Théâtre

Ceci est un texte assez inhabituel car écrit comme une pièce de théâtre, bonne lecture 😉 

Les deux protagonistes, une femme et un homme, sont assis dans des fauteuils dans une grande salle de bal du XIIIème siècle. Ils discutent avec animation, sans pour autant attirer l'attention du beau monde sur eux. Ils chuchotent, assez fort pour s'entendre mutuellement, mais pas assez pour être entendu des autres. La pièce est bondée.

Walden: Je ne vous épouserai pas mademoiselle Smith.

Smith: Vous ne pourrez pas m'échapper, et vous le savez parfaitement.

Walden: J'ose espérer qu'un homme de mon acabit reste toujours maître de ses choix. Et je vous l'assène pour la dernière fois, je ne vous épouserai pas.

Smith (soupire et à part): C'est ce qu'ils disent tous. Et pourtant pas un homme ne finit pas par convoler en noces. (Haut) Je finirai par vous avoir, nous le savons tout deux.  

Walden: Je ne vous aime pas.

Smith (détourne la tête, regardant la foule): Vous savez, un homme n'a pas besoin d'aimer une femme pour l'épouser. Il suffit qu'il la...

Walden (l'interrompt): Je vous arrête tout de suite. Je ne me permettrai pas d'encourager des sujets douteux.

Elle soupire.

Walden: Je suis un gentleman après tout (il relève la tête). Et je suis fier des valeurs que m'ont inculqués mes parents.

Smith: Allons Emett, nous savons bien que les seules valeurs que vous ont inculqués vos parents sont l'amour de l'alcool et de l'argent. C'est de notoriété quasi publique.

Walden (d'une voix froide): Vous n'êtes pas en position de m'appeler par mon prénom. Veuillez en rester à mon nom mademoiselle Smith. Surtout lorsque vous me faites à ce point affront.

Elle ne répond pas, quelques secondes passent où son regard ne se détache pas de la foule.

Walden: Vous êtes bien impertinente pour une débutante.

Smith (hausse les épaules): Je me démarque. Au moins, avec moi, vous n'aurez pas l'hypocrisie qui va avec toute nouvelle rencontre.

Il ne semble pas d'accord, garde cependant le silence.

Smith: De plus, on s'amuserait bien moins si j'étais une jeune femme conventionnelle, n'est-ce pas ?

Walden: Sans vouloir vous offenser, je comprends à présent pourquoi vous n'êtes pas encore mariée.

Smith: Je ne suis pas mariée au bout de trois saisons seulement car je n'en éprouvais pas le besoin jusqu'à présent (Le gratifie d'un regard entendu).

Walden: malheureusement, pour ma part, je n'en éprouve pas encore le besoin.

Smith (saisit discrètement sa main, l'homme se raidit à ce contact): Vous faites une erreur. Je ne sais pas comment vous dire cela sans passer pour une folle, mais j'ai la sensation que nous formerions un couple parfaitement assortis. De plus, ma dot aiderait sensiblement votre famille.

Walden (sourit puis tente maladroitement de le cacher): c'est incroyable comme vous arrivez à transformer une déclaration absolument romantique en un accord financier.

Smith (sourit malicieusement, comme fière d'elle même): Vous n'avez pas enlevé votre main.

Walden (abasourdi): hein ? (Il ne l'enlève toujours pas)

Smith: La main que je vous ai prise, vous ne l'avez pas retirée. Avouez que vous aussi vous appréciez ce contact.

Il prend le temps de réfléchir, et sans sembler s'en apercevoir, serre d'autant plus la main de la jeune fille.

Walden: Certes. Pour autant, ce n'est pas suffisant pour conclure un mariage.

Smith: Que pensez vous être suffisant dans ce cas là ?

De nouveau, il réfléchit.

Walden: j'aimerais connaître au mieux la femme que je vais épouser. Je ne suis pas de ces grands idéalistes qui attendent toute leur vie le grand amour. Pour autant, j'aimerais que mon futur mariage soit au moins basé sur une forte amitié.

Smith: Nous avons déjà passé du temps ensembles.

Walden: Vous me harcelez et je vous repousse. Ce n'est pas réellement cela que j'entends par "passer du temps ensembles".

Elle rit, prise au fait.

Smith: Je plaide coupable. Malgré tout, nous avons tout deux appris que l'autre était déterminé. N'est-ce pas là un bon début ?

Surpris devant autant de franchise, il bégaye, puis se reprend.

Walden: Vous êtes déterminée à me séduire ?

Smith: Si votre réelle question est "Comptez vous m'emmener dans un endroit où nous ne devrions pas être afin de me forcer au mariage en cas de découverte ?" alors la réponse est non. Je n'ai jamais eu l'intention de vous forcer la main. Après tout, et comme vous l'avez dit au début de notre conversation, un homme de votre acabit est toujours libre de ses choix.

Walden (sourcils haussés): Vous êtes réellement une jeune femme surprenante.

Dans la salle, un objet se brise, mais ils n'y prêtent pas la moindre attention.

Smith (sans répondre): M'accorderiez vous cette danse ?

Walden: Savez vous qu'il est normalement du devoir de l'homme d'inviter une dame ?

Smith: N'est-il pas important pour vous de savoir si votre future femme ne vous écrasera pas les pieds tous les deux pas ? Sans vouloir me vanter, je pense être une valseuse tout à fait acceptable.

Walden: "Future femme" ? Vous ne passez pas par quatre chemins.

Smith: Je suis plutôt sûre de moi, mais vous avez déjà dû le remarquer Emett (clin d'oeil de sa part).

Walden: Vous m'avez encore appelé par mon prénom.

Smith: Cela vous a-t-il dérangé ?

Walden (Change de sujet de manière grossière, sans répondre à sa question): Nous avons déjà dansé ensembles, je sais que vous savez le faire. Quelle est la véritable raison de votre question ?

Smith (Hausse les épaules innocement ): Vous trainiez trop pour demander à mon goût.

Ils rient ensembles. Il lui tend le bras, elle le saisit, et tout deux s'élancent vers la piste de danse.

2/10/2021

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top