Etoile Argentée

Bonjour à tous et toutes! Bienvenue sur cette troisième publication...

Voilà une autre nouvelle, qui comme la première a été écrite pour un concours (interne) wattpad.
Je remercie tout particulièrement @Elrolya pour son défi ;)
Sachez, que tout comme pour la première, cette nouvelle a été réécrite, car je dois bien avouer que devoir se limiter à 1500 mots est presque mission impossible pour moi. Cette version en fait presque le double! =D
Sur ces quelques mots je vous souhaite une bonne lecture.
Camille

Ps: juste pour information j'ai créé les prénoms de mes personnages en partant d'un lexique elfique. Je vous donne donc leur signification. Vous remarquerez que le titre de cette nouvelle correspond au prénom de l'héroïne.

Sùlénar (qui signifie esprit du feu)

Tenaïswa (qui signifie le sage juste).

Tinweisilma (qui signifie étoile argentée)

PPSS: Je suis preneuse de commentaires constructifs pour pouvoir m'améliorer, donc n'hésitez pas!

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Accoudée au balcon, je regardais ces magnifiques lanternes jaunes-orangées s'envoler dans les airs. J'essayais d'imaginer l'euphorie que Raiponce, la belle princesse aux longs cheveux, avait pu ressentir lors de ses anniversaires, quand ce même spectacle emplissait les cieux.

Mais pour ma part le cœur n'y était pas. J'avais beau entendre les cris d'allégresse des villageois en contre bas, je n'arrivais pas à ressentir cette joie que l'héroïne manifestait dans ce joli conte. D'ailleurs, ma vie était loin d'être un conte.

Pourtant, nous avions quelques ressemblances, elle et moi, puisque j'étais moi-même une princesse... une princesse elfique pour tout dire.

En relevant la tête, je vis le superbe coucher de soleil qui s'étiraient dans toutes les nuances de l'arc-en-ciel et les lumières mouvantes illuminant la ville. Mais le panorama à couper le souffle ne fit qu'accentuer ma tristesse et mes sombres pensées. Mes sentiments étaient à l'opposé de ceux de mon peuple qui fêtait la promesse de jours meilleurs.

Car moi, je connaissais la vérité, et je savais que cette liesse avait été créée spécialement pour redonner du courage aux habitants lassés par ces guerres interminables.


Néanmoins, j'avais revêtu pour l'occasion une robe d'un gris bleuté qui mettait en valeur ma chevelure argentée. J'avais relevé mes anglaises en de multiples tresses, soutenant un diadème d'argent sertie d'une Topaze.
Ma fine silhouette apparaissait distinctement sur le balcon où je me devais d'apparaitre pour marquer le début de cette nouvelle ère. Le vent s'était levé, depuis plusieurs heures, et jouait avec les quelques mèches de cheveux échappées de ma coiffure.

Je savais déjà que je ne resterais pas beaucoup plus longtemps ici, je ressentais le froid qui s'insinuait en moi. Un froid intérieur qui n'avait rien à voir avec le temps, car comme tous les elfes, j'étais insensible aux variations de température.

Lorsque le ciel se teinta de toutes ses nuances bleues et argentées, je rentrais dans le palais et fermais le loquet de la porte-fenêtre. Je traversais l'immense salle du conseil, puis pénétrais dans la salle adjacente : la salle du Trône. La pièce dépeuplée de toutes âmes depuis plusieurs années, déjà, me fit replonger inexorablement dans mes souvenirs amers...


Il fut un temps ou mes parents recevaient ici les doléances du peuple. Chaque jour, les habitants pouvaient venir rencontrer en personne les souverains, qui jaugeaient les requêtes les unes après les autres avec le plus d'impartialité possible. Je me rappelle qu'il m'était arrivée, petite, de rester des heures sagement assise sur les genoux de mon père à les écouter parler.

Mais malheureusement la guerre s'était déclarée, et les séances publiques avaient brusquement cessé lorsque mon père partit au combat pour défendre les frontières de notre royaume.

Cela faisait déjà des années que les conflits diplomatiques s'accumulaient avec le pays voisin, celui des elfes de la mer, qui convoitait toujours plus de terres et de richesses. Ces derniers avaient d'abord envahi les elfes des forêts, puis ceux des montagnes, mais en subissant de lourdes de pertes, ce qui nous avait donnés quelques années de répit. Malgré tous leurs deuils, la convoitise de leur roi était sans limite et ils reprirent de plus bel leurs conquêtes, assujettissants les humains que l'on avait toujours laissés en paix. Nos deux peuples avaient, jusque-là, cohabité paisiblement sous un accord tacite.


Après que les accords diplomatiques eurent échoué avec les elfes de la mer, nous nous étions préparés à la guerre inévitable. Celle-ci perdurait maintenant depuis près de six ans : six ans de deuils répétés, de larmes et de rancœurs cumulés, qui n'en finissaient plus d'affliger le pays.

Durant cette guerre, j'avais perdu plus que je ne voulais bien l'admettre en commençant par mon père qui mourus, deux ans auparavant, lors d'une mémorable bataille, remportée in-extrémiste par notre camp. Penser à lui me paraissait toujours aussi périlleux et les larmes menaçaient de me submerger à chaque instant.

Mais le plus douloureux, fut de perdre Ten, mon frère jumeau, mon double. Ajoutant une peine qui jamais ne pourrait cicatriser, car tous les matins en apercevant mon reflet dans le miroir, je discernais ses propres traits dans mon visage.

Aux débuts de la guerre, nous avions seize ans et Ten était trop jeune pour partir aux combats. Malheureusement, devenu roi à vingt ans, il n'eut d'autres choix que partir sur le front. Je l'avais regardé partir le cœur en miette et des larmes pleins les yeux, un pressentiment persistant dans un coin de mon esprit. Je n'avais pu le retenir, nous n'avions pas le choix. Juste avant de partir, il m'avait pris dans ses bras dans une longue étreinte. Au moment de me relâcher, il m'avait murmuré à l'oreille : "lié dans nos cœurs à jamais". Cette phrase fut la dernière que j'entendis de sa bouche. C'était un rituel, chaque fois que nous devions nous séparer même pour un bref moment, nous nous disions ces quelques mots, comme pour nous donner le courage de nous éloigner.

Je me souviens encore du jour, trois mois plus tôt, où Sùlénar, l'ami d'enfance de Ten et son frère d'armes était venu m'annoncer la nouvelle. Je me souviens avoir lu dans son regard, la tristesse et la colère d'avoir perdu un ami, un frère, et son roi.

En se présentant à ma porte, il m'avait dit d'une voix solennelle et tremblante de douleur :

- Chère Tina, je suis désolé de vous apporter une si triste nouvelle... mais j'ai failli à protéger notre roi Tenaïswa.
Je l'avais écouté, mon cœur comme serré dans un étau. Le pressentiment qui ne m'avait pas quitté depuis qu'il était parti, se fit plus vif. Et manquant de m'étouffer, je m'étais effondrée de chagrin, là, dans ses bras, sans prononcer un seul mot. J'avais déjà compris avant même qu'il ne parle, lorsque je l'avais vu là, sur le seuil de ma porte, seul. Il m'avait rattrapé machinalement et porté jusqu'à mon lit, puis avait reprit très sérieusement :

- Punissez-moi de la manière qu'il vous plaira, il était mon seul vrai ami, alors j'accepterai votre châtiment avec gratitude. Si vous saviez à quel point je regrette...

- Ne dis plus rien Sùlé, je t'en pris tais-toi! dis-je d'une voix faible nouée de larmes. Et par pitié ne me vouvoie pas, ça ne fait que rendre ma solitude plus grande...

- Tout ce que tu voudras Tinweisilma.

- Alors reste près de moi, s'il te plaît... je n'ai plus personne, plus de famille... je suis tellement seule... dis-je dans un sanglot.

- Oui, je serai présent aussi longtemps que tu auras besoin de moi...

Et effectivement, Sulenar était resté auprès de moi durant les deux mois qui suivirent. Je lui demandais de me parler de mon frère et des batailles qu'ils avaient traversées ensemble. J'avais l'impression d'entendre à nouveau son rire, sa voix... Parfois au détour d'un couloir, j'avais l'impression qu'il allait surgir de nulle part et me rassurer en me disant que ça n'avait été qu'une blague de mauvais goût. Son corps avait été rapatrié peu après et cela m'avait fait prendre conscience qu'il était bel et bien partit et que son sourire ne demeurerait plus que dans mes souvenirs.

Sulenar s'évertuait à me changer les idées par tous les moyens possibles: il me lisait des livres, m'escortait lors de mes promenades à pied et à cheval. Je lui avais appris à jouer aux échecs où il était devenu un redoutable adversaire. Sa présence m'était devenue indispensable, comme l'air l'est au noyé. Il apaisait mes craintes, me faisant oublier mes deuils et il rendait ma vie plus lumineuse, comme un rayon de soleil après la pluie.

Je le connaissais depuis toujours, petits, nous jouions ensemble Ten, Sùlé et moi. D'aussi loin que je me souvienne, il avait toujours été là. Plus tard, quand nos corps avaient changé, nous nous étions beaucoup rapprochés, ressentant une attirance réciproque. L'amitié qui nous caractérisait s'était petit à petit muée en quelque chose de plus fort, de plus intime. Mais la guerre étant ce qu'elle est, elle avait détruit la naïveté de notre jeunesse avant même que nous en ayons joui. Notre idylle naissante avait été tuée dans l'œuf avant même d'éclore.

C'est à partir de ce moment-là que je me suis retrouvé seule. Ma mère étant morte en nous mettant au monde, mon frère et moi, je ne l'avais pas connu. La nourrice qui l'avait substituée de façon exceptionnelle, avait fini, après plusieurs années de guerre, par rejoindre sa propre famille en deuil. Ten et Sùlé passaient à cette époque la plupart de leurs journées à s'entraîner dans la salle d'armes. Jusqu'à ce que Ten soit appelé pour prendre la place de notre père sur le front. Sùlé l'avait bien entendu suivi.

Un autre souvenir s'invoqua dans mon esprit...

(deux mois auparavant)

- Sùlé s'il te plaît! Tu m'avais promis de faire tout ce que je voulais, dis-je suppliante

- C'est vrai, dit-il dans un soupir. Mais là, je ne peux pas Tina... t'apprendre les armes, tu n'y penses pas sérieusement !

Je lui tournais le dos, lui signifiant tout mon mécontentement et ne dit plus un mot.

- Tina, je t'en prie ne me demande pas ça...

J'entendis toute la détresse du monde dans sa voix, je savais qu'il revoyait les images des batailles qu'il m'avait contées avec force détails. Mais malgré tous ses récits, je ne pouvais saisir réellement la peur, la douleur, la rage et la tristesse que l'on pouvait ressentir sur un champ de bataille. Je m'en voulais de lui infliger ça, mais c'était nécessaire. Je repris d'une voix douce, mais ferme, le mettant au pied du mur :

- Sùlé, je sais que bientot on te demandera de nouveau sur le front et à ce moment-là, non seulement je serais seule, mais qui plus est, sans défense. Je suis la dernière descendante de la lignée royale, si je meurs, non seulement le royaume est perdu aux mains de nos ennemis... mais surtout, la mort de mon père et de Ten auront été vaines. Est-ce vraiment ce que tu souhaites ?

Un gémissement sorti de sa bouche lorsqu'il comprit qu'il céderait à ma demande comme chaque fois.

- Bien sûr que non ! Je sais à quel point tu es précieuse et je ferai en sorte de rester auprès de toi aussi longtemps qu'il le faudra, clama-t-il avec force. Puis dans un murmure ajouta : tu m'es tellement précieuse aussi...

Un sourire se dessina sur mes lèvres en y repensant. Cette fois-là aussi, j'avais souri. Le premier sourire depuis la mort de Ten. Il avait finalement accepté. Il m'avait alors enseigné l'art des armes, jour après jour. Je m'évertuais à me dépasser chaque fois un peu plus et mon corps devient rapidement plus musclé et plus agile.

Nous avions commencé par les combats au bâton, une arme plutôt simple à maniée et qui avait l'avantage de maintenir à distance son adversaire. Puis nous avions enchaîné sur les combats à mains nus, où je me révélai bien meilleure avec de très bons réflexes défensifs. Durant ces rounds, nos corps étaient souvent enchevêtrés dans des positions étranges, si bien que nous nous étions naturellement rapprochés.

Sùlé avait bien souvent l'avantage sur moi. Ses techniques étaient quasiment parfaites et il se révélait être un professeur patient et attentif. Je progressais vite néanmoins et en un mois, j'avais réussi a appréhender les bases de combat les plus importantes. Je jouais de ruses et d'agilité pour compenser ma faible force, ce qui me permettait parfois de prendre le dessus.

C'est lors d'une passe particulièrement réussie, que je lui avais volé son premier baiser. Son regard d'abord étonné s'était bien vite métamorphosé en un regard passionné et ardent, qui ne l'avait plus quitté. Dès lors, nos lèvres se mêlaient fréquemment au cours de nos combats.

Notre attirance de jeunesse, s'était réveillée à force de nous côtoyer, de nous frôler et il devenait évident pour tout le monde que nous étions plus simplement des amis.

Après ces deux mois hors du temps, le général et le dirigeant par intérim envoyèrent une missive requérant sa présence dans notre armée. La victoire n'avait jamais été aussi proche, car à force de guerres répétées depuis plus de quinze ans, les elfes de la mer s'étaient lassés des combats et leur cœurs n'aspiraient plus qu'à la paix. On disait leur roi malade et devenu fou. Les diplomates avaient dès lors repris contact et le dialogue était de nouveau possible.

Je serais très certainement conviée prochainement à une rencontre entre les dirigeants de nos deux pays, afin d'édifier et signer un traité de paix.

Je repris mes esprits, regardant autour de moi, j'étais toujours dans la salle du trône les yeux dans le vague. J'entendais toujours la fête qui bâtait son plein au-dehors. Je me hâtais de quitter ce lieu riche en souvenirs et de regagner ma chambre, le seul endroit qui m'apportait encore un peu de sérénité. Je me glissais sous les draps, épuisée par tous ces souvenirs et m'endormis aussitôt.


Le lendemain matin, je me réveillais tôt et les idées claires. Je sortis sur le balcon de ma chambre, admirer le levé de soleil, tout aussi magique que son jumeau du soir. Je prenais le temps d'une douche et enfilais mes habits de cuir. Ceux que je mettais habituellement pour mes séances d'entraînements avec Sùlé. J'attachais mes longs cheveux en une natte lâche pour qu'ils ne me gênent pas, puis me couvrit d'une cape noire avant de sortir. J'avais pris une décision dans la nuit. J'allais retrouver Sùlé où qu'il soit, et je le ramènerai au palais, auprès de moi.

Je ne supportais plus son absence. Depuis qu'il était parti, je me sentais plus morte que vivante. Mon cœur se serrait à l'idée qu'il soit en danger et s'accélérait chaque fois que je me remémorais nos baisers passionnés. Je ne m'étais jamais sentie aussi seule que ce dernier mois sans lui. Et la peine qu'il avait fait taire par sa présence, me submergeait chaque jour un peu plus. C'était soit tenter de le retrouver en risquant ma vie, soit mourir noyé de chagrin : le choix était vite fait.

Dans l'après-midi, j'arrivais en vu du campement. Une bataille semblait avoir eu lieu quelques heures ou quelques jours plus tôt, je n'aurais su dire. Les images étaient difficilement supportables et je me rendis compte, à quel point Sùlénar avait édulcoré ses propos et occulté l'horreur des combats pour me protéger. Jamais je n'aurais pu imaginer pareille ignominie. Je sentis mon estomac se soulever et un goût de bile emplir ma bouche.

Mon cœur se serra de nouveau, car je ne savais pas si mon bien-aimé était vivant, blessé ou même mort. Je descendis de cheval, l'attachais sommairement et me mis à déambuler sur le campement. Les soldats qui me reconnaissaient s'agenouillaient sur mon passage. Mais je le remarquais à peine et ne pensais même pas à leur répondre... toutes mes pensées étaient entièrement concentrées sur mes recherches. Après, trente minutes de détresse, je le vis soudain, dans son armure tout ébréchée et couverte de sang. Étant de dos, il ne m'avait pas encore vu. Je le vis remettre son casque, un air blasé s'affichant sur son doux visage. Sans plus réfléchir je couru jusqu'à lui à en perdre haleine et l'enserrais de mes bras, ma tête contre son dos. Me sentant enfin entière, sereine, je lui murmurais émue :

- Te voilà enfin Sùlé, ne me quitte jamais plus...

Je ressenti sa longue tresse me chatouiller la joue lorsqu'il enleva son casque. Il se retourna dans le même mouvement et me pressa contre lui. Ses émotions transparaissaient sur son visage ému. J'y lu tant de soulagement, et de bonheur que les larmes retenues depuis un mois s'écoulèrent de mes yeux en un flot ininterrompu.
- Rentre avec moi, je t'en pris...

- Oui, ma douce Tina, je meurs à petit feu loin de toi...

Je sentis ses lèvres effleurer les miennes en une invitation muette. Je lui rendis son baiser et son étreinte, me sentant enfin entière. Une douce chaleur me parcourut de mes lèvres jusqu'au bout de mes orteils, chassant le froid qui avait élu domicile dans mon corps depuis si longtemps.


- Les elfes de la mer repartent... la guerre est terminée!!! la guerre est terminée!!! s'égosilla un jeune soldat en courant au milieu des guerriers fatigués.

Des cris de joie et de soulagement fusèrent à travers tout le campement, grondant en une immense clameur. Je me blottis contre Sùlé, profitant de l'ambiance festive et de sa présence.

Enfin, j'allais pouvoir vivre à nouveau... et je n'étais plus seule.

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