L'heure
Je cours. Vite. Plus vite encore. Il ne faut pas que je sois en retard.
Le lieu est bondé de monde, et je peine à me faufiler, ma petite taille n'aidant pas. Pourtant, il faut que je réussisse à l'atteindre.
-Pardon... Excusez moi, marmonné-je en jouant des coudes, bousculant quelques personnes au passage.
Plus que deux minutes.
J'ai peur de ne pas y arriver, pourtant il le faut.
Aller, dépêche toi, me sermonné-je. Tu n'auras pas de deuxième chance.
Mon téléphone sonne, résonnant dans toute la gare et attirant le regard de nombreux passagers. Si l'on me fixait déjà avant, ce n'est rien en comparaison de maintenant. Gênée, je ralentis quelque peu, le tire de ma poche et fais face à une photo de ma soeur. Sans prendre le temps de réfléchir, je réponds.
-Qu'est-ce qu'il y a ? Questionné-je, pressée de pouvoir me remettre en route.
-Où est-ce que tu as mis mon gilet bleu ? Tu me l'avais emprunté.
-Écoute, je n'ai pas trop le temps là, mais je crois que je l'ai laissé sur le plan de travail de la cuisine chez maman.
-J'ai déjà cherché là-bas, il n'y est pas.
Mes pas se font de plus en plus lents, tandis que j'essaye de me souvenir. Son gilet bleu, gilet bleu... Où ai-je pu bien le mettre ?
-Je t'avoue que s'il n'est pas là, je n'en sais rien. Mais je ne l'ai pas emmené avec moi, c'est certain.
De l'autre côté du combiné, elle soupire, visiblement lasse:
-Bon, très bien. Je vais continuer à chercher.
J'acquiesce, raccroche et me remets à courir, consciente que je viens sans doute de perdre de précieuses secondes.
Foutu gilet bleu.
Un coup d'oeil à la pendule de la gare suffit à me faire comprendre qu'il ne reste que trente secondes et que je suis dans de beaux draps. Si je n'arrive pas à temps, ce sera raté.
Certains, lorsque je les pousse, m'insultent, mais je n'y prête pas une grande attention. Ce n'est clairement pas ma priorité. Et puis, les insulter en retour, bien que satisfaisant, ne me ferait que perdre un temps nécessaire. Alors, je les laisse, sans réponse, sans pour autant faire plus attention aux coups que je porte.
Ce n'est pas que j'aime déranger les gens, mais je n'ai pas d'autres choix. S'ils décidaient de s'écarter pour me laisser passer, ça m'irait tout aussi bien, mais ils ne le font pas. Je suis obligée de passer par mes propres moyens.
-Excusez moi mademoiselle, vous avez fait tomber...
Sans répondre encore une fois, je me faufile. J'ai perdu quelque chose ? Tant pis. Ce n'est pas grave. Les choses réellement importantes se trouvent dans ma valise.
Cours.
Voilà ce que crie mon instinct sans cesse.
Arrivée sur les quais, j'aperçois un train à l'arrêt. J'y suis ! Sans pour autant ralentir, je me fraie un chemin sur un bord, frôlant dangereusement le train en question. À plusieurs reprises, je manque de tomber sur les rames et de me rompre ainsi le cou, mais me reprends à chaque fois, le coeur battant à tout rompre.
Le monde autour de moi semble se pixeliser, devient flou, de secondes en secondes et je panique. Je vais échouer. Vite, il faut que j'accélère. Au loin, un bouton rouge se discerne, car il jure avec le paysage ambiant. C'est lui, mon objectif. Il faut que j'appuie dessus. Vite. Mes jambes paraissent de plus en plus lourdes et sans m'en rendre compte je ralentis, pourtant, ce ne serait pas la détermination qui manquerait. J'ai réellement envie d'avancer, mais mon corps, fatigué comme après une journée entière de sport, refuse d'avancer. L'air ambiant semble se raréfier et instinctivement, je cherche plus d'air. Sans succès. Les murs autour de moi sont désormais flous, seul le bouton reste distinct, comme pour me narguer devant la distance qu'il me reste à parcourir. Ma vision s'obscurcit peu à peu, et je cesse d'avancer, en étant incapable. Tout le paysage autour de moi disparaît, et je me trouve à présent dans le noir.
-C'était très mauvais agent Spy. Vous me décevez, annonce une voix claire dans cette obscurité ambiante.
Les murs s'éclaircissent, l'air revient, et je suis heureuse de pouvoir respirer sans suffoquer. Je retrouve avec familiarité les contours de la salle d'entraînement.
Jurant à voix basse, je me tourne vers le directeur. Monsieur berkeley est chargé de l'entraînement des jeunes recrues, et il n'hésite pas à les casser au passage. Il n'a pas de temps pour les faibles comme il aime à dire.
-Je suis désolée monsieur. Ça ne se reproduira pas.
-Sérieusement. Quelle idée de répondre au téléphone ? Si vous aviez été en situation réelle, une telle erreur vous aurait été fatale.
Je baisse la tête, honteuse. Sur le moment je n'ai absolument pas réfléchi, et à présent, je me trouve confrontée à cette faute. Je m'excuse une nouvelle fois auprès de mon supérieur avant de tourner les talons pour sortir de la salle. Néanmoins, avant de sortir, j'entends ces paroles:
-Veillez à être à l'heure, la prochaine fois.
Tous les deux jours, les agents font face à une simulation de cette sorte: une situation nous est présentée dans laquelle il nous faut atteindre un objectif dans un temps imparti. Le but est de développer nos instincts et nos aptitudes physiques.
La porte en métal se referme derrière moi et je m'y adosse, déçue de ma performance du jour. Ce n'est pas avec de telles performances que je deviendrai agent sur le terrain.
Aujourd'hui n'a pas été une grande réussite, mais je ferai mieux la prochaine fois.
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Bonjour !!! Je suis vraiment désolée pour cette absence. Cette longue absence. Je n'ai rien écrit de plus, mais je me suis rendue compte que je n'avais pas publié certains textes.
D'y coup voilà, une petite nouvelle, pour remonter le moral de tous les bacheliers d'aujourd'hui et d'hier (j'y suis passée hier.. bref ) (on survit 😂)
Je publierai les quelques textes que je n'avais pas mis et ensuite, je ne sais pas trop, je verrai si j'ai le temps et l'envie d'écrire.
16-18/08/2021
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