La voix de la vérité
Autrefois, au temps des mythes et des Dieux,
Existaient des humains en plein acte artistique
Qui appelèrent des êtres magiques, fantastiques,
Pour protéger leurs œuvres des désirs vicieux.
Ils invoquèrent des êtres à deux faces,
Neuf êtres, neuf lumineuses menaces
Apportant l'inspiration et la notoriété
Ainsi que le désespoir et la mort prématurée.
Attirer leurs courroux et la Mort arrivera,
Mais, les bénédictions qu'elles donnent
Afin que les humains les amusent
Sont assurément ce qui les brisera...
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Tousse Désolé... Je n'arrive pas toujours à la contrôler... Mais bon, au final, c'est un bon résumé... soupire
Oui, oui, je vais raconter mon histoire. On est d'accord qu'elle va être lu ? Tant mieux...
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Je me nomme Shadi Wahrheit. Je suis un humanoïde mâle. Mon histoire a commencé, à priori, à ma naissance. La première fois que quelqu'un a "remarqué" ma bizarrerie était, normalement, lorsque j'avais deux ans.
J'arrivais à former des phrases simples à haute et intelligible voix, enfin, pour un enfant de deux ans.
Les premières paroles que je fis consciemment furent, apparemment, "Ceci est un loup. Ce loup est à moi." en pointant
Un petit mammifère
Sur ses pattes arrière dressées.
Son pelage d'une éclatante blancheur
Contrastait avec ses yeux d'un noir accrocheur.
Son étymologie ne dévoile pas sa grandeur
Car venant de deux rongeurs détestés
Et d'un pays genocidé.
... hum ... Ouais, en pointant ça. Ça s'est changé en un magnifique louveteau au pelage couleur de neige. Ce qui était encore plus incroyable, c'est que malgré la peur de tous ceux m'entourant, je me suis approché de lui totalement confiant dans le fait qu'il n'allait rien me faire.
En effet, il se coucha tranquillement à mes côtés en baillant pendant que je le caressais lentement, content d'avoir un si beau compagnon de jeu avec moi.
-"Il ne va pas nous attaquer ?" Demanda ma famille d'un ton neutre, comme si, sous le choc, ils n'avaient pas compris ce qu'il s'était passé...
-"Il n'attaque que ceux qui veulent me nuire. En plus, il restera pour toujours avec moi. N'est-ce pas mon beau loup ?"
Des années passèrent sans réel incident majeur. Bon, il avait neigé certains jours d'été, certaines fois, la pluie avait disparu alors qu'elle venait de commencer, et d'autres "petits" truc dans le genre était arrivé. Malgré cela, mes parents ne semblaient pas s'inquiéter, se disant sûrement que cela n'était rien de grave et qu'il ne fallait donc pas s'en soucier.
Puis, un jour, alors que j'étais depuis peu au collège, alors que j'avais 11 ans, le calme s'arrêta net.
Mon loup, qui n'avait absolument pas vieilli depuis qu'il est devenu adulte, devait rester à la maison pendant que j'allais à l'école. Une règle étrange interdit, apparemment, aux animaux, domestique ou non, d'entrer dans le collège...
Je crois que j'étais beaucoup trop immature pour mon âge. Après tout, tout ce que je voulais avoir m'étais donné, même l'impossible...
J'avais, dès le premier jour, pendant ma présentation, expliqué mon "pouvoir". Je ne pense pas que beaucoup me croyait au début. Mais bon, au final, ils m'ont cru...
Un des enfants, qui avait l'air bien plus intelligent que la moyenne, moi compris, me demanda de répéter plusieurs fois ces deux phrases "Le ciel est rose.", "Le ciel est bleu.". Ce que je fis,
La couleur du ciel, un bleu si parfait
Devient un beau rose dragée.
Tant que de ma bouche les mots jaillissaient,
Le changement céleste sans cesse se répétait
Passant de son apparence originale
À cette teinte fort peu banale.
Je me suis arrêté seulement lorsque j'ai fini par les regarder. Ils ne riaient pas, ils n'étaient pas heureux, ils étaient effrayés, étonnés, apeurés, comme si je n'étais pas un humain mais un monstre sans nom... En fait, les seuls qui n'avaient pas ce regard étaient la personne qui m'a demandé de dire ces phrases qui se nommait Peter et un autre garçon prénommé Gabin. Ils ne semblaient pas avoir peur, ils semblaient être surpris et étonnés, et pourtant amusés et joyeux.
Étant donné que c'étaient les seules personnes qui voulaient bien m'approcher, on est rapidement devenus "amis", ou en tout cas, je les considérais comme mes amis.
Ils venaient souvent chez moi voir mon beau loup et on passait beaucoup de temps à se balader dans la ville, à faire des farces aux habitants, avec ou sans mon pouvoir, à tester des étranges jeux que je créais. C'est là que nous avons remarqué que le pouvoir de ma voix n'influençait que ce qui peuvent m'entendre, le fait qu'il me comprenne ou pas ne change rien.
Puis vient ce jour, le 10 octobre. La journée avait commencé normalement. La journée était ensoleillée, comme je l'avais annoncé. Nous avions eu un cours de mathématiques ou nous avons reçu les résultats d'un contrôle fait il n'y a pas longtemps. J'avais eu une assez bonne note. J'aurais sûrement pu forcer le professeur à me donner la meilleure note, mais bon, je préférais essayer d'être honnête.
À la récréation, Gabin s'approcha de moi et nous avons commencé à discuter. Au bout d'un petit moment, le sujet tourna sur les résultats du contrôle :
-"Je suis totalement mort, j'aurais dû réviser plus. J'ai eu 4/20, mes parents vont m'étriper c'est certain..." me dit-il peiné.
-"Tu es mort ? Ben non, tu es vivant là, de quoi tu parles ?"
Je dois avouer que j'avais beaucoup, mais alors beaucoup, de mal avec les expressions...
-"Mais non, c'est une expression." Rigola-t-il. "Ça veut juste dire que je vais énormément me faire gronder et sûrement me faire punir."
-"Ah, d'accord, je ne savais pas que c'était une expression. Tu es mort, je comprends mieux."
Ses mots horribles traversèrent mes lèvres,
Ne voulant aucun mal à mon cher ami,
Mais son corps se figea, son visage blêmi,
Son corps tomba, passa du côté des ténèbres.
Mon incompréhension vite passée
Ma tristesse jaillit dans un cri de vie,
Mais les morts étant de l'autre côté
Il ne put entendre ma vaine crierie.
Qui ne fit qu'attirer les regards
De ces êtres goguenards
Amenant jusqu'à lui secours et police
Qui ne sera pour moi qu'un vain supplice.
Comme prévu, la police arriva rapidement. Je dus, plusieurs heures durant, leur expliquer ce qui s'était passé. Sûrement les heures les plus longues de ma vie. Je leur ai dit, sincèrement, que c'était par ma voix qu'il était décédé, même si je n'ai jamais au grand jamais souhaité sa mort...
Ils ne me crurent pas, ce qui semble être une réaction totalement normale... Au final, ils me firent partir, disant que je leur faisais perdre du temps pour rien.
Peiné, apeuré, détruit, j'ai lentement commencé à arrêter de parler. Je ne voulais plus jamais revivre ça.
Malgré le fait que la police ne m'a pas cru, d'autres l'ont fait... Les parents de Peter ont déménagé avec lui, sûrement pour l'empêcher de me revoir, les autres parents d'élèves ont fait pression pour que je sois exclu de l'école afin de "protéger [leurs] enfants de la menace inhumaine". Ce qui est finalement arrivé.
Quelques jours plus tard, mes parents ont été contactés par un soi-disant oracle qui a dit pouvoir m'apprendre tout ce qu'il faut que je sache sur mon "don".
On a accepté, on n'avait pas tellement d'autres alternative de toute façon...
Une vingtaine de minutes plus tard, nous sommes arrivés chez "l'oracle". Sa maison était assez banale, ce n'était pas un temple bizarre, une grotte sombre ou un truc dans le genre, comme on le voit dans les films fantastiques.
Il effectua un étrange rituel avec l'aide d'un peu de mon sang et d'un miroir... Lorsqu'il se tut, ses yeux devinrent rouge sang l'espace d'un instant, puis il m'annonça que j'avais été béni par l'une des Muses de la Grèce antique, celle de la rhétorique, de l'écriture et de la poésie sacrée, Polymnie...
Elle ne me donna pas l'inspiration sans fin
Demandé par ces poètes maintenant défunts,
Ni de pouvoir facilement transformer mes pensées
En un récit jugé totalement parfait
Comme le souhaitaient les anciens écrivains,
Mais plutôt, le pouvoir de mon chant enfantin
Est de soumettre à ma naïve volonté
Les trames même de la réalité.
Et il y a aussi ça... S'arrêter d'un coup de parler normalement pour déclamer une espèce de poème totalement inutile... Soupire En effet, c'est une bénédiction très utile et absolument pas chiante... Notait l'ironie dans ma voix que vous n'entendrait pas, normalement...
Enfin bref, l'oracle me dit, en plus des informations dévoilées dans le "poème" juste au-dessus, que j'ai totalement la peur et la flemme de répéter, que le seul moyen de ne pas imposer ma volonté à une personne est soit de faire des phrases interrogatives, soit de faire des phrases "incertaines", car je n'affirme rien et ne nie rien, ou de tout simplement, ne pas parler. Bien sûr, il est censé y avoir aucun remède car ce n'est pas une maladie ou une malédiction, mais une "bénédiction divine"...
Suite à cette rencontre avec l'oracle, j'ai utilisé ma voix afin d'apprendre à moi et à ma famille la langue des signes. Puis, j'ai petit à petit arrêté de parler.
Nous avons déménagé pour recommencer une nouvelle vie à un endroit où personne ne me connaît.
Je me suis donc inscrit à une nouvelle école, en tant qu'enfant ayant un problème de corde vocale et donc parlant très peu. Ça changea un peu ma situation, mais bon...
Au lieu d'avoir peur de ma voix et de me fuir, ils m'ont harcelé parce que j'étais différent, parce que je suis "faible", "inférieur"... J'aurais pu utiliser ma voix pour qu'ils arrêtent, mais je ne l'ai pas fait. J'avais peur qu'ils me fuient de nouveau, peur de faire encore une fois du mal à quelqu'un et surtout je ne voulais absolument pas utiliser son pouvoir.
Les jours et les mois sont passés comme autant de lames, poinçonnant peu à peu ma volonté.
Au bout d'un moment, j'ai fini par penser que si, quoique je fasse, tout le monde finit par me fuir, par mourir ou par disparaître, alors ça ne servait à rien que je sois vivant...
N'ayant pas le courage de tirer de moi-même ma révérence, j'ai fait une autre bêtise. Je suis allé chez moi et utilisant pour la dernière fois, je l'espérais, la puissance de ma voix, je leur ai dit une simple phrase, "Je suis mort.". Je m'attendais à ce que mon corps tombe, que mon cœur s'arrête et que mon âme éteigne finalement sa lanterne... mais, il ne se passa rien, enfin, presque rien...
Mes parents ne me voyaient plus, ne m'entendaient plus, ne me sentaient plus, comme si j'étais mort, comme je l'avais souhaité. Mais, évidemment, ce ne s'est pas passé comme ça...
Voyant que je possédais toujours mon corps, que je pouvais toujours bouger des objets, que je pouvais toujours me blesser, j'en aie déduit que je n'étais certainement pas mort. Ce que me confirma un voisin, qui semblait très amusé quand je lui aie demandé si j'étais encore en vie...
J'ai essayé de vivre et le monde a fini par me rejeter, j'ai essayé d'en finir avec la vie, mais l'autre monde m'a été refusé. Je suis un mort qui ne peut pas vivre, un vivant qui ne peut pas mourir, condamné à n'être qu'un être errant à travers le monde sans but ni envie, avec comme seul réconfort mon pauvre loup, continuant à m'accompagner pour l'éternité...
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Actuellement, au moment où je suis en train de raconter cette histoire à cette étrange personne qui m'a convaincu de lui transmettre mon histoire, j'ai 490 ans et mon loup en a deux de moins et cela fait donc 475 ans que j'erre dans ce monde... Du coup, si vous croisez un jour un garçon qui semble muet accompagné d'un loup au pelage couleur de neige et que vous comprenez la langue des signes, venez me parler, ça me fera plaisir.
Un dernier mot ? Je n'ai pas réellement de derniers mots...
Que dire à ceux qui nous écoutent ?
Que peut-on prouver quand l'on doute ?
Je peux affirmer n'être que le jouet de cette Dame,
Que la Mort n'a de cesse de me faire du charme
Et que malgré ça, je n'ai pas encore exalté mon âme.
Peut-être reviendrais-je encore ici,
Et que cette fois, je pourrais finir ce récit...
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