Fantôme

Je suis là, assise sur mon rocher. L'océan, face à moi, est plutôt calme pour cette période de l'année. C'est comme s'il voulait me rassurer, me dire que tout allait s'arranger. Mais ce n'était absolument pas le cas. Rien n'allait, et rien ne pouvais s'arranger. J'avais perdu. Tout. Ça ne pouvait qu'empirer, et certainement pas redevenir comme avant. C'était impossible. J'étais tombée bien trop bas pour pouvoir ne serait-ce qu'espérer remonter la pente un jour.

Les genoux remontés contre ma poitrine, la tête enfouie dans mes bras, je laissais mes larmes couler silencieusement sur mon visage. Je n'avais qu'une envie : disparaître. M'enfouir six pieds sous terre. Ne plus revoir ce fichu soleil brûlant, cet océan bien trop calme, ce vent qui me faisait frissonner. Ne plus respirer, pour ne pas voler cet air dont je ne voulais plus, qui me donnait la nausée tant il me répugnait désormais. J'avais l'impression de lui voler son souffle à elle.

Je ne souhaitais plus avoir tout ça. Je ne souhaitais qu'une seul chose, mais qui s'était malheureusement éteinte. C'était ma seule, mon unique raison de vivre, et je l'avais perdue. Maintenant, je n'avais plus rien à quoi m'accrocher pour tenter de survivre, pour sortir la tête de l'eau au lieu de me noyer petit à petit.

Cela faisait déjà plusieurs heures que j'étais là, sur cet éternel rocher qui me servait de refuge quand je n'allais pas bien. Désormais, j'y passais des journées entières, restant seule à me lamenter sur mon sort et pleurant jusqu'à n'avoir plus de larmes.

Maintenant que je l'avais perdue, il ne me restait plus rien. J'étais vide à l'intérieur, morte, mon âme était brisée en mille morceaux impossibles à recoller. Elle était partie, c'était fini. Sans elle, je ne vivais plus. Pendant de nombreuses années, j'avais vécu à ses côtés, elle m'avait soutenue autant que possible et bien plus que n'importe qui ne l'avait fait pour moi. Elle avait été ma seule confidente, l'unique personne en qui j'avais pu avoir réellement confiance. Et maintenant, je ne savais pas quoi faire sans elle. Je ne voulais plus vivre, tout simplement. Je n'en avais plus la volonté, ni la force.

Soudain, je relevais la tête. La brise avait cessé de souffler, brutalement. Le soleil tapait moins fort. Je me sentais apaisée, comme rassurée. En face de moi, il y avait la personne que j'aimais le plus au monde. Elle paraissant bien réelle, à mes yeux. Elle m'adressa un sourire, que je lui rendis en séchant mes larmes, plus heureuse que jamais.

– Sophie ? murmurai-je en me levant, captivée par cette vision.

Elle acquiesça, et je sentis mon cœur se mettre à battre de plus en plus fort dans ma poitrine au fur et à mesure que je m'approchais d'elle. J'avançais avec prudence, craignant qu'elle s'en aille. Quand je fus seulement à quelques pas d'elle, je m'arrêtais.

C'était impossible. Elle ne pouvait plus être là. C'était tout simplement irréel. Je rêvais. J'étais victime d'une hallucination, tout simplement. Je n'y croyais pas. Pourtant, je voulais savoir. Je voulais essayer de voir si ce n'était pas qu'une illusion, mais bel et bien la réalité.

Je me remis à avancer prudemment, hésitante. Je m'arrêtais à nouveau, à seulement quelques centimètres de son visage. Puis je tendis ma main pour tenter de prendre la sienne, comme nous le faisions souvent pour nous rassurer mutuellement. Cependant, mes doigts ne rencontrèrent que du vide et un phénomène étrange se produisit soudain sous mes yeux. La vision de ma meilleure amie s'effilocha, s'évapora, comme si elle n'était qu'un nuage de fumée qui disparaissait peu à peu. En quelques secondes, elle n'était déjà plus là. J'entendais à nouveau le vent souffler avec force à mes oreilles, le soleil qui me brûlait la peau avec force et l'océan, toujours aussi calme.

Une violente douleur me submergea soudainement, de la tête aux pieds, sans que je sache d'où elle vienne. Je m'effondrais, sans comprendre pourquoi, et je fermais les yeux. L'obscurité m'enveloppa et je me détendis peu à peu. Ma respiration se calma et mon souffle diminua, mes muscles se relâchèrent totalement et je me laissais emporter par le vide, le néant.

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