insomnies
Mon fils dort tranquillement dans la chambre d'à côté. Je le sais, j'ai été le voir. Il ne ronfle pas, ne bouge pas, sa respiration est lente est profonde.
Il est imperturbable.
J'ai toujours apprécié et voulu ce côté là, pour lui. Il dort, chaque nuit, d'un sommeil profond et sans jamais se réveiller.
Pour ma part, c'est autre chose, mon sommeil est ponctué de réveils involontaires, et lorsque je parviens à clore les yeux, se sont des fantômes, des peurs, qui ressurgissent. Alors, c'est triste, mais je dors le moins possible.
Le sommeil est important, j'en ai conscience, pourtant, je ne peux m'empêcher de le fuir.
A la place, je m'occupe. Rester dans mon lit ne sert qu'à faire venir les fantômes. J'écoute de la musique, je lis, mais surtout, je peins.
La peinture, mon exutoire.
«Et moi, envoutée de ténèbres
Je passe des heures infinies
À compter les moutons funèbres
Qui tapissent mes insomnies»
Assise devant mon chevalet, je réfléchis en fixant la toile. Éclairée seulement par une lampe sur le côté, la toile n'est visible que de moi. Toute autre qui serait présente dans cette pièce ne pourrait rien en voir. Je me saisis de mon pinceau et apporte une touche de lumière à cette oeuvre trop sombre. Une femme est agenouillée sur le sol, un bébé dans les bras, et semble fixer la personne qui regarde le tableau, désespérée. Je suis fière de cette oeuvre, elle est sombre, représente un passé qui ne m'est pas inconnu. Pourtant, j'aurais aimé lui apporter une touche de clarté.
Il semble manquer quelque chose.
Il y eut un moment où j'étais comme elle, alors qu'à présent, je suis fière d'être capable d'élever un enfant seule. Oui, je suis seule, mais et alors ? Mon fils est entouré de la famille aimante que je compose avec mes amis, et peu importe qu'il n'ait pas de père à proprement parlé, celui ci l'ayant abandonné lorsque j'étais enceinte, des figures paternelles lui sont tout de même offertes. Nous ne sommes pas désespérés.
J'aimerais montrer que peu importe les obstacles, il reste tout de même un espoir.
Je n'en veux pas à son père, il n'était pas prêt à accueillir un enfant, et nous étions jeunes. Si j'en avais eu l'occasion, j'aurais réellement hésité à le garder, même si aujourd'hui, je n'imagine plus ma vie sans mon fils. Je suis plus triste pour son père: qu'il ne ressente pas le bonheur avec lequel je vis.
«Et moins je dors et plus je pense
Et plus je pense et moins j'oublie»
Il est vrai que ne rien faire rend la pensée possible, pourtant, lorsque je peins, plus rien n'a d'importance. Seulement le dialogue entre ce pinceau et ma toile.
Les cauchemars par contre, entraînent la pensée, me terrorisent, accaparent tous les pores de ma peau et me paralysent jusqu'à ce que l'on me ramène à la réalité. Une voix suffit. Être éveillée, c'est certes penser, mais c'est penser de manière contrôlée. Et pouvoir stopper si besoin.
Rêver, c'est se perdre en route.
«La vie est une maladie»
Peu d'accord avec la musique qui passe, je fronce les sourcils. La vie n'est pas forcément un cadeau, elle apporte son lot d'embûches à surmonter. Pour autant , ce n'est pas une maladie. C'est un cadeau à chérir.
Concentrée de nouveau sur la peinture, j'essaie de nouveau de trouver comment ajouter cette touche d'espoir. Il faut que le l'ajoute. Ce n'est pas une envie, c'est un réel besoin. Et je ne sais pas comment faire.
Mon téléphone sonne, et, concentrée, je le laisse quelques secondes avant de décrocher:
-Je me doutais que je te trouverais réveillée, s'exclame mon petit frère, seul membre de ma famille avec lequel j'ai encore des contacts.
Il est plus de quatre heures du matin, mais je ne suis pas étonnée de l'entendre. Son métier de boulanger réclame de lui qu'il se lève à des heures trop matinales pour la plupart des gens, même si ça ne semble pas le déranger particulièrement. Il aime ce qu'il fait et c'est le principal.
-Comme tu peux le voir.
-Je voulais te demander, j'ai un problème.
Alarmée, je lui ordonne quasiment de parler, espérant que son problème ne soit pas grave.
-Et bien, je ne sais pas quelle couleur de glaçage choisir. Tu ferais quoi toi ?
-Tu m'appelles réellement pour ça ? M'exclamais-je consternée. Tu penses que c'est réellement existentiel ?
-Bah oui !
Je soupire, en souriant néanmoins de sa naïveté.
-Tu as le choix entre toutes les couleurs ? Et c'est pour quoi ?
Il réfléchit quelques secondes puis déclare:
-Tu deviens raisonnable soeurette ! Ce serait bleu, rouge, blanc, noir ou violet, pour des éclairs.
-Pourquoi ne pas faire un de chaque ?
Un silence suit ma déclaration. Puis il crie, me forçant à éloigner le téléphone de mon oreille:
-Tu es géniale ! Je t'adore ! Tu sais à quel point je t'aime !?
-Oui, je sais. Je souris. À toi de m'aider: comment je peux ajouter de l'espoir dans un tableau que je trouve trop sombre ?
Un nouveau silence suit ma question. Les minutes d'après, je me retrouve à lui expliquer la scène représentée, ce qu'elle évoque pour moi, lui envoyer une photo pour qu'il voit mieux, et enfin, à lui affirmer que non, je ne le peindrai pas avec des abdos et une cape de super-héros.
-Mais pourquoi ? Avoue que ce serait super !
-Je ne peinds que des choses réalistes.
-Mmmhhhh.
Je sais qu'à travers le combiné, il me tire la langue comme le gamin qu'il est, et à ce réflexe, je ne peux m'empêcher de sourire.
-Je suis désolé, je ne vois vraiment pas comment t'aider.
-T'inquiète...
-Comment va mon petit monstre ?
Je souris à ce surnom affectueux qu'il donne à mon fils:
-Pour l'instant, il dort comme une marmotte.
-Ca ne m'étonne pas de lui. Ça pourrait être la fin du monde, qu'il ne se réveillerait pas. Ou même, on pourrait le secouer comme un prunier. Tiens, il faudra que j'essaye la prochaine fois que je viendrai.
-Pas touche à mon fils.
Il boude à travers le combiné avant de me traiter de Rabat-joie. Après une courte discussion, il me dit qu'il doit aller faire ses éclairs et après une promesse de se rappeler bientôt, il raccroche. Je soupire d'aise, cette discussion m'ayant fait un bien fou. Mon frère est d'une telle joie de vivre, qu'il aurait pu me faire rire même dans les pires moments, il a toujours été là pour me tendre la main, même et surtout dans les pires moments, et c'est ce qui fait de lui une des personnes les plus précieuses de ma vie.
Je souris de nouveau, heureuse de l'idée qui commence à poindre dans ma tête. Décidée, je me remets à peindre et une fois terminée, je m'étire, prends une photo pour l'envoyer à mon frère et baille, fière de mon travail.
Peu importe les difficultés, il y aura toujours quelqu'un pour tendre la main.
____
Coucou tout le monde !
J'espère que vous allez bien, perso ça va super (mis à part les devoirs, que je n'ai toujours pas fait, mais ça c'est habituel 😂) (et en plus, j'ai écris déjà 5 parties de la nouvelle SF 😂😂 donc j'ai une excuse )
Participation à la dernière semaine du concours Spring day de starlightinmysoul-
À bientôooot
Byzzz
Écrit le: 15 et 16/05/2021
Publié le: 23/05/2021
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