La montre (1)
-Méfiez vous jeunes joueurs, la montre peut vous arracher à votre famille à tout instant.
La vieille radio émet des crépitements inquiétants, pourtant, la voix masculine continue de s'élever:
-Comme vous le savez tous, tous les six mois, quatre enfants de 14 à 18 ans inclus sont enlevés à leur famille. Ils sont téléportés à l'abris des regards afin d'aider la montre dans un projet qui est tenu secret de tous. N'ayez pas peur, chers joueurs, être choisi par la montre est un grand honneur.
-Un "grand honneur" ? Bien sûr ! Ironise ma petite soeur de 13 ans, Nacéra.
La radio poursuis, inconsciente de l'exclamation de ma petite soeur:
-Chaque jeune tiré a un talent particulier qui lui est propre. Un mot avec le nom de l'heureux ou heureuse élue sera déposé sur la table de la cuisine de chaque famille concernée dans précisément deux jours, au levé du jour.
-Bla bla bla, on s'en fiche ! S'exclame avec véhémence ma soeur. Quand je pense qu'on ne peut pas les éteindre. C'est vraiment n'importe quoi !
Nous n'avons pas le choix. Tous les six mois, deux jours avant l'enlèvement, toutes les radios du pays s'allument et un mantra similaire est diffusé. Peu importe d'être en âge ou non pour l'enlèvement, tout le monde est contraint d'écouter. Pour ma part, ce sera mon dernier semestre, après celui là, j'aurai 19 ans. A contrario, ce sera aussi le premier de mon frère, Nadhem, et je suis incroyablement inquiète pour lui. Il possède une force particulièrement extraordinaire pour son âge. Ma soeur est, pour sa part extraordinairement douée en art, tout ce qu'elle touche se transforme en or, et lorsqu'ils seront tout deux en âges, je serai sans aucun doute terrifiée, ayant tous les six mois peur de perdre un membre de ma famille.
Pour ma part, je n'ai d'autre talent que la dévotion envers ma famille. Je serais capable de me couper un bras pour chacun d'eux, mais je ne suis pas sûre que la montre considère cela comme un talent incroyable. La preuve, en quatre ans, il ne m'a pas enlevé.
-Chers joueurs, préparez vos affaires, vous avez le droit d'emmener avec vous un sac, contenant des objets qui vous tiennent à coeur. Tout ce qui pourrait se transformer en arme est bien sûr prohibé. N'oubliez pas de dire au revoir à vos familles. Vous disparaîtrez à 12:00 précisément.
Mon frère, tremblant, se lève de la chaise qu'il occupait alors que nous sommes tous à table et va se serrer contre ma mère.
-N'oubliez pas de bien régler vos montres.
La radio crépite quelques instants avant de cesser définitivement.
Je tressaille, tandis que ma soeur proteste contre le poste de radio. C'est sa manière à elle de lutter contre la peur; je sais qu'au fond, elle est terrifiée de perdre l'un de nous deux, d'autant plus que dans deux semestres, ce sera son tour.
Fuir ne sert à rien, la montre retrouve chacun d'entre nous. Il est impossible de lui échapper. Grâce à sa téléportation, il ne se dévoile jamais, et les seuls qui peuvent se vanter de l'avoir vu sont à présent six pieds sous terre. Se cacher, en plus d'être préjudiciel, est inutile.
-Bon, continuez à manger vos légumes, les enfants, déclare ma mère d'une voix tremblante.
Sa terreur de perdre l'un de nous deux est perceptible, d'autant plus que Nadhem a toutes ses chances d'être choisi. On ne se fait pas réellement de soucis pour moi, et à vrai dire, je ne m'en fais pas non plus.
La montre ne fait peur à personne. Bien sûr, les familles auxquelles il touche sont démoralisés, mais ce n'est pas de la peur. La montre est certes un ennemi, mais tous ce sont résignés. La montre est un ennemi auquel nous nous sommes adaptés et qui fait désormais parti de notre quotidien. En l'an 2745, il est apparu, enlevant peu à peu les enfants. Les premières années ont été signe de guerre et de lutte. Pourtant, au fur et à mesure, les parents se sont résignés à la disparition de leurs rejetons. Aujourd'hui, en 2778, la montre est devenue tellement habituelle que son identités et l'explication des enlèvements sont devenus des sujets prisés de commérage.
En 2429, une grande guerre a éclaté. La technologie avait prit le dessus, tant que les hommes sont devenus fous. La guerre a duré 50 ans. Après ça, l'humanité était tellement meurtrie, abîmée et traumatisée, que tous ont décidés de rejeter le numérique. Aujourd'hui, personne ne s'en est encore remis, et le savoir de cette époque a été perdu. Nous ne possédons qu'une radio vieillotte afin de recevoir les informations et pouvoir écouter de la musique. Mais c'est tout. Pas de téléphone, pas de télé.
Nous finissons de manger en silence et à la fin du repas, nos parents nous serrent dans leurs bras. Mon père, alors que je suis contre lui, chuchote à mon oreille:
-Tu n'as peut être au yeux de la montre pas de talent, mais nous savons tous à quel point ton coeur déborde d'amour pour chacun d'entre nous. Je t'aime Naëlle.
Émue, je le serre dans mes bras, les larmes au yeux. Fait intéressant de notre famille, nos prénoms commencent tous par "Na" en se déclinant après en a, b, c, d et e. Mon père s'appelle Naä, ma mère, Nabéla, ma soeur, Nacéra, mon frère, Nadhem, et enfin, je m'appelle Naëlle. Je me sépare de mon père et nous partons tous nous coucher.
J'appréhende réellement ce qu'il va arriver lors de l'enlèvement, et je prirais presque un dieu auquel je ne crois pas afin que mon frère soit hors d'affaire. Allongée dans mon lit, j'imagine ce qui pourrait arriver à ma famille s'il était enlevé. Nous serions tous dévastés, et Nacéra ne retiendrait que plus de colère en elle. Il ne faut pas que ça arrive.
Je rouvre brusquement les yeux lorsque ma couette bouge et qu'un corps se colle au mien.
-J'ai peur Naëlle.
Attendrie, je sers mon frère dans mes bras, murmurant des paroles rassurantes auxquelles, pour la plupart, je ne crois même pas. Pourtant, je ne laisse rien paraître de mon trouble et rassure Nadhem du mieux que je peux.
S'il est enlevé, nous ne le reverrons pas. Aucun n'est jamais revenu.
Inconsciemment, j'étreins mon petit frère plus fort, et recommence à le rassurer, tendant de faire de même avec mon propre esprit. Sa respiration s'apaise, et au fur et à mesure, elle se fait plus profonde, signe de son endormissement.
Je fixe quelques minutes son visage en caressant ses cheveux châtains, tourmentée.
Si la montre sépare ma famille, je serai au fond du trou, et sans aucun doute incapable de m'en remettre.
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Bonjour tout le monde !
J'espère ne pas vous avoir trop manqué, ahah 😂
Voici donc le premier chapitre de la montre, j'espère qu'il vous aura plu 😁😆 la nouvelle sera constituée de 8 chapitres, d'un épilogue, et de deux bonus (légèrement plus courts que les chapitres) (je viens réellement juste de terminer le dernier bonus 😂😂)
Le rythme de publication de changera pas, vous aurez de mes nouvelles tous les deux jours 😉
Maintenant, je vais aller dormir, parce que je suis réellement crevée 😂
À mercredi 😉
Écrit le: 2-15/05/2021
Publié le: 31/05/2021
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