La montre (3)
Assise, dans cette pièce sombre, placée dans un endroit que je ne connais pas, je jure. Cela fait des heures que je suis dans le noir, que je patiente, afin que quelque chose ne se passe. Je me suis réveillée avec un léger mal de crâne qui depuis, a disparu, et depuis cet instant, j'attends. Je me demande sincèrement l'intérêt qu'a la montre de m'enlever, si au final, elle me laisse mourir dans cette pièce, sans rien faire de moi.
Projet, mon cul.
J'essaye de faire de mon mieux pour ne pas pleurer. Je chasse rapidement les visages larmoyants de ma fratrie, tournant en rond comme un animal en cage et en quête de quelque chose à faire.
Je ne pleurerai pas, il en est hors de question. Mon seul objectif doit être de sortir d'ici.
Une voix féminine et métallique s'élève soudain, et je sursaute:
-Bonjour jeune joueuse. Nous sommes ravis de vous accueillir dans la phase préliminaire des jeux. Votre objectif, sera tout du long de l'épreuve, de rester en vie. Méfier vous des apparences et surtout, n'oubliez pas que la montre vous surveille.
La tâche que la montre confie aux gens est si mystérieuse que je ne sais absolument pas ce qui m'attend. Je n'ai jamais compris l'intérêt qu'avait la radio de nous appeler "joueurs" et maintenant que je pourrais connaître la solution, je ne suis pas réellement sûre d'avoir envie de la connaître. Avant ses paroles, je croyais que j'allais mourir ici, ce qui en dit long sur le mystère de la situation.
Je peste de nouveau, cherchant une sortie après m'être levée, quand le mur en face de moi s'ouvre, accompagné d'un bruit de rouages rouillés. Je grimace face au son aigu qui s'en échappe et me mets à courir pour sortir d'ici.
Les murs sont gris, à l'apparence de métal et semblent tous se ressembler. L'atmosphère est si glaciale qu'elle me fait trembler de la tête aux pieds. Je me dirige au gré de mes envies à travers ces couloirs et alors que je me détends légèrement, un projectile inconnu est envoyé avec une force telle qu'en frappant mon ventre, il me projette sur le sol. Je tousse, ayant l'impression de pouvoir vomir et me relève néanmoins, m'attendant à un prochain assaut.
Si j'ai bien compris, l'objectif des obstacles va être de me tuer sous n'importe quelle forme que ce soit. Je serai plus vulnérable à terre, alors, je lutte pour me lever en gémissant de douleur.
Un deuxième projectile me frappe en pleines côtes, et je rencontre le mur avec force, ne m'effondrant néanmoins pas. Je ne vois absolument pas d'où viennent ses projectiles, et je sens que si je souhaite m'en sortir, il va falloir que je le devine vite.
Je me concentre, attendant le prochain envoi, qui ne tarde pas. Déjà plaquée contre le mur, le projectile ne me fait pas reculer, mais, une douleur sourde s'étend dans ma cage thoracique. Je plisse les yeux, la vue troublée, et tente de faire appel à ma concentration. Je suis distraite, et n'arrive pas à les voir.
Après deux autres impacts, je me trouve à terre, tremblante de douleur. Les lancements semblent s'être arrêtés et je profite de cet instant pour observer les sources de ma douleur.
Une demi-douzaine de balles de tennis jaunes sont échouées à mes côtes.
Quel est l'intérêt de m'attaquer avec de telles balles ? Réellement, ce n'est pas ça qui va tuer une jeune femme à la constitution solide, et encore moins un homme ! Alors, toujours allongée, je réfléchis.
Il faudrait que je trouve un moyen pour les éviter, malheureusement, je n'ai absolument pas la dextérité pour. Une nouvelle balle m'atteint à l'épaule et je crie de douleur. Ensuite, je mets le sac devant moi, espérant qu'il me servira de bouclier. Je tente d'avancer, mais la douleur d'un nouvel impact m'informe que le bouclier ne sert clairement à rien. La reliure de mon livre me ferait presque mal, si elle ne m'avait pas soudainement donné une idée. Je le sors, et peu convaincue, tente de renvoyer le projectile, me servant de mon livre comme d'une raquette de tennis.
La balle rebondit avec une telle force contre le livre que je recule de quelques pas. Mais, contre toute attente, c'est tout de même moins douloureux que si je l'avais reçue de plein fouet. De plus, la balle repart avec une telle force qu'elle s'écrase contre le lanceur dans un bruit de métal cassé.
Je m'approche doucement, aux aguets, et remarque un robot seulement constitué d'un bras mécanique, et d'un sac de balles à côté. Je lui passe à côté, et m'élance ensuite, sentant qu'il n'était que le garde du droit chemin.
Quelques mètres derrière lui, un objet scintillant attire mon attention et je m'arrête. Un hoquet de stupeur m'échappe lorsque je comprends ce que c'est.
Le couteau semble avoir été abandonné par terre. Il est léger, pourtant, sa lame semble pouvoir découper n'importe quoi. Le bras tremblant, je m'en saisis. Il est presque aussi grand que mon avant bras et semble si dangereux que me voir avec ceci dans la main me ferait presque peur.
Il serait carrément idiot que je me coupe une main par inadvertance.
Marchant, le couteau bien en main, je ne remarque la jeune femme devant moi qu'au moment où elle s'exclame :
-Bonjour jeune joueuse. Elle tient un couteau similaire au mien dans sa main gauche. Ton but sera de me mettre à terre. Les armes sont interdites.
-C'est donc pour ça que tu tiens un couteau, répliqué-je, cynique.
Elle sourit, carnassière.
-Tu as du répondant. Ce sera amusant de te tuer.
Je frissonne, interdite. Cette femme aux aux cheveux de feu est à la fois plus grande et plus forte que moi. Je vais me faire lapider en moins de deux.
-Alors, tu as peur ?
Elle rit, menaçante, et si je m'étais écoutée, je serais sans doute partie en courant.
-Tu peux me blesser, mais si tu me tues, la montre te punira. Ton unique but est de me mettre à terre, quand à moi, je peux te tuer et ce sera d'ailleurs mon objectif premier.
Je tressaille, mais suis tout de même soulagée de ne pas devoir tuer quelqu'un. Je pose toutes mes affaires, et elle en fait de même, puis, sans attendre, elle se précipite vers moi. Je me rassure en me disant que sans arme, elle ne pourra pas me faire réellement de mal. Du moins, pas jusqu'à la mort. J'évite un premier coup de poing, en un réflexe que je ne me connaissais même pas, et tente à mon tour de la frapper, sans succès. Elle saisit rapidement mon poignet et débute une clé de bras. J'ai conscience que si elle réussit, ce sera terminé. Et je ne peux pas me le permettre. Saisissant le bras avec lequel elle me tenait, j'enfonce mes ongles dedans, la forçant à me lâcher.
Je ne sais absolument pas me battre. Au premier abord, le combat est perdu d'avance.
Pourtant, je suis motivée. Ça me donnera peut être, je l'espère, un avantage.
Lorsqu'elle s'approche de moi, et dans un réflexe nul, j'écrase son pied. Elle recule, douloureusement et je cligne des yeux, surprise. De nouveau, elle revient à la charge, mais, consciente que je vais répéter mon acte, elle pare le coup et m'attrape à la gorge, sans pour autant réellement m'étrangler. Je tente d'attraper son poignet, mais elle m'en empêche, et me plaque contre le mur derrière. Sans attendre elle abat son poing contre mon visage.
J'ai mal. Mais moins que ce que j'aurais cru.
Lorsqu'elle veut rententer l'action, j'écrase mon genou dans son pubis. Elle hurle de douleur et me lâche brutalement, reculant de quelques pas. Et soudain, quelque chose dans mon esprit s'éclaire:
-En réalité, tes muscles c'est de la gonflette. Elle tressaille, et je ris, malgré mon visage douloureux. Tu sais te battre, mais si tu n'arrives pas à me vaincre, c'est parce que ta résistance aux coups est moindre. Tu attaques parce que tu as peur d'être attaquée et de t'effondrer trop vite.
Elle me saisit de nouveau avec une force qui m'étonne, l'oeil furieux, mais je n'ai plus peur. Bien que douée, sa résistance à mes maigres attaques était ridicule. Si j'arrive à réellement la frapper, elle s'effondrera comme une mouche. Je fais mine de vouloir la frapper avec mon bras, puis, lorsqu'elle me pare, lui mets un coup de boule dans le nez. Elle s'effondre rapidement, gémissant de douleur, et sans pouvoir m'en empêcher, je ris.
Cette situation est absurde. Pourquoi la montre nous ferait elle affronter de tels obstacle ? Pour son simple divertissement ?
Je ne comprends réellement pas.
Combien de temps cela va-t-il durer ? Parce que si je dois lutter comme ça six moi, je finirais par m'effondrer de fatigue.
Si l'on m'a arraché à ma famille sans la moindre raison réelle et valable, alors, garre à la montre, parce que je compte bien lui en faire voir de toutes les couleurs. Et surtout, je compte bien rentrer chez moi.
Toujours au sol, je passe devant elle, prenant bien soin de marcher sur sa main au passage, et m'élance dans le couloir. Mon oeil est douloureux et vire sans doute au bleu, mais je ne prends pas le temps de sortir mon miroir pour vérifier.
Avec une raison, un but honorable, j'aurais pu me résoudre à ne plus revoir ma fratrie. Mais dans ces conditions, ça m'est juste impossible. Les larmes me viennent à nouveau aux yeux, et sans pouvoir m'en empêcher, je sors la photo de ma famille de mon sac.
La fixant, je retrouve rapidement courage et après m'être arrêtée quelques secondes, je repars dans les longs couloirs.
Je marche durant une dizaine de minutes lorsque me surprenant, je fais mon entrée dans une grande pièce, très lumineuse. Le toit est seulement fait de vitres, ainsi, je peux apercevoir le ciel.
Je sors ma bouteille d'eau et une pomme, prenant un peu de repos.
Lorsque j'ai terminé, une petite trappe dans le mur s'ouvre, et après avoir sursauté, je comprends que c'est une poubelle dans laquelle je peux mettre le trognon de mon fruit.
Si jusque là, je pouvais en douter, ce n'est maintenant plus le cas. On observe mes moindres faits et gestes.
La trappe se referme sans un bruit et je m'adosse au mur. Faisant fi de toute prudence, je ferme les yeux, la tête appuyée contre le mur, visage vers le ciel.
J'aurais pu me reposer un peu, sincèrement, si mes oreilles n'avaient pas captées un bruit de pas en approche. Lorsque je rouvre les yeux, un homme d'environ deux mètres se trouve en face de moi, le regard à la fois surpris et haineux.
_____
Bonjour tout le monde !
J'espère que vous allez bien 😁 perso, super ! 😄 (Tant qu'on occulte le bac de français 😂)
Qu'en avez vous pensé ? Et l'homme sur la fin, qui est-il à votre avis ? 😄
À bientôt,
Byzzz
Écrit le: 16-18-20-21/05/2021
Publié le: 4/06/2021
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