DTR : 14 février, un petit miracle ?

–Est-ce que tu veux bien sortir avec moi ?
Une voix résonne proche de moi.

Je me retourne et vois un garçon qui doit être un peu plus jeune que moi. Il semble me regarder, ce qui est bizarre, ça m'étonnerait que quiconque me demande ça à moi...

–Euh... c'est à moi que tu parles ?
Je demande quand même, au cas où.
–Bien sûr, à qui d'autre ?
Je pointe mes deux camarades.

Ezeyar, un humanoïde considéré comme une divinité et qui a fait tomber sous son charme des représentants de toutes races et de tout genres. Et Seff, un lycanthrope quasiment toujours couvert de sa "magnifique" fourrure que beaucoup ont essayé de "dompter", sans succès. 

–Oh, non, ils sont assez beaux, mais ils ne m'intéressent pas du tout. Et, t'as pas répondu...
Son ton est triste.
–Oh, c'est vrai, pardon. J'étais juste très surpris que tu m'ai demandé, désolé.
Je réponds rapidement.
–Et... ouais, j'accepte, évidemment. Je n'ai pas de "genre de prédilection" et je ne suis pas en couple, donc je suis obligé d'accepter.

Il semble heureux.

–Tu acceptes parce que tu es obligé, mais tu ne veux pas de moi, c'est ça ?
Son ton est triste tandis qu'il me fait les yeux doux.

Je soupire.
–Ce n'est pas ça, c'est juste que j'ai quelque chose d'important et de dangereux à faire. Donc, ça m'embête d'embarquer quelqu'un d'autre dans ça...

Pourquoi j'accepte alors ? Pour une simple et bonne raison, on est le 14 février, c'est donc la Saint-Valentin, c'est aussi simple que ça...

Vous ne comprenez toujours pas ? soupire

Nous avons un Dieu, un "Dieu protecteur" précisément, sauf que celui-ci est un peu trop "réaliste" pour les fêtes, ce qui fait que chacune d'elle ont des règles qu'on ne doit pas enfreindre sous peine d'être "punie", d'une manière ou d'une autre.
Durant la Saint Valentin, les règles sont :
-Le viol ou autre agression sexuelle est punie de mort définitive précédée et suivie de torture.
-Toute question portant sur le "genre physique actuel" d'une personne doit être répondu honnêtement.
-Chaque personne peut demander de sortir avec une autre, les seules raisons de refus autorisés étant :
    -être déjà en couple/fiancé/marié/amoureux, ne pas vouloir en changer et ne pas vouloir une autre personne en plus.
   -le genre de la personne qui demande n'est pas au goût de la personne qui reçoit la demande. 
   -les deux personnes ont déjà été ensemble et celle qui a reçu la demande ne souhaite pas recommencer.

Mentir sur une de ses réponses amène à être envoyé durant tout le reste de la journée dans "l'enfer personnel" de notre divinité gardienne.

–C'est pas grave, tu vas me protéger, non ?
Un ton innocent, des yeux doux et humides, un air charmant.

–Bien sûr, bien sûr, j'aurais juste préféré que ça arrive une autre année, c'est tout.
Je lui caresse doucement la tête, ce qu'il semblait vouloir puisqu'il me gratifie d'un joyeux sourire.

–Tu as quel âge ? Et quel est ton nom ? Vu que tu vas rester la journée avec moi, je peux bien savoir, non ?
–Hummmm.... toi d'abord, je te dirais après.
Je soupire.
–Ok, ok... t'as qu'à me nommer Dael, j'ai 16 ans.
–Et moi, c'est Mahé, 14 ans.

–Porte-moi, s'il te plaît.
Il tend ses bras vers moi, tout sourire.

–Je dois te prévenir de quelque chose Mahé.
Ses mains tressaillent doucement, réclamant.
–On va à un endroit dangereux, faire quelque chose de secret, donc...
Ses bras s'agitent avec ses mains, ses yeux doux, humides, sont de retour.

Je soupire, l'attrape par la taille avant de le poser sur mes épaules.

–Content ?
–Oui !!!
Son ton est pétillant, joyeux, chaleureux. C'est... sympathique à entendre ?

–T'as entendu ce que j'ai dit au moins ?
–Ouiiii ! Mais, t'as pas fini ta phrase...
Je soupire.
–En gros, je dois te faire promettre de ne rien dire de ce que tu vas voir ou entendre. En sachant qu'au moins un de nous trois est considéré comme une divinité, donc rompre ta promesse sera vraiment très très mauvais pour toi.
–Et si je n'accepte pas, tu ne m'amènes pas avec toi, c'est ça ?
–C'est ça.
–Alors, j'accepte ! Tant que tu me protèges jusqu'à la fin de la journée.
–Marché conclu.

–Le chef se fait dompter par un enfant plus jeune ? Incroyable !
Rient mes deux compagnons.

–Tu es leur chef ? C'est incroyable !
Il semble avoir un ton fier, alors que ça n'a rien avoir avec lui...

–Ouais, je suis le chef de ces deux-là et de plein d'autres. Et, justement, aujourd'hui, si tout se passe bien, j'en aurai d'autre sous ma bannière.
–Comment ça ?
–Je t'expliquerai peut-être plus tard, ok ?
–Ok !

–Eh, chef, on y va ? On va finir par être en retard sinon.
–Ouais ouais, allons-y. Ouvre la voie Seff.

Le lycan avance, Ezeyar à ses côtés, suivi de peu par moi, portant toujours "mon valentin". 

Le silence de la marche n'est ponctué que par les refus de mes deux camarades, de toutes les personnes qui se proposent à eux.

L'être lupin arguant qu'il n'aime pas leur genre, quel que soit le genre de la personne demandant. Il y a même un être humanoïde qui a changé de genre devant ses yeux et qui a donc été refusé deux fois pour la même raison. Et la semi-divinité expliquant à tous qu'il est déjà marié.

Évidemment, ce "faux-silence" ne dura pas longtemps.

–C'est quoi le genre du loup pour qu'il refuse tout le monde ? Et l'autre est marié à qui ?

–Le lycanthrope s'appelle Seff et "l'autre" se nomme Ezeyar et c'est une semi-divinité.
Je ris en réponse.
–Oh, et tu peux leur demander toi-même. Ils te répondront sûrement, surtout qu'ils sont juste à côté là...
–D'accord...

–Hummm... monsieur Seff et monsieur Ezeyar, je peux vous poser une question, s'il vous plaît ?
Son ton est timide.
–Donc, tu les appelles "monsieur" et pas moi ?
Je ris doucement, lui caressant la tête.

–Mais, toi, c'est différent. Tu es à moi pour aujourd'hui, n'est-ce pas ? Alors qu'eux, non, du tout.
–Et eux, sont "à moi".
–Oui, donc pas "à moi", mais "à toi", c'est bien ce que j'ai dit.

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10 minutes de débat inutile plus tard

–Hé ! Le, déjà vieux, couple, vous comptez vous disputez encore longtemps ? Dois-je rappeler que l'on est pressé ?
Nous demande le lupin.
–On n'est pas vieux !
Est notre réponse, unanime.

La divinité et lui nous regarde en riant.

–Ouais ouais, si vous le dites. Maintenant, on s'en va, on va être en retard sinon.
Son immense sourire continue à montrer ses crocs, qui sont, apparemment, "totalement et absolument beaucoup trop mignon."
–Oh ! Et Mahé, je n'ai d'attirance pour aucun genre.
Rajoute-t-il.
–Et, je suis marié à un rêve, littéralement.
Ajoute Ezeyar.

–Hein ? C'est possible ça ?
J'ai bien envie de le faire descendre de mes épaules juste pour voir sa tête surpris...
–Tout est possible dans ce monde, encore plus en un jour de fête.
Je réponds simplement.

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Nous arrivons enfin au lieu de rencontre, quasiment pas en retard, grâce à Seff. Heureusement, ils sont arrivés quasiment en même que nous.

En face, se trouve nos trois opposants, un humain encapuchonné, un démon rougeoyant et un humanoïde couvert d'une armure flamboyante.

–Eh bien, Dael qu'as-tu sur ta tête ? Un autre gamin ? C'est ton remplaçant pour le combat, c'est cela ?
Ris le flamboyant, des petites gerbes de flammes apparaissent autour de lui.

C'est Xodalar, semi-divinité des flammes, un être assez sympathique, peut-être un peu trop "brut".

–Ça m'étonnerait qu'un empereur de son renom laisse à quelqu'un d'autre que lui-même l'honneur d'affronter un être aussi parfait que moi, Xodalar. Si c'était le cas, ça serait un combat fort désagréable...
Lui, l'encapuchonné, ne ris pas. 

Kenan le majestueux, chef du "clan parfait", chef de cette alliance de clan et donc, leur représentant. C'est aussi un narcissique renommé, comme tous les siens, à vrai dire. Mais, ils ont les caractéristiques qui vont avec leur ego, enfin non, il est quand même bien plus grand. rire Et malgré tout ça, nombre d'être tentent de les rejoindre. Et se font refuser par leurs critères surélevés...

–Pas d'inquiétude, ce n'est pas un combattant. J'ai dû l'amener à cause de la fête du jour. Et, c'est exactement pour ça que je vous avais dit qu'il valait mieux ne pas faire ce jour-ci, d'ailleurs.

–C'est bien pour cela que je suis sortie avec cet accoutrement ridicule.
Dit le majestueux en retirant son énorme pull noir.

–Honnêtement, je ne pensais pas que ce serait moi qui amènerais quelqu'un, Kenan.
Je ris, néanmoins sérieux.
–Je pensais que ça serait Seff ou Ezeyar, étant certain que le chef du clan parfait penserait forcément à cacher sa beauté aux yeux de tous et toutes.

–Cela est vrai, même moi, je ne me serais pas attendu à ce qu'un être comme toi puisse se faire choisir en ce jour-ci.

Le chef du clan parfait qui admet qu'il ne l'est pas, c'est un jour à marquer dans les annales.

–Je ne comprends pas pourquoi vous dites ça. Il est adorable, beau et mignon mon choisi, c'est certain !
Dit Mahé d'un ton fier, toujours perché sur mes épaules.

Un silence pesant suit ses paroles, rompu par mon rire auquel se joint rapidement celui des semi-divinités, du lycan et du démon. L'amusement de Kenan n'est montré que par son sourire encore un peu plus éclatant que d'habitude, ce qui équivaut à un rire chez lui.

–Il faut que tu l'épouses avant qu'il ne change d'avis Dael. Un miracle comme celui-ci ne risque pas de se reproduire.
Me dit le flamboyant, ne pouvant se retenir de rire.
–Je penserai à cela plus tard Xodalar. Pour l'instant, il vaut mieux venir au sujet principal.

Je descends Mahé, devenu rouge, sur le sol à mes côtés.

–Le premier combat est donc moi-même, Dael, "petit" empereur de l'empire draconnique et représentant de "l'alliance des lunes blanches".
J'annonce d'une voix retentissante, utilisant un brin de magie pour cela.
–Contre moi, Kenan le majestueux, chef du clan parfait et représentant de "l'alliance des lunes nacrées". 

–Un combat ???
Crie Mahé, semblant terrifié.

–Ouep. Et un combat à mort plus précisément. À moins que l'adversaire abandonne, bien sûr.
Je réponds, nonchalant.

–Pourquoi ? Vous avez l'air de bien vous entendre pourtant ! Alors, pourquoi se battre ? Encore plus à mort...
Je caresse sa tête, tentant de le calmer.
–C'est comme ça, ce sont les règles et on n'y peut rien. Et puis, de toute façon, comme c'est un combat "officiel", les morts sont ressuscités et les blessés soignés, donc pas d'inquiétude à avoir, joli cœur.
Ces deux derniers mots lâchés quasiment sans faire exprès.

D'un geste, je crée un petit trône de fer recouvert de diverses pierres précieuses et gemmes en tout genre. Malgré l'excentricité apparente, c'est en réalité très confortable.

–Tu peux t'asseoir là-dessus, Mahé.
–C'est... un trône ? Pour moi ?
Demande-t-il surpris.
–Ouep.
–C'est parce que tu es "le prince de son cœur".
Ajoute Seff, faisant rougir mon valentin.

–C'est, surtout, parce que c'est le "fauteuil" avec le meilleur bouclier de protection sur lequel je suis sûr que tu as le droit de t'asseoir, à vrai dire. C'est un trône réservé à la famille impériale n'étant pas l'empereur lui-même ni son/sa conjoint(e) officiel(le), ce que tu es, au moins pour aujourd'hui en tout cas.
–Ah bon ?
–Ouep.

Il s'assoit sur le trône de fer, m'attendant.

Le majestueux sort une unique lame, considérée comme "l'épée parfaite", c'est une arme fabriquée par d'illustres forgerons. De nombreux êtres de toutes races et origines ont tenté de trouver un défaut, mais n'ont jamais réussi. Elle est tout simplement parfaite et parfaitement simple. Enfin, "simple" étant donné qu'elle a quand même une fonction d'auto-restauration.

Moi, je sors deux épées à une main. La lame de droite est chaude comme les flammes de l'enfer, aussi brûlante que le sang des démons. Et celle de gauche froide comme l'hiver et aussi glacée que le sang des anges. Vous n'avez pas besoin de savoir comment je sais ça...

–Des épées ?
Le narcissique lève un sourcil en les voyant.
–Je commence toujours à l'épée. Sinon, je ne pourrais pas utiliser ces magnifiques cadeaux qu'on m'a fait.

Il hoche la tête en signe d'accord, cachant lui-même sa vraie puissance.

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Point de vue de Mahé

Un combat à mort. Je ne comprends vraiment pas pourquoi faire ça... il a dit que ce sont les règles qui font ça, mais aucune que je connais ne raconte quoi que ce soit sur ça... je ne sais même pas vraiment ce que c'est.

En attendant, Dael est super classe ! Son adversaire est pas mal non plus, c'est vrai, mais Dael est mieux, c'est assuré !
J'espère qu'il va trop se blesser quand même...

Les trois épées commencent une espèce d'étrange ballet, chacune laissant une traînée colorée dans l'air ambiant, bleu clair et rouge sombre pour celles de Dael et blanche pour... Kenan ? Il me semble que c'est comme ça que Dael l'a appelé.

Ils ont tous les deux un maniement étrange. L'épée blanche ne semble faire aucun mouvement inutile, aucun faux pas, rien de mauvais, comme si elle ne pouvait tout simplement pas faire autre chose que l'excellence pure et dure.
Les deux épées, elles, semblent suivre une mélodie qu'elles sont les seules à connaître, dirigeant un orchestre invisible, d'un arc de cercle formé par la pointe blanche, d'un brusque mouvement de la lame gauche.

Je ne vois pas les trois lames se toucher, pourtant, des bruits de métal s'entrechoquant ne cessent de se produire. Et bizarrement, c'est un bruit vraiment apaisant, comme si des doigts experts se baladaient sur un piano de métal tirant une mélodie métallique absolument parfaite.

Il n'y a aucun bruit à part cela, comme si le monde les écoutait. Je retiens même mon souffle, persuadés qu'un simple souffle, ou le plus petit des murmures, pourrait briser cette espèce de transe harmonieuse.

Un son commence à grandir, peu à peu.
D'abord, un simple murmure, un faible grésillement.
Puis, plus fort, d'un murmure inaudible à une voix basse, un peu rauque.
Encore plus fort, j'entends un bout de quelque chose, sans cesse répété, "Muse".
Encore plus fort, "Tu m'amuses. Tu m'amuses tellement."
Un rire tonitruant retentit, digne d'un fou.

Dael fait un bond en arrière, un sourire carnassier aux lèvres. Ses armes retournent à leur fourreau avant de disparaître, avec eux. Son adversaire sourit, lui aussi, semblant satisfait.
Le rire semble venir de mon choisi, même si le timbre ne correspond pas du tout, étrange...

Dael change, grandit. Son corps se recouvre de magnifiques écailles de toutes les couleurs, comme autant de pierres précieuses. Ses mains s'allongent, devenant griffes pointues. Un trou se forme dans les vêtements de son dos, grandissant de plus en plus dans un bruit de déchirure avant qu'une paire d'ailes énorme en sort, déchirant le reste de son haut au passage. Son pantalon est déchiré par une énorme queue pointue sortant de derrière lui. Et dans un rugissement retentissant, sa bouche devenue gueule crache un torrent de flamme vers le ciel.

Un dragon ??? C'est devenu un dragon ??? Je croyais que c'était un humain moi...
Bon, je dois dire qu'il est quand même magnifique, mais... est-ce qu'il ne cache pas d'autres choses ? Des choses plus graves que "juste" ça ?
Qu'il soit un dragon n'est pas si grave en soit, c'est surtout que...
Enfin, si, c'est grave bon sang ! Les dragons ont une longévité totalement différente des humains, non ? J'ai même entendu dire qu'ils doivent atteindre un âge équivalent à plusieurs vies humaines avant d'être adulte... si c'est le cas, ça ne serait pas contre pas mal de lois si je suis avec lui ? Vu que dans quatre ans, je suis majeur...
Attends, un dragon de 16 ans ne devrait pas être plus petit ? À moins qu'il n'ait converti son âge en norme humaine ? Dans ce cas, il est bien bien plus âgé que moi...

–Je savais que tu allais devoir devenir sérieux, Dael.
–Je ne suis pas le seul à devoir l'être, Kenan.
Sa voix est bien plus rauque, bien plus grave aussi.

Kenan et son épée sont entourées d'une lumière blanche formant une espèce d'aura céleste. Il semble assez norma...
Deux ailes blanches viennent de pousser dans son dos. J'imagine que c'est pour cela qu'il disait "être parfait", parce que c'est une espèce d'ange, ou quelque chose dans ce genre...

Les mouvements de Dael sont devenus bien plus brutales, coup de queue, de griffes, de pattes, de crocs et souffle enflammé se mêle sans cesse, semblant faire un enchaînement mortel sans fin.
Pourtant, l'ailé esquive ou pare tous les coups. Il danse, littéralement, dans les airs et sur terre, ses yeux cachés par un épais bandeau blanc, semblant narguer son opposant par sa seule présence.

Les flammes de dragon que Dael ne cesse de produire a créé une espèce de brouillard noir, nous cachant le reste du combat.

De temps en temps, des cris de douleur ou de joie informe que l'un des deux opposants a touché son adversaire, mais rien de plus.

Le temps passe, mon regard reste fixé sur l'épaisse fumée, attendant un verdict, attendant un vainqueur.

Un éclat blanc apparaît, sortant du brouillard à toute vitesse, se dirigeant vers... moi ?
Je n'ai pas le temps d'esquiver, même pas le temps d'essayer, à vrai dire.

Le trône sur lequel je suis assis brille, un court instant, d'un bleu pâle, juste le temps que le trait blanchâtre traverse mon corps et mon siège de part en part avant de se planter dans le sol derrière moi.

Je tâte mon corps à l'endroit où j'ai été transpercé, mais je n'ai rien... J'imagine que c'est grâce au bouclier/à la lumière du trône ?

–Il semble que notre empereur a gagné, Seff.
–C'était attendu, même un "être parfait" ne peut pas tuer quelque chose comme lui, Ezeyar.
–T'as bien raison le lupin.

Je vois que l'éclat blanc qui m'a traversé est en réalité l'épée que tenait Kenan...
Je me retourne vers la fumée, qui ne produit plus un son, et vois qu'elle se disperse, peu à peu.

Dael dragon en sort, le cadavre de son adversaire, totalement détruit, repose à ses côtés. Même dans cet état, le parfait ne semble rien avoir subi, enfin, il n'a plus de jambes, a perdu un bras, son bandeau, un de ses yeux, et beaucoup de chairs et de sang. Pourtant, on dirait vraiment qu'il a toujours été comme ça, comme si c'était son état naturel et qu'il va se relever comme si de rien n'était.

–Et la première victoire revient à l'alliance des lunes blanches !
Rugis le dragon.

Il est dans un assez mauvais état, lui aussi, des écailles manquantes, des trous fumants sur plusieurs parties du corps, une aile ballante, trouée de toutes parts, mais bizarrement très très peu de sang, à peine quelques gouttes par-ci par-là...
Le voir ainsi me fait un peu de la peine, c'est certain, mais bizarrement, ça me rend aussi vraiment fier, même si je ne sais pas vraiment pourquoi, ni de quoi, à vrai dire.

Un bruit sourd retentit, semblant venir de partout et de nulle part à la fois. Une horde de petites lumières jaune brillant recouvre les deux anciens combattants, soignant les blessures, recréant les membres manquants, remettant chair et sang à leur juste place, comme si toute cette bataille n'avait tout simplement jamais eu lieu. Et, en plus, le soin émet une espèce de petit son vraiment satisfaisant. Je ne sais vraiment pas comment le décrire, mais c'est juste beaucoup trop satisfaisant à entendre.

Mon valentin dragon redevient humain. Mais, ces vêtements ne sont plus, étant donné qu'ils ont été déchirés lorsqu'il s'est transformé. Il n'est pas nu pour autant. heureusement ? Il porte à la place un ample vêtement noir aux longues manches, un loup d'or aux pupilles argentés et un dragon multicolores aux yeux d'un noir absolu semblent s'affronter du regard. Son bas semble être "juste" un prolongement de son haut, finissant le "dessin" des deux créatures. Seule l'immobilité des deux êtres permet de savoir qu'ils ne sont pas vivants, normalement, qu'ils ne sont "que" des peintures, dessins, ou je ne sais quoi. Il ne porte rien à ses pieds, même si la terre, la poussière et tout ce qui devrait normalement s'y accrocher semblent les éviter.

Je saute du trône, me précipite vers lui d'un pas vif avant de le regarder, des étoiles dans les yeux avant de lui demander, précipitamment :
–C'est quoi cet habit ? Où est-ce que tu l'as eu ? Je peux en avoir un semblable moi aussi ?
Il rit en réponse.

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Point de vue de Dael

–C'est un habit cérémoniel de mon empire, Mahé. Plus précisément, c'est mon habit cérémoniel en tant qu'empereur et donc, un des rares vêtements qui ne peut pas être détruit par ma transformation en dragon, ni par quoi que ce soit d'autre, d'ailleurs.
Je continue à rire, me demandant quel va être à sa réaction à ma prochaine phrase, dite de mon ton le plus charmeur :
–Du coup, oui, tu peux avoir un habit semblable, si tu deviens un empereur, que cela soit après moi ou avec moi...
Pendant un court moment, il ne réagit pas, puis son visage devient rouge, vraiment très rouge.

Sa réaction déclenche un nouveau rire de ma part, rejoint rapidement par celui de mes compagnons.

–Tu ne devrais pas rire de ton valentin comme cela, Dael. Il va finir par croire que tu ne dis ça que pour rire.
Se moque le lupin entre deux éclats de rire.
–Surtout qu'il doit avoir pas mal de questions pour toi, auquel tu vas sûrement devoir répondre.
Ajoute-t-il, un peu plus sérieux.

–C'est vrai. Mais, d'abord, qui enchaîne ?
–Je propose que cela soit au tour des semi-divinités. Comme toujours.
Propose le narcissique.
–Cela me va. Et, récupère ton arme, d'ailleurs.
Je lui lance son "épée parfaite" qu'il rattrape en plein vol.

–Le second combat confronte, Ezeyar, semi-divinité des rêves combattant pour "l'alliance des lunes blanches".
–Et Xodalar, semi-divinté des flammes, combattant pour "l'alliance des lunes nacrées".
Nos exclamations sont sur le même ton que les précédentes.

Le problème lors des combats de semi-divinités, c'est que nous ne verrons pas le combat. En effet, leur duel se fait toujours dans une espèce de sous-dimension, étant donné que les dégâts qu'ils infligent, à leurs pleines puissances, et jugés trop dangereux pour ce monde. Elles ont d'ailleurs un limiteur lorsqu'ils se trouvent ailleurs que dans ce sous-monde. Évidemment, le limiteur se rompt de lui-même si l'être le portant est en danger de mort et/ou de disparition de son existence et/ou d'autres états similaires. C'est d'ailleurs pour cela que lors des batailles "d'alliances", il faut toujours amener une semi-divinité.

Les deux combattants sont aspirés par un portail qui vient de se former, disparaissant de nos vues. Celui-ci se ferme rapidement et ne se rouvrira que lorsque le combat sera fini.

–Ils ont disparu ? Comment ? Pourquoi ?
S'exclame Mahé.
–Ce sont les règles des combats entre semi-divinités. Et, il n'y a rien qu'on puisse faire contre ça.
Je lui réponds calmement.
–Mais, du coup, si tu veux me poser des questions, c'est le moment, je n'ai pas grand-chose d'autres à faire.

Il semble réfléchir, ne me regardant pas une seule seconde.

Puis, d'un coup, il me regarde droit dans les yeux, de la bravoure dans ses yeux. Il a le même regard qu'un soldat acculé faisant son baroud d'honneur... Pourquoi ???

–J'ai plusieurs questions, oui et j'espère que tu vas tous y répondre sans mensonge.
Commence-t-il.
–Selon tes réponses, je pourrais ne plus vouloir être avec toi...
Son ton est tremblant, mais assuré, étrange mélange.
–Vas-y Mahé, je serai bien sûr honnête.

Il respire un grand coup, comme pour se donner du courage...
–Première question. Tu es quoi ?
–Hummm... bonne question, un humain et un dragon à la fois, je dirais.
–Hein ?
–Je suis né humain. Je suis devenu dragon. Donc, je suis les deux à la fois ou quelque chose comme ça.
Je réponds, réfléchissant à voix haute.
–En fait, en mars dernier, j'ai participé à la "journée des miracles" et j'ai réussi à en avoir un. Je suis devenu ce que je n'aurais pas pu être. Je suis devenu ce que je suis actuellement. Donc, je suis humain et dragon à la fois.

Il semble perdu, Kenan et Vanath aussi, mais pas Seff, les miens savent déjà après tout, ou au moins les "haut-rangs" comme lui.

–Mais, du coup, t'as quel âge ? Enfin, t'as dit avoir 16 ans, mais c'est ton vrai âge ou ton âge draconnique convertit en norme humaine ?
–Ben, j'ai 16 ans tout court et ma forme draconnique à l'équivalent de mon âge humain convertit en norme draconnique. Soit environ 890 ans à deux ou trois ans près.
Il lâche un soupir, qui semble être de soulagement. Même si je ne suis pas sûr de pourquoi en vérité...

–Tu as combien d'espérance de vie ?
Son ton est encore plus joyeux qu'avant, comme si la question d'avant était absolument cruciale pour lui et que j'avais bien répondu.
–Aucune idée. Je ne sais pas si j'ai celle d'un humain, d'un dragon, entre les deux ou totalement autre chose.
Je me suis déjà posé cette question plus d'une fois, à vrai dire. Et, je n'ai aucun moyen de savoir la réponse.
–Peut-être même que je suis immortel, j'en sais vraiment rien.
Je rajoute, riant.
–Humm... ok...

–Alors, j'ai bien répondu à tes questions, Mahé ?
Son nom prononcé telle une sucrerie, le sourire aux lèvres.

Il semble réfléchir, un court instant, avant de répondre :
–Oui, ça me va.
Il tend ses bras vers moi, un mignon sourire éclaire son visage.
–J'ai donc décidé de rester avec toi. Tu me portes ?
–Bien sûr, mon valentin.
Je l'attrape, le soulève et le pose délicatement sur mes épaules.

–Et maintenant, on fait quoi ?
–On attend la fin du combat.
–Qui va prendre ?
–Aucune idée, sûrement moins d'une heure, selon la temporalité de ce monde en tout cas.
–Hein ?
–Les combats des semi-divinités durent souvent quelques jours, donc la sous-dimension servant au combat à une temporalité différente.

Je fais disparaître le trône de fer d'un geste et en fait apparaître un d'or, de diamant et d'autres gemmes multicolores, mon trône.
Je m'assois, attrape Mahé, toujours sur ma tête et le pose délicatement sur moi. Je ne suis pas sûr qu'il ait le droit d'être dessus, mais bon, tant qu'il ne le touche pas et qu'il n'est pas le seul à y être...
–Bon, plus qu'à attendre.

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Une bonne demi-heure plus tard

Ezeyar et Xodalar viennent de revenir. Ils n'ont plus aucune trace du combat, sûrement long et destructeur, qui a eu lieu. Le résultat est annoncé par un vortex flamboyant entourant leur porte de sortie.

–Il faut croire que le maître des flammes a vaincu les rêves.
Ris le parfait.
–Il y a donc 1 à 1. Le dernier combat va avoir lieu alors.
–En effet, aucun camp ne pourra avoir une victoire aussi parfaite que moi. Non pas que cela puisse vraiment être possible de toute manière !

–Désolé chef, j'ai perdu...
–Ce n'est pas grave Ezeyar. Il faut juste que Seff gagne maintenant.
–Exact. Au moins, je vais pouvoir m'amuser cette fois-ci.
Réponds Seff, ses os craquent tandis qu'il s'étire.

C'est, en effet, assez rare que notre semi-divinité perde. Après tout, combattre cernés par d'immortels cauchemars tandis que d'autres attaquent sa santé mentale, son énergie vitale et d'autres caractéristiques tandis que ses rêves le soutiennent sans cesse est très difficile. Seuls les colosses comme la semi-divinité des flammes peuvent réussir à continuer à combattre et, même sans ça, mon maître des rêves reste un incroyable combattant.

De toute façon, ce dernier combat devrait être en notre faveur. Vanath, l'adversaire du roi élémentaire de l'ombre n'est pas vraiment un guerrier, c'est plutôt un invocateur assez doué au combat. Un invocateur d'un clan démoniaque vraiment puissant avec d'innombrables invocations plus destructrices les unes que les autres.

–Par contre, plus important.
Commence l'être de rêve, les yeux brillants.
–Cet enfant ne t'a pas fui ET tu sembles l'avoir accepté, hein ? Tu le laisses même t'asseoir sur ton trône, indirectement certes, mais tu le laisses quand même faire... Je ne pensais pas pouvoir être capable de voir cela, même en vivant jusqu'à la fin de l'éternité !
–Oh, ça va rêveur.
Je réponds en souriant.
–Même si on peut sûrement considérer ça comme un miracle. Enfin, on verra bien plus tard.

–Pour ce dernier combat, Seff, roi des loups de l'ombre combattra pour "l'alliance des lunes blanches".
–Et son adversaire, combattant pour "l'alliance des lunes nacrées", est Vanath, le démon invocateur, chef de "la légion du crépuscule".

Les deux opposants se confrontent du regard au centre de la zone de combat.

Le démon bouge son bâton païen de sa main griffue. Des êtres commencent à apparaître, cyclopes avec une massue élémentaire, bêtes titanesques, anomalies informes couverts de pointes, de griffes et de crocs en toute part et d'autres êtres, des dizaines de races, des centaines d'être.
Des légendes sur ce démon affirment qu'il a traversé une infinité de mondes, traversant les cieux, les enfers et les terres pour trouver de nouvelles "invocations" dignes de le rejoindre.

Mais bon, ce n'est pas vraiment important. Pas pour le loup de l'ombre en tout cas. Il est un de mes précieux lieutenants. Il est celui qui vit dans les ombres, les traverse et se fond en eux. Il est celui que chacun de ses ennemis ne voit que deux fois, quand il leur sourit tous crocs dévoilés et quand ses griffes les déchiquètent d'un coup.

–Tu penses qu'il va gagner Dael ? Il y a quand même beaucoup d'ennemis... D'ailleurs, c'est pas censé être un duel, pourquoi il a tout ça avec lui ?
Me demande Mahé, ses yeux fixés sur une "abomination" particulièrement ensanglantée, ce qui est une marque de sa force d'ailleurs. On dit que plus, elles sont couvertes de sang, plus elles sont fortes.

–C'est un invocateur et ce sont ses invocations, c'est pour ça qu'il a le droit de les faire venir au combat. Et, ouais, je suis persuadé qu'il va gagner, c'est un de mes lieutenants après tout. Et très honnêtement, même un aussi bon invocateur ne peut pas vaincre ce loup, pas à partir du moment où il est au contact...
–Mais, il ne va pas pouvoir s'approcher, si ?
–Tu vas bien voir. Regarde Seff bien attentivement.
Je caresse la tête de mon valentin, mon regard de nouveau tourné sur l'être lupin. L'humain posé sur moi regarde dans la même direction.

Les invocations avancent vers Seff, marchant chacun au maximum de leur vitesse, un petit groupe reste près de leur maître, prêt à le défendre.
Le loup d'ombre ne semble pas remarquer l'avancée des créatures, je sais qu'il s'en fiche, je sais qu'il s'en moque. Il regarde Vanath directement dans ses yeux rougeoyants, je le sais parce que la lumière qui l'entour s'assombrit peu à peu, comme s'il l'absorbait, ne leur laissant pas une chance d'exister.

Les invoqués accélèrent un peu plus. Du sceptre du démon, une lumière blafarde émerge en direction du loup.
Avant de l'atteindre, toute lumière à moins d'une trentaine de centimètres de lui s'éteint, Seff a souri, de tous ses crocs.
Les ténèbres disparaissent, mais le lupin n'est plus visible non plus. Les créatures ne savent plus où chercher, en vérité, seul moi et Ezeyar savent où regarder.

–Regarde juste derrière le démon, Mahé.
Je lui chuchote, ma bouche toute proche de son oreille. Pour qu'il soit le seul à entendre.

Il fait ce que je lui dis, juste à temps.

Seff réapparait derrière le démon, ses griffes brillantes de noirceur absolue. Personne n'a vraiment le temps de réagir, le démon encore moins que quiconque. Il n'a que le temps de voir les griffes du loup transpercer son corps de part en part avant d'écraser le cœur de son adversaire dans sa paume.
Le corps du démon tombe à terre avant d'expirer dans un dernier souffle, entraînant avec lui tous ses invoqués.

–Seff, roi des loups de l'ombre est le vainqueur de ce duel !
J'annonce, triomphant, me levant de mon trône en même temps, trône qui disparaît en suivant.

–"L'alliance des lunes blanches" est donc la vainqueuse de cette "guerre d'alliance" !

Le démon est entièrement soigné. Puis, la divinité absolue de ces terres et de ce monde annonce notre victoire, annonce la fusion de nos deux alliances sous ma bannière, comme cela a déjà été le cas, comme ça sera encore le cas. Il faut bien que je continue mes préparatifs après tout...

Les trois vaincus se prosternent devant moi, reconnaissant ma souveraineté. Je leur demande bien sûr de se relever, je n'aime pas qu'on fasse ça, trop de mauvais souvenirs sûrement.
Je leur annonce que je n'ai, pour l'instant, aucun ordre à donner à eux et leur clan, à part bien sûr de continuer à se renforcer sans cesse et à suivre les rares règles qui régissent mon alliance. Règles assez basiques que beaucoup suivaient déjà.

Le vaniteux est le premier à repartir, son pull noir disparut depuis longtemps. Je me demande combien de centaines de personnes vont vouloir sortir avec lui, peut-être qu'il va dépasser la barre du millier ? Ça serait vraiment peu étonnant...

Seff et les deux semi-divinités sont transportés à la base de l'alliance par le loup, pour des raisons différentes. Xodalar par curiosité pour la base, Ezeyar par envie de rejoindre son rêve bien aimé et Seff lui-même par désintérêt pour cette fête.

Un autre portail récupère Vanath l'amenant jeNeSaisOù, sûrement un endroit où il pourra récupérer d'autres créatures.

–Maintenant que cela est fait, je n'ai rien d'autres de prévu. Donc, Mahé, tu veux faire quoi ?

Le jeune homme, de deux ans mon cadet, est juste à côté de moi. Il me regarde avec de grands yeux surpris.

–Tu me laisses vraiment choisir ?
S'exclame-t-il.
–Ouep.
–Et tu acceptes n'importe quel endroit ou activité ?
–Plus ou moins, ouais. Alors, tu veux aller où ?

Il sautille sur place. Malgré que je puisse facilement le porter sur mes épaules, notre différence de taille n'est pas si grande que ça, environ une tête je dirais. Mais, je dois dire qu'il est quand même diablement mignon...

–Il y a une fête pas loin d'ici. Une fête spéciale, bien sûr, avec fête foraine avec des chocolats, une grande roue et plein d'attractions.
Ses yeux pétillent de joie.
–Ok. Alors en route, mon valentin.

–D'abord, je dois rectifier quelque chose.
Il s'arrête de sautiller, me regarde droit dans les yeux avec un air sérieux.
–Je ne suis pas ton valentin. C'est moi qui t'ai demandé, donc tu es mon valentin, pas l'inverse.
Je ris, comprenant déjà où il veut en venir.
–Donc, je me dois de te gâter.
Son rire, bien plus mélodieux, se joint au mien.
–Exactement !

–Alors, allons-y, ma valentine. Montre-moi le chemin.

Riant de mon choix de mots, nous partons à notre tour. La fin de cette journée se promet d'être véritablement amusante.
Actuellement, tout ce que j'espère, c'est que c'est vrai, que ça durera et que je suis en mesure de le protéger, de vraiment le protéger. Même si je n'avais pas prévu qu'il me rejoigne, surtout parce que je n'avais pas prévu qu'il me rejoigne, à vrai dire. Un inattendu "miracle" comme cela ce doit d'être protégé et aimé, n'est-ce pas ?

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Quatre êtres, invisibles aux regards de tous, observent les départs des six combattants.

–Une victoire de plus, hein ? Et sur une autre lune en plus de cela...
–Ouais, on croirait vraiment qu'il fait exprès. Ce qui n'est pas possible.
–Et si... et s'il... savait ?

Un silence s'installe, coupé par un rugissement qui a presque percé la bulle de silence qu'ils ont installée.
–CE. N'EST. PAS. POSSIBLE ! Alors arrête avec ça "Sage fou" !
–Pas besoin de se disputer. Ils ont eu de la chance, un peu trop de chance, c'est vrai, mais ça reste juste de la chance.
Réprimande le meneur d'un ton neutre.
–Si quelqu'un savait ou même avait une maigre possibilité de savoir, il serait déjà mort. Néanmoins, il faut s'assurer que cela soit bien que de la chance et pas... autre chose.
Rajoute-t-il, ses deux derniers mots annonçant la Mort pour tout récalcitrants, traîtres, ou n'importe quoi d'autre dérangeant ses plans...

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Point de vue de Dael
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Bien plus tard dans la soirée

Comme je le pensais, ce fut une vraiment bonne fin de journée. Mahé m'a trimbalé dans tous les coins de la ville, ce qui était amusant. Même pas forcément les attractions, boutiques et promenades où il m'a amené, mais le fait d'y être allé avec lui. C'est réellement une sensation assez étrange, mais bonne quand même, je crois en tout cas...

–Je devrais sûrement te ramener chez toi, Mahé. Il commence à se faire tard.

Il est déjà presque 8h, on vient de finir de manger. Et, il est toujours avec moi, précisément, on est chez moi, une espèce de "petit" palais personnel. et le repas n'était composé que de plats faits-mains, même si je ne suis pas si doué que ça, je fais des trucs pas mauvais, même si c'est moi qui le dis... au moins, il semble avoir aimé.

–Nop. Tu as promis de me protéger jusqu'à la fin de cette journée. Ce qui veut dire à minuit, pas avant.
Répond-il triomphant.
–Pourquoi tu dis ça ? Tu veux te débarrasser de moi, c'est ça, Dael ?

On dirait presque qu'il est bipolaire, un instant, il semble joyeux, confiant, comme si le monde est à ses pieds et l'instant d'après, presque à pleurer. Heureusement, ce n'est que lorsque cela touche certains sujets.
À un moment, j'ai cru qu'il faisait ça pour garder mon attention et ma sympathie sur lui, mais ce n'est pas ça. C'est plutôt comme s'il avait vécu quelque chose d'affreux... Mais quoi ? Aucune idée et je n'ose pas vraiment lui demander, à vrai dire.

–Mais non, ma valentine, je te garde avec moi avec grand plaisir.
Son sourire revient.
–Je me disais juste que tes parents pourraient s'inquiéter si tu ne reviens pas chez toi. Tu pourrais au moins les appeler, non ?

Ses yeux se brouillent, un instant, avant de me répondre, un faux sourire aux lèvres.
–Ils ne vont pas s'inquiéter. Ils ne s'inquiètent jamais de ce qui peut m'arriver de toute façon, donc, pas d'inquiétude à avoir, mon valentin.

Je le prends dans mes bras, gardant sa tête contre mon torse.
–D'accord d'accord. Alors, que veux-tu faire ? J'ai des jeux, des films et pas mal d'autres choses, à vrai dire, cet endroit est un vrai petit palais.

Il fait un pas en arrière, son, vrai, sourire éclatant de retour et plus aucune trace d'humidité dans ses yeux.

–Hummm... t'as le film ▓▓▓▓▓▓ ? C'est mon préféré !
–Bien sûr que je l'ai.
Je réponds en riant, son excitation quasi perpétuelle n'ayant de cesse de m'amuser.

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Nous discutons du film que nous venons de finir, couchés sur un des canapés de cette bâtisse, couverts d'une épaisse couverture duveteuse, un bruit résonne, nous interrompant net.
Cela ne vient pas de mon téléphone et aucun objet de cet endroit ne fait un bruit comme ça, encore moins à une heure si tardive. Donc, j'imagine que cela doit être le téléphone de Mahé ?

En effet, il sort son téléphone de sa poche. En tremblant...

–Ça va Mahé ? Qui t'appelle ?
Ma voix est douce, inquiète. Quelque chose cloche.
–Mo... mon... monmon... mon père...
Bégaye-t-il à voix basse, à peine audible.

Je l'entoure de mon bras droit, me collant à lui au maximum. Je ne sais pas ce que son père lui a fait, je ne sais pas ce qu'il craint tant, mais je l'imagine bien...
–Mahé, mon beau, tu es avec moi. Il ne peut rien t'arriver, d'accord ?
Je tente de le rassurer, ça ne semble pas fonctionner, pas totalement du moins.
–Tu ne sais pas ! Tu ne sais pas qui il est ! Tu ne sais pas ce qu'il peut faire ! Il est dangereux ! Il ! Il !
Il se met à pleurer. Le téléphone ne cesse de sonner.

–Mahé Mahé, mon beau garçon.
J'attrape son menton, le forçant doucement à me regarder.
–Je suis un monstre, un humain et un dragon. Je suis un empereur et le chef de multiples clans, rois et semi-divinités. Je suis bien plus fort que tu peux le croire et bien plus fort que ce que j'ai montré durant le duel. Alors, ne t'inquiète pas, d'accord. Rien ne m'arrivera et rien ne t'arriveras tant que je suis là, d'accord ?
Ses larmes cessent de couler, ses yeux, toujours humides, brillants d'un brin d'espoir. Il hoche la tête sans dire un mot, sûrement pas en état de parler sans pleurer.
–C'est bien, mon Mahé.

J'embrasse lentement son front. Son visage à nouveau blottit sur mon torse et ses bras m'entourant au maximum, ne voulant pas me lâcher.
Je caresse sa tête un moment.
Nous attendons la sonnerie du téléphone s'éteindre avant de repartir. Il rappelle.

–Mahé, passe-moi ton téléphone. Je vais décrocher.
Il se fixe un instant avant de me le tendre.
–C'est une mauvaise idée.
Murmure-t-il quand même avant de le lâcher dans ma paume.

Je tends le téléphone à mon oreille.
–Allô ?
Un silence suit mon seul mot. Un silence pesant, lugubre, comme si... non, je m'imagine des choses à cause de l'état de Mahé, c'est tout, rien de plus.
–J'ai donc affaire à un voleur ?
La voix de mon interlocuteur est grave, furieuse.
–Non, votre fils m'a permis de décrocher à sa place.
–Oh ! Ce pathétique gosse se rebelle ! Il souhaite que j'abrège sa vie, c'est cela ? Ça serait avec grand plaisir !

Ma valentine tremble dans mon étreinte. Il entend tout, malgré le fait que je n'ai pas mis les hauts-parleurs...

Ma réponse est un rire sinistre. Ma bouche forme un rictus tandis que ma voix draconique en sort.
–Tuer son propre enfant, hein ? Il faut croire que ta place ne peut être que dans un asile, en enfer ou dans mon estomac... Et si tu essayes de toucher à Mahé, je me ferais un immense plaisir de transformer la dernière option en réalité.

–Il faut croire que ce sale gosse a réussi à convaincre un insignifiant faiblard de dragon de le protéger.
Rit-il sans une seule once de peur.
–J'imagine qu'il ne t'as pas dit qui je suis ? Sinon, tu ne serais pas aussi sûr de toi, petit dragon. Je suis

–Et je m'en moque royalement !
Je le coupe.

Je l'entends brûler de rage. Mahé tremble de plus en plus, sa peur ne cesse de grandir.

–Tout ce qui m'importe est que tu veux faire du mal à MON Mahé ! Et que je vais te bouffer si tu tentes de le faire !

Je raccroche après cela, laissant ma valentine pantoise. Il n'avait sûrement pas pensé un instant que je puisse raccrocher au nez de son père. Mais, ce pauvre enfant n'aurait sûrement pas pu en supporter beaucoup plus...

–Hé, Mahé. Tout va bien, d'accord. Maintenant, il vaut mieux que tu restes avec moi, mon beau, d'accord ?
J'embrasse doucement son front, caresse amoureusement sa tête.
–Tu... tu sais... que... que maintenant, je... je n'ai... je n'ai plus... plus d'autres choix... que... que de te supporter ?
Un faible sourire, assez triste, éclaire faiblement son visage.
–Je sais, je sais. Et, je dois dire que je suis assez heureux que tu sois à mes côtés, ma valentine. Même si c'est dans ces conditions-là. J'espère juste que tu vas te plaire au moins un minimum avec moi, jusqu'à ce que tu ne veuilles plus de moi en tout cas...

Tout ce que je peux faire actuellement, c'est essayé de le réconforter, de le dorloter et de le protéger le plus possible. Tout en continuant à me préparer, à préparer mes alliés et vassaux, à gérer mon territoire et tout le reste...

Est-ce que ce garçon est vraiment un miracle au final ?
...
...
...
Peut-être pas, mais bon, c'est déjà trop tard pour l'abandonner, je ne suis pas sûr que mon cœur le supporterait...

Fin ?

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