pour récupérer mon cœur. Pour finir, lorsque mon corps commence à se détruire de vieillesse, je me trouve un nouvel hôte et je recommence.

Plusieurs problèmes restent néanmoins :
- Je perds toutes les informations sur le corps de mes hôtes à chaque fois que j'en change, même si je garde tous mes souvenirs. Ce qui m'oblige à chercher un nouvel hôte à chaque fois.
- Si mon cœur est percé, que mon hôte meurt alors que mon cœur est encore à l'intérieur ou que mon corps est détruit avant que je trouve un nouvel hôte, je meurs. C'est pour cela que je dévorais mon hôte dès que mon corps était formé.
- Je ne peux pas vivre très longtemps si je n'ai pas de corps à proprement parlé et pas d'hôte, à peine quelques minutes.

J'essayais d'éviter les espèces trop intelligentes, car ainsi ils ne remarquent pas, ou alors pas assez vite, ma présence. C'est ainsi que j'ai vécu pendant près d'un million d'années.

Et ça aurait pu continuer ainsi sans cet événement du 15 novembre 2001. Ce jour-là, j'étais en France, dans une petite ville dont le nom n'a pas d'importance, il pleuvait, mon corps était en train de se détruire, cela faisait plusieurs jours que je ne trouvais que des humains et j'avais choisi de chercher une race moins intelligente, mais je n'en ai pas trouvé.

À l'agonie, j'ai transformé mon corps en eau et attendit sur le sol, espérant que quelque chose, n'importe quoi de vivant, passe avant ma mort afin que je puisse le parasiter.
Un enfant humain passa, il avait des cheveux argentés, des yeux verts, un sourire aux lèvres. J'ai foncé sur lui sous ma forme aquatique, j'entrais dans lui par les pores de sa peau et, en suivant, créa mon cœur près du sien. Suite à cela, je m'endormis, trop fatigué pour rester éveillé plus longtemps.

Lors de mon réveil, je me concentrais sur ma tâche de recherche d'informations pour la création de mon corps. Je ne m'attendais pas à ce qu'elle fût si complexe, la structure du corps, les os, les vaisseaux sanguins, les organes vitaux ou non, etc... tout cela était semblable à mes autres hôtes donc facile à comprendre, mais le cerveau était bien plus développé, bien trop développé, je commençais donc par la compréhension de cette partie du corps humain.

De nombreuses semaines passèrent avant que je ne réussisse à comprendre et à copier totalement le cerveau de ce jeune homme, qui s'appelait Ciel Wanderwolf. Et oui, j'ai bien dit Ciel Wanderwolf. J'avais lu ses souvenirs, ses émotions, leurs puissances et leurs inconstances.
Je continuais ainsi en copiant le reste de son corps, ce qui normalement aurait dû me prendre bien moins longtemps. Pourtant, ce ne fût pas le cas, au cours de ce copiage de données, je fus envahi par l'irrésistible envie de regarder à travers ses yeux ce qu'il se passait, de connaître le goût des aliments vu dans sa mémoire, de sentir le toucher de ces objets et personnes.

J'étais devenu... curieux ? Je possédais une émotion ? Je ne comprenais pas et je voulais comprendre, mais je ne savais pas pourquoi je le voulais, j'étais totalement perdu dans mes pensées moi qui me comportais, jusqu'à là, comme une machine. J'agissais le plus logiquement possible pour ma survie et c'est tout et là, je réfléchissais, je réfléchissais tellement que je ne pouvais plus rien faire, j'étais totalement immobilisé.

La deuxième émotion que j'ai ressentie était l'amour. Oui, l'amour ! Et je ne rigole même pas. Au début, je ne comprenais pas ce que c'était, je ne voulais juste plus tuer mon hôte, je voulais laisser mon cœur près du sien, rester avec lui pour toujours. Ma tête résonnait au point de me faire mal quand je pensais à lui faire mal. Je ne comprenais pas pourquoi, j'ai cherché dans les souvenirs de Ciel et j'ai fini par comprendre ce que c'était.

Lorsque je l'ai compris, j'étais soulagé, apaisé pour une raison que j'ignorais, j'étais juste heureux. Et ce fût la troisième émotion que j'ai ressenti, la joie.

Fort de cette émotion, je continuais à copier le reste de son corps, je voulais sortir de son corps pour pouvoir le voir, lui parler, le toucher. Je commençais à m'emporter dans ma joie, quand soudain, une réflexion arriva à mon esprit. Comment me présenter ? En lui disant la vérité, que je suis un parasite qui dévore toutes sortes d'espèces, que je vis dans son corps, mais qu'à lui je ne lui ferais rien parce que je suis tombé amoureux ? Il ne me croira pas, c'est sûr et c'est totalement normal. C'est ainsi que je pus ressentir une nouvelle émotion, la peur. Peur qu'il me haït, peur de voir le dégoût ou la peur sur son visage.

Je ne pouvais pas me décider, sortir, lui dire la vérité et risquer de voir son visage se tordre de dégoût et de terreur ? Ne pas sortir et mourir de douleur de ne jamais le rencontrer ? Sortir et ne rien lui dire, cachant mon amour et mon secret jusqu'à sa mort ? Je ne savais pas quoi choisir et une nouvelle émotion m'envahit, la tristesse.

Je finis par me décider, j'allais sortir, j'essayerais de l'aborder normalement et lorsque je penserais que je suis prêt à lui parler de ça et que lui est prêt à l'entendre, alors je lui raconterais tout.

Je ne mis que trois jours pour finir de tout copier. J'attendis qu'il soit à l'extérieur pour sortir de son corps, ne laissant que mon cœur à l'intérieur. Je me suis dirigé dans une allée sombre pour créer mon corps et au bout de quelques minutes, je me transformai en un humain ayant le même âge que Ciel. J'avais des cheveux noirs, des yeux argentés, je faisais une tête de plus que mon aimé. J'allais me diriger vers lui, quand soudain, j'ai réalisé, que j'étais entièrement nu, non pas que ça me dérange, mais, de ce que j'ai compris, c'est dans les coutumes humaines d'être habillé en public...
Un peu honteux de ne pas avoir pensé à ça, j'ai cherché dans les alentours des habits que je pourrais porter. J'ai trouvé un pantalon, un t-shirt, un gilet, des chaussettes et des chaussures, tous entièrement rouges, suspendus à un fil en hauteur. J'ai attrapé tout cela et je me les mis dessus. Je me suis dirigé ensuite vers l'endroit où Ciel se trouvait à coup sûr, son lycée.

Je n'avais aucune idée de comment y entrer une fois arriver là-bas et honnêtement, je m'en fichais, mais apparemment la chance était avec moi. Une fois arrivé, un étrange bonhomme m'accueilli, disant qu'il est le directeur de ce lycée et marmonnant une étrange histoire de "nouvel élève", de "fichier perdus" et d'autres trucs du genre et me demanda de compléter quelques fiches pour pouvoir entrer dans cette école officiellement. J'ai coopéré. Après tout je n'avais rien à perdre, au mieux rien ne se passais et je rejoignais le lycée de mon amoureux, au pire, le directeur remarquais la supercherie et me renvoyais hors du lycée.

Je me suis inscrit à l'internat du lycée, je n'avais après tout aucun endroit dans lequel vivre. Lorsque le directeur m'annonça que je devais rejoindre la terminale S°5, je fus extrêmement joyeux au point où le directeur me demanda si je me sentais bien. Bien sûr que je me sentais bien, bien sûr que je suis heureux, la terminale S°5 est la classe de Ciel ! J'arrivais dans la salle et je me suis présenté comme étant Mysterio, un adolescent de 17 ans et c'est tout. Le professeur me dit de m'installer au seul endroit possible, juste à côté de Ciel. Oui j'ai beaucoup de chance. Et alors ?

Plusieurs semaines passèrent, je me suis rapproché très rapidement de Ciel. Après tout, on a quasiment les mêmes goûts (vu que j'ai un peu copié les siens) et moi, ben, j'étais déjà amoureux de lui. On est devenus de très bons amis, nous étions inséparables. Soupire

Plusieurs mois plus tard, il m'invita à son anniversaire, il est né le 15 novembre 1984. Oui, je me suis incrusté en lui le jour de son 17ème anniversaire... un beau cadeau... n'est-ce pas ?
Le jour-J, nous étions une dizaine de personnes à être chez lui, je lui avais apporté un collier avec un pendentif en forme de loup argenté, il était totalement accro aux loups et voulait même en adopter un, je trouvais ça très mignon, adorable même.
Je l'avais acheté en utilisant tout l'argent que j'avais obtenu, de façon plus ou moins légale, mais ça, ce n'est qu'un détail.
Comme tout le monde était majeur et que, surtout, Ciel fêtait son 18ème anniversaire, beaucoup avait amené de l'alcool. Tout le monde devait dormir chez Ciel ce soir-là. Vers minuit, Ciel et moi étions les seuls encore debout, même si nous étions bien ivres, apparemment, il avait une très bonne résistance comparée aux autres. Et comme j'ai copié son corps...
On a énormément discuté, on parlait de tout et de n'importe quoi et emporté par le moment, je lui ai raconté tout, ce que je suis, mon amour pour lui, mon histoire, absolument tout quoi...

Il m'écouta jusqu'au bout sans rien dire. Lorsque j'eus fini de parler, je me suis tus, attendant sa réponse ou un geste de sa part, guettant un mouvement, une expression qui pourrait le trahir. Il était pensif, on aurait dit qu'il pesait le pour et le contre, mais de quoi ? Je ne savais pas. Cela dura plusieurs minutes qui me paraissaient durées une éternité.
Sa réponse fût un choc pour moi, il m'avoua que lui aussi m'aimait, qu'il s'en fichait que je n'étais pas "humain" et que même il en était heureux, car ça voulait dire que je resterai avec lui pour toujours et il m'embrassa.
Lorsque nous eûmes fini de discuter, nous nous sommes dirigés vers nos lits respectifs, nous ne voulions pas encore rendre notre amour publique après tout.

Quelques mois plus tard, nous l'avons annoncé à nos amis, qui ne semblaient pas très surpris.
Nous étions heureux tous les deux, nous pensions que cela allait durer pour toujours, que rien ne nous arriverait. Jusqu'à ce jour fatidique du 8 mars 2005 où le malheur a commencé à pointer le bout de son nez.
C'était une chaude journée de mars, il faisait très chaud, malgré les nuages gris qui remplissaient la totalité de la voûte céleste. Nous étions donc partis à la plage en amoureux, nous comptions nous mariés cinq mois plus tard, le 15 août et nous parlions de ce que nous voulions pour notre mariage tout en nous baignant. Une journée normale quoi... enfin, presque normal, lorsque nous nous apprêtions à rentrer, le téléphone de Ciel sonna. Il répondit à l'appel et s'effondra, c'étaient les pompiers, il y avait eu un accident de voiture entre un camionneur ivre et une voiture, les personnes à l'intérieur de la voiture étaient mortes sur le coup. Les passagers étaient ses parents... je ne savais pas quoi lui dire pour l'aider, tout ce que je pouvais faire était d'être une épaule sur qui il pouvait pleurer, un soutien silencieux, l'enlaçant de mes bras.
C'est ainsi que notre monde commença à s'effondrer...

Deux mois plus tard, alors que Ciel commençait à aller mieux, un autre tragique événement arriva. C'était le 13 mai 2005. Tous les anciens élèves, étaient conviés à notre ancien lycée pour le fameux "bal des anciens élèves". J'ai convaincu mon cher Ciel d'y aller, je pensais que voir ses anciens camarades et ses amis lui permettrait de finir de faire le deuil de ses parents. Comme j'avais tort...
Il faisait le même temps que ce jour, des nuages gris, mais il faisait quand même très chaud.
Au début, tout allait bien, la soirée était vraiment mieux que ce que je croyais. Ciel était content de revoir ses vieux camarades de classe, on dansait ensemble et en plus tout le monde était présent, un vrai miracle. Quelques heures après le début du bal, le miracle se transforma en désastre, une nouvelle fois, je ne sais pas ce qui s'est passé, toutefois l'école entière pris feu alors que la salle de bal se trouvait au cinquième étage... Nous étions bloqués à l'intérieur, les flammes ayant déjà atteint la salle, je ne voulais pas mourir, mais surtout, je ne voulais absolument pas que Ciel périsse.
Tentant le tout pour le tout, j'ai attrapé Ciel, sauté par la fenêtre, le mis sur mon dos en transformant mon corps en un énorme tas de coussin. Je voulais juste qu'il survive même si mon corps se fait détruire par le choc. Avant que mon corps me lâche, j'ai remarqué que malgré son état, Ciel était encore en vie, il avait des blessures un peu partout dues au choc néanmoins il avait survécu et c'est ça le plus important.

J'ai vu à travers ta mémoire ce qu'il s'est passé, survit pour moi, pour nous, je reviendrais dès que je le pourrais. Cela va prendre longtemps, très longtemps, peut-être des mois, peut-être des années (il ne reste que mon cœur après tout), mais je te le promets je me reconstruirais et reviendrais pour toi. Pitié, ne m'oublie pas mon Ciel adoré, rappelle-toi de moi, rappelle-toi de nous...
Je continuerais à t'écrire à chaque fois que tu seras endormi, alors attend moi.

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Je suis Ciel Wanderwolf. Le 15 août 2005, je me suis réveillé d'un long coma de trois mois. J'étais en pleurs, pourtant je ne savais pas pourquoi. Je ne me rappelais absolument rien. En revanche je pleurais, je pleurais toutes les larmes de mon corps... comme si j'avais perdu une chose ou une personne qui m'était extrêmement précieuse, en revanche je ne savais pas quoi ou qui...
Selon les médecins, j'avais apparemment sauté du 5ème étage d'un lycée en feu et c'était un miracle que j'avais survécu. Mais, cet événement m'avait fait perdre la mémoire, il avait pu retrouver au moins mon nom dans leur dossier médical. Néanmoins, je suis seul, mes parents sont morts, mes anciens camarades aussi. Aucune personne en vie, ne semblait m'avoir vraiment connu durant ces sept dernières années.
Les pompiers avaient trouvé un collier avec un pendentif en forme de loup argenté sur moi quand ils m'ont sauvé. Ce collier me semblait important, j'avais l'impression que je devais le garder et le chérir pour une raison inconnue. Il m'arrivait souvent de pleurer en le voyant, pourtant je ne pouvais pas l'enlever, je ne devais pas l'enlever, ça m'était totalement impossible de seulement imaginer le faire... Des psychologues me suivaient, au cas où je me souviendrais, au cas où j'abandonnerais...
J'ai passé les prochaines semaines à rester dans ma chambre, dans mon lit, mangeant peu, buvant peu, ne sortant que pour mes rendez-vous avec le psy ou chez le médecin. Je me laissais mourir, doucement, mais sûrement...

Un soir, j'en ai eu marre, marre de résister, marre de vivre, ou plutôt marre de survivre. Je me suis décidé, le lendemain au matin, je me suiciderai et j'ai rédigé un message dans ce sens. Fort de cette macabre résolution, je m'endormis immédiatement. Aucun rêve ne vient troubler ma nuit.

Lorsque je me suis levé le lendemain, je découvris mon message déchiré en mille morceaux et à la place se trouvait un autre message, un très long message, celui que j'ai retranscrit au-dessus. Il était mention, d'un parasite, d'un être aimé, d'une personne que je pouvais, non, que je devais attendre. Cela me rassura, m'apaisa, m'apporta une espèce de calme intérieur que je ne me souvenais pas avoir déjà ressenti auparavant.
Lors de mon rendez-vous quotidien avec mon psy, je lui ai apporté ce message. Il me dit que c'était mon inconscient qui me parlait. Que je devenais fou à cause du fait que je suis seul. Qu'un parasite comme ça ne pouvait tout simplement pas exister. J'étais étonné par ce qu'il me disait, je ne comprenais pas. Pourquoi me disait-il ça ? D'accord, c'est écrit avec ma propre main, mais je ne me souviens pas l'avoir écrit et je suis amnésique, comment je pourrais écrire un texte comme ça ? C'est totalement impossible ! Et je ne suis pas fou d'abord ! N'est-ce pas ?

Maintenant, j'ai ma petite routine de vie. Chaque jour en me levant, je lis le message de mon amoureux. La journée, je travaille et attend son retour et le soir, je mets du papier et un stylo sur ma table de chevet et je m'endors en pensant à lui, en me demandant ce qu'il me dira le lendemain. Une vie heureuse en attendant sa venue.

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